Théodose Morel

Théodose Morel

Tom Morel

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Théodose Morel
Surnom Tom Morel
Naissance 1er août 1915
Lyon
Mort au combat 9 mars 1944 29 ans)
Entremont
Origine France France
Service 1935 - 1944
Conflits Seconde Guerre mondiale
Distinctions Légion d'honneur
Croix de Guerre 1939-1945
Compagnon de la Libération

Théodose Morel dit Tom Morel, né le 1er août 1915 à Lyon (Rhône) et mort le 9 mars 1944 à Entremont (Haute-Savoie) est un officier de carrière et un résistant français.

Sommaire

Jeunesse et carrière militaire

Il naît dans une famille de la bourgeoisie lyonnaise ; son père est le fils d'un industriel lyonnais de la soierie, sa mère issue d'une famille de juristes et de militaires savoyards. Il fait de bonnes études chez les jésuites à Lyon et s'oriente vers la carrière militaire. Il prépare, à Sainte-Geneviève à Versailles, le concours de Saint-Cyr où il entre en 1935 (promotion 1935-1937 Maréchal Lyautey). A sa sortie, en 1937, nommé sous-lieutenant, il choisit d'être affecté au 27e BCA d'Annecy. Il suit alors une formation de haute montagne à Chamonix et devient chef de la section d'éclaireurs-skieurs du bataillon, dont il fait un instrument de combat de premier ordre. En novembre 1938, il épouse Marie-Germaine Lamy.

En mai 1939, le 27e BCA est stationné sur la frontière italienne, la S.E.S. commandée par Tom Morel se trouvant juste au-dessus de Val d'Isère. En septembre 1939, tandis que le bataillon part pour le front de l'Est, la section de Tom, promu lieutenant, reste à la garde de la frontière avec l'Italie. Dès l’entrée en guerre de cette dernière, le 12 juin 1940, Tom Morel se distingue dans la bataille des Alpes. Exploitant avec décision le succès de l'une de ses patrouilles, il fait cinq prisonniers et s'empare d'un matériel important. Il est décoré de la croix de Guerre et obtient sa première citation. Blessé le 18 juin, il continue pourtant le combat. Les 20 et 22 juin, il se bat près du col du Petit-Saint-Bernard où son action contraint les troupes italiennes à se replier. Il reçoit une seconde citation, puis est fait chevalier de la Légion d’honneur. Il n’est alors âgé que de 24 ans.

Tom Morel sert ensuite dans l'armée d'armistice à Annecy sous les ordres du commandant Vallette d'Osia et participe au camouflage d'armes et de matériel. En 1941, il est nommé instructeur à Saint-Cyr, alors repliée en zone sud à Aix-en Provence, où il encourage implicitement ses élèves à entrer dans la Résistance.

Résistance et plateau des Glières

Après l'invasion de la zone sud par les Allemands en novembre 1942, Tom Morel passe dans la clandestinité et entre dans la Résistance en Haute-Savoie où il retrouve le commandant Vallette d'Osia, organisateur et chef de l'AS pour ce département. Il va alors s'attacher, avec l'ex-adjudant-major du 27e BCA, le capitaine Anjot, à organiser l'AS dont le nombre de volontaires se multiplie après la mise en œuvre du STO, le service du travail obligatoire en Allemagne en février 1943.

En septembre 1943, le commandant Vallette d'Osia est arrêté par les Allemands qui viennent de remplacer les Italiens dans l'occupation de la Savoie. C'est le capitaine Henri Romans-Petit, organisateur et chef de l'AS de l'Ain qui lui succède à la tête de l'AS de Haute-Savoie. Celui-ci nomme Tom Morel chef des maquis du département et lui donne pour mission d'organiser la réception des parachutages alliés sur le plateau des Glières.

Le 31 janvier 1944, Tom Morel s'installe sur le plateau avec 120 maquisards. A la fin février, il a sous ses ordres environ 300 hommes qu'il a organisés en trois compagnies. Tom Morel s'illustre par ses talents de chef et d'entraîneur d'hommes venus d'horizons géographiques, sociaux et politiques très divers. Il adopte la devise "vivre libre ou mourir" et instruit son bataillon pour en faire une unité homogène et opérationnelle en vue des combats de la libération. En février et en mars, de nombreux accrochages se produisent avec les G.M.R. et avec la Milice du régime de Vichy qui encerclent alors le plateau.

