Systeme technique

Systeme technique

Système technique

Le système technique est un grand ensemble de cohérences qui se tissent à une époque donnée entre différentes technologies et qui constituent un stade plus ou moins durable de lévolution des techniques. Ainsi chaque époque serait caractérisée par une synergie entre quelques techniques fondamentales créant ainsi une économie spécifique, avec un ensemble de techniques affluentes qui sont complémentaires et cohérentes les unes avec les autres.

François Caron (1997, p.17) définit le système technique ainsi : il s'agit d'une notion qui "a pour ambition d'exprimer l'interdépendance étroite qui relie entre elles les différentes composantes de le la technologie à un moment donné de l'histoire."

Les limites structurelles se font sentir à la fin de la période d'expansion du système : ce moment se caractérise soit par la difficulté d'accroître les quantités, soit par la difficulté de baisser les coûts de production soit encore par l'impossibilité de diversifier les productions.

Ce concept est développé par Bertrand Gille dans Histoire des techniques. Il fournit des repères pour létude de lhistoire des techniques en évitant les interprétations simplistes du type :

  • « Avec l'Éolipyle d'Héron d'Alexandrie, les Grecs sont passés à côté de la machine à vapeur » : ils ne disposaient pas des techniques affluentes nécessaires comme pour la production de la tôle ou encore la connaissance du vide et de la condensation.
  • « Les chinois étaient très en avance avec la boussole » : quelques techniques, fussent-elles de pointe, nont quune faible valeur si elles ne sinsèrent pas dans un ensemble de cohérences.

Sommaire

Les premières grandes civilisations techniques

La révolution néolithique

Les techniques des premiers grands empires

Lexpansion du nouveau système technique

Le système technique des grecs

Secteurs traditionnels et secteurs de progrès

Un bilan et des promesses : lécole dAlexandrie

Blocage ou limites

Les Romains et leurs successeurs

Article détaillé : Technologie de la Rome antique.

Circonstances et entourage

Lexploitation des ressources naturelles

Loutillage

Quelques techniques traditionnelles

La construction

Une donnée nouvelle : lespace

Byzance

Les systèmes bloqués

Les techniques chinoises

Les techniques précolombiennes

Le monde musulman

Article détaillé : Sciences et techniques islamiques

Au Moyen Âge, le contexte politico-religieux de l'expansion arabo-musulmane sera favorable aux sciences et techniques qui connaîtront ainsi un véritable âge dor. En sappuyant sur les techniques de loccupé, les arabo-musulmans profiteront largement des acquis des peuples soumis (textile, techniques daménagement hydraulique…). Lindustrie du papier est certainement la plus emblématique de lexpression technique arabo-musulmane et produira quelques bouleversements sociaux caractéristiques de lévolution dun système technique. Lacclimatation despèces végétales permettra à lagriculture méditerranéenne de sortir de lantique triade blé / vigne / olivier. Enfin, la technique senrichira de façon originale au contact de lart islamique dans des domaines tels que les arts du feu ou encore les applications de la géométrie.

Le Moyen Âge

Lencadrement du progrès technique

Le champ des innovations

Navigation et cartographie

En 1270, on voit arriver le portulan qui était une sorte de carte nautique servant essentiellement à repérer les ports et connaître les dangers qui pouvaient les entourer : courants, bas-fonds... Les portulans étaient grossièrement dessinés, les détails ne s'attachant qu'à ce qui avait de l'importance pour la navigation. Le plus ancien portulan d'origine occidentale connu est la Carte dite "pisane". La carte est orientée sur le nord magnétique, son utilisation étant liée à celle de la boussole. Elle n'a ni projection apparente ni coordonnées géographiques. L'échelle est donnée dans un cercle, situé à droite du document, dans la partie la plus étroite du vélin qui correspond au cou de l'animal. La carte est couverte par deux réseaux de lignes de rhumb qui s'ordonnent sur deux cercles tangents, chacun des cercles comportant seize points nodaux disposés à intervalles réguliers. Ces cercles figurés sur la "Carte pisane" seront implicites sur les documents postérieurs. Les lignes de rhumb permettaient aux navigateurs de choisir au départ le rhumb de vent qui leur convenait et, une fois en haute mer, de faire le point en reportant sur la carte la distance qu'ils estimaient avoir parcourue dans une direction donnée.

