- Temple de Cérès, Liber et Libera
-
Le temple de Cérès, Liber et Libera, en latin Aedes Cereris, Liberi et Liberae, est un temple de la Rome antique. Sa localisation précise est inconnue, mais on sait qu'il se trouvait au pied de l’Aventin, près du Circus Maximus.
Cérès, Liber et Libera est le nom que les Romains donnèrent, en assimilant d'anciennes divinités italiques, à la triade éleusienne formée par Déméter, Dionysos et Coré-Perséphone, où Dionysos et Coré sont les deux enfants de Déméter. Cette triade résulte d'une modification de la triade chthonienne formée par Déméter, Perséphone-Coré et Hadès-Pluton, où Hadès et Dionysos sont assimilés. Les époux infernaux Coré et Hadès deviennent ainsi le couple fraternel formé par Coros et Cora (Coré et Dionysos). Cette nouvelle triade deviendra celle des mystères dionysiaques du Péloponnèse et de la Grande-Grèce.
Ce couple de Coros et Cora, ou Dionysos et Perséphone, associé à Déméter, est naturellement porté en Italie par les colons grecs de Campanie, qui, pour la majeure partie, sortaient du Péloponnèse.
En -496, le dictateur Aulus Postumius, le vainqueur du lac Régille, ayant consulté les Livres Sibyllins apportés de Cumes, pour y chercher les moyens de conjurer la famine qui sévissait, y trouva l'ordre d'élever un temple à Cérès, Liber et Libera.
L'édifice fut dédié trois ans après en -493 par le consul issu de la plèbe Spurius Cassius. Décoré par les sculpteurs et peintres Damophile et Gorgasos, ce fut le premier temple d'art purement grec que Rome posséda. Bien que les divinités auxquelles il était consacré y reçussent des noms italiques et latins, le culte y demeura grec, aussi bien dans ses rites que par la langue des formules qu'on y récitait. Ce fut à tel point que ce culte de Cérès demeura classé parmi les sacra peregrina comme ceux d'Esculape et de la Magna Mater. Les prêtresses du temple étaient grecques et, jusqu'à l'époque de Cicéron, elles avaient été toujours prises dans l'une des deux villes de Néapolis et de Velia, indice supplémentaire de l'origine campanienne du culte.
La fondation de ce temple est contemporaine des luttes entre la plèbe et le patriciat (la première sécession de la plèbe eut lieu en -495). Sis hors du pomœrium et au pied de l’Aventin, colline où la plèbe se retira lors de l'insurrection du Mont Sacré de -494, le temple devint le siège de la plèbe romaine, et la triade Cérès, Liber et Libera devint la triade plébéienne, par opposition à la triade capitoline dont le culte n'était pas, semble-t-il, accessible aux plébéiens.
Ce rôle fut renforcé lors de la deuxième sécession de la plèbe en -449, quand la lex sacrata, votée cette même année, disposait que quiconque portait la main sur la personne d'un tribun de la plèbe verrait sa tête vouée à Jupiter, tandis que ses biens, confisqués, seraient déposés dans les temples de la triade plébéienne.
Wikimedia Foundation. 2010.