Théraphim

Théraphim

Teraphim

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Exégèse et critique

Teraphim (תרפים), quelquefois orthographié Théraphim ou Terapirn, est un mot hébreu tiré de la Bible, qu'on ne trouve que sous forme plurielle, et dont l'étymologie reste inconnue[1],[2],[3]. Bien que le terme soit grammaticalement parlant un pluriel, on estime qu'il désigne des objets singuliers et utilise le grand pluriel de l'hébreu, qui n'implique pas de pluralité mais une magnificence (voir par exemple l'emploi de « Elohim » pour El)[1].

On ignore sa signification exacte mais il est utilisé dans l'Ancien Testament en référence au panthéon des dieux sémitiques datant des errances nomades des Hébreux, comme l'attestent ses traductions dans les versions grecques ainsi que son usage dans les Écritures[1].

Sommaire

Signification

Selon la littérature rabbinique, il a le sens de « choses disgracieuses »[1] mais cette étymologie est rejetée par les exégètes modernes. Certains affirment que le Teraphim serait une sorte de crâne humain momifié[1] mais l'excavation de Jéricho n'a pas révélé l'usage de ce type de fétiches.

Les découvertes des archéologues en Mésopotamie - à Nouzi, ville antique à l’est du Tigre et au sud-est de Ninive qui a été fouillée de 1925 à 1931 - indiquent que la possession des teraphim avait une incidence sur les droits concernant l’héritage familial. Selon une tablette trouvée à Nouzi, la possession des dieux domestiques pouvait en certaines circonstances permettre à un gendre de comparaître devant un tribunal pour réclamer les biens de son beau-père décédé (Ancient Near Eastern Texts, par J. Pritchard, 1974, p. 219, 220, et note 51). Il se peut que Rachel, ayant eu cela à l’esprit, se soit dit qu’elle était en droit de prendre les teraphim parce que son père avait usé de tromperie envers son mari Jacob (voir Gn 31:14-16). L’importance des teraphim en rapport avec les droits d’héritage pourrait aussi expliquer pourquoi Labân se soucia tant de les récupérer, au point de prendre ses frères avec lui et de poursuivre Jacob la distance de sept jours de route (Gn 31:19-30). Selon la Bible, les teraphim disparurent lorsque Jacob enfouit sous le grand arbre qui était près de Shekèm tous les dieux étrangers que lui remirent les membres de sa maisonnée. — Gn 35:1-4.

Traduction du terme en grec

Aquila le traduit par « figures », la Septante par « images » dans Genèse, « images sculptées » dans Ézéquiel, « oracles » dans Zacharie et « objets manifestes » (δῆλοι) dans Osée[1]. Théodotion ne le traduit pas[4] et préfère, comme souvent, une simple translittération du mot. La Bible du roi Jacques traduit quelquefois par « images  » (Gen. 31-19, Samuel 19-13), « idoles » (Zacharie 10-2) ou « idolâtrie » (Samuel 15-23), mais se contente également fréquemment d'une simple transcription (Juges 17-5, 38-14 et Osée 3-4)[1].

Occurrences dans le texte biblique

Sa signification n'est pas exposée dans la Bible mais certaines déductions peuvent être faites de son usage dans le texte.

Dans Genèse, Jacob prend le Teraphim de son foyer et l'enterre sous le mont Garizim, ce qui indique un lien entre le Teraphim et la religion païenne araméenne qui était alors peu à peu abandonnée[2].

Dans Genèse 31-34, Rachel prend le Teraphim de Laban et le cache dans un bât ; dans le livre de Samuel. Michal trompe les hommes de Saül et leur fait croire qu'un Teraphim dans son lit est en fait David. Dans le même récit on apprend qu'une place était réservée pour un Teraphim dans chaque foyer[2].

Dans Osée 3-4, le Teraphim est décrit comme aussi essentiel que l'ephod dans la culture israélite[2]. Si tous deux sont d'ailleurs étroitement associés à diverses reprises dans le texte, le premier est cependant fréquemment présenté par les prophètes comme un interdit[2]. Sa mention dans Zacharie[5] ainsi que la traduction des Septante par « oracles » laissent penser qu'il jouait un rôle dans les pratiques de cléromancie[2].

Le fait que Michée, qui vénérait Yahweh, utilise le Teraphim comme un idole et que Laban le considère comme représentant « ses dieux » semble indiquer qu'il s'agit alors d'images de Yahweh[1].

Selon la Bible, le Teraphim est définitivement interdit par la réforme de Josias[6], mais il est en réalité possible que son usage se soit perpétué dans la culture populaire jusque dans l'ère hellénique et peut-être plus tard encore[1].

Notes et références

  1. a , b , c , d , e , f , g , h  et i « Teraphim » dans la Jewish Encyclopedia
  2. a , b , c , d , e  et f « Teraphim » dans l'Encyclopædia Britannica, 11e édition [1].
  3. Voir la définition de « Théraphim » donnée dans l'Encyclopédie de Diderot et D'Alembert : « mot hébreu, dont l'explication a donné beaucoup de peine aux critiques »[2].
  4. (en)« Theodotion, otherwise Theodotus » dans Wace, Henry, Dictionary of Christian Biography and Literature to the End of the Sixth Century A.D., with an Account of the Principal Sects and Heresies
  5. Zacharie 10-2 : « En effet, le teraphim a donné des réponses vides et les devins ont eu des visions mensongères ».
  6. 2Rois 23-24 : « Josias abolit également la divination, les devins, les téraphims, les idoles et toutes les ordures qu'on voyait au pays de Juda et à Jérusalem, afin d'accomplir les paroles de la Loi, paroles écrites dans le livre que le prêtre Hilqiyahou avait trouvé dans la maison du Seigneur ».

Bibliographie

  • Arthur Peake, Commentary on the Bible, 1909.


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