Pietro Vesconte (génois) a produit en 1313 le plus ancien atlas maritime conservé. la feuille de l'atlas de Vesconte est orientée l'est en haut.

Vers 1180, Les Européens découvre les vertus des aiguilles aimantées qui indiquent le Nord magnétique. La première boussole européenne était la calamite ou marinette. Il sagissait d'une aiguille aimantée renfermée dans une fiole de verre à moitié remplie d'eau : elle flottait posée sur deux morceaux de paille. la boussole à pivot tel que nous la connaissons narrive en Europe quau XIIIe siècle.

Au XIIIe siècle, le gouvernail d'étambot fait son apparition sur toutes les caravelles européennes. Fixé à l'arrière d'une caravelle par des charnières, il donnait un meilleur contrôle sur la direction du navire et réduisait l'espace nécessaire aux manœuvres tournantes.

A partir du XIIIe siècle, sur les cartes marines sont indiqués les rhumb ou rumb. Une boussole possède 32 graduations qui indiquent une direction, on appelle chacune dentre elles rumb. Ainsi que la loxodromie qui est une courbe qui coupe les méridiens sous un angle constant.

En 1492, Christophe Colomb remarque que la déclinaison magnétique varie dun point à lautre du globe. La déclinaison magnétique est langle formé par le méridien magnétique et le méridien géographique en un point de la surface de la Terre.

Lastrolabe fait son arrivée vers le XIIIe siècle, mais il nest pas utilisé sur les embarcation en premier lieu, car son utilisation nest pas simple. Lastrolabe peut servir, à mesurer, le temps, peut servir de boussole, et à bien dautres choses.

L'emploi du quadrant à bord des bateaux est simple : l'utilisateur pointe le quadrant vers l'astre à observer, jusqu'à ce qu'il le capte à travers les fentes des deux pinnules. On trouve la mesure d'après la valeur indiquée par le fil à plomb sur l'échelle du quart de cercle, gradué de 0° à 90°. Bien que la navigation en ait usé certainement bien avant, il faudra attendre le milieu du XVe siècle pour trouver.

Le champ de la tradition

Les systèmes classiques

Le système classique de la Renaissance

Le système bielle-manivelle

A laube de la Renaissance, lhéritage technique des mécaniciens grecs est enrichi dune innovation majeure, le système bielle-manivelle qui permet de transformer un mouvement circulaire continu en un mouvement rectiligne alternatif et vice versa (1). Il autorise lapparition dun machinisme dun genre nouveau, dabord de petite taille avec les machines à pédales qui libèrent la main de louvrier, comme le tour, la meule ou encore le rouet (1470). Linterdiction de ce dernier, longtemps inscrite dans les règlements de corporations montre combien cette innovation était pertinente parce que déstabilisante. Viendront ensuite des machines de plus grande taille actionnées par les roues des moulins, comme la scie hydraulique (Francesco di Giorgio Martini), la pompe aspirante et foulante (XVIe siècle) ou encore le marteau hydraulique qui permet de forger des pièces de grande dimension.

Les techniques dexploitation

Extrait du carnet de Francesco di Giorgio Martini - 1470

Avec lépuisement des filons superficiels, lexploitation des sous-sols se heurte à deux problèmes majeurs qui menaceront dêtre bloquants dans un contexte damélioration des techniques dabattage (utilisation des explosifs: lévacuation des stériles et du minerai et surtout lexhaure de leau des galeries. Les progrès du machinisme permettront de dépasser les limites fixées par le treuil à bras. Ainsi apparaîtront à la fin du XVe siècle, avec un développement au cours du XVIe siècle, des chaînes à godets, des pompes mues par les roues des moulins ou encore diverses machines de remontée hydrauliques (Georgius Agricola 1556). Cette période coïncide aussi avec un besoin monétaire accru qui poussera lhomme le long des côtes de lAfrique, et bientôt dAmérique, tout comme à louverture et à la réouverture de mines de métaux précieux comme ce fut le cas en Europe centrale (Saxe, Hongrie) et dans les Balkans.

Lénergie hydraulique

Les progrès de lhydraulique seront alors nécessaires pour augmenter le rendement et par la même lénergie disponible pour faire fonctionner cette machinerie nouvelle. Lamélioration de la roue des moulins avec la forme des aubes, langle dattaque (Léonard de Vinci), les moulins à roue horizontale (Anonyme de la Guerre hussite vers 1430) ou encore les premières réflexions sur ce qui donnera plus tard les turbines (Francesco di Giorgio Martini) attestent de lenjeu que constitue la maîtrise de la principale énergie alors utilisée.

