Troisième guerre macédonienne

Troisième guerre macédonienne

Troisième Guerre macédonienne

La troisième Guerre macédonienne est un conflit opposant la République romaine au Royaume de Macédoine dirigé par Persée, qui dure de 172 à 168 av. J.-C., et qui se solde par la victoire romaine à la bataille de Pydna et à la fin de l'indépendance macédonienne.

Sommaire

Les préliminaires de la guerre contre Persée

La fin du règne de Philippe V de Macédoine (196 - 179)

Suite à la deuxième Guerre macédonienne (200 à 196 av. J.-C.), le Royaume de Macédoine perd une partie de ses possessions, renonce à la Grèce et à la Thessalie, devient l'allié du sénat et du peuple romain, et livre plusieurs otages dont Démétrios, fils de Philippe V de Macédoine. Les Romains déclarent la Grèce « libre » et se retirent complètement des Balkans[1].

Suite à cela, les rapports avec Philippe V de Macédoine restent loyaux durant la guerre contre Antiochos III (192 à 188 av. J.-C.)[2], mais le vieux roi s'estime lésé par la paix imposée par Rome suite à la deuxième Guerre macédonienne et par son rôle mineur dans la guerre contre Antiochos III, et c'est, selon Tite-Live, les origines de la troisième Guerre macédonienne[3]. Il prend quelques villes en Thrace et en Thessalie, et tarde à retirer des garnisons des villes que les Romains lui ont confiées durant la guerre contre Antiochos III. De nombreux ambassadeurs viennent se plaindre devant le Sénat romain de ces faits, obligeant ce dernier à envoyer une délégation sur place en 185 av. J.-C.[4], qui oblige Philippe V de Macédoine à rester au sein de ses frontières après que Eumène II de Pergame ait ajouté de l'huile sur le feu[5]. Philippe, irrité, se venge sur la ville de Maronée en 184 av. J.-C., où il ordonne le massacre de tous les habitants, ce qui lui vaut une convocation à Rome[6], et selon Tite-Live, Philippe est persuadé que la guerre est maintenant la seule solution. Il tente d'amadouer le Sénat romain en envoyant son fils Démétrios à sa place[7]. Sa mission est une réussite totale et signe la réconciliation, de courte durée, entre le peuple romain et Philippe[8]. Démétrios devient très populaire parmi le peuple macédonien et provoque la jalousie de Philippe et de son fils aîné, Persée[9], qui le soupçonne de complot avec les Romains[10]. Philippe le fait mettre à mort en 181 av. J.-C. suite à de nouvelles accusations de Persée[11].

Le roi Philippe V de Macédoine décède peu après, en 179 av. J.-C.[12], et Persée de Macédoine s'empare du trône en assassinant les autres prétendants[13], alors que les germes de la troisième Guerre macédonienne ont été semés durant le règne de son père.

La début du règne de Persée de Macédoine (179 - 173)

Il envoie des ambassadeurs à Rome pour renouveler l'alliance contractée avec son père[14].

Il conforte ensuite sa position en Grèce septentrionale, où il tente avec un certain succès de présenter la Macédoine comme un utile contrepoids à l'influence romaine toujours plus envahissante et arrive jusqu'à Delphes[15].

En 174 av. J.-C., il approche ainsi la ligue achéenne et surtout conclut un traité d'alliance avec la Béotie[16]. Sans trahir les clauses du traité de 197 av. J.-C. qui interdit toute intervention macédonienne en Grèce, cette politique inquiète suffisamment le Sénat romain pour qu'il ait envoyé de nombreuses ambassades en Grèce, mais elles reviennent d'Étolie et de Macédoine, sans avoir pu rencontrer le roi Persée, mais en rapportant à Rome la nouvelle des préparatifs de guerre de l'autre côté de l'Adriatique[17].

