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Trappe à inactivité
La trappe à inactivité désigne la situation théorique dans laquelle se trouverait un agent économique si les revenus qu'il pourrait tirer de son activité étaient insuffisants pour l'amener, rationnellement, à accepter de prendre cette activité (travail). Cet écart inexistant ou insuffisant entre revenus d'inactivité et revenus d'activité peut aussi bien être lié à l'insuffisance de la rémunération du travail qu'à l'existence de prestations sociales. Cette idée de "trappe à inactivité" est d'ailleurs utilisée comme arme idéologique contre l'Etat-providence et la protection sociale (dont on comprend qu'elle pourrait, dans un tel système, être considérée comme "trop" généreuse).
En effet, les prestations sociales actuelles sont diminuées voire supprimées lorsque les revenus du travail augmentent, pouvant conduire dans certains pays (en France par ex.) à des situations où l’individu pourrait avoir financièrement intérêt à ne pas accepter un travail (cas principalement des emplois à temps partiel). Le revenu de solidarité active (RSA) mis en place en France par le gouvernement Fillon a ainsi pour principal objectif de suppléer aux défauts du RMI sur ce point-là. Il fait suite à d'autres mesures qui entendaient répondre au même problème théorique comme la prime pour l'emploi ou les réformes du RMI de la fin des années 1990 (les mesures dites d'intéressement).
La portée réelle de ces trappes est controversée. Aucune étude économétrique n'a pu en montrer l'existence réelle (sauf en ce qui concerne l'ancienne API) alors que des études nombreuses doutent de la portée empirique de cette théorie (cf. infra). En particulier cette théorie considère le chômage, l'emploi et le travail (qui n'est pas nécessairement rémunéré) uniquement sous l'angle de l'intérêt économique et du montant des revenus. Appréhender le chômage à travers l'angle des trappes à inactivité aboutit en effet à une théorie du choix rationnel en faveur d'un « chômage volontaire » [1]. Or, une multitude d'autres facteurs intervient dans le phénomène du chômage et de l'emploi (la reconnaissance sociale offerte par un emploi, qui peut pousser à accepter un emploi dont la rémunération est inférieure à celle obtenue antérieurement, ou encore les problèmes de garde d'enfant, d'accompagnement dans l'emploi via le Pôle emploi (ex-ANPE) et services publics similaires de recherche d'emploi, etc.).
Sommaire
Controverses
L'effet réel des « trappes à inactivité » est toutefois contesté, d'abord parce que l'intérêt économique n'est pas le seul mobile gouvernant la recherche d'un emploi (qui permet aussi de se sentir « inséré », etc., et qui obéit donc à des enjeux de reconnaissance sociale). Ainsi, selon Yannick L’Horty (2000), professeur d’économie à l’université d’Évry « un tiers des bénéficiaires du RMI qui reprennent un emploi n’y ont pas intérêt », économiquement parlant, et le font pour d'autres raisons [2].
Pour la sociologue Dominique Méda, la seule prise en compte de l'intérêt économique dissimule d'autres aspects du problème importants pour expliquer le phénomène du chômage en France, tels que les:
«contraintes « familiales », dues notamment à l’absence de modes de garde proposées aux allocataires de l’Allocation Parents Isolés (60% déclarent connaître des difficultés dans leur démarche de recherche d’emploi parce qu’ils et plus souvent elles ne peuvent faire garder leur enfant), contraintes de santé, contraintes de transport, absence d’accompagnement vers et dans l’emploi... En somme, il est faux d’imaginer qu’ils préfèrent ne pas travailler simplement parce que le travail ne leur rapporterait pas assez. Comme le souligne Céline Marc, ce sont moins de 1 % des bénéficiaires qui invoquent un tel manque de rentabilité financière du travail comme un obstacle au retour à l’emploi. [3].
»Notes et références
- ↑ Voir le compte-rendu de Léa Guillebaud du numéro spécial de la revue Droit social: Droit social : anatomie des quelques réformes en cours ou à venir, La vie des idées, 26 décembre 2007
- ↑ Le mythe de la « trappe à inactivité », L'Humanité, 4 novembre 2000
- ↑ Dominique Méda, Le Revenu de Solidarité Active en question, La vie des idées, 24 avril 2008
Voir aussi
Livres
Aurélien Purière, Assistance sociale et contrepartie, L'Harmattan, 2009.
Liens externes
- Débat sur la proposition de loi relative à la création du revenu minimum d'activité - Sénat français - Janvier 2001
- Renforcer les incitations financières au travail: le rôle des prestations subordonnées à l’exercice d’un emploi, Perspectives de l'Emploi de l'OCDE, chapitre 3, 2005.
- Une estimation des conséquences d’une réforme des minima sociaux - IDEP 2004
- Le mythe de la " trappe à inactivité " L'Humanité - 4/11/2000
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