Le 2 mars, Tom Morel décide une opération commando contre l'hôtel Beau Séjour à Saint-Jean-de-Sixt où sont cantonnés des GMR. Trente d'entre eux sont faits prisonniers. Ils doivent servir de monnaie d'échange contre Michel Fournier, étudiant en médecine et médecin auxiliaire du maquis, arrêté au Grand-Bornand quelques jours plus tôt. Les prisonniers sont libérés, mais, malgré l'accord sur l'honneur de l'intendant de police d'Annecy, Michel Fournier reste détenu.

En mars, le maquis des Glières crée une quatrième compagnie grâce à l'arrivée de 120 maquisards du Chablais et du Giffre. Tom Morel décide alors de mener une autre opération, plus importante et plus risquée, contre l'état-major du G.M.R. Aquitaine à Entremont au pied du plateau des Glières. En effet, son chef, le commandant Lefèvre, n'a pas respecté ses engagements à l'égard de la Résistance. Plus d'une centaine d'hommes participent à l'opération dans la nuit du 9 mars au 10 mars 1944. Un des groupes, commandé directement par Tom Morel, réussit à prendre l'hôtel de France, siège de l'état-major des GMR. Les maquisards désarment leurs prisonniers, mais le commandant Lefèvre brandit un petit revolver qu'il avait dissimulé et tire à bout portant sur Tom Morel qui s'effondre, tué sur le coup d'une balle en plein coeur. Lefèbre est immédiatement abattu d'une rafale.

Le corps du lieutenant Théodose Morel est remonté sur le plateau des Glières où il est enterré le 13 mars après une émouvante cérémonie religieuse. Le 2 mai 1944, son corps est descendu dans la vallée et il est aujourd'hui inhumé au cimetière militaire de Morette, devenu Nécropole nationale des Glières en Haute-Savoie.

Tombe de Tom Morel à la Nécropole de Morette en 2009

Postérité

Le 5 novembre 1944, le Général de Gaulle lui décerne à titre posthume la croix de la Libération. Voici le texte de la citation du lieutenant Théodose Morel pour la croix de la Libération :

[...] Déjà fait chevalier de la Légion d'honneur à vingt-quatre ans pour avoir capturé une compagnie italienne sur le front des Alpes en juin 1940. Instructeur à Saint-Cyr en novembre 1942, a aiguillé ses élèves vers la Résistance, s'est lancé lui-même corps et âme dans la lutte contre l'envahisseur, agissant tour à tour comme camoufleur de matériel, agent de renseignements, propagandiste. Démasqué par l'ennemi, s'est jeté avec une immense foi dans le maquis savoyard. Sans armes, a attaqué en combat singulier un officier allemand qu'il a réduit à l'impuissance. Devenu chef du bataillon des Glières, a été l'âme de la Résistance du Plateau, son chef et son organisateur. Le 9 mars 1944, après avoir enlevé d'assaut le village d'Entremont, a été assassiné lâchement au cours d'une entrevue qu'il avait demandée à ses vaincus pour épargner une effusion inutile de sang français. Restera dans l'épopée de la Résistance une incarnation du patriotisme français et l'un des plus prestigieux martyrs de la Savoie [...]. (Journal officiel du 22 novembre 1944)

En son honneur, la 174e promotion de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr a été baptisée Lieutenant Tom Morel.[1]

Voici, pour tenter de caractériser en quelques mots la personnalité de Tom, une citation de Pierre Golliet tirée de Glières - Haute-Savoie - Première bataille de la Résistance - 31 janvier - 26 mars 1944 de GOLLIET, Pierre, HELFGOTT, Julien et JOURDAN, Louis (1946) :

D'où lui venait cette force ? Sans doute de son énergie naturelle, qui était impressionnante, de son caractère intrépide et fougueux. Mais elle tenait aussi à un idéal de générosité et de sacrifice, qui était le fruit conscient et voulu de sa foi : "Priez, écrivait-il un jour au prêtre qui était son confident, pour que je garde jusqu'au bout, au milieu des difficultés comme au centre du bonheur et des joies de la famille, cette âme qui répugne à la médiocrité et qui voudrait s'élever toujours dans la noblesse."

D'un bout à l'autre de sa vie de soldat, Tom aura été porté par ce vœu, qui est le vœu du véritable héroïsme.

En octobre 1995, le "Nouveau dortoir" du lycée militaire de Saint-Cyr est baptisé "bâtiment Tom Morel"[2].

Bibliographie

  • Tom Morel, héros des Glières, Patrick de Gmeline, Presses de la Cité, Paris, 2008.
  • Lieutenant Morel, être de lumière et entraîneur d'hommes, André Ravier (père), Sarment/Editions du Jubilé, Paris, 2003.

Liens externes

Notes et références

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