Traité de Versailles (1768)

Traité de Versailles (1768)
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Le traité de Versailles du 15 mai 1768 rattache la Corse au patrimoine personnel du roi de France. C'est-à-dire que l'île reste juridiquement possession de la République de Gênes mais que de fait, elle est occupée et administrée par la France.

Sommaire

Contexte

Depuis 1284, la Corse est sous domination de la République de Gênes. Au XVIIIe siècle, les Corses luttent contre les Génois. Un aventurier allemand, Théodore de Neuhoff, se proclame roi de Corse, avec l'aide des Provinces-Unies et de l'Angleterre (qui dans la mer Méditerranée possède déjà Minorque et Gibraltar).

Après le désastre de Rossbach et les nombreuses défaites dans les colonies, Choiseul, successivement à la tête de la diplomatie et du ministère de la guerre et de la marine, cherche à arrêter rapidement la guerre et la chute du pouvoir français sur l'échelle mondiale et européenne. Le traité de Paris (1763) reconnaît l'importante défaite française, avec la perte de la Nouvelle-France et de l'Inde au profit des Britanniques.

En agissant comme secrétaire d'État aux Affaires étrangères de Louis XV, Choiseul vise à occuper des positions stratégiques dans la Méditerranée afin de s'opposer à la puissance croissante des britanniques et éviter un encerclement même au sud, où la Corse occupe une position importante; en plus, la situation politique de l'île est la plus fragile du cadre méditerranéen: elle est déjà dans les mires britanniques et devient, par conséquent, un objectif fondamental et précieux aussi pour le ministre français. Entre-temps, incapable de s'opposer toute seule à la révolte corse, Gênes, qui a reçu un soutien trop faible par les troupes impériales, se trouve forcée à faire appel au roi de France pour obtenir des troupes d'occupation à envoyer sur l'île rebelle.

Choiseul voit dans cet appel l'occasion qu'il cherchait pour occuper l'île sans déchaîner un nouveau conflit européen tel que la France ne pourrait pas soutenir à l'instant.

Plusieurs milliers de soldats français - pour le compte du gouvernement de Gênes et à ses frais - sont ainsi envoyés garnir les forteresses de l'île contre les Corses qui les assiègent.

Toutefois, Choiseul préfère tenir ses troupes enfermées dans les ports et dans les forteresses corses plutôt que de balayer la révolte, en se donnant des airs de médiateur entre les Corses et Gênes. En quelques années, sans avoir rien obtenu, l'ancienne République se trouve endettée envers le roi de France au-delà de ses possibilités économiques.

Ainsi, Choiseul force Gênes à céder la Corse, en résignant les créances que le Roi de France a sur Gênes: elle avait cumulé une dette de 2 millions de lires avec Louis XV pour l'aide militaire qu'il avait fourni à la République ligure pour "réprimer" la révolte des Corses.

Ce n'est pas tant parce qu'elle était ruinée (ce qui est très excessif) que Gênes cède la Corse à la France mais parce que les génois avaient compris qu'ils dépensaient des sommes colossales et inutiles pour conserver une île entièrement révoltée et qui ne leur rapportait plus rien et dont la population, hostile et habituée à la liberté, n'aurait jamais pu accepter de retourner sous le joug ligure de quelques manières que ce soit[1].

Ce n'est qu'après une difficile expédition militaire contre les Corses soulevés contre la France que le Roi se rend maître de l'île (mai 1769).

Le traité

Il n’est à l’origine qu’un traité de « conservation ». En effet, moyennant une rente annuelle d’environs 200 000 lires pour une durée de 10 ans, la République de Gênes ne cède pas ses droits de souveraineté sur la Corse à la France, laquelle est chargée d’administrer et de pacifier l’île. Néanmoins, Gênes, ruinée, sera incapable de rembourser à la France les frais occasionnés par la pacification des troupes de Louis XV exigés dans les deux derniers articles « séparés et secrets » du traité.

Voltaire résume ainsi la transaction effectuée : « Par ce traité, le royaume de Corse n’était pas absolument donné au roi de France, mais il était censé lui appartenir, avec la faculté réservée à la république de rentrer dans cette souveraineté en remboursant au roi les frais immenses qu’il avait faits en faveur de la république. C’était, en effet, céder à jamais la Corse, car il n’était pas probable que les Génois fussent en état de la racheter ; et il était encore moins probable que, l’ayant racheté, ils pussent le conserver contre les Corses qui avaient fait serment de mourir plutôt que de vivre sons le joug de Gênes. »

En 1789, Gênes dont les finances se sont plus que brillamment améliorées demande par deux fois la rétrocession de la Corse à l'exécutif français. Le projet, accueilli en pleine tourmente révolutionnaire sera très mal perçu par les conventionnels et finalement, il ne se concrétisera pas. La somme demandée par la France pour la rembourser des ses investissements s'élevait à un peu plus de trente millions de lires, somme que la république était largement en mesure de fournir[1].

Voir aussi

Bibliographie

  • Michel Vergé-Franceschi, Histoire de la Corse, 2 volumes, Éditions du Félin, Paris, 1996
  • André Zysberg, La monarchie des Lumières (1715-1786), Points Seuil, Paris, 2002

Liens externes

Sources

Notes et références

  1. a et b Antoine-Marie Graziani, l'histoire de Gênes, Fayard 2009

Wikimedia Foundation. 2010.

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