- Auto-stoppeuse fantôme
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L'auto-stoppeuse fantôme appartient à la famille des dames blanches.
Il s'agit presque exclusivement d'apparitions de jeunes femmes, même s'il existe quelques cas d'auto-stoppeurs. Dans le scénario le plus courant, il s'agit d'une jeune femme habillée en blanc qui fait de l'auto-stop la nuit et qui, après être montée dans un véhicule, disparaît brusquement, soit à l'approche d'un passage dangereux, soit en arrivant à une adresse donnée. Ce phénomène est connu un peu partout dans le monde et est généralement considéré comme appartenant aux légendes urbaines, en particulier depuis la publication aux États-Unis en 1981 du livre de Jan Harold Brunvand The Vanishing Hitchhiker[1]. Selon Jean-Noël Kapferer, des récits de ce type ont été repérés et classés dès 1942[2], mais on en trouve déjà la trace aux États-Unis dans les années 1930.
Sommaire
Typologie du phénomène
Malgré des variations notables, on retrouve un certain nombre de points communs à ces manifestations :
- La rencontre se produit la nuit sur une route peu fréquentée.
- Rencontre et disparition se produisent toujours aux mêmes endroits.
- Le conducteur est le plus souvent un homme seul dans son véhicule.
- Il est en général d'âge moyen ou mûr, et semble ne pas être spécialement pressé.
- L'auto-stoppeuse est une jeune femme vêtue de blanc, d'où son appellation de dame blanche[3].
- Les auto-stoppeurs masculins sont rares, voire inexistants[4].
- Des indices laissent supposer qu'il s'agit du fantôme d'une victime d'un accident de la route.
- Les témoins semblent n'avoir aucun doute sur la réalité physique de l'auto-stoppeuse.
Après que l'auto-stoppeuse est montée à bord du véhicule qui s'est obligeamment arrêté, le scénario se déroule suivant plusieurs variantes :
L'avertisseuse
Elle se montre peu loquace, voire complètement muette. Après un parcours assez court, elle pousse un cri d'avertissement à l'arrivée à un passage dangereux, virage ou carrefour, puis disparaît inexplicablement du véhicule en mouvement dont les portes restent fermées.
La revenante
L'auto-stoppeuse demande à être conduite à une adresse qui peut être une habitation ou un cimetière et descend normalement du véhicule avant de disparaître. Ce thème comporte parfois lui-même deux prolongements :
- La passagère laisse une information suggérant qu'elle pourrait être recontactée ultérieurement. Lorsque le conducteur exploite ce renseignement, il finit par découvrir qu'il recherche une personne décédée, souvent victime d'un accident de la route.
- Elle peut aussi emprunter ou abandonner un accessoire (objet ou vêtement) que l'on retrouve abandonné sur la tombe de la défunte.
La prophétesse
Avant de disparaître, elle délivre des avertissements prophétiques sur des drames futurs. Elle rejoint en cela la tradition des dames blanches messagères qui avaient l'habitude de communiquer des présages, le plus souvent néfastes. Cette particularité semble absente chez les auto-stoppeuses françaises.
Variantes
- Une variante populaire à Hawaii fait intervenir la déesse Pélé, voyageant sur les routes incognito et récompensant les voyageurs attentionnés.
Témoignages
Il existe de par le monde un grand nombre de récits de ce phénomène. Dans la majorité des cas, il s'agit d'apparitions répétitives. Pour la seule France métropolitaine, on recense une trentaine de lieux. Le chiffre de 297, souvent avancé, est une grossière erreur[5].
Sources anciennes
La première relation du phénomène d'un individu qui monte dans un véhicule de passage, parle avec le conducteur puis disparaît, figure dans le Nouveau Testament, plus précisément dans les Actes des apôtres : un ange incite l'apôtre Philippe à attendre le passage d'un char sur la route déserte qui conduit de Jérusalem à Gaza. Son conducteur, un haut fonctionnaire éthiopien, lit les prophéties d'Isaïe. Philippe monte à bord du char, discute avec l'eunuque, le convertit et le baptise au cours d'un arrêt à un point d'eau. « Mais quand ils furent remontés de l'eau, l'Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l'eunuque ne le vit plus »[6].
