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Siège de Fort-Alamo
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La chute de Fort-Alamo peinte par Theodore Gentilz Informations générales Date du 23 février 1836 au
6 mars 1836Lieu Fort-Alamo Casus belli Insurrection du Texas Issue Victoire des troupes mexicaines Belligérants République du Texas Mexique Commandants James Bowie
William Travis
Davy CrockettGénéral Santa Anna
Colonel Francisco Duque
Colonel José Maria Romero
Colonel Juan MoralesForces en présence 187 insurgés texans[1] 1 500 soldats mexicains Pertes 187 hommes 600 hommes Batailles Gonzales – Concepción – Grass Fight – Bexar – San Patricio – Agua Dulce – Fort Alamo – Refugio – Coleto – San Jacinto Le siège de Fort Alamo (février à mars 1836) est l'événement majeur de la guerre d'indépendance de la République du Texas et un symbole de la résistance désespérée, ainsi qu'un grand moment dans l'expansion des États-Unis au XIXe siècle.
Sujet de plusieurs films plus ou moins proches de la réalité historique, le siège de Fort Alamo est un événement historique majeur au Texas.
En 1836, 187 hommes[2] venus des États-Unis attirés par la promesse de terres au Texas dont Davy Crockett se retranchèrent dans le fort et ne purent faire autrement que de résister jusqu'au bout à l'armée mexicaine comptant 1 500 hommes [3], commandée par le général Santa Anna (car étrangers ils étaient considérés comme des flibustiers et ils étaient passibles de la peine de mort - Ce terme s'appliquait aux étrangers occupant illégalement une portion du territoire national et qui sont naturellement opposés aux autorités et s'adonnent à des trafics [4]. Le siège, qui dura treize jours jusqu'à l'assaut du 6 mars, a retardé et affaibli l'armée mexicaine (environ six cents soldats mexicains tués[5]). Cet épisode entraîna pour le Mexique la perte du Texas quelques semaines plus tard.
Sommaire
Le contexte
Articles détaillés : Texas mexicain et Révolution texane.Déjà au temps de la Nouvelle-Espagne, les États-Unis cherchaient à annexer le Texas par la voie du peuplement par des citoyens américains.
Le 22 février 1819 les gouvernements de l'Espagne et des États-Unis signèrent le traité Transcontinental qui modifiait les limites de la frontière nord de la Nouvelle-Espagne.
L'indépendance du Mexique date de 1821.
Après un essai d'empire, la République est proclamée en 1823.
Au temps des événements du Texas, le Mexique est alors sous les présidences de Miguel Barragan (du 28 janvier 1835 au 1er mars 1836) et de José Justo Corro (du 2 mars 1836 au 18 avril 1837).
En 1836, le Texas est une partie de l'État mexicain du Coahuila y Texas où, depuis plusieurs années, un grand nombre de colons provenant des États-unis s'étaient établis et représentaient 85 % des quelques 70 000 habitants de la région (la population en 1806 n'était évaluée qu'à 7 000 habitants).
Ces colons la plupart du temps ignoraient les us et coutumes du pays, ayant peu de respect pour ses lois et institutions notamment l'interdiction de posséder des esclaves (au XIXe siècle, malgré l'abolition de l'esclavage, le Mexique autorisait la pratique de contrat de travail de 99 ans, qui ne pouvait être rompu qu'à l'initiative de l'employeur et admettait le principe de la servitude pour dette) et voulant continuer leur mode de vie et refusant pour la plupart de parler le castillan [6]. La faiblesse militaire du Mexique avait conduit son gouvernement à les autoriser à s'armer pour lutter contre les tribus indiennes hostiles à la présence de colons sur leur terres. Sentant l'unité du pays menacée, le gouvernement mexicain décida d'abroger toutes les mesures favorables qui leurs étaient accordées, ce qui mit le feu aux poudres.
Le 23 octobre 1835, sous la présidence de Miguel Barragan, une Constitution centraliste inspirée par Santa Anna, fait des États fédérés de simples départements dirigés depuis Mexico. Les États de Zacatecas et la partie texane du Coahuila se déclarent alors indépendants tandis que des troubles séparatistes ont lieu dans le Nord-Est et le Sud du pays pendant des années suite à cette décision.
