- Sébastien Gryphe
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Sébastien Gryphe ou Sebastianus Gryphius en latin (vers 1492 à Reutlingen, Allemagne - 1556 à Lyon, France) était un imprimeur-libraire français du XVIe siècle.
Sommaire
Biographie
Fils de Michel Greyff (ou Gryff, ou Gryffe, ou encore Gryph), il apprend de lui le métier d'imprimeur d'abord en Allemagne, puis à Venise. C'est autour de 1520 qu'il arrive à Lyon et s'y installe pour le compte d'une compagnie de libraires vénitiens. Il se nomme lui-même Sébastien Gryphius, même si l'habitude s'est prise en France de l'appeler Gryphe.
Au début de sa carrière, Gryphe publie surtout des traités administratifs et juridiques en caractères gothiques. Il se spécialise quelques années plus tard dans l'édition de classiques en latin, langue dans laquelle il traduit aussi les auteurs grecs classiques. Il publie également les grands humanistes de son temps, comme Erasme, Guillaume Budé ou Ange Politien.
Sa renommée grandit d'année en année et, en 1536, il s'associe avec le célèbre imprimeur Hugues de la Porte, qui lui apporte une aide financière grâce à laquelle il peut s'établir à son propre compte. Il fonde alors l'Atelier du Griffon, dont la marque d'imprimeur arbore cet animal, rappelant son patronyme (Gryphius en latin). C'est à cette période qu'il introduit pour la première fois en France les caractères italiques, inventés en 1501 à Venise par Alde Manuce, utilisés dans des petits volumes in-octavo. Plus tard, il mène à bien une véritable collection d'éditions latines dans un format encore plus petit, l'in-seize.
Gryphe est très reconnu dans les années 1540. On le surnomme même le « prince des libraires lyonnais ». C'est un promoteur de l'humanisme lyonnais et ses impressions sont très appréciées pour leur netteté, la beauté de leur mise en page et leurs corrections. Son atelier est le point de rencontres le plus apprécié des humanistes. Henri Baudrier, bibliophile et bibliographe du XIXe siècle, parle de "l'Atelier du Griffon" comme étant une « société angélique pour les libres-penseurs ». Grâce aux progrès de l'historiographie, on sait aujourd'hui que les différences ne sont pas si marquées entre catholiques orthodoxes et hétérodoxes. Il n'est donc pas surprenant que Gryphe travaille avec des hommes qui sont où vont être soupçonnés d'hérésie ou d'athéisme, accusation qui conduisit Étienne Dolet au bûcher en 1546.
Il connaît, travaille et parfois lie des liens d'amitié avec de grands savants et écrivains de l'époque : André Alciat, Maurice Scève, Barthélémy Aneau, ou encore Étienne Dolet avec qui il se fâche par la suite. Certains d'entre eux travaillent pour lui comme correcteurs. En 1532, il travaille avec l'écrivain et médecin François Rabelais, dont il publie des traductions, présentations et commentaires de textes d’Hippocrate, de Claude Galien et du médecin italien de Ferrare, Giovanni Manardi.
Sébastien Gryphe, sexagénaire, meurt en 1556 à Lyon.
Famille
Sébastien Gryphe n'est pas le seul imprimeur de sa fratrie. François s’installe rue des Carmes à Paris en 1532. Jean, dont les liens familiaux avec Sébastien restent à préciser, reste toute sa vie imprimeur à Venise.
Les héritiers de Sébastien Gryphe :
À la mort de Sébastien Gryphe, en 1556, sa veuve Françoise Miraillet hérite de l'affaire tandis que son fils Antoine dirige l'atelier d'imprimerie. Tous deux publient sous la raison « Héritiers de Sébastien Gryphius ». À partir de 1565, Antoine publie sous son propre nom. Il reprend des textes édités par son père, notamment les classiques latins et grecs, mais se distingue en faisant paraître, en français, des études d’histoire régionale.
Anecdotes
- Une rue porte son nom à la Guillotière, dans le septième arrondissement de Lyon.
- La revue semestrielle de la bibliothèque municipale de Lyon s'appelle Gryphe.
- La Gryffe est le nom d'une librairie libertaire située au 5 rue Sébastien Gryphe, à Lyon, depuis 1978.
- Au Brésil, il existe une maison d'édition appelée Sebastião Grifo, fondée en 1999 en l'honneur de l'éditeur lyonnais.
- La "compagnie des griffarins", société de compagnons d'ouvriers typographes, organisatrice de la première grande grève ouvrière de France, tire son nom de l'imprimeur Gryphe.
Bibliographie
- Raphaële Mouren (dir.), Quid novi ? Sébastien Gryphe, à l'occasion du 450e anniversaire de sa mort, Villeurbanne : Presses de l'Enssib, 2008, 535 p. (ISBN 978-2-910227-68-5). Compte rendu en ligne.
Voir aussi
Catégories :- Date de naissance inconnue (XVe siècle)
- Naissance à Reutlingen
- Imprimeur français
- Humaniste de la Renaissance
- Éditeur de la Renaissance
- Décès en 1556
- Imprimerie à Lyon
- Histoire de l'imprimerie
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