Un manuscrit suédois de 1602 relate un conte (présenté comme un témoignage réel) ayant des similitudes avec le phénomène de l'auto-stoppeuse fantôme :
- « Un vicaire revenait avec deux compagnons d'une fête de la chandeleur à Västergötland à la ville de Vadstena en traîneau. Ils s'arrêtèrent pour prendre une jeune fille sur le bord de la route, puis firent halte dans une auberge pour se désaltérer. La fille demanda à boire et se vit offrir un broc mais elle n'en but pas. Le vicaire, surpris, observa que la bière s'était changée en malt. Un second broc lui fut apporté et, à la consternation générale, il se changea en glands. Le vicaire apporta un troisième broc et s'aperçut que son contenu se transformait en sang lorsque qu'elle le saisit. À ce moment, la passagère annonça : « Il y aura des bonnes récoltes cette année. Il y aura assez de fruits sur les arbres. Il y aura aussi de nombreuses guerres et épidémies. » Après avoir délivré cette prédiction elle disparut »[7].
Une autre référence dans une ancienne ballade anglaise de 1723 est citée dans l'article Wikipédia en anglais sur le sujet[8].
Resurrection Mary (États-Unis)
Il semble qu'on puisse situer l'ancêtre des auto-stoppeuses fantômes contemporaines dans la ville de Chicago aux États-Unis, au milieu des années 1930. Il s'agit de la légende de Resurrection Mary (en), Resurrection étant le nom d'un important cimetière situé à quelques miles au sud-ouest de Chicago.
À cette époque, plusieurs conducteurs circulant sur Archer Avenue, la route allant de la salle de bal Willowbrook au cimetière de Resurrection, signalèrent avoir pris en stop une jeune femme aux cheveux blonds et aux yeux bleus portant une robe blanche. Certains précisèrent qu'elle portait également un châle mince, qu'elle chaussait des souliers de danse et qu'elle avait un sac à main. Arrivée à proximité du cimetière, la jeune femme demandait à descendre, puis disparaissait dans le cimetière. Selon le Chicago Tribune, il y aurait au moins trois douzaines de rapports sérieux relatant à peu près le même scénario de 1930 à nos jours. La tradition voudrait que « Mary » soit le fantôme d'une jeune femme tuée par un véhicule sur le bord de cette route en sortant du bal et qui aurait été enterrée dans sa robe de bal au cimetière de Resurrection. Plusieurs « candidates » à ce rôle, ayant une sépulture dans ce cimetière, ont été recensées sans qu'on puisse déterminer laquelle serait « Mary ». Les témoignages concernant ses apparitions se font plus rares depuis les années 1980[9],[10],[11].
Château-Bernard (Isère-France)
Une auto-stoppeuse sévit régulièrement sur la route conduisant à Château-Bernard. Elle devient de plus en plus fébrile à l'approche d'un virage dangereux, puis disparaît dès celui-ci franchi[12].
CHU de Caen (Calvados-France)
Une auto-stoppeuse fait de fréquentes apparitions sur la route départementale no 7, allant de Caen à Luc-sur-Mer. Elle stationne dans l'arrêt de bus situé à la hauteur du Centre Hospitalier Universitaire. À l'approche du virage situé à l'entrée de Luc-sur-Mer, elle panique en criant : « Faites très attention, ce virage est très dangereux ! » puis disparaît. Les gendarmes de Luc-sur-Mer sont habitués à recueillir des déclarations sur cet événement. Il s'agirait du fantôme d'une jeune femme morte accidentellement dans ce virage dans les années 1970[13].
Balleroy (Calvados-France)
Un carrefour dit de l'Embranchement, situé à 2 km de Balleroy, est réputé particulièrement dangereux. Il a été le lieu de très nombreux accidents tragiques. Une très jeune femme fait régulièrement du stop à la sortie du village en direction de ce carrefour. Après avoir indiqué qu'elle va chez sa mère qui habite près dudit embranchement, elle panique à l'approche du carrefour, puis disparaît une fois celui-ci franchi. Il s'agirait du fantôme d'une jeune fille morte au cours d'un accident de voiture dans les années 1960. Les rencontres ont souvent lieu par temps de pluie ou le soir du 20 mars, date anniversaire de sa mort[14].
Légende urbaine ou réalité ?
