- Symbolisme des animaux
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Symbolisme des animaux
Le symbolisme des animaux concerne les animaux dans leur capacité à désigner, à signifier, voire à exercer une influence en tant que symbole. L'animal en général a son symbolisme (il représente l'instinct) et chaque animal aussi (le lion représente la majesté, le corbeau l'intelligence). Sous peine de délire ou d'arbitraire, la symbolique des animaux reste dans le cadre du règne animal et tient compte des caractéristiques de l'animal : il est vivant, il respire, il a de la mobilité, il est sensible, il se reproduit.
Distinctions
- Animaux réels ou fictifs : la licorne, le phénix relèvent de l'imaginaire. Animaux présents ou disparus : le mammouth n'existe plus. Animaux sauvages ou domestiques. Animaux vivant sur la terre, dans l'eau, dans les airs. Animaux sacrés, tabous ou profanes : le porc est tabou chez le juif ou le musulman. Etc.
- Symbole, symbolique, symbolisme, symbologie. Symbolique et symbolisme sont liés. 1) "Le symbole est un signe concret évoquant par un rapport naturel quelque chose d'absent ou d'impossible à percevoir" (André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie). 2) Le symbolisme des animaux concerne d'une part leur capacité à signifier, peut-être à agir, influencer, activer, d'autre part leur statut à être interprétées. 3) La symbolique des animaux concerne le système signifiant des animaux : d'une part, ils forment ensemble un système, un tout, un ensemble, un complexe, d'autre part, chacun entre dans un réseau (chacune appelle son opposé, son proche, etc.). 4) La symbologie est la théorie : histoire, usages, valeurs...
- Syntaxe, sémantique, pragmatique. L'approche sémiotique, depuis Charles W. Morris[1], examine trois points de vue, qui peuvent s'appliquer aux animaux : 1) la syntaxe (les rapports entre animaux), 2) la sémantique (le sens des animaux, ce qu'ils désignent indirectement, par analogie naturelle) [soit relation signifiant/signifié, soit relation signe/référent], 3) la pragmatique (l'utilisation symbolique des animaux dans une situation de communication).
Le système des animaux
Une symbolique implique un système, c'est-à-dire une complexité variée (elle comporte plusieurs éléments), interactive (ses éléments agissent les uns sur les autres), organisée (elle obéit à un ordre, tel que succession, priorité), totale (quand on modifie un élément les autres sont modifiés) et finalisée (elle vise un but, en général la signification). Les animaux, même symboliques, forment système, par exemple sur le mode de la sympathie ou de l'antipathie. Le premier occultiste d'Occident, Bolos de Mendès, vers 200 av. J.-C., soutient ceci : « L’animal antipathique du basilic est la belette domestique. Si la belette le trouve devant sa tanière, elle met le basilic en pièces. Telle est la force de l’antipathie. » [2]
Analogies et correspondances
- Voir : Analogies et correspondances.
Pour saisir le symbolisme d'un animal, il est souvent pertinent de noter les correspondances établies ou les synesthésies ressenties.
Animaux et astres. L'astrologie fait un lien entre les Signes du Zodiaque (pas tous) et des animaux : Bélier, Taureau, etc. Eudoxe de Cnide, sous influence chaldéenne, associe les douze dieux aux signes du zodiaque (Bélier/Athéna, Taureau/Aphrodite, Gémeaux/Apollon, Cancer/Hermès, Lion/Zeus, Vierge/Déméter, Balance/Héphaïstos, Scorpion/Arès, Sagittaire/Artémis, Capricorne/Hestia, Verseau/Héra, Poissons/Poséidon), et les douze signes zodiacaux et les douze mois attiques Bélier/élaphèbolion mars, Poissons/anthestèrion février).[3]
Animaux et nombres. Il y a des animaux à deux pattes, quatre, six (insectes), huit (araignées, scorpion), dix (crustacés). On trouve des animaux avec un seul oeil (daphnine), deux, quatre (poisson-papillon). Etc.
Animaux et points cardinaux. En Chine, les "quatre animaux" (chinois : 四獸, pinyin : sì shòu) sont les symboles et les gardiens des quatre orients : on trouve le dragon azur à l’Est (Bois), la tortue noire au Nord (Eau), le tigre blanc à l’Ouest (Métal), l’oiseau vermillon au Sud (Feu), la licorne jaune au Centre (Terre).
Techniques de décodage
Il y a deux degrés dans l'art de décoder (identifier et interpréter) les symboles, leur code : le déchiffrage et le décryptage. Quand on déchiffre, on connaît le code ; quand on décrypte : on ne le connaît pas.
- Première technique : relever les caractéristiques de l'animal considéré. Le cheval est craintif, etc.
- Deuxième technique : examiner les rapports avec les autres animaux. À quel animal tel animal est-il opposé, auquel est-il accouplé, auquel est-il similaire ? L'ours et le cheval seraient en opposition.[4]
- Troisième technique : relever les associations avec d'autres objets, par exemple colombe et olivier.
