- Suève
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Suèves
Selon les textes antiques, les Suèves étaient un groupe de tribus germaniques ayant menacé la Gaule au Ier siècle av. J.-C. Leur participation aux Grandes invasions leur à permis de disposer d'un éphémère royaume dans l'actuelle Galice.
Sommaire
Territoire originel et ethnogenèse
- Dans « La Germanie », Tacite place le territoire originel des Suèves entre Elbe et Oder : «... Les Suèves sont divisés en plusieurs nations dont chacune a conservé son nom, quoiqu'elles reçoivent toutes le nom commun de Suèves... Les Semnones se disent les plus anciens et les plus nobles... Les Lombards trouvent leur sûreté dans les combats et l'audace. Viennent ensuite les Reudignes, les Aviones, les Angles, les Marins, les Eudoses, les Suardones et les Nuithones, tous protégés par des fleuves ou des forêts. Leur usage commun à tous, c'est l'adoration d'Ertha, c'est-à-dire la Terre Mère...»
- Pour Strabon[1]: « Il s'en faut bien pourtant que ces montagnes de la Germanie atteignent à l'immense altitude des Alpes. C'est dans cette partie de la Germanie que s'étend la Forêt hercynienne, et que se trouve répandue la nation des Suèves...».
- César décrit les Suèves comme un peuple de pasteurs guerriers se déplaçant dans de vastes forêts et possédant des forteresses, il écrit notamment que «...ce peuple se divisait en cent cantons dont chacun pouvait armer 40 000 combattants...».
- Ptolémée ne regroupe sous la dénomination de Suèves que les Lombards, Semnones et Angles.
Différentes hypothèses ont été formulées pour tenter de concilier les informations collectées, telle que celle faisant porter l'ethnonyme sur l'ensemble des tribus germaniques non sédentarisées ou sur des Germains mêlés de Celtes et Slaves... Le texte de Strabon a proposé des rapprochements toponymiques faisant du Harz le territoire originel des Suèves.
Migrations des Suèves
Poussés sans doute par d'autres peuples migrants, les Suèves quittent la rive orientale de l'Elbe au Ier siècle av. J.-C. Menés par Arioviste, leur migration les conduit aux abords de la Gaule dont Jules César les éloigne en -58. Dès lors, c'est sur la rive orientale du Rhin qu'ils se fixent provisoirement, dans une région dont le toponyme est issu de leur ethnonyme, la Souabe.
Les Suèves participent aux grandes migrations européennes de 406. Après un périple en Gaule, les Suèves ainsi que leur alliés Quades, Marcomans et Bures franchissent les Pyrénées en 409 et s'établissent dans l'actuelle Galice. Une fois sédentarisés et devenus Peuple fédéré, leur royaume est reconnu par Rome au travers d'un foedus. Après cette sédentarisation en Hispanie, les chroniques des annalistes latins ne parlent plus guère des Suèves, seul le Notitia Dignitatum mentionne la présence de lètes suèves en Gaule...