Des escarmouches éclatèrent obligeant l'armée mexicaine à abandonner certaines places de moindre importance. Santa Anna (Antonio de Padua Maria Severino Lopez de Santa Anna) fut chargé de rétablir l'ordre et de préserver l'intégrité nationale, avec une armée dont les officiers dont certains étaient des vétérans des guerres précédentes ou don Vicente Filisola un Italien ancien capitaine général de Guatemala, Juan Nepomuceno Almonte fils du curé Morelos Adrian Wolle d'origine française, Antonio Gaona, cubain et Martin Perfecto de Cos et les 7 000 hommes [7] pour la plupart recrutés de force (leva) et peu expérimentés, mal équipés, mal vêtus, mal nourris et surtout pourvus d'un armement désuet provenant en partie d'armes achetées aux anglais et ayant servi à la bataille de Waterloo par une administration corrompue et désargentée, formant un ensemble de faible valeur combative. Du côté des insurgés au Texas un homme actif, le Général Sam Houston, charge un James Bowie (connu pour son célèbre Bowie-knife et esclavagiste notoire) de détruire le Fort Alamo.
L'objectif est de préparer une armée plus au Nord. Arrivés sur place, Bowie et ses hommes prennent leur temps, pensant l'armée mexicaine encore loin.
À cette centaine d'hommes s'ajoute une trentaine de soldats sous les ordres de William Travis, lieutenant-colonel de l'armée texane en formation ainsi que les seuls hommes nés au Texas au nombre de onze (Toribio Losoya, Gregorio Esparza, Juan Badillo, Antonio Fuentes, José Maria Guerrero, Damasio Ximénes, Andrés Nava, Carlos Espalier, Juan Abamillo, William Philipp King et Richardson Pery). Ces onze hommes ne se battaient peut-être pas pour créer une nouvelle république, mais pour le fédéralisme au Mexique, contre un État centralisé où les États ne jouissaient plus de leur liberté mais étaient devenus de simples divisions administratives.[8] On compte aussi quatre Ecossais, douze Anglais, une dizaine d'Irlandais, deux Allemands et un Danois. Contrairement à la légende aucun Français ou francophone ne figure parmi les défenseurs du fort [9] Ces hommes sont rejoints par le légendaire Davy Crockett (citoyen des États-Unis) à la recherche d'un nouveau départ après sa défaite aux élections au Congrès des États-Unis et ses soixante-cinq hommes enhardis par la promesse du gouvernement provisoire du Texas d'offrir à chacun d'entre eux des terres pour une surface de 4 605 acres (19 km²) après la victoire.
Le siège
L'armée mexicaine arriva plus tôt que prévu par les insurgés, ceux-ci se retranchèrent à la hâte dans le fort. Le général Santa Anna proposa une reddition sans conditions (offre généreuse, la plupart des défenseurs du fort étant étrangers au Mexique et passibles de la peine de mort) faute de quoi la garnison serait passée par les armes.
Travis refusa de se rendre. C'est alors que le drapeau rouge fut hissé du haut du clocher de l'église de la ville. Tous les défenseurs d'Alamo comprirent alors qu'aucun d'entre eux ne serait épargné lors de l'assaut qui s'annonçait imminent. Le lieutenant colonel Travis envoya des missives hors du fort demandant des renforts aux États-Unis.
Il prévint qu'il préférerait la mort à la capitulation dans sa célèbre lettre au gouvernement de la révolution.
Le siège fut marqué par d'intenses tirs d'artillerie et par un assaut manqué de deux heures qui mobilisa plus de cinq cents soldats mexicains.
Quant aux défenseurs, ils n'obtinrent presque aucun renfort, si ce n'est une trentaine d'hommes, portant à 187 le nombre des assiégés[10].
Le fort était totalement encerclé et personne ne pouvait plus en sortir.
L'assaut final
Le 6 mars, vers 5 heures du matin, alors que le jour ne s'était pas encore levé, une partie de l'infanterie mexicaine divisée en quatre colonnes attaqua.
La première colonne était composée au maximum de 400 hommes conduits par Martin Perfecto de Cos, la seconde de 380 hommes sous le commandement du colonel Francisco Duque, la troisième conduite par le colonel José Maria Romero, la quatrième aux ordres du colonel Juan Morales avec cent hommes, aidés par les trois cent cinquante cavaliers du brigadier général Ramirez y Sesma chargés d'empêcher toute fuite des assiégés.
