- Auguste-Théodore-Paul de Broglie
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Auguste-Théodore-Paul de Broglie
Auguste-Théodore-Paul de Broglie (18 juin 1834, Auteuil – 11 mai 1895) était un prêtre catholique français, professeur d'apologétique à l'Institut catholique de Paris, et auteur traitant de sujets apologétiques.
Sommaire
Biographie
Il était le fils cadet d'Achille-Victor, 3e duc de Broglie (1785-1870), et de son épouse, Albertine, baronne Staël von Holstein (1797-1838), qui était protestante et fille de Mme de Staël. Son frère aîné était Albert de Broglie. Leur mère mourut quand Paul avait 4 ans[1], et il fut élevé par la baronne Auguste de Staël, née Vernet. Cette tante, bien qu'elle fût également protestante, essaya seulement de « faire de lui un chrétien à l'esprit large dans une Église à laquelle elle n'appartenait pas » (Mgr d'Hulst dans Le Correspondant du 25 mai 1895).
Broglie fut élève à l'École polytechnique dont il sortit en 1855. Encore jeune, il entra dans la marine et fut nommé enseigne en 1857 puis lieutenant. Un voyage en Nouvelle-Calédonie le mit en contact avec l'activité missionnaire et il se sentit appelé à la vie religieuse. Il entra au séminaire de Saint-Sulpice à Paris en 1867. Après y avoir terminé ses études, il fut ordonné prêtre le 18 octobre 1870.
Aumônier de l'École normale d'Auteuil et chanoine honoraire d'Évreux puis de Paris, chevalier de la Légion d'honneur, il fut le premier titulaire de la chaire d'apologétique de l'Institut catholique, créée en 1880 par Mgr d'Hulst, et conserva ce poste jusqu'à sa mort[2]. Son enseignement, qui comprenait des thèmes philosophiques, théologiques, bibliques et historiques, avait pour but de défendre la foi catholique contre les attaques qu'on pensait venir du positivisme et du rationalisme, afin de rééquilibrer l'enseignement donné au Collège de France[3]. Il maintenait l'harmonie et l'autonomie des deux sphères de la connaissance, la religion et la raison. Selon ses travaux, l'étude de l'histoire est à même de démontrer la transcendance du christianisme ; en cela, il fut l'un des représentants de l'« apologétique constructive »[4].
Dans ses publications, l'abbé de Broglie se montra toujours un fidèle défenseur du dogme catholique. Au moment de sa mort, il était en train de préparer un livre sur l'accord entre la raison et la foi.
La comtesse de Pange, dont il était l'oncle, nous a laissé de lui un portrait pittoresque[5]. D'une distraction proverbiale, il n'arrivait jamais à retenir un prénom et demandait toujours à sa nièce : « Et toi, petite, comment t'appelles-tu ? » ; oubliant où il était il avait adressé à des paysans en guise de sermon une sorte de conférence universitaire. Plus grave encore, faisant sans cesse la charité, il avait épuisé sa fortune et en était réduit à emprunter sans cesse auprès de sa famille qu'il ne remboursait jamais. C'est sans doute son caractère qui lui fit commettre l'imprudence qui devait lui coûter la vie.
Il était le confesseur d'une pauvre folle atteinte de paranoïa et nommée Maxence Amelot. Celle-ci, ayant été renvoyée d'un ouvroir où elle travaillait, se persuada que l'abbé Broglie avait trahi le secret de la confession et vint un jour lui faire une scène bruyante à la sortie d'une messe ; pour éviter le scandale il commit l'imprudence de promettre d'aller la voir chez elle : à peine fut-il entré qu'elle l'abattit d'un coup de pistolet.
L'affaire fit évidemment grand bruit et les milieux anticléricaux ne manquèrent pas de dauber sur cet ecclésiastique mort chez une femme. La comtesse de Pange nous parle d'une « grossière image de pure fantaisie, rehaussée de couleurs violentes » publiée par Le Petit Journal. De fait l'image nous montre bien la porte d'entrée encore entrouverte, ce qui laisse penser qu'il ne s'était pas passé grand chose entre l'arrivée de l'abbé et son assassinat. L'article disait d'ailleurs nettement : « À une certaine époque on se plaignait que l'on enfermât trop de fous; à la nôtre, il faut regretter que l'on n'en enferme pas assez !… » et il continuait ainsi : « Un crime vient d'être commis par une femme notoirement atteinte depuis plusieurs années de la double folie du mysticisme et de la persécution... » Maxence Amelot fut d'ailleurs reconnue irresponsable et placée par la suite en maison de santé[6].
L'embarras n'en fut pas moins grand dans le monde catholique et la Catholic Encyclopedia se contenta dans l'article consacré à l'abbé de Broglie de parler d'une insane person sans en préciser le sexe. Il va de soi que la future comtesse de Pange, petite fille bien élevée, nous renseigne plus sur les réactions de sa famille que sur les événements eux-mêmes (« On ne parlait pas de ce drame à table et je ne posais aucune question. »)[7].
Publications
Son travail le plus important est Problèmes et conclusions de l'histoire des religions (Paris, 1886). Parmi ses autres écrits, dont certains étaient des brochures ou des articles dans des revues, on peut mentionner ceux qui suivent :
- Le positivisme et la science expérimentale (2 vol., París 1880-81)
- Cours d'apologétique chrétienne (1883)
- La Morale évolutionniste (1885)
- La Morale sans Dieu (1886)
- La Réaction contre le positivisme (1894)
- Religion de Zoroastre et religion védique
- Le Bouddhisme
- Religions néo-brahmaniques de l'Inde
- L'Islamisme; La vraie définition de la religion
- La Transcendence du christianisme
- L'Histoire religieuse d'Israël
- Les Prophètes et les prophéties, d'après les travaux de Kuenen
- L'Idée de Dieu dans l'Ancien et le Nouveau Testament
- Le Présent et l'Avenir du catholicisme en France
Deux publications posthumes, Religion et critique (1896) et Questions bibliques (1897), ont été éditées par l'abbé Piat.
Références
- C. Piat, L'apologétique de l'abbé de Broglie (Paris, 1896)
- A. Largent, L'abbé de Broglie, sa vie et ses œuvres (Paris, 1903), avec une bibliographie complète
- Cet article comprend en tout ou en partie des passages de la Catholic Encyclopedia à l'article "Auguste-Théodore-Paul de Broglie" par Clodius Piat, publication à présent dans le domaine public.
Notes
- ↑ Dans les Recueillements poétiques Lamartine a consacré à cette mort son « Cantique sur la mort de Mme la duchesse de Broglie »
- ↑ Site Cairn
- ↑ Voir à ce sujet l'article d'Yves Marchasson.
- ↑ La théologie de l'abbé de Broglie.
- ↑ Comtesse Jean de Pange, Comment j'ai vu 1900, Bernard Grasset, 1962
- ↑ L'information se trouve dans une lettre autographe d'Albert Samain
- ↑ Les personnes inscrites pourront consulter l'Article du New York Times du 12 mai 1895.
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