- Spurius Cassius Viscellinus
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Spurius Cassius Vecellinus
Pour les articles homonymes, voir Cassius.Spurius Cassius Vecellinus ou Viscellinus, consul plébéien au début de la République romaine, en 502, 493 et 486 av. J.-C., et exécuté l’année suivante pour adfectatores regni (tentative de devenir roi).
Il faut préciser que comme la plus grande partie des hommes et des institutions de cette époque romaine, la réalité de son existence historique et de ses actions nous échappent, nos sources lacunaires présentant par ailleurs des récits et des traditions considérablement réécrits et déformés.
Biographie selon la tradition
En 502 av. J.-C., il est élu avec Opiter Verginius Tricostus. Selon Tite-Live, ils doivent faire face aux Aurunces, peuple osque auquel se sont ralliés deux colonies latines, Pometia et Cora. Ces derniers attaquent par surprise, et massacrent les assiégeants romains de Pometia qui s'est révoltée. Un des deux consuls est gravement blessé, sans qu'on sache lequel, et l'armée se doit de retourner à Rome. De retour à Pometia, la ville se rend, ce qui n'empêche pas les Romains d'exécuter les chefs ennemis et de vendre la population, ainsi que de raser la ville. Cette guerre menée avec rigueur vaut aux deux consuls un triomphe[1]. Denys d'Halicarnasse ne signale pas cette guerre, mais une contre les Sabins et la ville de Cures. Spurius Cassius bat ces ennemis après une dure bataille, où 10 300 Sabins seraient tombés, et 4 000 faits prisonniers. Et c'est cette bataille et la paix qui s'ensuivit qui lui aurait valu le triomphe[2]. Valère Maxime signale quant à lui deux triomphes pour Cassius, dont le premier a forcément lieu en 502 av. J.-C., dans l'une ou l'autre guerre[3].
Sans être certain de ses sources, Tite-Live indique que l’année suivante Spurius Cassius aurait été associé comme maître de cavalerie au premier dictateur de la République, Titus Larcius Flavus[4]. Denys d'Halicarnasse et Eutrope sont plus sûrs d'eux[5],[6].
Spurius Cassius est consul pour la seconde fois en 493 av. J.-C., année qui voit le dénouement de la grave crise sociale marquée par la première sécession de la plèbe, et l’élection des premiers tribuns de la plèbe. Cassius ratifie la paix avec les Latins[7] et la création de la Ligue latine (fœdus cassianum). Ce traité assure à Rome l’alliance des populations latines contre les Èques et les Volsques, infatigables à la combattre. Dans la même idée, il conclut avec les Herniques un traité qui détache ce peuple montagnard et belliqueux des autres peuples sabelliques. Ce succès diplomatique lui vaut le triomphe[3], qu'il obtient difficilement, sous prétexte qu'aucune bataille n'a été livrée. Mais ces deux traités assurent à Rome une frontière sûre, évitent des dizaines de batailles et permet à Rome de se trouver des alliés. Cette année-là, il consacre aussi le temple de Cérès, Liber et Libera au pied de l'Aventin, siège de la plèbe[8].
Élu pour la troisième fois en 486 av. J.-C., il doit décider la répartition du territoire annexé après la victoire sur les Herniques. Il est partisan d’une distribution équitable entre les plébéiens et les alliés latins plutôt que de mettre ce territoire dans le domaine public que certains patriciens occupent abusivement. Il prend ces mesures populaires soit par irritation contre le Sénat qui lui a mis des obstacles dans l'obtention du dernier triomphe, soit par esprit d'apaisement, dans l'objectif de calmer la plèbe tout en s'alliant définitivement les Latins et les Herniques. Son collègue le consul Verginius s’y oppose, soutenu par une fraction des patriciens, et bientôt par une partie du peuple romain qui ne veut rien offrir aux alliés. Il se fait rapidement des tribuns de la plèbe de bien pires ennemis que son propre ordre, ces derniers n'acceptant pas de voir un autre qu'eux devenir populaire. La plèbe, que l'on peut manipuler facilement, se retourne contre le consul. Verginius et les tribuns de la plèbe s'accordent pour distribuer les terres uniquement aux plébéiens, et non pas aux alliés. Son projet de loi agraire est donc rejeté, et lui-même est accusé de vouloir se créer des appuis dans la plèbe et les alliés pour briguer la royauté[9],[10].
Dès sa sortie de charge, il est condamné et mis à mort. Tite-Live donne deux versions : procès public pour complicité avec l’ennemi et condamnation par le peuple, ou bien procès privé en vertu du pouvoir du pater familias, exécution par son père[11] qui consacre ensuite la part d’héritage qui aurait dû lui revenir à la dédicace d’une statue à Cérès, déesse protectrice des plébéiens[9]. C'est selon Pline l'Ancien, la première statue de bronze faite à Rome[12]. Pour les Romains des générations suivantes, il laisse le souvenir d’avoir été exécuté pour avoir envisagé de devenir roi, à l'instar de Spurius Maelius et Marcus Manlius Capitolinus[13].
Voir aussi
Bibliographie
- Cicéron, De la République
- Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines [détail des éditions]
- Eutrope, Abrégé de l'histoire romaine
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne]
- Tite-Live, Histoire romaine [détail des éditions] [lire en ligne]
- Valère Maxime, Actions et paroles mémorables
Notes et références
- ↑ Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 17
- ↑ Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre V, 49 / (en)
- ↑ a et b Valère Maxime, Actions et paroles mémorables, Livre VI, Chapitre III, 1b
- ↑ Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 18
- ↑ Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre V, 75 / (en)
- ↑ Eutrope, Abrégé de l’histoire romaine, Livre I, 12
- ↑ Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 33
- ↑ Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre VI, 94 / (en)
- ↑ a et b Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 41
- ↑ Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, Livre VIII, 68-76 / (en)
- ↑ Cicéron, De la République, Livre II, 35
- ↑ Pline l'Ancien, Histoire naturelle, Livre XXXIV, 9
- ↑ Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 15
- ↑ a et b selon Tite-Live
- ↑ a et b selon Denys d'Halicarnasse
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