- Titanate de strontium
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Titanate de strontium Tausonite Général No CAS No EINECS SMILES InChI Propriétés chimiques Formule brute SrTiO3 Masse molaire[1] 183,49 ± 0,01 g·mol-1
O 26,16 %, Sr 47,75 %, Ti 26,09 %,Propriétés physiques T° fusion 2 080 °C [2] Solubilité Insoluble dans l'eau[2] Masse volumique 5,11 g·cm-3 [2] Cristallographie Structure type perovskite[3] Précautions NFPA 704[2] Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. Le titanate de strontium est un oxyde de titane et de strontium de formule SrTiO3. Il existe à l'état naturel — on parle alors de tausonite[4], mais les cristaux habituellement utilisés sont des cristaux de synthèse. Le titanate de strontium pur cristallise dans une structure pérovskite, cubique à température et pression ambiante, et se présente sous la forme d'un cristal transparent. La tausonite présente elle une couleur sombre qui dépend des impuretés qu'elle contient.
Il est utilisé en microélectronique, sous forme de monocristal en tant que substrat, ou sous forme de céramique pour ses propriétés diélectriques.
Le titanate de strontium fut utilisé comme substitut du diamant sous le nom de « fabulite »[5].
Sommaire
Propriétés physiques
Le titanate de strontium est à la fois plus dense et plus mou (6 à 6,5, sur l'échelle de Mohs, pour le titanate de strontium naturel, 5,5 pour le titanate de strontium synthétique) que le diamant. Il est cubique avec un indice de réfraction presque identique à celui du diamant.
Le titanate de strontium synthétique est en général incolore et translucide mais il peut être coloré lorsqu'il est dopé par certains éléments des terres rares ou certains métaux de transition.
Le titanate de strontium dopé avec du niobium est un semi-conducteur de type n.
Structure cristalline
Le titanate de strontium cristallise dans une structure pérovskite cubique à température ambiante et pression ambiante. Les ions strontium et titane y occupent les sites A et B respectivement. Vers 105 K, le cristal transite vers une phase quadratique (tétragonale)[6].
Propriétés diélectriques
Le titanate de strontium est cubique et paraélectrique à température ambiante. Dans sa phase quadratique, de 105 à 50 K, sa susceptibilité électrique suit une loi de Curie-Weiss à partir de laquelle on peut extrapoler une température de transition vers un état ferroélectrique aux alentours de 36 K. Toutefois, cette transition n'est pas observée dans la pratique. À basse température, sa constante diélectrique augmente considérablement en s'écartant de la loi de Curie-Weiss, mais le cristal reste paraélectrique. L'explication couramment admise est que des fluctuations quantiques empêchent cette transition : on parle d'un paraélectrique quantique.
Cet état paraélectrique est très fragile et très sensible à la composition. La substitution de l'oxygène 16O par son isotope 18O suffit à rendre le cristal ferroélectrique à basses températures[7]. La substitution du strontium par d'autres cations (calcium, baryum, plomb, cadmium) permet également d'obtenir un état ferroélectrique pour des taux très faibles de substitution[8].
Gisements et production
Gisements naturels
On trouve le titanate de strontium à l'état naturel. Ce minéral a reçu le nom de tausonite, en hommage au minéralogiste russe Lev Vladimirovich Tauson. Sa présence a été rapportée pour la première fois en 1982 dans le massif de l'Aldan en Sibérie orientale où il fut trouvé sous forme de grains irréguliers et de cristaux cubiques ou cuboctaèdriques de taille allant jusqu'à 2 mm. Ces cristaux présentent des couleurs variant du rouge au brun en fonction des impuretés. Des traces de calcium, de baryum, de lanthane et quelques autres éléments y ont été détectées[9].
Production
Utilisations
En tant que substrat
Le titanate de strontium sous forme monocristalline présente un paramètre de maille très voisin de celui d'autres pérovskites d'intérêt scientifique ou industriel. Pour cette raison, il est un bon substrat pour le dépôt sous forme de couches minces de ces pérovskites supraconductrices, magnétiques, diélectriques, etc.
