- Autodéfenses unies de Colombie
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Autodefensas Unidas de Colombia
AUCIdéologie extrême-droite Objectifs lutte contre les FARC et l'ELN, narcotrafic Statut officiellement autodissout depuis août 2006[1] Fondation Date de formation 18 avril 1997 Fondé par Carlos Castaño (mort en 2004)
Salvatore Mancuso Gómez (emprisonné depuis 2008)Pays d'origine Colombie Actions Mode opératoire Massacre, assassinat Victimes (morts, blessés) environ 14 000 victimes civiles entre 1996 et 2006[2] Zone d'opération Colombie Période d'activité 1997-2006 Organisation Chefs principaux Carlos Castaño Gil, Fidel Castaño Gil, Salvatore Mancuso Gómez Membres 31.671 combattants ont participé au processus de démobilisation des AUC entre 2003 et 2006[1] Financement narcotraffic Groupe relié Águilas Negras, ACCU,CONVIVIR Répression Considéré comme terroriste par Canada, Etats-Unis d'Amérique, Union européenne Conflit armé colombien modifier Les Autodéfenses unies de Colombie (AUC, Autodefensas Unidas de Colombia) sont le principal groupe paramilitaire d'extrême-droite colombienne, fondé le 18 avril 1997, sous l'égide de Carlos Castaño, à partir d'une unification des groupes paramilitaires pré-existants créés lors de la Violencia [3].
L'organisation est placée sur la liste officielle des organisations terroristes du Canada, des États-Unis d'Amérique et de l'Union européenne.
Sommaire
Constitution des AUC
Les paramilitaires se sont fédérés de 1994 à 1997, sous la bannière des AUC et ont mené des offensives importantes les amenant à avoir de l'influence dans de larges zones du pays au début et au milieu des années 2000 notamment dans le centre et le nord du pays, ainsi que dans l'ancienne zone démilitarisée du Caguán[4]. Au cours de leur existence, les AUC ont eu des affrontements violents avec les FARC et l'ELN[5],[6] et ont contribué à l'affaiblissement de ces forces au cours des années 2000.
De 2003 à 2005, des négociations ont eu lieu entre l'État-Major des AUC et le gouvernement colombien dans une zone démilitarisée d'environ 370 km² accordée par le gouvernement autour de la localité de Santa Fe del Ralito (Córdoba)[7].
Massacres de civils
Article détaillé : Conflit armé colombien.Les AUC se sont rendus coupables de massacres de civils dans des villages qu'ils jugent favorables aux guerrillas :
- Massacre de San José de Apartadó : en février 2005, des hommes des AUC sous le commandement d'un nommé Melaza opèrent conjointement avec une brigade de l'armée colombienne dans cette «communauté de paix», qui déclarait refuser de s'impliquer dans le conflit, mais accusée par l'armée et les paramilitaires de permettre l'action des FARC. Au cours de ces opérations, qui durent trois jours, huit habitants de la Communauté sont tués, dont deux miliciens des FARC mais aussi des femmes et enfants, étranglés, égorgés, ou découpés à la machette. Les principaux responsables, le paramilitaire Melaza et Armando Gordillo, capitaine de l'armée, sont arrêtés en 2007 et admettent leur responsabilité dans ces faits, que l'armée avait d'abord attribués aux FARC[8],[9].
- Massacre de Betoyes le 28 mars 2002[10]
- Massacre de Macayepo le 14 octobre 2000. Le sénateur Álvaro García Romero (es) (Parti de la Colombie démocratique), qui siège depuis 40 ans, a été arrêté en 2007 dans le cadre du scandale de la parapolitique et condamné, en mars 2010, pour ce massacre[11].
- Massacre de El Salado, du 16 au 19 février 2000, qui aurait fait plus de 100 victimes[12]
- Massacre de Mapiripán du 15 au 20 juillet 1997. Ce massacre aurait fait au minimum 39 victimes, tuées sur ordre du chef paramilitaire Salvatore Mancuso. Plueisurs militaires, dont un colonel et un général, ont été condamnés à la peine maximale de 40 années de prison ferme pour avoir participé directement au massacre, ou pour l'avoir rendu possible en ne prenant pas les mesures pour reprendre à temps le contrôle de Mapiripán. Pour ces raisons, le 15 septembre 2005, la Cour interaméricaine des Droits de l'Homme a jugé l'État colombien responsable de ce massacre[13],[14].
Ce groupe est responsable de 60% [réf. nécessaire] des homicides liés au conflit armé en Colombie. Selon la Commission colombienne des juristes, les AUC ont fait environ 14000 victimes entre 1996 et 2006[2]. Les AUC sont aussi responsables de la grande majorité des 3,5 millions de déplacés par la guerre[3].
