- Théories sur l'assassinat de Kennedy
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Il existe un certain nombre de théories relatives à l'assassinat du Président Kennedy le 22 novembre 1963.
Ces théories peuvent être classées en deux groupes:
- la théorie qui veut que les conclusions de la Commission Warren soient exactes et qu'aucun complot n'ait été à l'origine de l'assassinat;
- les diverses théories qui impliquent un complot, à savoir la participation d'au moins deux individus dans un projet concerté d'assassiner le Président.
Les chercheurs, historiens ou journalistes qui défendent la première thèse estiment que malgré ses faiblesses et approximations, la Commission Warren a correctement décrit les circonstances générales de l'assassinat du Président par Lee Harvey Oswald, non interrogé du fait de son propre assassinat le surlendemain des faits.
Les chercheurs du second groupe estiment que l'assassinat du Président, et peut-être celui de son assassin, résultent d'un complot mis en place par un groupe en ayant à la fois les moyens et les motifs.
Certaines des théories du second groupe sont compatibles entre elles, d'autres sont exclusives les unes des autres; cependant toutes rejettent à un degré ou un autre les conclusions de la Commission Warren.
Des sondages effectués semblent montrer que environ 20% des citoyens américains croient que Oswald a agi seul[1], et que donc environ 80% d'entre eux croient à l'une ou l'autre forme de conspiration. L'expression de coup d'État est également utilisée.
Sommaire
Bases des théories
Théories «Warrenistes»
Les défenseurs des conclusions générales de la Commission Warren sont parfois désignés sous le vocable de Warrenistes ou néo-Warrenistes.
Ces chercheurs se basent sur:
- un examen critique des affirmations des auteurs favorables à la conspiration,
- un réexamen des éléments matériels de l'affaire parfois avec des outils plus modernes que ceux disponibles à l'époque de la Commission,
- un examen critique des théories de la conspiration, pour conclure qu'aucun élément, ancien ou nouveau, n'a suffisamment de force probante pour infirmer les conclusions de la Commission Warren.
Le terme néo-Warrenistes décrit généralement plus précisément les auteurs qui tout en critiquant les méthodes ou le rapport de la Commission affirment l'exactitude générale de ses conclusions.
Les chercheurs néo-Warrenistes rejettent également l'ensemble des théories de la conspiration, y compris les théories que l'on pourrait qualifier de minimalistes et qui supposent la participation de Lee Harvey Oswald à une conspiration impliquant peu de personnes.
Outre l'absence de véritable élément nouveau, ils se basent sur les éléments suivants qui semblent exclure l'existence d'un complot:
- la présence d'Oswald dans le TSBD le 22 novembre 1963 semble ressortir du hasard : Oswald a obtenu cette place grâce aux indications données par une voisine de son épouse le 15 octobre, c'est-à-dire avant même que le voyage du Président soit annoncé,
- le meurtre d'Oswald par Jack Ruby, qui semble également avoir été un meurtre non planifié: Ruby s'est trouvé en ville après le moment prévu pour le transfert d'Oswald, et si ce transfert avait eu lieu à l'heure prévue, Ruby n'aurait pas eu l'occasion de tuer Oswald, sauf à être prévenu lui-même au dernier moment.
Théories de la conspiration
Il est difficile de donner des informations générales sur les bases des théories de la conspiration, dans la mesure où la multiplicité de celles-ci implique une multitude d'approches. De manière générale, les chercheurs affirmant l'existence d'une conspiration se basent sur:
- un examen critique des éléments matériels de l'affaire parfois avec des outils plus modernes que ceux disponibles à l'époque de la Commission,
- un examen critique des actions des protagonistes,
pour conclure qu'une conspiration est possible, vraisemblable ou certaine.
Parmi les éléments ayant été présentés comme des indices de la conspiration, on peut relever, les points suivants (non exhaustifs):
- le fait que la théorie de la balle unique, une des pierres d'achoppement des conclusions de la Commission Warren, ne serait pas crédible,
- des témoignages indiquant, selon le cas: plus de trois coups de feu, la présence de tireurs ailleurs que dans le TSBD ou la présence de complices,
- la sécurité réduite à Dallas, plus basse que d'ordinaire (notamment le fait qu'aucun agent du Service Secret n'entourait la limousine),
- les faits que :
- la limousine présidentielle ait été immédiatement nettoyée et réparée, interdisant l'examen de preuves importantes,
- le corps de Kennedy ait été emporté pour faire l'autopsie à Washington, ce qui n'est conforme ni aux lois souveraines du Texas, ni à la logique,
- Dealey Plaza même ne fut pas fermé afin de permettre à l'enquête de se faire,
- le dossier militaire de Oswald ait été détruit en 1973 apparemment suite à un "nettoyage de routine",
- le cerveau du Président ait disparu,
- des photos de l'autopsie aient disparu,
- des éléments ultérieurs aient démontré que le FBI et la CIA avaient dissimulé des informations et parfois délibérément menti.
