- Soundiata Keïta
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Soundiata Kataeio (ou Soundjata Keïta), né en 1190 à Niani (Royaume du Manding, actuelle Guinée) et décédé en 1255, est un empereur du Mali, fils de Naré Maghann Konaté et de Sogolon Kondé.
L'histoire de Soundiata Keïta est essentiellement connue par l’épopée racontée de génération en génération jusqu’à nos jours par les griots, les savants et ainsi analysée par Seydou Camara : « Cette « épopée » aux tonalités légendaires est un mélange de souvenirs réels et de motifs de conte ; c'est, autrement dit, une construction littéraire qui évoque l'histoire locale parasitée par le thème universel du héros classique[1] ».
Sommaire
Biographie
Naré Maghann Konaté était un roi du Manding, petit royaume d’Afrique de l'ouest situé dans l'actuelle Guinée. Il reçut un jour la visite d’un chasseur devin qui lui prédit qu’une femme laide lui donnerait un jour un fils qui deviendrait un grand roi. Naré Maghann Konaté était déjà marié à Sassouma Berté et avait un fils Dankaran Toumani Keïta. Pourtant quand, quelques années plus tard, deux chasseurs venant du pays de Do lui présentèrent une femme laide et bossue, Sogolon Kondé, se rappelant la prédiction il l’épousa. Sa deuxième épouse donna naissance à un fils baptisé Soundiata Keïta. Celui-ci resta infirme pendant toute son enfance incapable de se tenir debout.
A la mort de Naré Maghann Konaté, en 1218, Dankaran Toumani Keïta, le premier fils prit le pouvoir malgré la volonté du roi défunt de respecter la prédiction. Sundjata et sa mère, qui avait donné naissance à deux filles et avait adopté le fils de la troisième femme de Naré Maghann Konaté, étaient l’objet permanent du mépris du nouveau roi et de sa mère. Après un affront contre sa mère, Sundjata, à l’âge de sept ans, réussit à se lever. Il recouvre miraculeusement l’usage de ses jambes lorsqu’il a touché le bâton royal. Mais la haine de Sassouma Berté et de Dankaran Toumani Keïta conduisit Sundjata, sa mère et ses sœurs à l’exil au Royaume de Mena.
Soumaoro Kanté, roi du Sosso, attaqua le royaume du Manding. Dankaran Toumani Keïta, craignant pour sa vie, dut fuir. Selon la tradition, Soumangourou mène une dizaine d’expéditions au cours desquelles il massacre onze des fils de Naré Maghann Konaté, sauf Soundiata Keita.
Les habitants du Manding allèrent chercher Soundiata Keïta dans son exil. Le jeune prince est devenu très populaire auprès des Mandingues qui espèrent qu’il chassera un jour les envahisseurs du Sosso. Sa popularité croissante inquiète Soumangourou , roi du Sosso, à qui des sorciers ont prédit : « Ton vainqueur naîtra au Mali ». Pour échapper à sa vengeance, Soundiata se réfugie chez un souverain voisin et ami, régnant au sud de son pays. Là, il attend le moment favorable pour libérer son royaume.
Soundiata s’est aguerri dès son plus jeune âge au tir à l’arc et mithridatisé contre les poisons. Il vit pendant des années avec l’idée de se venger du massacre de sa famille. Un jour, un émissaire lui apprend la révolte des Mandé contre Soumangourou Kanté.
Il rassemble ses guerriers, conquiert le Fouta-Djalon, et lance des attaques sur le Sosso. Pour apprendre le secret de l’invulnérabilité de Soumaoro Kanté, il lui envoie sa sœur Djegue, qui selon la légende apprend que « Seule une flèche portant un ergot de coq blanc pourra tuer le roi du Sosso ». Soundiata fait le nécessaire avec le secours des magiciens attachés à son service.
Rassemblant les armées de différents petits royaumes en lutte contre le Sosso, Soundiata Keïta forma une armée et réussit à vaincre l’armée de Soumangourou Kanté en 1235 à Kirina. Soumangourou Kanté disparut dans une montagne à Koulikoro.