Financement
Selon les aveux de Carlos Castaño, ancien chef paramilitaire, les AUC participent au trafic de drogue, et en dirigent même une partie[15]. Castaño lui-même a admis que 70% des recettes des AUC provenaient du trafic de drogues[3].
En septembre 1997, l’Observatoire géopolitique des drogues de Paris affirmait que la majorité de la cocaïne arrivant dans les ports espagnols, belges et hollandais provenait des zones côtières colombiennes contrôlées par les AUC[réf. nécessaire].
La multinationale Chiquita Brands International, plus connue sous le nom de United Fruit, a été condamné en mars 2007 par la justice américaine au versement d'une amende de 18,8 millions d'euros pour avoir financé à hauteur de 1,7 million de dollars les AUC, alors déjà inscrits sur la liste des « organisations terroristes étrangères » du ministère des Affaires étrangères des Etats-Unis[16],[17]. Une bonne partie de ces fonds a transité à travers les milices CONVIVIR, créées par un décret du gouvernement dans les années 1990[18]. Chiquita, via sa filiale colombienne Banadex S.A. aurait également fourni des armes et des munitions aux AUC[19]
Entraînement et lutte
L'entraînement des AUC se déroule en pleine jungle. Cette milice d'extrême-droite recrute des enfants dans la région du Choco, l'une des plus pauvre du pays. Les paramilitaires luttent contre la guérilla des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) et participent au trafic d'armes et de drogue.
Chronologie de la mobilisation puis de la démobilisation
Ces groupes sont engagés depuis 2002 dans un processus de paix qui prévoit leur désarmement et leur réinsertion dans la vie civile. L'AUC est supposé complètement démobilisé depuis 2006, une tâche compliquée par l'ampleur des montants du trafic de la drogue.
- 1993: mort de Pablo Escobar, chef du cartel de Medellin.
- En 1994, le gouvernement de Cesar Gaviria met en place (décret 3567 du 11 février) des associations communautaires de sécurité rurale, les « Convivir ».
- décembre 1997: confronté aux pressions internationales, le président Ernesto Samper créé une unité spéciale chargée de capturer les chefs des AUC.
- janvier 1999: le président Andrés Pastrana accepte de dialoguer avec les FARC.
- août 2002: Alvaro Uribe est élu président. La même année, l'AUC entre dans 223 municipalités et dans la majorité des départements [réf. nécessaire]. Salvatore Mancuso, ainsi que d'autres leaders paramilitaires, admettent en 2010 devant la justice avoir soutenu sa campagne présidentielle[20].
- novembre 2002 : pourparlers secrets entre le gouvernement et les leaders des AUC[21], suivi par un cessez-le-feu unilatéral des AUC le 1er décembre[22].
- 15 juillet 2003: l’accord de « Santafé de Ralito » inclut un cessez-le-feu unilatéral avec la démobilisation progressive des 10 000 à 20 000 combattants des AUC. Fin 2006 des révélations de presse puis de la Justice montreront que les chefs paramilitaires débattaient alors en interne pour savoir s’ils devaient pour former un parti unique dans lequel les démobilisés paramilitaires pourraient participer directement à l’élection de 2006. Ils optèrent pour continuer à appuyer la réélection d’Uribe en espérant qu'un nouveau Congrès permettrait de remodeler la loi Justice et Paix, encore en projet.
- Fin 2006, début du scandale de la parapolitique, avec les premières révélations de presse démontrant que les chefs paramilitaires et des leaders politiques se réunissaient afin de planifier une stratégie pour l’élection de 2006[23].
- décembre 2006: le chef paramilitaire Carlos Mario Jimenez, alias Macaco, est arrêté. Il sera extradé le 8 mai 2008 vers les États-Unis[24].
- 16 février 2007: la Cour suprême colombienne ordonne l'arrestation de six parlementaires liés aux paramilitaires, dont Álvaro Araújo Castro (en), le frère de la Chancellière et Ministre des Affaires étrangères, María Consuelo Araújo, qui démissionne quelques jours après.
- 22 février 2007: arrestation du directeur du Departamento Administrativo de Seguridad (DAS, services secrets), Jorge Noguera Cotes.
- 16 mars 2007: le procureur de Washington négocie un accord avec la multinationale bananière américaine Chiquita Brands, coupable d'avoir financé les paramilitiaires, qui prévoit un amende de 25 millions de dollars[25].
- 7 mai 2007 : le directeur de la police nationale, le général Jorge Daniel Castro (en) et celui du service de renseignement de la police démissionnent à la demande du président Uribe, en raison d’un autre scandale lié à des écoutes téléphoniques illégales de journalistes et de juges.