La métallurgie

Le procédé direct de production du fer (bas fourneau) sera progressivement remplacé par le four à masse et bientôt le haut fourneau (fin du XVe siècle). Pour être agrandi, et donc produire plus de métal, il doit être ventilé ce que permet le développement des souffleries utilisant lénergie hydraulique. En donnant de la fonte, et non plus directement du fer comme avec le bas fourneau, il imposera une nouvelle étape, laffinage qui donnera aussi un fer plus facile à travailler avec pour corollaire le développement du machinisme sidérurgique (marteau hydraulique, laminoir qui donnera la tôle, tréfilerie…). Dautre part, cette fonte (longtemps appelée fer coulé) permettra de mouler des engrenages pour saffranchir enfin du fonctionnement chaotique et des problèmes dusure des mécanismes jusque construits en bois, mécanismes qui gagneront au passage en puissance et en vitesse. A la même époque, et sur les mêmes bases, se développeront lindustrie papetière, la verrerie ou encore les filatures.

En forme de bilan fin XVIe siècle

Lobservateur de la fin du XVIe siècle aura sans doute noté que les temps avaient décidément bien changés :

  • Usage généralisé dun métal à la fois plus abondant et dune qualité nouvelle
  • Machinisme dun genre nouveau gagnant en puissance, rapidité et fiabilité
  • Exploitation des ressources minières accrue et mécanisée
  • Utilisation courante de lénergie hydraulique

Cest bien un nouveau système technique qui est sous les yeux de lhomme de la Renaissance, dans la mesure les inventions nouvelles constituent autant de techniques « affluentes » qui seront complémentaires et en cohérence les unes avec les autres. Comme tel ce système, qui persistera jusquau milieu du XVIIIe siècle, permettra laccroissement de la production en volume, sa diversification ainsi que la réduction des coûts de fabrication. Il entraînera ladoption dun système social correspondant pour être au final le terreau dun capitalisme naissant et le tombeau du régime féodal qui naura pas su sinscrire dans cette mutation en profondeur.

Développement et limites

La révolution industrielle

Grappes d'innovations et cycles économiques

La première révolution industrielle

La notion de système technique, séduisante par sa simplicité, s'applique mal à la première industrialisation. En effet, la notion de système technique fait ici coexister des techniques qui ne sont pas synchrones. Ainsi, le système technique de la première révolution industrielle reposerait selon Bertrand Gille sur la machine à vapeur, la houille, le fer, le chemin de fer, et les industries textiles. Or, le bois a été pendant la moitié du XIXe siècle une source d'énergie plus importante que la houille en france et aux Etats-Unis et il reste un matériau majeur pour la construction. Ce n'est qu'à partir des années 1840 que le fer sera utilisé pour la construction de grands navires. De plus ce n'est qu'à la fin de la première révolution industrielle que les chemins de fer, comme le bateau à vapeur n'atteignent leur maturité.

Une évolution globale

Les innovations les plus connues des débuts de la première révolution industrielle sont surtout liées au secteur cotonnier et à lindustrie métallurgique, toutefois il serait illusoire de penser que lévolution de ces quelques secteurs puisse à elle seule expliquer linflexion durable du rythme de la croissance économique. Cette dernière passe, daprès les travaux dAngus Maddison, dune moyenne de 0,2 % sur les siècles suivant la Renaissance, à 1,2 % à partir du XIXe.

En fait, certaines innovations ont su stimuler toute léconomie. La spinning jenny par exemple, outil dédié à filer le coton, a eu un impact décisif sur lensemble de léconomie britannique car elle a pu se répandre à un prix modique à un très grands nombres de travailleurs à domicile. En fait ce nest pas linnovation en elle-même, mais plutôt son adéquation avec le système organisationnel et technique de lépoque qui explique son succès. Cest lorganisation de léconomie dans un contexte de proto-industrialisation marqué par une importance cruciale du travail à domicile (voir Domestic system), ladaptation de la machine à cette organisation, qui explique le retournement historique quelle a pu opérer.

