- Trésor de Lava
-
Le trésor de Lava est un ensemble exceptionnel de monnaies romaines, médaillons et objets en or du IIIe siècle découverts en Corse, dans le golfe de Lava, sur la commune d'Alata, à quelques kilomètres d'Ajaccio.
Sommaire
Les étapes de la découverte
De manière mystérieuse, 41 premières pièces d'or, aurei ou multiples, surgissent sur le marché en 1956. Elles sont dispersées aux enchères et font l'objet d'une publication savante établie par Jean Lafaurie, directeur des études de numismatique romaine à l'École pratique des hautes études en 1958[1],[2],[3]. D'autres découvertes auraient été faites en 1971[4]. Toujours selon Jean Lafaurie, une première découverte aurait eu lieu au XIXe siècle.
Le site de Lava livre à nouveau de nombreuses pièces remarquables découvertes clandestinement en 1985 par une équipe de plongeurs corses qui, selon leurs dires, pêchaient au départ des oursins[5]. Les objets sont découverts dans une zone oscillant entre 20 cm et 6 m de profondeur. Certaines pièces étaient collées à la roche par une gangue que les plongeurs ont dû casser au couteau ou au marteau. D'autres se trouvaient dans une couche de sable, sous des rochers que les plongeurs ont soulevés avec divers appareils (ballon, crics, vérins). La présence des objets sous les rochers montre que le site a subi un important éboulement rocheux par le passé.
Les objets du trésor de Lava auraient ainsi été recueillis à plusieurs époques différentes.
Inventaire
D'après les informations communiquées par le livre de Félix Biancamaria, les objets découverts en 1985 seraient: - des pièces en or (aurei) et multiples des empereurs Gallien, Claude II le Gothique, Quintille et Aurélien. - des anneaux d'or qui auraient été fondus par les inventeurs du trésor, - un plat en or au centre duquel se trouve enchâssé un médaillon de Gallien.
Au total, le trésor de Lava comprendrait autour de 4 000 de pièces ou objet en or[4]. La valeur de ce trésor est estimée à plusieurs centaines de millions d'euros[réf. nécessaire]. Certaines pièces seraient évaluées à 250 000 € l'unité[1].
Contexte historique
Selon l'expertise du CNRS en 1990, le trésor de Lava date du IIIéme siècle de notre ère, au moment de la décadence de l'Empire. Après Gallien, Claude II le Gothique puis son frère Quintillus prennent le pouvoir avant que ne règne Aurélien. La légende veut qu'un haut dignitaire, fuyant une révolte, ait pris la mer à Ostie entre mars 271 et novembre 273 à destination de l'Afrique du Nord, via la corse [réf. nécessaire]. Dans les soutes de sa galère à voiles et à rames, il transporte son précieux chargement, qui n'arrivera jamais à bon port. Son navire aurait prit feu avant de sombrer au large d'Ajaccio[1].
Cette thése est renforcée par l'observation de certaines pièces d'or présentant des traces montrant qu'elles ont été exposées au feu. Mais aucune trace de navire ni de poterie antique n'a cependant été observé sur le site où ont été retrouvées les pièces.
Intérêt de la découverte
Pour certains, le trésor de Lava attesterait de l'importance de l'utilisation de l'or dans les échanges au IIIème siècle. Il pourrait également refléter la fortune d'un très haut personnage de l'empire qui aurait accumulé des richesses exceptionnelles au fil des règnes de Gallien, Claude et Aurélien. Il a en tout cas livré des pièces exceptionnelles notamment les multiples en or de Claude II le Gothique et le plat en or.