- les circonstances de l'autopsie, menée par des médecins qui n'étaient pas totalement compétents en la matière et qui ont omis certaines vérifications, peut-être sous pression extérieure,
Certaines théories de la conspiration, surtout dans les premiers temps de la critique des conclusions de la Commission Warren, se sont basées sur un certain nombre d'informations fausses dont l'inexactitude n'est pas toujours connue, d'autant plus que beaucoup de ces informations ont été rendues populaires par le film JFK[réf. nécessaire].
Cependant, les théories les plus récentes se basent sur, notamment, les éléments suivants:
- Il subsiste des incertitudes sur les blessures de Kennedy qui laissent penser qu'il a pu être atteint de plusieurs endroits. Selon ces théories, les diverses enquêtes gouvernementales auraient omis certains éléments, certains difficilement discernables, dont des indications que Kennedy auraient été touché à la tête à deux moments distincts mais quasiment simultanément.
- Témoignages sur la présence d'Oswald dans divers endroits dont le plus troublant est le témoignage de Sylvia Odio qui semble indiquer la participation d'Oswald à un complot.
- Témoignages sur la présence de deux personnes à la fenêtre du cinquième étage du TSBD au moment des tirs.
- Témoignages relatifs à la présence de personnes armées ou de coups de feu ou de nuages de fumée du côté du Grassy Knoll sur Dealey Plaza.
- Les agences gouvernementales ont effectivement caché des éléments importants aux commissions d'enquête.
- Une empreinte digitale relevée en 1963 sur un des cartons de la cache de l'assassin au 5e étage du Texas School Book Depository a été identifiée par un expert comme appartenant à un individu assez louche proche du Vice-président Johnson. Il s'agit de Malcolm E. "Mac" Wallace, par ailleurs condamné pour meurtre. Le FBI a examiné la question et a affirmé que l'identification était inexacte, mais la question reste ouverte.
Les théories
Théories Warrenistes
Ces théories sont parfois désignées sous le nom de « théorie du tireur unique », ce qui est une désignation inappropriée : il y a des théories de la conspiration qui postulent l'existence d'un tireur unique, que celui-ci soit Oswald ou une autre personne.
Fondamentalement, malgré quelques variantes portant sur le moment exact des tirs, les blessures ou l'emploi du temps ou les motivations de Oswald, ces théories appuient les conclusions générales de la Commission Warren, à savoir que Lee Harvey Oswald a tué le président Kennedy seul.
Théories de la conspiration
Les personnes ou groupes de personnes suivantes ont été accusés d'avoir été à la source d'une conspiration:
- Les milieux financiers américains, car le 4 juin 1963[2], Kennedy autorisa l'émission de nouveaux United States Note adossés aux réserves d'argent du gouvernement fédéral, et quelque 4 milliards de dollars en petites coupures furent émis, menaçant le monopole d'émission de la monnaie de la Réserve Fédérale et de ses actionnaires privés[3],[4].