Sur la base de cet exemple, on peut conclure que le grand tournant de la révolution industrielle ne se doit pas à quelques grandes inventions isolées, comme la machine à vapeur de James Watt ; mais à lensemble des interactions profitables entre toutes ses innovations. Léconomiste Mc Closkey a par exemple montré que sur la période 1760-1860, a montré que les 6 secteurs moteurs (coton, laine, métallurgie, aménagement des canaux, chemin de fer, marine marchande) de léconomie britannique ne pouvaient rendre compte que de 44 % des progrès de la productivité. Lindustrialisation est donc marquée par un progrès généralisé touchant un grand nombre de secteurs qui sentraînent les uns les autres.

Cest cette dynamique vertueuse qui permet de décrire ce que Bertrand Gilles appelle un système technique, cest-à-dire toute une série dinterdépendantes techniques entre secteurs économiques clés. Le perfectionnement de la machine à vapeur de Thomas Newcomen et Thomas Savery par James Watt est permis par les progrès de lindustrie métallurgique et des pièces alésées fournies par John Wilkinson. De cette manière, le chemin de fer aura une influence décisive sur lévolution de la sidérurgie et inversement : la métallurgie classique obligeait à changer régulièrement les rails soumis au passage des trains. Cest le convertisseur Bessemer de 1856 qui permettra la fabrication dun acier plus résistant qui répondra à ce problème.

Le système technique de la Première Révolution industrielle

Les concordances

Un progrès global

Le développement

Aspects de la révolution technique

Les techniques à lépoque moderne

Vers un système technique contemporain

Voir aussi

Ce document provient de « Syst%C3%A8me technique ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Systeme technique de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно сделать НИР?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Système technique — Le système technique est un grand ensemble de cohérences qui se tissent à une époque donnée entre différentes techniques et qui constituent un stade plus ou moins durable de l’évolution des techniques. Ainsi chaque époque serait caractérisée par… …   Wikipédia en Français

  • système technique d’unités mécaniques — MKfS vienetų sistema statusas T sritis fizika atitikmenys: angl. engineering system of units; metric gravitational system; mkfs system of units vok. Meter Kilopond Sekunde System, n; m kp s System, n; technisches Einheitensystem, n rus. система… …   Fizikos terminų žodynas

  • Macro-système technique — La notion de macro système technique se fonde au départ sur les thèses de l historien Thomas Parke Hughes exposées dans l ouvrage au titre volontairement ambigu en anglais « Networks of Power » c est à dire « réseaux de puissance… …   Wikipédia en Français

  • système — [ sistɛm ] n. m. • 1552, repris v. 1650, répandu XIXe; gr. sustêma « assemblage, composition » I ♦ Ensemble organisé d éléments intellectuels. 1 ♦ Hist. Sc. Ensemble conçu par l esprit (à titre d hypothèse, de croyance) d objets de pensée unis… …   Encyclopédie Universelle

  • Systeme productif — Système productif Le système productif à ne pas confondre avec la notion, voisine, de modèle productif possède deux significations: C est l ensemble des unités de production résidant sur un territoire économique national donné et caractérisé par… …   Wikipédia en Français

  • Technique —  Pour l’article homonyme, voir The Techniques.  Une technique (du grec τέχνη, art, métier, savoir faire) est une ou un ensemble de méthode(s) ; dans les métiers manuels, elle est souvent associée à un savoir faire professionnel. La …   Wikipédia en Français

  • Système décisionnel — Informatique décisionnelle Pour les articles homonymes, voir DSS et BI. L’informatique décisionnelle (Management du système d information, en anglais : DSS pour Decision Support System ou encore BI pour Business Intelligence) désigne les… …   Wikipédia en Français

  • système d’unités technique — MKfS vienetų sistema statusas T sritis fizika atitikmenys: angl. engineering system of units; metric gravitational system; mkfs system of units vok. Meter Kilopond Sekunde System, n; m kp s System, n; technisches Einheitensystem, n rus. система… …   Fizikos terminų žodynas

  • système mètre-kilogramme-force-seconde — MKfS vienetų sistema statusas T sritis fizika atitikmenys: angl. engineering system of units; metric gravitational system; mkfs system of units vok. Meter Kilopond Sekunde System, n; m kp s System, n; technisches Einheitensystem, n rus. система… …   Fizikos terminų žodynas

  • Système productif — Le système productif à ne pas confondre avec la notion, voisine, de modèle productif possède deux significations: C est l ensemble des unités de production résidant sur un territoire économique national donné et caractérisé par certaines… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/1591805 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”