- Traité de Turin (1760)
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Le traité de Turin, ou traité des limites est signé le 24 mars 1760 entre le royaume de France et le royaume de Piémont-Sardaigne.
La frontière entre les deux États, du côté du comté de Nice et de la Provence, héritière des conflits de succession du comté de Provence au XIVe siècle, avait été rendue très irrégulière par différents achats, conflits, échanges de territoire. Ces irrégularités, dans une région montagneuse, et donc compartimentée, compliquait le commerce et l’administration civile et religieuse, les frontières des évêchés ne correspondant pas non plus aux frontières politiques. Elle gênait également la lutte contre la contrebande (voir l’exemple de la poursuite et de la capture de Mandrin en mai 1755[1],[2]). Un accord avait eu lieu en 1703 pour permettre le libre passage entre les différentes pointes, mais n’était que mal respecté par les deux parties[3]. Une première régularisation avait eu lieu en 1713 au traité d’Utrecht[4].
Au Nord, le pays de Gex était séparé de la France par la vallée de la Valserine, qui permettait auparavant le passage des troupes espagnoles entre la Savoie et la Franche-Comté (et était nommée pour cette raison chemin des Espagnols). Ce territoire n’était plus stratégique, du fait de l’alliance de famille entre la France et l’Espagne et de l’acquisition de la Franche-Comté par la France.
Le traité régularise donc la frontière entre les deux États :
- échange des villes de Seyssel (en partie), Chanaz et La Balme situées sur la rive gauche du Rhône, mais faisant partie du Bugey, qui retournent au Piémont, en échange de la vallée de la Valserine : ainsi, le chemin des Espagnols entre Franche-Comté et Savoie devient français, et le pays de Gex n’est plus une enclave séparée de la France[5] ;
- la frontière entre le comté de Nice et la Provence est fixée sur la ligne de partage des eaux entre Var et Verdon, puis sur le Var, l’Estéron jusqu’à Aiglun et enfin à nouveau sur le Var. La vallée de la Roudoule, dans le comté de Nice, retourne au Piémont, Roquesteron est coupé en deux. Guillaumes passe au Piémont, Entrevaux, emplacement stratégique contrôlant les communications entre le haut et le bas Var, reste au royaume de France. Dans le détail :
- Gattières, Dosfraires, Boyon, Ferres, Conségudes, Aiglun, deviennent françaises ;
- Guillaumes, Daluis, Auvare, Saint-Léger, La Croix, Puget-Rostang, Quebris, Saume-Longue, Saint-Antonin, La Penne, et une partie de Saint-Pierre (Besseuges[6]) deviennent piémontaises.
La nouvelle frontière est bornée en 1761 du pont de Roquesteron au col de Pelouse à la frontière entre le comté de Nice et la Provence[6]. Une autre borne est placée sur le pont de Pont-de-Beauvoisin.
Dans le comté de Nice, le Piémont gagne à cet échange : il gagne plus de terres qu’il n’en perd, des terres plus fertiles, 3600 personnes deviennent savoyardes, contre 1800 qui deviennent françaises. Et dans ces terres, se trouve la place fortifiée par Vauban, Guillaumes[7]. Par contre, les deux pays voient les communications facilitées, ce qui était l’objectif.
Le traité entre en vigueur en octobre 1760, le temps de démanteler la citadelle de Guillaumes[8]. Il semble toutefois qu’il n’ait pas résolu tous les problèmes[8] :
- l’évêché de Glandèves est à moitié en France, à moitié au Piémont ;
- les litiges entre communautés sont plus nombreux qu’avant (du fait de la coupure de certains terroirs en deux) ;
- la contrebande de sel se maintient
Sources
- Denis Andreis, « Le traité de Turin de 1760 », Nice historique, 1973, p 61-73
- Alain Ruggiero, La population du comté de Nice de 1693 à 1939, Serre éditeur, 2002, ISBN : 978-2-86410-342-4, p 25-27
Notes
- Denis Andreis, Le traité de Turin..., p 66
- [1]
- Denis Andreis, Le traité de Turin..., p 65
- Denis Andreis, Le traité de Turin..., p 63
- [2], consulté le 26 octobre 2008 Frontière, en ligne
- [3], consulté le 26 octobre 2008 Emmanuelle Gantié, dossier de presse 1763-1821 : sur les traces d’une frontière oubliée, Musée archéologique de Nice-Cimiez, 2006, en ligne
- Denis Andreis, Le traité de Turin..., p 70
- Denis Andreis, Le traité de Turin..., p 71
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