Stefan Czmil

Stefan Czmil (né le 20 octobre 1914 à Sudova Vyshnia, mort en 1978) est un évêque ukrainien.

Cet évêque, archimandrite et recteur du petit séminaire ukrainien de Rome est né dans un petit village de Galicie en Ukraine Occidentale, qui faisait alors partie de l’Empire austro-hongrois. Ses parents, Stefan et Julia Szydlowska, étaient des paysans patriotes ukrainiens aux convictions religieuses inébranlables qui marquèrent profondément leur fils. Le père Stefan commence ses études dans son village natal. Mais en 1925, ses parents, reconnaissant ses aptitudes intellectuelles et son goût prononcé pour les études, l’envoyèrent au lycée ukrainien de Peremyshl qui se trouve à l’époque sous domination polonaise. Le jeune Stefan se révèle un étudiant sérieux et appliqué. Grâce à sa gentillesse et sa bonne humeur il gagne le respect et la sympathie de ses professeurs et devient rapidement le leader de la communauté estudiantine.

Une seule chose motive et guide le jeune Stefan – le désir incommensurable de devenir prêtre, et cela, le catéchiste du lycée, le père Petro Holynskyj, grand admirateur de don Bosco, fondateur de la congrégation des Salésiens, le comprend rapidement. Il propose au jeune Stefan de poursuivre ses études à l’étranger pour devenir prêtre et fonder en Ukraine la communauté des pères salésiens. Ce dernier accepte l’offre et part le 1^er novembre 1932 avec un groupe de dix étudiants pour l’Italie du nord où il va se préparer à sa nouvelle vie. Au cours de ses années d’étude, le jeune homme représente un soutien moral exceptionnel pour ses amis ukrainiens, de sorte que ses professeurs se fient volontiers à son jugement et s’adressent à lui pour régler les problèmes concernant les élèves en provenance d’Ukraine. Il manifeste rapidement des qualités exceptionnelles de leader et gagne le respect de tout un chacun.

À la fin de ses années de noviciat, il prononce ses vœux anticipés le 16 août 1936, devenant ainsi le premier fils spirituel ukrainien de saint Jean Bosco, dans le rite oriental. Après avoir étudié la philosophie, Stefan devient assistant stagiaire chez les novices, période probatoire avant de devenir définitivement père salésien, tâche dont il s’acquitte avec une dignité exemplaire et édifiante. Son stage terminé, le séminariste S. Czmil commence sa formation théologique dans la petite ville de Bolengo dans le contexte tourmenté de la Seconde Guerre mondiale, période marquée par le danger permanent de la déportation dans les camps de la mort, d’une part, et le spectre de la faim d’autre part. Faisant fi de toutes ces difficultés, monseigneur Ivan Buczko, archevêque et visitateur apostolique des Ukrainiens en Europe, ordonne prêtre le jeune salésien Stefan Czmil le 14 octobre 1945 à Rome.

Le père Stefan prend la direction des guides des catacombes de St Callistus de Rome qui étaient alors administrées par les salésiens, ce qui l’amène à rencontrer de nombreux déportés ukrainiens, qu’il aide à s’installer dans les différents pays d’Europe occidentale. En effet il leur était impossible, à cette époque, de rentrer au pays sous peine d’y être fusillés par les communistes qui les considéraient comme des « traîtres à la patrie » (beaucoup de ces réfugiés avaient été contraints sous peine de mort de se battre pour le III^e Reich).

Il s’occupe ensuite des missionnaires salésiens de la maison mère de Turin puis, à la demande de monseigneur Buczko et de la Congrégation des Églises Orientales, il est envoyé en Argentine pour y administrer les dizaines de milliers d’ukrainiens qui y avaient émigré. Il se révèle un prêtre à tel point dévoué et consciencieux, qu’il gagne le respect et la gratitude de tous ceux qu’il aide comme un père aimant. Au cours des 12 années qu’il passe en Argentine, le père Stefan apprend à se comporter avec ses fidèles, ses supérieurs hiérarchiques et à composer avec les autorités locales qui ne sont pas très enclines à accepter un rite différent, des traditions religieuses différentes, une culture différente. Ces 12 années de dur labeur, de confiance, de savoir faire avec la population locale, de diplomatie lui permettent de postuler à la fonction d’évêque pour les ukrainiens catholiques de rite oriental. Mais, pour d’obscures raisons, ce n’est pas lui que l’on choisit mais le père Andrij Sapeliak, alors directeur du petit séminaire de Rome. Le père Stefan devient recteur du séminaire à sa place Son engagement vis-à-vis des jeunes séminaristes issus de familles ukrainiennes de la diaspora comme éducateur et mentor se révèle à la hauteur de son travail pastoral en Argentine.

