Tekeoğulları

Tekeoğulları

Le beylicat de Teke est une des principautés turkmènes qui se sont installées en Anatolie après la chute des Seldjoukides du sultanat de Roum à l'époque des beylicats. La dynastie est appelée les Tekeoğulları[1] et sest installée dans la région dAntalya (Adalya) et de Korkuteli, sur la côte méditerranéenne en 1321. Le beylicat subit une éclipse au moment de la première lexpansion ottomane en 1391. Il est restauré en 1402 et définitivement annexé à lempire ottoman en 1423 par Murad II.

Sommaire

Histoire

Le minaret de la mosquée Yivli à Antalya, construite par les beys de Tekke aux environs de 1375

L'origine des Tekeoğulları est obscure. Il est possible qu'ils aient un lien avec les Turmènes Teke comme pour les Dulkadirides[2].

Deux frères[3] s'établissent dans le sud-ouest de lAnatolie. Leur grand-père se nomme Hamid et est l'éponyme des deux familles. Le premier, Dundar, sétablit en Pisidie à lintérieur des terres à Eğirdir sur la route commerciale allant de la mer Noire à la Méditerranée. Il crée la dynastie des Hamidides (Hamidoğulları) à proprement parler. Le second, Yunus sinstalle sur la côte méditerranéenne en Lydie et Pamphylie à Antalya[4]. La région est appelée Teke-eli[5]. Leur père aurait régné sur Antalya sous la suzeraineté des Seldjoukides[2].

On ne sait presque rien du règne de Yunus. Pendant son règne lAnatolie est sous lautorité de Timurtaş nommé vice roi de lAnatolie en 1319. Timurtaş est le fils cadet de Chupan qui est le représentant du dernier grand Ilkhan de Perse Abu Saïd Bahadur. En 1321, Timurtaş tente de prendre son indépendance contre les Ilkhans et fait alliance avec les Mamelouks dÉgypte. Chupan obtient dAbu Saïd le pardon et le maintien de son fils dans ses fonctions de gouverneur de lAnatolie[6]. En 1324, Timurtaş soumet les deux principautés des Hamidides et des Teke et donne Antalya à Mahmud, un fils de Yunus[7]. En 1327, Chupan, tombé en disgrâce, est tué par lIlkhan. Timurtaş va se réfugier en Égypte chez les Mamelouks qui, pour ne pas déplaire à Abu Saïd, le font périr. La chute de Chupan et la disparition de Timurtaş suivie de la mort Abu Saïd huit ans après, laisse lAnatolie sans maître et libère les émirs turcs locaux[6].

Lorsque Ibn Battûta passe à Antalya (Anthâlïah dans le texte) en 1333, cest Hizir[8] (Khidhr), le deuxième fils de Yunus, qui règne sur la Teke-eli. Le lendemain de son arrivée en ville, Ibn Battûta rencontre le souverain :

« Cest Khidhr bec, fils de Yoûnis bec. Nous le trouvâmes malade, lors de notre arrivée dans cette ville : nous le visitâmes dans son palais, et il était alité. Il nous parla dans les termes les plus affables et les plus bienveillants ; nous lui fîmes nos adieux et il nous envoya des présents. »

— Ibn Battûta, op. cit., vol. II [lire en ligne], « Du Sultan dAnthâlïah », p. 116 .

La ville impressionne Ibn Battûta qui la décrit assez longuement :

« Cest une des plus belles villes du monde : elle est extrêmement vaste, cest la plus jolie cité que lon puisse voir, et la mieux construite. Chaque classe de ses habitants est entièrement séparée des autres. Les marchands chrétiens[9] y demeurent dans un endroit appelé almînâ[10]. Leur quartier est entouré dun mur, dont les portes sont fermées extérieurement pendant la nuit et durant la prière du vendredi. Les Grecs, anciens habitants dAnthâlïah, demeurent dans un autre endroit ; ils y sont également séparés des autres corps de nation et entourés dun mur. Les Juifs habitent aussi un quartier séparé et ceint dune muraille. Le roi, les gens de sa cour et ses esclaves habitent une ville entourée dun mur qui la sépare des quartiers susmentionnés.
Toute la population musulmane demeure dans la ville proprement dite, se trouve une mosquée principale, un collège, des bains nombreux et des marchés considérables, disposés dans lordre le plus merveilleux. Cette ville est entourée dun grand mur, qui renferme aussi toutes les constructions que nous avons énumérées. »

— Ibn Battûta, op. cit., vol. II [lire en ligne], « Du Sultan DAlâïa », p. 113 .