Travis fut tué au tout début de l'assaut d'une balle dans la tête alors qu'il tirait du haut d'un mur.
Bowie, tombé gravement malade pendant le siège, perdit la vie dans son lit (certains ont dit aussi qu'il se cacha sous un matelas).
Quant à Davy Crockett, qui un mois plus tôt se vantait auprès des journalistes de New-York d'y apporter la tête de Santa Anna, certains pensent qu'il mourut au combat alors que d'autres, appuyés par le témoignage d'un officier mexicain, pensent qu'il fut fait prisonnier et exécuté comme étant un flibustier ainsi que l'exigeait la loi. (voir William Walker)
Les restes des défenseurs du fort furent incinérés pour éviter des épidémies. Un seul ne le fut pas, Gregorio Esparza dont le frère se battait aux côtés de l'armée mexicaine.
Si les 187 défenseurs du fort furent tués, Santa Anna vit son armée amputée de plusieurs centaines de soldats (six cents morts au total[5]), mais cela le laissa indifférent. S'il avait de la peine à payer leur solde, il savait aussi que nombre d'entre eux auraient été décimés par la faim, les maladies, les conditions atmosphériques lors du voyage de retour, sans compter les très nombreuses désertions.
Conclusion
Au grand dam du général Santa Anna et du gouvernement central, la chute d'Alamo n'effraya pas les insurgés. La répression s'abattit et l'armée mexicaine se livra à des pillages qui ne firent que souder les colons américains. La mort des défenseurs fut utilisée par les promoteurs de l'indépendance du Texas, les présentant sous le jour de martyrs de la liberté. Les hommes tombés à Fort Alamo devinrent rapidement des héros pour les Texans qui souhaitaient ardemment prendre leur revanche.
Wiliam Barret Travis emmena ses hommes à une mort certaine mais il réussit à retarder l'armée gouvernementale dans son avancée vers le nord destinée à nettoyer le Texas de tous les insurgés.
Plus au nord, ce délai permit au général Sam Houston vétéran de la guerre de 1812 contre les anglais, partisan de l'annexion du Texas par les États-Unis et propriétaire lui aussi d'esclaves et adversaire de l'abolitionnisme [11], de recevoir des renforts en hommes, vivres, armes, munitions et argent des États-Unis. Cela lui permit de constituer une armée de moins de 2 000 hommes qui défit celle de Santa Anna quelques semaines plus tard lors de la bataille de San Jacinto au cri de ralliement « Remember the Alamo! ». A noter que Houston et Santa Anna étaient tous deux francs-maçons comme nombre de notables de l'époque.
Prisonnier, le général mexicain, qui avait déjà été trois fois président et le sera à nouveau en 1837, dut se résoudre à donner l'ordre à ses troupes de quitter le Texas en échange de sa vie. Le major-général Vicente Filisola obéit aux ordres de son chef et ratifia le traité de Velasco. Le président mexicain Jose Justo Corro lui envoya plus tard l'ordre de rester au Texas, mais bien que lui "obéissant", il retira ses troupes jusqu'à Matamoros où il fut relevé par le général José Urrea.
Lettre de Santa Anna à Filisola:
« Campo de San Jacinto, abril 22 de 1836
Excelentisimo Général de Division don Vicente Filisola ; Habiendo ayer tarde tenido un encuentro desgraciado la division que operaba a mis inmediaciones, he resultado estar prisoniero de guerra entre los contrarios, habiéndose guardado todas la consideraciones posibles : en tal concepto, prevengo a Vuestra Excelencia ordene al general Gaona contramarchar a Béjar a esperar ordenes, lo mismo que verificara V.E. con las tropas bajo sus ordenes, previniendo asimismo al general Urrea se retire con su brigada a la poblacion de Guadalupe Victoria, pues he acordado con el general Houston un armisticio interin se arreglan algunas negociaciones que haran cesar la guerra para siempre. Puede usted disponer para la manutencion del ejército de los caudales y viveres llegados a Matamoros, ademas de los 20 mil pesos que se sacaron de Béjar. Espero cumpla estas disposiciones sin falta dandome aviso cuando comience a ponerlas en practica. Antonio Lopez de Santa Anna. »
À México, Filisola fut traité de traître, accusé de lâcheté face à l'ennemi et d'impéritie, car un militaire ne doit pas obéir à un chef prisonnier. De nos jours il est encore considéré comme le véritable responsable de la perte du Texas.