Soundiata Keïta réunit tous les royaumes pour constituer l’Empire du Mali. Il est proclamé « Mansa » ce qui signifie « Roi des rois ». Il établit la capitale à Niani, sa ville natale, aujourd’hui un petit village en Guinée à proximité de la frontière malienne. Lors de son intronisation, la confrérie des chasseurs du Mandé proclame la Charte du Manden, qui abolirait l'esclavage et serait l'une des premières déclarations des Droits de l'homme (il existe une controverse à ce sujet).
Vers 1240, le roi Soundiata s’empare de Koumbi-Saleh, capitale du Ghana et détruit la ville. Il prend le titre d’empereur et envoie ses lieutenants conquérir le Bambouk.
Soundiata est présenté comme un grand administrateur qui développe le commerce, l’exploitation de l’or et des cultures nouvelles (introduction du cotonnier). Il organise politiquement et administrativement les peuples soumis, en implantant une solide organisation militaire. Les chefs de ses armées sont installés comme gouverneurs de province. Soundiata, outre ses exploits guerriers, est connu pour sa sagesse. Sa tolérance permet la coexistence pacifique de l’Islam et de l’animisme dans son Empire.
Soundiata Keïta est mort en 1255, noyé dans les eaux du Sankarani pour les uns, tué d’une flèche par traîtrise (ou accidentellement) lors d’une fête à Niani selon les autres. À sa mort, l’empire du Mali s’étend de l’Atlantique au Moyen Niger et de la forêt au désert.
Soundiata Keïta a eu trois fils qui se sont succédé sur le trône de l’Empire du Mali : Mansa Oulé Keïta, Ouati Keïta et Khalifa Keïta. Mansa Oulé (le roi Rouge), souverain paisible et pieux étend le royaume du Mali. Par contre, ses successeurs Ouati, Khalifa et Aboubakari manqueront d’autorité et laisseront régner l’anarchie dans l’Empire.
Les badou sakho depuit bakel font encore aujourd’hui des sacrifices à la mémoire de Soundiata, qui selon la légende se serait métamorphosé en hippopotame.
Dans sa chanson Sundjata, Tiken Jah Fakoly rend hommage à Sundjata Keita, dont son ancêtre Fakoly fut le compagnon, et énumère sa généalogie.
Notes et références
- La tradition orale en question », Cahiers d'études africaines, 144, 1996, p. 770 Seydou Camara, «
Sources
Bibliographie
Histoire
- Djibril Tamsir Niane, « Soundjata ou l'Epopée Mandingue », 1960, éd. Présence Africaine
- Djibril Tamsir Niane, « Le Mali et la deuxième expansion manden », in Histoire générale de l'Afrique, IV, L'Afrique du XIIe au XVIe siècle, chapitre 6, UNESCO/NEA, 1985, rééd. UNESCO/Edicef/Présence Africaine, 1991
- Youssouf Tata Cissé, Wa Kamissoko, Soundjata, la gloire du Mali, Karthala, « Homme et Société : Histoire et géographie », 1991
- Seydou Camara, « La tradition orale en question », Cahiers d'études africaines, 144, 1996, p. 770
- Jan Jansen, Épopée, histoire, societé - Le Cas de Soundjata, Mali et Guinée, Karthala, « Homme et Société : Histoire et géographie », 2003
Littérature
- Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l'épopée mandingue, Présence africaine, Paris, 1960.
- Lilyan Kesteloot, Soundiata, l'enfant-lion, Casterman Épopée, Paris, 1999.
- Dialiba Konaté, L’épopée de Soundiata Keïta, Seuil jeunesse, Paris, 2002.
- Laurent Gbagbo, Soundjata Ceda, Abidjan
Filmographie
- Keïta! l'Héritage du Griot de Dani Kouyaté, Burkina Faso, 1995
Catégories :- Personnalité malienne
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- Décès en 1255
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