En 1372, Mübârizüddin [11] Mehmed le fils de Mahmud succède à son oncle Hizir.

Après 1378, Osman Çelebi, fils de Mübârizüddin Mehmed succède à son père.

En 1391, le sultan ottoman Bayezid Ier Yıldırım conquiert le beylicat et lannexe à son empire. Osman Çelebi est démis de ses fonctions. La défaite de Bayezid contre Tamerlan à la bataille d'Ankara en 1402, et laffaiblissement consécutif des Ottomans vont permettre la reconstitution du beylicat de Teke sous la protection de Tamerlan auquel il fait allégeance[2]. Deux ans plus tard Osman Çelebi, organise une alliance avec plusieurs autres beylicats voisins[2]. Il parvient à semparer de presque toute la province sauf de la ville dAntakya elle-même[12]. En 1421, le nouveau sultan ottoman Murad II doit combattre contre son oncle, Mustafa Çelebi surnommé Düzmece[13]. Ce dernier avait déjà tenté de détrôner son frère Mehmed Ier mais avait se réfugier auprès des empereurs de Byzance. Lempereur avait apporté son aide à Mehmed Ier en gardant Mustafa prisonnier à Constantinople. Cette fois lempereur encourage Mustafa à engager une guerre civile contre son neveu. En 1423, Nâsıreddin Mehmed II fait le siège dAntalya à l'instigation d'Osman Çelebi. Nâsıreddin Mehmed II est tué pendant ce siège ainsi[14]. Osman Çelebi est tué par des ottomans pendant une attaque nocturne de sa résidence à Korkuteli[12]. Le beylicat de Teke est définitivement annexé à lempire ottoman.

La dynastie

Carte des beylicats dAnatolie formés après la Bataille de Köse Dağ (26 juin 1243)
Dates[15] Nom Nom turc Fils de  
1321- ? Yûnus Yunus Ilyâs / Teke[3] ?  
 ? -1327 Mahmûd Mahmud Yunus  
1327-1372 Sinân al-Dîn Khidr Sinânüddin Hızır Yunus  
1372- ?[16] Mubâriz al-Dîn Muhammad Mübârizüddin Mehmed Mahmud  
 ? -1391 `Uthmân Chelebi Osman Çelebi Mehmed Premier règne.
1391-1402 Annexion à lempire ottoman
1402-1423 `Uthmân Chelebi Osman Çelebi Mehmed Restauration et deuxième règne.
1423 Annexion définitive à lempire ottoman