La guerre contre Persée de Macédoine

Rupture de l'alliance et déclaration de guerre (172 - mars 171)

En 172 av. J.-C., le roi Eumène II de Pergame vient à Rome pour signaler les projets de Persée, qui essaie de restaurer l’influence de la Macédoine et menace ces voisins[18]. Persée est ensuite impliqué dans un attentat contre cet allié de Rome, Eumène II de Pergame[19], et le Sénat déclare la troisième guerre macédonienne[20] après avoir recherché des alliés, outre Pergame et Rhodes, auprès de la Béotie, de l'Égypte, etc[21].

La « guerre froide » (automne 172 - printemps 171)

A la fin de l'année 172 av. J.-C., Rome n'est pas prêt à la guerre contrairement à son ennemi qui s'y prépare depuis longtemps (déjà du temps de Philippe), la croyant inévitable. L'année suivante, les postes sont répartis, et c'est le consul nouvellement élu Publius Licinius Crassus qui est chargé de la guerre contre Persée[22], avec deux légions de 6 000 citoyens, ce à quoi il faut ajouter 16 000 alliés ainsi que 1 700 chevaux[23].

Des ambassadeurs sont envoyés parcourir les Balkans pour trouver de nouveaux alliés[24] et une rencontre avec Persée de Macédoine a lieu[25]. Il souhaite la paix[26] et obtient une trêve[27] et un espoir de paix[28], par l'intermédiaire de Quintus Marcius Philippus, et ce laps de temps permet à Rome de préparer la guerre[29].

Quintus Marcius Philippus est renvoyé en Grèce avec des quinquérèmes en tant que légat, Larissa, en Thessalie, et Thèbes, en Béotie reçoivent respectivement des garnisons de 2 000 et 300 hommes pour protéger ces alliés de Rome[29]. La trève n'ayant pas encore expiré, mais les espoirs de paix de Persée de Macédoine s'envolant[30], le consul traverse l'Adriatique et établit son camp près d'Apollonie, en Illyrie[31].

Suite à cela, le conseil macédonien se prononce en faveur de la guerre[32], et Persée réunit ses troupes à Cittium, en Macédoine : 40 000 combattants à pied, dont la moitié de hoplites macédoniens, et 4 000 cavaliers[33].

Difficultés romaines (été 171 - hiver 169)

Au début de l'été 171 av. J.-C., Persée quitte la Macédoine et se rend en Thessalie, tout en prenant quelques villes rebelles sur sa route[34]. Le consul romain Publius Licinius Crassus quitte l'Illyrie, traverse l'Épire, et se rend à Larissa, capitale de la Thessalie. C'est là que le rejoignent tous les alliés de Rome, en commençant par Eumène II de Pergame avec sa flotte basée à Chalcis, 4 000 hommes et 1 000 cavaliers, et seulement un peu plus de 2 000 alliés grecs, réticents à s'engager[35].

Quelques jours plus tard, Persée vient établir son camp près de celui des Romains et de leurs alliés. La première bataille est celle de Callinicos, qui tourne à l'avantage de Persée[36] : les Romains sont obligés de se retirer, dénombrant près de 2 500 pertes contre presque aucune du côté macédonien[37], mais le consul est très vite renforcé par 2 000 numides et 22 éléphants de guerre, qui resteront jusqu'à la victoire finale. Persée propose la paix qui lui est refusée[38]. Quelque temps plus tard, un détachement romain de 800 citoyens est complètement encerclé par plusieurs bataillons ennemis, mais il résiste héroïquement jusqu'à l'arrivée de l'armée consulaire[39], et Persée se retire après de lourdes pertes[40].

L'année suivante, 170 av. J.-C., se passe sans opérations d'envergure, sauf la défaite honteuse d'un légat, qui tombe dans un piège, près d'Uscana, en Illyrie romaine[41]. La ville est toujours romaine, et quelques mois plus tard, Persée l'assiège et oblige la garnison romaine à se rendre[42], lors d'une offensive en Illyrie romaine où nombre de villes tombent entre ses mains[43]. Les légats romains sur place attendent le retour de Persée en Macédoine en 169 av. J.-C. pour tenter de reprendre les villes perdues, sans succès[44].