Le sort des objets
En 1985, les pilleurs auraient écoulé les pièces une à une sur les terrasses des cafés pour 50 000 francs [réf. nécessaire]. Puis ils trouvent des relais parmi certains collectionneurs parisiens auxquels ils proposent les monnaies. Il est évidemment regrettable que le trésor n'ait pas été déclaré aux autorités, ce qui aurait permis de faire rentrer dans les collections nationales françaises et de maintenir groupé un ensemble inestimable étant rappelé que les découvertes effectuées sur le domaine public maritime appartiennent à l'État. Aujourd'hui, les trouvailles faites à Lava seraient dispersées de par le monde. D'après les indications du livre de Félix Biancamaria, les pièces, les multiples et les médaillons auraient été revendus par lots à des numismates professionnels ou amateurs, français et étrangers, notamment américains. Les anneaux d'or et débris de pièces d'or auraient été fondus mais cette affirmation doit être appréhendée avec circonspection.
En novembre 1986, une partie du lot, mis aux enchères au Sporting d'hiver de Monte-Carlo, a été saisie par les douanes. Parmi les dix-huit pièces rarissimes se trouvait un médaillon de Gallien, d'une valeur de 150 000 € dont il n'existe que trois exemplaires connus[1]. Exerçant son droit de propriété sur les épaves maritimes, l'État français a récupéré à ce jour 78 pièces du trésor.
Plat à sacrifice de l'empereur Gallien
Un plat en or, dont l'existence est révélé, en juillet 1992, par une photographie et un petit croquis saisie chez un brocanteur d'Ajaccio, est en fait le fameux plat à sacrifice de l'empereur Gallien[4]. Cette pièce unique d'orfèvrerie d'environ 25 cm de diamètre, épaisse de 3 mm, incrustée d'une médaille de l'empereur Gallien en son centre (estimée à 580 000 euros). Cette pièce centrale a aujourd'hui disparue. Cette pièce est une rareté du fait que l'empereur Gallien eut un règne court d'octobre 253 à septembre 268.
Le plat aurait été découvert en juillet 1986 à quatre mètres du rivage, sous un rocher. Le plat est évalué entre un et demi et deux millions d'euros. Le plat aurait voyagé dans quinze ou vingt pays. Il aurait quitté la France pour les États-Unis, recouverte de peinture et mêlée aux gamelles de camping d'un routard ami. Puis, il est revenue en Corse après l'échec d'une vente. Plus tard, une équipe de "gros bras" du FLNC aurait récupérée le plat pour cause d'une transaction non finalisée.
Le plat a été retrouvé le 21 octobre 2010 à la Gare du Nord à Paris, en la possession de Félix Biancamaria, l'un des plongeurs ayant découvert le trésor[4].
Poursuites pénales
La justice a été saisie et huit pilleurs ont été mis en examen. Après huit ans d'enquête et 500 personnes interrogées [réf. nécessaire], la justice a condamné, en 1994[réf. nécessaire] Ange et Félix Biancamaria et Marc Cotoni à dix-huit mois de prison avec sursis et 25 000 F d'amende. Deux numismates professionnels ont été également condamnés.
Incidences sur le marché de la numismatique
Les investigations menées par la police pour retrouver les pièces du trésor de Lava ont jeté la suspicion sur les pièces d'or de la période 260-275 détenues par des collectionneurs.On considère que la plupart des médaillons en or de Gallien, les multiples de Claude II ou d'Aurélien proviendraient du trésor de Lava. L'État peut à tout moment exercer son droit de revendication sur les objets provenant du trésor de Lava en l'état de recel d'épaves maritimes.Seul un multiple de Claude II le Gothique, passé en vente publique, peut échapper à la revendication de l'État.
Notes et références
- http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/10/27/01016-20101027ARTFIG00753-une-partie-du-fabuleux-tresor-de-lava-refait-surface.php
- Jean Lafaurie, Trésor d'un navire romain trouvé en Méditerranée, Revue numismatique 1958, p. 70 à 104
- Jean Lafaurie, Hélène Huvelin, Trésor d'un navire romain trouvé en Méditerranée, nouvelles découvertes, Revue numismatique 1980, p. 75 à 105
- http://www.liberation.fr/grand-angle/0101514443-corse-un-tresor-d-embrouilles
- Félix Biancamaria, La fièvre de l'or romain chez les plongeurs corses, Ed. Albin Michel, 2004
Wikimedia Foundation. 2010.