Voir aussi

Lien externe

Bibliographie

Notes et références

  1. Tekeoğulları pluriel turc de Tekeoğlu, fils de Teke. Teke en turc signifie bouc à ne pas confondre avec Tekke qui désigne le lieu se réunit une confrérie religieuse.
  2. a, b, c et d (en) Martijn Theodoor Houtsma, T. W. Arnold, A. J. Wensinck, op. cit. [lire en ligne], « Teke-oghlu », p. 720-721 
  3. a et b Leur père est nommé :
    • Ilyâs dans (en) Clifford Edmund Bosworth, op. cit. [lire en ligne], « The Hamid Oghullarî and the Tekke Oghullarî », p. 226 
    • Teke Bey ou Teke Paşa dans (en) Martijn Theodoor Houtsma, T. W. Arnold, A. J. Wensinck, op. cit. [lire en ligne], « Teke-oghlu », p. 720-721 
  4. (en) Clifford Edmund Bosworth, op. cit. [lire en ligne], « The Hamid Oghullarî and the Tekke Oghullarî », p. 226 
  5. (en) Martijn Theodoor Houtsma, T. W. Arnold, A. J. Wensinck, op. cit. [lire en ligne], « Teke-eli », p. 720 
  6. a et b René Grousset, op. cit. [lire en ligne], « Règne dAboû Saîd. », p. 487-488 (.pdf) 
  7. Ibn Battûta, op. cit., vol. II [lire en ligne], « Du Sultan dAnthâlïah », p. 116 (.pdf) note 190 
  8. Hizir mot turc de l'arabe Khidhr, ḫiḍr, خضر, vert
  9. Marchands chrétiens : on entend ici les marchands occidentaux : Génois et Vénitiens.
  10. almînâ de larabe al-mīnāʾ, الميناء, le port.
  11. Mübarizüddin de larabe : Mubâriz al-Dîn, مبارز الدين, combattant de la religion
  12. a et b Antalya Metropolitan Municipality
  13. Düzmece en turc : fourbe.
  14. (en) F. Sümer, op.cit. [lire en ligne], « Ḳarāmān-oghullari », p. 484 
  15. Liste établie d'après : (en) Clifford Edmund Bosworth, op. cit. [lire en ligne], p. 226 
  16. Après 1378 daprès (en) Clifford Edmund Bosworth, op. cit. [lire en ligne], p. 226 

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Tekeoğulları de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Поможем написать реферат

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Beylicat de Teke — Tekeoğulları Le beylicat de Teke est une des principautés turkmènes qui se sont installées en Anatolie après la chute des Seldjoukides du sultanat de Roum à l époque des beylicats. La dynastie est appelée les Tekeoğulları[1] et s’est installée… …   Wikipédia en Français

  • Beylicat de Tekke — Tekeoğulları Le beylicat de Teke est une des principautés turkmènes qui se sont installées en Anatolie après la chute des Seldjoukides du sultanat de Roum à l époque des beylicats. La dynastie est appelée les Tekeoğulları[1] et s’est installée… …   Wikipédia en Français

  • Beylik — Einige Beyliks in Anatolien um 1300 Der Begriff Beylik (türk.: sing. Beylik, pl. Beylikler; osm.: sing. بكلك Beğlik, pl. بكلكلر Beğlikler) bezeichnet die türkischen Fürstentümer, die sich ab dem 11. Jahrhundert in Anatolien an der Grenze zum… …   Deutsch Wikipedia

  • Epoque des beylicats — Époque des beylicats Un beylicat (en turc : beylik) désigne le territoire sous la juridiction d’un bey. L’époque des beylicats[1], ou des principautés d’Anatolie se divise en deux périodes. La première période se situe au XIe siècle… …   Wikipédia en Français

  • Hamidides — Les Hamidides ou en turc Hamidoğulları[1] sont les membres d’une dynastie qui a régné sur une des principautés turkmènes qui se sont installées en Anatolie après la chute des Seldjoukides du sultanat de Roum à l époque des beylicats. La dynastie… …   Wikipédia en Français

  • Hamidoğulları — Hamidides Les Hamidides ou en turc Hamidoğulları[1] sont les membres d’une dynastie qui a régné sur une des principautés turkmènes qui se sont installées en Anatolie après la chute des Seldjoukides du sultanat de Roum à l époque des beylicats. La …   Wikipédia en Français

  • Période des beylicats — Époque des beylicats Un beylicat (en turc : beylik) désigne le territoire sous la juridiction d’un bey. L’époque des beylicats[1], ou des principautés d’Anatolie se divise en deux périodes. La première période se situe au XIe siècle… …   Wikipédia en Français

  • Époque des beylicats — Un beylicat (en turc : beylik) désigne le territoire sous la juridiction d’un bey. L’époque des beylicats[1], ou des principautés d’Anatolie se divise en deux périodes. La première période se situe au XIe siècle lorsque de petits… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/1610030 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”