- Le vice-président Lyndon Johnson qui aurait organisé ou participé à l'assassinat. Johnson est une des personnes qui avaient le plus à gagner de la mort du Président, puisque celle-ci faisait de lui le Président. Johnson est parfois décrit comme un homme aux abois avant l'assassinat : Kennedy aurait envisagé de ne plus le prendre comme candidat vice-Président pour les élections de 1964, notamment à cause des enquêtes criminelles en cours au sujet de Johnson (pour trafic d'influence, détournement de fonds, blanchiment d'argent et corruption) qui s'arrêtèrent ou furent abandonnées après que Johnson fut devenu président. Autre argument en faveur de cette thèse : LBJ (Lyndon Baines Johnson) était originaire du Texas, l'Etat où a été assassiné JFK ; toutes les affaires dans lesquelles il était impliqué de près ou de loin avaient pour théâtre le Texas ou les Etats adjacents (Nouveau Mexique, par exemple). LBJ n'était peut-être pas le conspirateur du début à la fin de l'opération, mais il est possible qu'il se soit entendu avec l'extrême-droite sudiste, la mafia et la CIA pour leur permettre d'assassiner le président (rôle de la mafia) et d'étouffer l'affaire (rôle de la CIA, et surtout de Alan Dulles) ; LBJ, en tant que maître de la justice et de la police texane, permettait simplement aux uns et aux autres leurs allée et venues. La thèse d'un complot avec à sa tête LBJ est étayée par des témoignages inédits, documents secrets et enregistrements clandestins dans un documentaire de 2003 réalisé par William Reymond et Bernard Nicolas, dans lequel est identifié un second tueur (Malcolm Wallace). Cette thèse est également détaillée dans le livre best-seller de Barr McClellan paru en 2003: Blood, Money & Power: How LBJ Killed JFK ainsi que dans celui de William Reymond paru en 2004: JFK : autopsie d'un crime d'Etat.
- Le «complexe militaro-industriel des États-Unis d'Amérique» , qui se préparait à une escalade au Viêt Nam et qui savait que le Président avait envisagé le retrait des troupes américaines présentes au Viêt Nam.
- La CIA ou des agents hors de contrôle de la CIA, qui auraient tué Kennedy pour diverses raisons, notamment pour son manque de soutien au débarquement de la baie des Cochons et pour diverses menaces que l'administration Kennedy faisait peser sur l'indépendance de l'agence. (Kennedy aurait declaré en privé que la CIA l'avait manipulé pour qu'il donne l'ordre d'envahir Cuba. Cependant, on sait par ailleurs que les Kennedy voulaient la mort de Fidel Castro.) D'autre part, l'ancien chef de la CIA, Allen Dulles, premier directeur de l'agence, avait été renvoyé par Kennedy après le fiasco de la Baie des Cochons et Dulles aurait cherché à se venger. Dulles a été nommé par Johnson à la commission d'enquête Warren chargé de faire la lumière sur l'assassinat, d'où le soupçon de connivence entre les deux hommes.
- L'extrême-droite américaine, qui aurait tué Kennedy car celui-ci s'apprêtait à révéler les liens étroits entre une partie de l'etablishment américain et les nazis jusqu'à Pearl Harbour (une thèse reprise par Sulitzer dans son thriller Puits de lumière). Elle trouvait Kennedy trop doux avec Cuba (il refusait l'emploi de l'USAF lors de la baie des cochons), trop doux avec l'URSS (il acceptait le dialogue avec Khrouchtchev), trop doux avec les Noirs (soutien à Martin Luther King et aux droits civiques dans le Sud)... tout ça faisait beaucoup pour un seul homme, fut-il président des USA... Le jour même de l'arrivée de JFK à Dallas (fief sudiste), l'extrême-droite (affiliée au KKK) distribuait des tracts anti-Kennedy intitulé "Recherché pour Haute Trahison"... Le général Charles de Gaulle a toujours pensé que l'extrême-droite était à l'origine de l'assassinat de Kennedy.
- Les pétroliers, en raison des millions de dollars qu'allait leur coûter un changement fiscal planifié par Kennedy.
- La mafia de Chicago aurait assassiné le Président (ainsi que son frère, Robert Kennedy, en 1968) en raison des menaces que l'administration Kennedy faisait peser sur le crime organisé. En effet, l'administration Kennedy voulait faire arrêter Jimmy Hoffa, un syndicaliste qui participait au blanchiment d'argent de la mafia italo-américaine de Chicago, à travers un complexe système utilisant l'argent de la caisse de retraite des Teamsters. C'est Sam Giancana, boss de l'Outfit à l'époque qui aurait fait tuer les frères kennedy. De plus, John Kennedy n'avait pas payé sa dette envers la mafia pour son aide lors des élections de 1960 à Chicago. Il fut par ailleurs démontré que la mafia avait collaboré avec la CIA dans le cadre de tentatives d'assassinat de Fidel Castro et que celle-ci avait donc également un intérêt particulier à l'égard de Cuba. De plus, Kennedy et Giancana avaient une maîtresse commune, Judith Campbell. Celle-ci entama une liaison avec le président américain, qui durera jusqu'à l'été 1962, tout en étant parallèlement avec Giancana. Les liaisons Campbell-Kennedy-Giancana sont citées publiquement pour la première fois en 1975. Judith Campbell en profita pour expliquer sa théorie sur l'assassinat de Kennedy. Selon elle, Kennedy fut assassiné par la mafia de Chicago, plus précisément par Sam Giancana, car il aurait utilisé la Mafia pour être élu président et l'aurait abandonnée ensuite, déclarant une guerre totale au crime organisé.