Le Petit Séminaire dont il a la responsabilité, compte alors environ 110 élèves et un corps professoral de grande qualité. C’est pourquoi il fallait une personne aux vertus exceptionnelles pour mener à bien la vie et l’activité de cette institution. Alors qu’il exerce sa charge de recteur, le Petit Séminaire obtient le titre de « séminaire pontifical» grâce à l’influence de sa Béatitude le patriarche Josyf Slipyj, chef de l’Église gréco-catholique ukrainienne, qui, après avoir passé 18 ans de sa vie dans les goulags de Sibérie, avait été libéré en 1962. Après quelques années de travail intense et opiniâtre parmi les jeunes du Petit Séminaire, la santé du père Stefan commence à décliner. Mais il continue malgré tout son travail éducatif comme recteur jusqu’en 1967. Au cours des années suivantes, il étend le domaine de sa mission à d’autres secteurs religieux. Il enseigne l’ukrainien et l’italien à l’Université catholique ukrainienne nouvellement créée à Rome. Il donne des conférences et devient le confesseur des séminaristes, aide différentes communautés ukrainiennes à Rome, se lie avec les évêques ukrainiens disséminés dans le monde entier. Il supervise l’édition du second volume du dictionnaire ukrainien-italien, italien-ukrainien. Son souci constant est de faire connaître aux Italiens l’histoire de l’Église et de la Nation ukrainiennes, qui souffrent dans leur lutte pour leurs droits, n’oubliant jamais son identité et sa nationalité. En 1976 il devient une nouvelle fois recteur du Petit Séminaire, conscient des efforts et de la charge de travail que cela représenterait pour lui.

Le patriarche monseigneur Slipyj, dont il devient l’un des collaborateurs les plus proches, en reconnaissance de son immense dévouement à la cause de l’Église gréco-catholique ukrainienne, lui attribue le titre d’archimandrite. Lors d’une cérémonie solennelle en la basilique Sainte-Sophie de Rome le 8 décembre 1976, il lui remet en présence de nombreux fidèles, la mitre et la croix pectorale, insignes de sa nouvelle dignité. Malheureusement la santé du Père Stefan décline de plus en plus et ne lui permet plus de remplir ses fonctions de Recteur du Petit Séminaire. Il est hospitalisé et subit une opération délicate à la vésicule biliaire. Pourtant, après une courte période de convalescence, il reprend ses activités aggravant sa situation. Au matin du 22 janvier 1978, alors qu’il entre dans la sacristie de la chapelle du Séminaire, il ne sent pas très bien mais insiste pour célébrer la messe de 9.30. Néanmoins pressentant une issue funeste, il confie ses clés à l’un des séminaristes lui disant : « Je n’en aurai plus besoin. C’est ma dernière liturgie ». La messe à peine achevée, il est pris d’un nouveau malaise. Les séminaristes le transportent dans sa chambre où il meurt, entouré des siens.

Les funérailles du père Stefan se déroulèrent dans la basilique Sainte-Sophie, présidée par le patriarche monseigneur Slipyj qui, en proie à une immense émotion, se penche sur le cercueil et s’exclame : « Oh Stefan ! Pourquoi toi et pas moi ! ». Avant la fermeture du cercueil, il donne l’ordre d’envelopper le corps du père Czmil de l’omophore, révélant par ce geste que le père Stefan était en fait évêque et que sa chirotonie s’était déroulée dans le plus grand secret au monastère des Studites le 2 avril 1977. En même temps que lui furent ordonnés le regretté Ivan Choma ainsi que l’actuel Patriarche de l’Église gréco-catholique ukrainienne, monseigneur Lubomyr Husar. Stefan Czmil, premier évêque salésien ukrainien de rite byzantin repose dans la crypte de la basilique Sainte-Sophie de Rome.

Lien externe

• Salésiens Ukraine

• Portail de l’Ukraine