Il est évident que nombre de « témoignages » sont des canulars, ou relèvent de la grande tradition des légendes urbaines (dites aussi, plus justement, « légendes contemporaines »), au même titre que les crocodiles vivants dans les égouts des grandes villes ou les mygales infestant les plantes exotiques d'appartement[15]. S'y ajoutent évidemment des supercheries, en général rapidement découvertes par les gendarmes, comme ce fut le cas à Autun dans les années 1970 où un plaisantin, recouvert d'un drap blanc, allait errer la nuit au bord des routes.
Toutefois, dans un certain nombre de cas, l'histoire n'est pas totalement dépourvue de fondement, car il est incontestable que certaines gendarmeries ont vu arriver des automobilistes totalement « sonnés » par la rencontre, réelle ou imaginaire, qu'ils venaient de faire :
- « Je me suis aperçu en outre d'une chose : souvent passées sous silence, ces apparitions sont plus fréquentes en France que celles des Ovnis et mieux connues même des gendarmeries, au point que des directives particulières ont été données dans toutes les brigades afin d'instaurer un protocole propre à traiter sans les blesser sous l'aspect psychologique les victimes de telles errances nocturnes[4]... »
Notes et références
- N'a pas été traduit et publié en français.
- Jean-Noël Kapferer, Rumeurs. Le plus vieux média du monde, Paris, Seuil, 1987.
- p. 60. En fait, si le blanc ou les couleurs claires prévalent, certaines apparitions ont des vêtements colorés. Il existe même le cas d'une motarde vêtue de cuir, casque sous le bras. In Didier Audinot, Les Lieux de l'Au-delà, JMG, 1999,
- p. 19. Didier Audinot, Les Lieux de l'Au-delà, JMG, 1999,
- Erik Pigani dans Psi Enquête sur les phénomènes paranormaux, Presses du Châtelet, Paris, 1999, p. 271 en faisant référence aux cas cités dans l'ouvrage de Didier Audinot, Les lieux de l'Au-delà, JMG, 1999. Or seulement 33 cas sont répertoriés dans cet ouvrage, 29 en France et 4 à l'étranger. Le chiffre de 297 est avancé par
- Actes des apôtres 8:26-39.
- Linköping (Suède) in (Auto-stoppeuse fantôme dans Wikipédia en anglais) (en). Joan Petri Klint, Om the tekn och widunder som föregingo thet liturgiske owäsendet, bibliothèque de
- (en). Vanishing hitchhiker
- Le grand livre du Mystérieux, Sélection du Reader's Digest, 1985, p. 180-181.
- (en)Resurrection Mary Chicago's most elusive ghost!
- (en)Resurrection Mary (en).
- Xavier Yvanoff, Histoire de revenants, JMG, 2007, p. 365.
- Didier Audinot, Les Lieux de l'Au-delà, JMG, 1999, p. 94-95.
- Didier Audinot, Les Lieux de l'Au-delà, JMG, 1999, p. 76-77.
- Liste de légendes contemporaines.
Annexes
Bibliographie
- (en) Jan Harold Brunvand, The Vanishing Hitchhiker, WW. Norton & Company, 1981
- Daniel Cohen, Encyclopédie des Fantômes, Robert Laffont, 1984 (ISBN 9782221068410)
- Collectif, « Rumeurs et légendes contemporaines » in revue Communications, N°52, Seuil, Paris, 1990
- Collectif, Rencontres et apparitions fantastiques, Cahiers de l'imaginaire, l'Harmattan, Paris, 1991
- Véronique Campion-Vincent et Jean-Bruno Renard, Légendes urbaines Rumeurs d'aujourd'hui, Payot, Paris, 1993 (ISBN 9782228895347)
- Didier Audinot, Les Lieux de l'Au-delà, JMG, 1999 (ISBN 9782912507143)
L'ouvrage en français actuellement le plus complet sur le sujet
- Erik Pigani, Psi Enquête sur les phénomènes paranormaux, Presses du Châtelet, 1999, (ISBN 9782911217609)
- Xavier Yvanoff, Histoire de revenants, T2, JMG, 2007 (ISBN 9782915164862)
Articles connexes
Liens externes
- Vidéo reportage: TF1 - Émission Mystères en 1990
- Vidéo reportage: TF1 - La soirée de l'étrange du 27/10/2008
- La Dame Blanche de Palavas vue par le cercle Zététique
- Portail des créatures et animaux légendaires
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