- Quatrième technique : quel effet produit psychologiquement et physiquement tel animal ? Le crapaud entraîne invariablement de la répulsion (même Jean Rostand, un biologiste spécialiste du crapaud, l'admet).
- Cinquième technique : que disent les traditions (proverbes, mythes, contes, etc.) et les idéologues (philosophes, théologiens, iconographes, etc.) ?
Quelques animaux
On peut vouloir traduire, allégoriquement, un animal en termes de qualité, de sens : par exemple, chien = fidélité.Bien entendu, l'exercice est risqué, peut-être même sans signification, parce que les symboles ont plusieurs sens (parfois même contraires), parce que les symboles changent de sens selon les cultures, parce que le sens d'un symbole n'est jamais indépendant des symboles qui l'entourent (le chien comme symbole change de sens selon qu'il est confrontée au chat ou au loup). Voici le symbolisme de certains animaux selon un site (Lamorgane).
Aigle : l'esprit. Bison : la prière et l'abondance. Castor : le bâtisseur, l'être d'action. Chat : (en Occident) la malchance et le mal. Cheval : la puissance. Chevreuil : la douceur. Chien : la fidélité. Corbeau : la magie. Couagouar (puma) : les pouvoirs de chef. Coyotte : l'illusion. Cygne : la grâce. Dauphin : le souffle-énergie. Écureuil : l'approvisionnement. Élan : l'endurance. Faucon : le messager. Hibou : le flair. Lapin : la peur. Libellule : l'illusion. Loup : le maître. Loutre : la féminité. Lynx : les secrets. Ours : l'introspection. Papillon : la transformation. Porc-épic : la foi et la confiance, c'est-à-dire l'innocence. Putois : la réputation. Renard : le camouflage. Serpent : la transmutation. Souris : l'examen minutieux. Tortue : la Terre.
Les animaux et les religions
- Il semble certain que l'on doive rechercher l'origine d'un culte taurin dès l'aurignacien : le bos primigenus (auroch) est l'animal qui a toujours représenté la force mâle et l'objectif premier des chasseurs. Les sanctuaires rupestres de la préhistoire montrent de nombreuses représentations d'animaux. André Leroi-Gourhan réunissait 2118 figures d'animaux répartis sur 66 sites choisis sur 110.[5] Des animaux occupent une position centrale : bisons, aurochs-taureaux, chevaux et hemiones, mammouths ; ce sont de grands herbivores. Les petits herbivores s'installent à l'entrée ou au fond : bouquetins, cerfs. Les animaux les plus féroces émergent aux endroits périphériques ou reculés : félins, ours, rhinocéros. Il existe différentes associations d'animaux, comme bison-cheval, ou des associations hybrides et "bijectives" bison-femme ou cheval-homme. Henri Breuil a insisté sur les "sorciers", personnages masqués à tête animale (oiseau, bison, cerf, cheval...), à Lascaux (16000 av. J.-C.), aux Trois-Frères, au Gabillou, etc.[6]
- Pour l'époque néolithique, on trouve à Çatal Höyük, dans un sanctuaire datant du VII° millénaire av. J.-C., des peintures de taureaux noirs. Le taureau servait d'attribut et de monture à une divinité mâle, parèdre de la déesse-mère. La Déesse-Mère du néolithique (Catal Hüyük, Sesklo, Lepenski Vir...) est parfois maîtresse des animaux et de la chasse, il n'est pas rare qu'elle ait pour attribut léopard, bovin, chien, ours, daine, hérisson, tortue, poisson, crapaud, serpent, oiseau, abeille ou papillon.
- En Egypte, dès les premières dynasties (3000 av. J.-C.), le taureau devint le grand dieu. Sur la palette du roi Narmer il attaque une ville fortifiée. Le taureau sacré d'Héliopolis était appelé Mnévis. Une vache était consacrée à Hathor à Dendera, des béliers à Amon, à Thèbes, à Mendès, où il personnifiait la fusion entre Ré et Osiris. Les chats sacrés de Bastet à Bubastis, les ibis et les babouins de thot à Hermopolis, les crocodiles de Sobek à Crocodilopolis et Kom Oombo sont parmi les animaux sacrés les plus connus.[7]
- Selon Roberte Hamayon[8], le chamane sibérien nourrit des entités appelées « ongons » : animaux apprivoisés (aigle, corbeau, écureuil, renardeau, louveteau, hibou), soit des êtres naturels (arbres, lacs, rochers), soit des parties du corps animal (tête, plumes, dents), soit enfin des objets fabriqués présentant des animaux ou des humains. L’alliance avec les esprits animaux est mis en scène dans les rituels d’obtention de la chance à la chasse, sous la forme de danses et de jeux qui imitent des conduites animales d’accouplement et de combat (pour éliminer les mâles rivaux).
- Le tétramorphe, ou les « quatre vivants », ou encore les « quatre êtres vivants », représente les quatre animaux ailés tirant le char de la vision d'Ezéchiel (I, 1-14). On les retrouve dans l'Apocalypse de Jean (IV, 7-8). Plus tard, les Pères de l'Église en ont fait l'emblème aux quatre Évangélistes : le lion pour Marc, le taureau pour Luc, l'homme pour Matthieu et l'aigle pour Jean. Ils accompagnent souvent les représentations du Christ en majesté.