- 6 juillet 2007: nouvelle arrestation de Jorge Noguera Cotes qui avait été remis en liberté le 23 mars 2007 pour vice de forme.
- Depuis novembre 2007, 44 membres du Congrès de la Colombie font l'objet d'une enquête. Seize membres du Congrès actuel sont en état d’arrestation, notamment pour leur présumé rôle dans la création et le soutien de groupes paramilitaires[26]. Près de 30 000 paramilitaires ont déposé les armes, un processus jugé peu crédible à ses débuts.
- avril 2008 : la police colombienne tue Miguel Angel Mejia (es) lors d'un raid à La Unión, dans le nord de la Colombie[27], chef du cartel de la drogue Los Mellizos (les jumeaux), héritier des célèbres cartels de Cali et de Medellin, une semaine après avoir abattu son frère jumeau. Pour chacun d'eux, Washington offrait 5 millions de dollars[28].
Voir aussi
Notes
- (es)Colombie (AUC), Albert Caramés et Vicenç Fisas, Escole de Cultura de Pau - Agence Espagnole de Coopération Internationale
- (es)Colombie 2002-2006 : situations des droits humains et humanitaires, Commission colombienne des juristes
- Université du Québec), Paramilitarisme et scandale de la parapolitique en Colombie, La Chronique des Amériques, octobre 2007, n°17 Philippe Dufort (
- Carte des fronts des AUC, Commission Nationale de Réparation et Réconciliation
- (es)Muertos de combates en Campamento (Antioquia) serían 130, según el Ejército, El Tiempo, 17 mai 2002
- (es)Mueren 39 paramilitares en combate guerrillero, El Siglo de Torreón, 2 janvier 2004
- (es)AUC, Medios para la Paz, 2005
- ¿Por qué mataron a los niños?, Semana, 11 avril 2009
- Cinco años después de la masacre de San José de Apartadó, Diagonal, 30 mars 2010, No 123
- (es)Informe de prensa - Misión de Observación al departamento de Arauca, HCR, 2003
- Les liaisons dangereuses des politiques colombiens, Le Figaro, 16 mars 2010 Patrick Bèle,
- (es)Más de 100 fueron las personas asesinadas por 'paras' en masacre del Salado, revela la Fiscalía, El Tiempo, 23 juin 2008
- Case of the "Mapiripán Massacre" v. Colombia", Cour interaméricaine des Droits de l'Homme, jugement du 7 mars 2005, objectios préliminaires
- Condenan al general Uscátegui por masacre de Mapiripán, El Espectador, 25 novembre 2009
- « Les paramilitaires au cœur de l'État colombien », Le Monde diplomatique, avril 2003
- Sergio Gómez Maseri, « Les mauvaises fréquentations des firmes étrangères », Courrier international, n° 855, 22 mars 2007, p. 23. Initialement publié dans El Tiempo.
- Colombie : la banane Chiquita s'est payé les paras », Libération, vendredi 16 mars 2007. Michel Taille,
- (en)Documents implicate colombian government in Chiquita's terror scandal, National Security Archive Electronic Briefing Book No. 217
- (es)Banana 'para-republic', Semana, 17 mars 2007
- Las Auc apoyaron la campaña de Uribe en 2002: Mancuso, Semana, 29 avril 2009
- Documentos exclusivos: así se fraguó el acuerdo de paz con los 'paras', Verdad abierta, 26 avril 2010
- Colombia: cese el fuego suma adeptos, BBC, 1er décembre 2002
- http://risal.collectifs.net/IMG/pdf/COL97.pdf
- RFI - Extradition d'un chef paramilitaire colombien vers les États-Unis
- http://www.liberation.fr/actualite/monde/241315.FR.php
- http://www.ccic.ca/f/docs/003_apg_2007-11-20_colombia_fact_sheet.pdf
- Un baron de la drogue tué en Colombie, Le Figaro-AP, 30 avril 2008
- RFI - Arrestation du narcotrafiquant Miguel Angel Mejia
- (en) 14 Members of Colombian Paramilitary Group Extradited to the United States to Face U.S. Drug Charges, Département de la Justice, 13 mai 2008
Liens externes
- (es)www.verdadabierta.com/, un site consacré à l'analyse du phénomène paramilitaire en Colombie. Lancé par la fondation «Idées pour la Paix» et la revue Semana.
- L'AUC « revendique » l'enlèvement de 300 citoyens en 2001
- Paramilitaries’ Heirs The New Face of Violence in Colombia, 3 février 2010, Human Rights Watch
Wikimedia Foundation. 2010.