Au début de l'année 169 av. J.-C., 12 000 fantassins et 500 cavaliers, pour moitié des alliés, sont levés pour la guerre en Macédoine[45]. C'est Quintus Marcius Philippus qui est chargé de la guerre[46], et il débarque en Thessalie avec 5 000 hommes pour renforcer ceux qui sont sur place au printemps 169 av. J.-C.[47].

Il s'apprête à envahir la Macédoine tandis que Persée bloque tous les chemins possibles[48], mais ce dernier fait une grave erreur, et se replie, ouvrant les portes de la Macédoine aux Romains[49]. Après ces succès initiaux les conduisant jusqu'en Macédoine méridionale, les Romains sont repoussés par Persée qui leur reprend le centre religieux important de Dion et établit ses lignes de défense sur le fleuve Elpée, la frontière naturelle entre la Thessalie et la Macédoine[50]. Mais les difficultés romaines continuent, et plusieurs villes leur résistent, avec des pertes côté romain[51]. Ainsi se termine l'année, et les alliés romains commencent à douter de la victoire[52].

Victoire romaine (printemps 168 - 22 juin 168)

Ordre de bataille à Pydna

Des nouveaux consuls élus, c'est Lucius Aemilius Paullus, dit Paul-Émile, qui reçoit le commandement des troupes en Macédoine[53]. Pour obliger Persée à abandonner ses positions, Paul-Émile détache une partie de son armée, 8 200 fantassins et 120 cavaliers, sous le commandement de Publius Cornelius Scipio Nasica, vers la côte pour faire croire à Persée que l'armée romaine tenterait une manœuvre de débordement. Mais en fait, la nuit, Scipion conduit son armée vers le sud et franchit les montagnes vers l'ouest des armées romaines et macédoniennes. Il s'éloigne jusqu'à Pithium puis oblique vers le nord-est de façon à prendre les Macédoniens à revers[54].

Persée est toutefois averti de la manœuvre par un déserteur crétois de l'armée romaine, et il envoie Milo à la tête d'un contingent de 12 000 hommes bloquer la route d'approche de Scipion. Le combat qui s'ensuivit vit la défaite des Macédoniens qui battent en retraite, ne laissant d'autre choix à Persée que d'abandonner ses positions. Il marche donc vers le nord et installe de nouvelles positions près de Katerini, un village au sud de Pydna. Le terrain est favorable au déploiement de la phalange[55].

Paul-Émile attend le retour des forces de Scipion, tandis que Persée déploie les siennes dans l'attente d'une attaque de ce dernier en provenance du sud. Lorsque les armées romaines arrivèrent de l'ouest, le 16 juin, elles trouvent l'armée macédonienne en ordre de bataille dans la plaine, mais tournée vers le sud. Cependant, les troupes sont trop fatiguées par la marche pour profiter de l'opportunité, Paul-Émile fait établir un camp sur les collines au pied du mont Olocrus[56].

Le 22 juin de l'année 168 av. J.-C., l'armée du roi de Macédoine Persée est écrasée par l'armée romaine commandée par le général Lucius Aemilius Paullus.

Article détaillé : Bataille de Pydna.

L'effondrement du royaume de Macédoine (automne 168)

Persée, suite à sa défaite, s'enfuit[57] et se réfugie sur l'île de Samothrace[58]. Il refuse un temps de renoncer à son titre de roi[59], mais finalement se rend au camp romain de Paul-Émile[60]. La Macédoine est divisée en quatre provinces indirectement commandées par Rome, mettant fin à l'indépendance macédonienne[61]. Paul-Émile triomphe en novembre 167 av. J.-C. avec Persée comme prisonnier derrière son char et le sénat lui accorde le surnom de Macedonicus en récompense[62].

Les conséquences

Le butin ramené à Rome par Paul Emile est considérable : 30 millions de deniers (75 millions selon Pline l’Ancien, 200 millions de sesterces selon Velleius Paterculus[63]), versé au Trésor romain, des dons aux temples, des récompenses aux soldats. S’ajoutent 150 000 esclaves pris après la victoire de Pydna [64]. Le budget de l’État romain reçoit en outre la rente régulière du tribut annuel de 100 talents imposé à la Macédoine. Le sénat peut abolir définitivement le tributum, contribution aux dépenses militaires versée par les citoyens romains[65].