Les animaux dans les médecines parallèles
Les animaux dans les arts martiaux
les cinq animaux classiques du Shaolin quan sont le dragon, le tigre, la grue, le léopard et le serpent.[9]
Les animaux selon l'ésotérisme
Les animaux dans les initiations
- En Germanie, les berserkir constituent des groupes de guerriers spécialement voués à Odhinn. Il se revêtent de la peau de l'ours.[10]
Les animaux en alchimie
Une très riche imagerie anime le monde des alchimistes. Les diverses étapes du Grand Oeuvre et les noms des substances utilisées ou obtenues prend beaucoup dans le monde animal : "aile de corbeau", "lion vert"...
Les animaux en astrologie
Les douze signes du Zodiaque occidental sont, dans l'ordre : Bélier, Taureau, Gémeaux, Cancer, Lion, Vierge, Balance, Scorpion, Sagittaire, Capricorne, Verseau, Poissons. Seuls Gémeaux, Vierge, Balance, Verseau. ne sont pas des animaux.
Les douze signes animaux du zodiaque (生肖 shengxiao) chinois sont, dans l’ordre, : le rat, bœuf, tigre, lapin, dragon, serpent, cheval, mouton (ou « chèvre »), singe, coq, chien, et porc.
Les animaux pour la divination
À Rome les oiseaux oscines (« dont la voix sert de présage ») ont un chant et une direction qui servent de présage, par opposition aux oiseaux alites (« ailes ») qui donnent des signes par leur vol et leur comportement.[11] L'oiseau symbolise le lien entre Ciel et Terre.
Au Cameroun, la mygale déplace, en sortant de son trou, des feuilles sur lesquelles sont tracés les signes particuliers de la famille consultable, et elle les oriente de manière significative. Les Baggba (du Mossi) s’adressent aux souris qui, dans une case spéciale, viennent trottiner sur une table de sable ornée de soixante-dix figures dessinées par le devin. Chez les Dogon, c’est le yurugu (chacal ou renard pâle) qui est sollicité. A la tombée de la nuit, le spécialiste trace une table de divination, soit six rectangles réparties sur trois rangées de largeur. L’ensemble forme le plan idéal de l’univers : A représente le monde céleste, B le monde terrestre, et le C le monde souterrain. Sur cette figure on jette des arachides afin d’attirer le renard. Au petit matin, le devin interprète les traces de l’animal.[12]
Notes et références
- ↑ Charles W. Morris, Foundations of the Theory of Signs, article dans l' International Encyclopedia of Unified Science, 1938. Tr. fr. partielle : "Fondements de la théorie des signes", Langages, vol. 35 (1974), pp. 15-21, Paris, Larousse.
- ↑ Les présocratiques, Gallimard, coll. "Pléiade", p. 921.
- ↑ André-Jean Festugière, Études de philosophie grecque, Vrin, p. 58. Platon, Phèdre, 246e sq., 252 sq.
- ↑ Sympathie(s) et antipathie(s) à la Renaissance. Figures concrètes du même et de l’autre, Le Journal de la Renaissance, Éditeur Brepols, Volume 5, 2007.
- ↑ André Leroi-Gourhan, Préhistoire de l'art occidental, 1965-1971.
- ↑ Henri Breuil, Quatre cents siècles d'art pariétal, Montignac, 1952.
- ↑ Dictionnaire des religions, PUF, 1983, p. 508.
- ↑ Roberte Hamayon, La chasse à l'âme, esquisse d'une théorie du chamanisme sibérien, 1990.
- ↑ Catherine Despeux, Taiji Quan, art martial technique de longue vie, Guy Trédaniel.
- ↑ M. Eliade, Initiation, rites, sociétés secrètes, naissances mystiques. Essai sur quelques types d'initiation, Paris, Gallimard, « Idées », 1976.
- ↑ Georges Dumézil, La religion romaine archaïque, Payot, p. 588.
- ↑ Jean Servier (dir.), Dictionnaire critique de l'ésotérisme, PUF, p. 412.
Bibliographie
- Louis Charbonneau-Lassay, Le Bestiaire du Christ : La mystérieuse emblématique de Jésus-Christ (1941), Albin Michel, 2006, 996 p.
- Liliane Bodson, Hiéra zôia. Contribution à l'étude de la place de l'animal dans la religion grecque ancienne, Bruxelles, 1978.
- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles. Mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1982.
- Jean-Paul Ronecker, Le symbolisme animal : mythes, croyances, légendes, archétypes, folklore, imaginaire, Paris : Dangles, 1994, 355 p.
- Le symbolisme des animaux. Animal symbolism, IRD de Montpellier, 2007.
Voir aussi
Articles connexes
- Attribut (héraldique)
- Bestiaire
- Symbole, Symbolique, Symbologie
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Liens externes
- [1] les animaux et leur symbolique
- [2] la symbolique des animaux
- [3] la symbolique des animaux (Asie)
- [4] les animaux-totems (Amérique du Nord)
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