- Des exilés cubains anti-castristes entraînés et travaillant d'ailleurs pour la CIA qui auraient tué Kennedy également en raison de la Baie de Cochons et du manque de soutien de l’administration aux actions contre Castro.
- Fidel Castro qui aurait pu vouloir se venger des multiples tentatives américaines de le renverser ou de l'assassiner. Certains, estimant que cette hypothèse est démentie par l'existence de contacts secrets entre Kennedy et Castro, analysent cette hypothèse comme une tentative, par la mafia, de détourner l'attention. Il est d'autant plus stupide de penser que Castro ait voulu assassiner JFK que lors de la baie des cochons c'est lui qui avait empêché l'US Air Force de bombarder Cuba (à la grande fureur de la CIA).
- Israël qui, d'après les allégations de Mordechai Vanunu (technicien nucléaire à Dimona) faites dans le journal Al-Hayat Newspaper, aurait voulu se venger des pressions relatives à son programme nucléaire.
- Des sionistes en colère contre Kennedy pour sa non-reconnaissance d'Israël[5].
- Le président vietnamien Ngo Dinh Diem aurait découvert les plans américains pour le renverser, et son plan pour tuer Kennedy afin d'arrêter ces plans aurait été à son terme malgré le coup d'État dans lequel Diem trouva la mort le 1er novembre 1963
- Le KGB pour venger l'humilation de la crise de Cuba.
- Un groupe de "patriotes" américains qui aurait tué Kennedy en raison des risques de troisième guerre mondiale que son inexpérience faisait courir au pays.
- Aristote Onassis et son groupe d'Illuminati qui aurait assassiné le Président pour des raisons obscures[réf. nécessaire].
- Charles Harrelson (1928-2007) père de l'acteur Woody Harrelson, emprisonné pour avoir tué le juge "John H. Wood, Jr." le 29 mai 1979 ; en 1982 Charles Harrelson a prétendu avoir participé à l'assassinat de John F. Kennedy. Dallas Channel 4, 1982[6].
- Des tueurs européens liés à la mafia européenne auraient utilisé un groupe d'assassins de la mafia corse[7].
Enfin, parmi les complices à tout le moins de la dissimulation du complot, on cite J. Edgar Hoover, directeur du FBI, qui aurait pu subir un chantage de la part de la mafia qui aurait connu son homosexualité dissimulée. Hoover fut ensuite nommé directeur à vie du FBI par Johnson.
Parmi les possibles complices, en tout cas de dissimulation, on cite aussi souvent Allen Dulles qui devait à Kennedy d'avoir perdu son poste de directeur de la CIA (suite à la catastrophe du débarquement de la Baie des Cochons), alors qu'il en était l'incarnation depuis une décennie. Dulles, nommé par le Président Johnson comme membre de la Commission Warren, dissimula à la commission les liens de la CIA avec la mafia et les anticastristes. On relève également que l'ancien adjoint de Dulles à la CIA, le sous-directeur Charles Cabell (limogé en même temps que Dulles), avait pour frère le maire de Dallas.
Filmographie
- Documentaire vidéo, Affaires criminelles : l'assassinat de John F Kennedy, raconté par Yves Rénier, éd. Marshall Cavendish.
- JFK, autopsie d'un complot, documentaire de William Reymond et Bernard Nicolas, France, 2003.
Voir aussi
Notes
- ce sondage de ABC News ou celui de Fox News en 2003 Voir notamment
- par l'ordre exécutif numéro 111 110 abrogeant ainsi l’acte exécutif 10289
- Les secrets de l’institut d’émission des Etats-Unis, par Wolfgang Freisleben, 2007, Horizons et débats
- http://www.uhuh.com/money/kennmon.htm
- http://www.jfkmontreal.com/introduction.htm#The%20Assassination
- Interview with Charles Harrelson, Dallas Channel 4, 1982
- Michel Mertz et Jean Souètre Voir :
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