En micro-électronique
Le titanate de strontium (SrTiO3) est un isolant électrique qui peut devenir conducteur quand il est électroniquement « dopé » (en y créant des lacunes d'oxygène par exemple). Les interfaces entre le SrTiO3 et certains oxydes (synchrotron SOLEIL à Saint-Aubin (France), en brisant sous vide un morceau de titanate de strontium[10], on a réussi à produire une couche gazeuse bidimentionnelle de deux nanomètres d'épaisseur, conductrice, à la surface d'une couche (isolante) de titanate de strontium[11]. Facile à réaliser, cette couche de gaz d'électrons métallique pourrait doper l'électronique à base d'oxydes de métaux de transition de la famille du SrTiO3 qui intéresse beaucoup les chercheurs en raison de propriétés physiques telles que :
- supraconductivité ;
- magnétisme ;
- magnétorésistance ; avec une changement de la résistance, de plusieurs ordres de grandeur, sous l'effet d'un faible champ magnétique (principe du disque dur ;
- multi-ferroïcité ; ex : ferroélectricité, ferromagnétisme et/ou ferroélasticité conjointes de quelques oxydes de fer ou de manganèse ;
- photocatalyse ; ex : capacité de certains oxydes de titane, en présence d'UV à casser l'eau en hydrogène et oxygène ;
- thermoélectricité (qui permettrait par exemple de recycler en électricité une partie de la chaleur fatale perdue par un ordinateur), etc.
En particulier des dispositif microélectronique multifonctionnels (transistor à plusieurs fonctions par exemple) semblent devenir possibles[11].
En joaillerie : la fabulite
Le titanate de strontium fut utilisé comme imitation du diamant sous le nom de « fabulite » entre les années 1955 et 1970. Si les indices de réfraction des deux minéraux sont très proches (2,417 contre 2,41 pour le diamant), la fabulite a une dispersion, et donc un feu, beaucoup plus forte que le diamant. De plus, la fabulite se raye facilement, contrairement au diamant. Cet usage fut abandonné à partir des années 1970 avec la production d'imitations de meilleure qualité (la zircone d'abord, puis la moissanite en 1998)[12].
Notes et références
- Masse molaire calculée d’après Atomic weights of the elements 2007 sur www.chem.qmul.ac.uk.
- Strontium titanate sur ull.chemistry.uakron.edu. Consulté le 7 septembre 2010
- (en) Bodie E. Douglas, Shih-Ming Ho, Structure and Chemistry of Crystalline Solids, Pittsburgh, PA, USA, Springer Science + Business Media, Inc., 2006, 346 p. (ISBN 0-387-26147-8), p. 64
- webmineral.com
- Sur le site de Diamants-infos
- e.g. Hayward and Salje, 1999
- (en) M. Itoh, R. Wang, Y. Inaguma, T. Yamaguchi, Y-J. Shan et T. Nakamura, « Ferroelectricity Induced by Oxygen Isotope Exchange in Strontium Titanate Perovskite », dans Physical Review Letters, vol. 82, no 17, 1999, p. 3540-3543 [lien DOI]
- Lemanov 2002, p. 8
- Dunn, 1985
- Communiqué CNRS, intitulé Microélectronique : un gaz d'électrons à la surface d'un isolant ouvre la voie du transistor multi-fonctions, Paris, 2011-01-12
- (en) A.F. Santander-Syro, O. Copie, T. Kondo et al., « Two-dimensional electron gas with universal subbands at the surface of SrTiO3 », dans Nature, vol. 469, 13 janvier 2011, p. 189-193 [lien DOI]
- Diamants synthétiques sur allaboutgemstones.com
Voir aussi
Bibliographie
- (en) V.V. Lemanov, « Improper ferroelastic SrTiO3 and what we know today about its properties », dans Ferroelectrics, vol. 265, 2002, p. 1-21 [texte intégral]
- (en) P.J. Dunn et al., « New Mineral Names », dans American Mineralogist, vol. 70, 1985, p. 218 [texte intégral]
- (en) S.A Hayward et E.K.H Salje, « Cubic-tetragonal phase transition in SrTiO3 revisited: Landau theory and transition mechanism », dans Phase Transitions, vol. 68, 1999, p. 501-522
Liens externes
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