- Thèse « Gauloise » :
Depuis le début du premier siècle avant J.C., l'important peuple gaulois des Séquanes dont le territoire se situait sur l'actuelle Franche-Comté et le Sud de l'Alsace, s'opposait de plus en plus au peuple éduen. Ce peuple était devenu le plus puissant de Gaule grâce à son alliance avec Rome qu'il avait aidé à abaisser le peuple arverne. Les Eduens contrôlaient la navigation sur la Saône et imposaient aux autres Gaulois (dont les Séquanes) de lourds péages. Contraints par les Eduens à l'Ouest, les Séquanes allaient l'être aussi par les Germains à l'Est. Depuis l'an 72 avant J.C. des Germains suèves (tribus triboques et némètes) avaient franchi le Rhin vers Mogontiacum (Mayence) et continuaient leur migration vers le nord de l'Alsace. Leur chef était le roi Arioviste. Dans un premier temps, les Séquanes imaginèrent utiliser ces guerriers germains pour mater leurs adversaires éduens. Pendant les années 65-61, cette coalition suève-séquane (soutenue par les Arvernes) infligea plusieurs défaites aux Eduens qui perdirent une grande partie de leur cavalerie. Mais comme prix de cette aide, les Suèves exigèrent d'abord le Sud de l'Alsace puis un tiers du territoire séquane. Ils firent aussi venir d'autres Suèves en Gaule (tribu des Harudes ...) et on estime à environ 120 000 le nombre des germains installés dans l'est de la Gaule en 60 avant J.C. Devant les exigences de plus en plus oppressantes d'Arioviste, les Séquanes décidèrent de renverser leurs alliances et de s'unir aux Eduens pour contrer la poussée germaine. Mais l'armée coalisée gauloise fut écrasée à la bataille de Magetobriga. Après cette très nette victoire, Arioviste exigea un second tiers du pays séquane, la remise d'otages et le paiement de tributs importants. Il se considérait désormais comme le suzerain des peuples éduen et séquane. Désespérés, les Gaulois envoyèrent un émissaire à Rome, l'Eduen Diviciacos, pour implorer l'aide du Sénat romain. La réponse fut longue à venir.
Il faudra attendre la nomination de Jules César proconsul en Illyrie et en Gaule transalpine, en 58 avant J.C., pour que six légions romaines (30 000 hommes) viennent repousser les Germains d'Arioviste. Ceux-ci seront finalement écrasés et rejetés outre Rhin à la bataille de l'Ochsenfeld à l'automne 58.
- Thèse proposée par Raymond Schmittlein :
Les Suèves entreprennent leur migration vers le sud-ouest consécutivement à celle des Cimbres et Teutons dont la mise en mouvement à modifié la répartition territoriale des populations germaniques du Bassin de l'Elbe. Devant la poussée des Suèves, les celtes Boïens, Rauraques, Usipètes, Tenctères et Helvètes n'ayant pas suivi les Cimbres dans leur migration se coalisent vers -72. Cette coalition s'interpose devant les Suèves menés par Arioviste à Magdebourg (Magetobriga), bataille au teme de laquelle les celtes sont défaits.
A l'issue de leur défaite, les coalisés celtes se replient vers le sud et le sud-ouest : les helvètes du Wurtemberg s'installent en Suisse vers -70, les Rauraques de la Rur dans le Sungau... Les Suèves poursuivent leur avancée en Franconie puis en Souabe et atteignent le Rhin en Pays de Bade vers -67/-65. Vers le nord, ils atteignent la région de Cologne où ils soumettent les Ubiens. En Rhénanie-Palatinat, ils doivent faire face à la résistance des Usipètes et Tenctères qui vaincus vers -60, franchissent le Rhin dans les environs de Mayence. Vers -58, les Suèves sont solidement établis à l'ouest du Rhin. Dans le même temps se déroule en Gaule la guerre entre Éduens et Séquanes. Alliés aux Arvernes, les Séquanes pactisent avec Arioviste pendant que Rome doit mater la révolte des Allobroges en Narbonnaise.
Germanie romaine
Domitien conclut une paix rapide avec les Daces puis se venge impitoyablement de tous ceux qu'il soupçonne d'avoir partie liée avec la tentative de Saturninus. Quelques sénateurs sont exécutés souvent avec cruauté. Il fait exécuter les émissaires des Suèves, (Quades et Marcomans) qui avaient refusé leur aide dans la guerre contre Décébale. Il réorganise la province de Germanie sous la forme de deux provinces romaines distinctes : la Germanie supérieure et la Germanie inférieure avec chacune quatre légions. Trois légions sont envoyées de Germanie vers la Pannonie, frontière plus dangereuse, dont les deux qui avaient suivi l'insurrection. La guerre contre les Sarmates et les Suèves dure jusqu'en 93 et une légion, la XXI Rapax[2], est détruite par ces derniers.
Royaume suève
Article détaillé : Royaume suève.Notes et références
Voir aussi
Sources
Liens internes
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