- Tchinguiz Aïtmatov
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Tchinguiz Aïtmatov est un écrivain kirghiz né à Shéker (province de Talas, Kirghizistan) le 10 décembre 1928 et mort à Nuremberg (Allemagne) le 10 juin 2008.
Sommaire
Biographie
Né à Shéker (ou Cheker), un village du nord-est du Kirghistan, alors république de l'Union soviétique, il est le petit-fils d'un berger nomade[1] et le fils d'un père un haut-fonctionnaire qui meurt, en 1938, dans les purges staliniennes, alors que Tchinguiz n'a que 10 ans. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il travaille dans les champs et en tant que secrétaire du soviet local; c'est lui qui, à 14 ans, a la charge d'apporter les lettres annonçant les morts au combat aux familles de son village[2].
Après des études à l'Institut agricole de Bichkek, capitale de l'actuel Kirghizstan, il travaille d'abord comme agronome puis journaliste[1]. Il se consacre à la traduction d'écrivains russes en kirghiz. Il entre en 1956 à l'institut Gorki à Moscou[2]. Des traductions en russe de ses nouvelles commencent à paraitre dans des revues soviétiques.
Auteur de nouvelles décrivant la vie simple et difficile dans la jeune république socialiste kirghize, il écrit d'abord en kirghiz, notamment Djamilia (1958) et Le Premier Maître, qui seront adaptés au cinéma dès les années 1960, notamment par Andrei Konchalovsky, alors jeune étudiant à l'institut du cinéma de l'URSS, pour une remarquable adaptation du Premier Maître (Pervyy uchitel).
En 1963, il reçoit le prix Lénine pour son recueil Nouvelles des montagnes et des steppes.
Il choisit ensuite l'écriture en langue russe avec Il fut un blanc navire (1970) ou La Pomme rouge.
Dans les années 1980, il est l'un des écrivains les plus connus d'Union soviétique et s'exprime davantage à travers des romans comme Une Journée plus longue qu'un siècle dans lequel il aborde des thématiques politico-sociales difficiles telles que la répression et la réhabilitation des dissidents, le rapport entre modernité et tradition, la préservation de l'environnement. Dans Les Rêves de la louve (le titre russe se traduit Le Billot), il évoque d'autres tabous de la société soviétique, comme le trafic de drogue, le sacrifice de soi pour le bien de l'humanité, l'existence de victimes expiatoires, le substrat religieux de la culture.
En 1985, il devient conseiller de Mikhaïl Gorbatchev[2] qui vient d'arriver au pouvoir.
Ses livres sont traduits dans plusieurs langues. Djamilia est ainsi traduit en français dès 1959 par Louis Aragon, ce qui contribue à lui donner une notoriété internationale[2].
Empreints d'une profonde méditation sur le sens de la vie, les ouvrages de Tchinguiz Aïtmatov mettent également en scène de manière magistrale l'Asie centrale de l'époque soviétique.
Après l'indépendance du Kirghizstan en 1991, Tchinguiz Aïtmatov devient un personnage dominant sur la scène politique. A partir de 1990, il devient ambassadeur de l'URSS au Luxembourg[2] puis jusqu'en 2008, ambassadeur du Kirghistan en Belgique.
Tchinguiz Aïtmatov était aussi membre d'honneur du Club de Budapest.
Victime d'un malaise en Russie lors d'un tournage d'une adaptation cinématographiques d'un de ses romans[2], il meurt à 79 ans d'une inflammation pulmonaire dans un hôpital de Nuremberg en Allemagne le 10 juin 2008. Après que sa dépouille est exposée à la salle philharmonique de Bichkek, il est enterré le 14 juin, décrété jour de deuil national par le président kirghize Kourmanbek Bakiev[2], à une vingtaine de kilomètres de la capitale kirghize. Plus de 20 000 personnes lui ont rendu hommage[3].
Dénonciateur des crimes staliniens
Son père Torokul, un haut fonctionnaire soviétique, est fusillé à 35 ans comme « ennemi du peuple » lors des purges staliniennes alors que Tchinguiz Aïtmatov n'a que 10 ans[2].
En mai 1987, il publie dans les Izvestia un violent réquisitoire contre Staline[2], dénonçant le mythe du vainqueur de la « Grande guerre patriotique » (la Seconde Guerre mondiale).
Après l'indépendance du Kirghistan, il fera bâtir près de Bichkek, la capitale du pays, un mémorial, Ayat Beyit (la tombe du père), dédié aux victimes du stalinisme[2]. Plusieurs victimes kirghizes des purges staliniennes dont son père y ont été enterrés. Sa tombe se trouve également dans ce mémorial[2].
Bibliographie
Liste non exhaustive
- Djamilia, 1958
- Nouvelles des montagnes et des steppes, 1963
- Le Premier Maître, 1964
- Adieu Goulsary, 1968
- Il fut un blanc navire, 1970
- Une journée plus longue qu'un siècle, éd. Temps actuels, 1983
- Les Rêves de la louve
- L'Oiseau migrateur face à face, 1989
- Povesti, 1998
- Le Petit nuage de Gengis Khan, 2001
- Tuer, ne pas tuer, 2005
- Le Léopard des neiges, éd Le temps des cerises, 2008
Notes
- Sa biographie sur l'encyclopédie Universalis.
- Sa nécrologie dans Le Monde, p29, 14 juin 2008.
- "Kirghizstan: Obsèques de l'écrivain Aïtmatov", le JDD.fr, 14 juin 2008.
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