L’impérialisme romain n’est pas encore prêt pour les annexions territoriales en Orient[66] : Le Sénat romain suit l’avis conservateur de Caton l'Ancien, et se refuse à annexer l’Illyrie et la Macédoine. Ses décisions anéantissent néanmoins les royaumes en place, et mettent en place un système d’états clients  : L’exploitation des mines d’or et d’argent de Macédoine est interdite. Les Illyriens sont aussi divisés en trois états tributaires de Rome, théoriquement libres.

La tournée de Paul Emile en Grèce pour rétablir l’ordre, sanctionne les alliés de Persée et récompense les neutres : la ligue achéenne doit livrer en 167 av. J.-C. mille otages, dont Polybe, envoyés à Rome. Inversement, Athènes reçoit en 166 av. J.-C. comme colonie l’île de Délos, déclarée port franc. Cette mesure crée une nouvelle plate-forme du commerce entre l’Orient hellénique et l’Occident romain, pour le grand bénéfice des négociants romains, et ruine le précédent épicentre de échanges à Rhodes, qui avait relâché son alliance avec Rome[67]et provoque son déclin.

La suprématie orientale de Rome ne fait plus aucun doute, comme en témoigne la facilité avec laquelle l’arrogante ambassade de Gaius Popilius Laenas fait céder Antiochos IV dans sa guerre contre Ptolémée[68].

Culturellement, Paul Emile continue la pénétration de l’hellénisme à Rome, amorcée par les Scipions, en entretenant un cercle aristocratique et cultivé, dont fait partie Polybe. La diffusion de la culture grecque fut telle que même le conservateur Caton se mit à apprendre le grec.

Articles connexes

Sources

Notes

  1. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXXIII, 30-33
  2. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXXVI, 4 & Livre XXXVII, 7
  3. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXXIX, 23
  4. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXXIX, 24
  5. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXXIX, 25-29
  6. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXXIX, 34
  7. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXXIX, 35
  8. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXXIX, 47
  9. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XXXIX, 53
  10. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XL, 5-15 & 20-23
  11. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XL, 24
  12. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XL, 56
  13. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XL, 57
  14. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XL, 58
  15. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLI, 22
  16. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 12
  17. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 2&6
  18. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 11-13
  19. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 15
  20. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 25&30
  21. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 19
  22. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 32
  23. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 31
  24. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 37-38 & 44-45
  25. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 39
  26. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 40-42
  27. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 43
  28. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 46
  29. a  et b Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 47
  30. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 48
  31. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 49
  32. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 50
  33. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 51
  34. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 53-54
  35. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 55
  36. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 59
  37. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 60
  38. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 62
  39. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 65
  40. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLII, 66
  41. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIII, 10
  42. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIII, 18
  43. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIII, 19
  44. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIII, 21
  45. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIII, 10
  46. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIII, 15
  47. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIV, 1
  48. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIV, 2
  49. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIV, 3-7
  50. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIV, 8
  51. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIV, 12-13
  52. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIV, 14
  53. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIV, 17
  54. Plutarque, Vie de Paul-Émile, XIV
  55. Plutarque, Vie de Paul-Émile, XV
  56. Plutarque, Vie de Paul-Émile, XVI
  57. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIV, 43
  58. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLIV, 45
  59. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLV, 4
  60. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLV, 7
  61. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLV, 29
  62. Tite-Live, Histoire romaine, Livre XLV, 40
  63. Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre I, 11
  64. Michel Christol, Daniel Nony, Rome et son empire, des origines aux invasions barbares, Hachette, collection HU, 2003, (ISBN 2011455421), p 74
  65. Marcel Le Glay, Rome, Grandeur et Déclin de la République, pp 112
  66. Marcel Le Glay, Rome, Grandeur et Déclin de la République, pp 94-95
  67. Polybe indique que les revenus annuels du port de Rhodes tombèrent de un million de drachmes à 150 000 - Polybe, livre XXX, 31, 12
  68. Valère-Maxime, Actions et paroles mémorables, livre VI, IV, 3

Références

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