Le gouvernement mexicain ne fit aucune tentative sérieuse pour récupérer le Texas, dont l'indépendance fut reconnue par les États-Unis en 1837, par la France en 1839 et par le Royaume-Uni en 1840. Il ne faut pas oublier que le gouvernement mexicain, envoyant une armée défendre l'intégrité de son territoire, ne faisait que son devoir.
Devant la puissance naissante des États-Unis, que pouvait faire un Mexique mal équipé ? Les Mexicains utilisaient en effet du matériel de guerre qui avaient servi à Waterloo en 1815 et acheté au moyen d'emprunts aux Anglais en 1823 par l'ambassadeur du Mexique à Londres.[12] Plus tard la guerre américano-mexicaine le confirmera.
Il serait abusif par ailleurs de sanctifier Alamo, car le désir du Texas de s'affranchir du Mexique procédait aussi d'un refus de sa part d'abolir l'esclavage comme l'avait décrété le 15 septembre 1829 le gouvernement du président mexicain Vicente Guerrero [13].
Miguel Hidalgo à Guadalajara le 6 décembre 1810 avait proclamé la fin de l'esclavage et condamnait à mort tout propriétaire d'esclave.
Illustrations
L'évènement a été illustré de nombreuses fois par le cinéma américain, parmi lesquelles :
- The Immortal Alamo film muet de Gaston Méliès (1911)
- David Crockett à la chute de l'Alamo, 1926
- Les Héros de l'Alamo, 1937
- L'Homme de l'Alamo, 1953
- Davy Crockett à l'Alamo, 1955
- The Last Command de Frank Lloyd (1955) - Titre français : "Quand le clairon sonnera"
- Alamo de et avec John Wayne (1960)
- Alamo de John Lee Hancock (2004)
Bibliographie
- Farid Ameur, La victoire ou la mort ! : les derniers jours de Fort Alamo, Paris, Larousse, collection "l'histoire comme un roman", 2007.
- Remember The Alamo : de la légende à l'Histoire, Alain Sanders, Éditions de Paris, 2006, ISBN 2-85162-185-8
- Mi Historia militar y politica 1810-1874 - A. Lopez de Santa Anna - Editora Nacional, México 1973
- Historia sinoptica de México De los Olmecas a Salinas, Luis Pazos ISBN 968-13-2560-5 edit, Diana, Mexico
- México a través de los siglos 5 tomos México - Vicente Riva, Palacio, 1889
- Las grandes mentiras de nuestra historia, Francisco Bulnes, México, 1904
Voir aussi
Notes
- ↑ Philippe Jacquin, Daniel Royot, Go West !, page 82
- ↑ Philippe Jacquin, Daniel Royot, Go West !, page 82
- ↑ Todisch Jr. & Terry Spring "A comprehensive guide to the battle of Alamo and the Texas Revolution" page 40 Eakin Press 1998 - Austin, TEXAS -ISBN 978-57168-1152-2
- ↑ name="Weil56">François Weil, « La ballade de Davy Crockett », dans L'Histoire (ISSN 0182-2411), no 325 (novembre 2007), p. 56
- ↑ a et b (en) Eugene C. Barker, James W. Pohl, « Texas Revolution » sur The Handbook of Texas Online, Texas State Historical Association. Consulté le 18 septembre 2008
- ↑ Alber A. Nofi , The Alamo and the Texas war for independance, Da Capo Press, 2001, (ISBN 0306810409), pages 177 à 179
- ↑ François Weil, « La ballade de Davy Crockett », dans L'Histoire (ISSN 0182-2411), no 325 (novembre 2007), p. 56
- ↑ L. Briseno Senosain, L. Solares Robles, L. Suarez de la Torre : Valentin Gomez Farias y su lucha por el federalismo 1822-1858- Gobierno del Estado de Jalisco-México-1991
- ↑ The handbook of Texas (the hanbook of Texas on line) et www.the Alamo.org/defend.html/
- ↑ Philippe Jacquin, Daniel Royot, Go West !, page 82
- ↑ James L. Haley - Sam Houston - University of Oklahoma press - ISBN 0-8061-3644-8
- ↑ Henry B. Parkes - A History of Mexico - Houghton Mifflin Company - Boston - 1970
- ↑ the decline of slavery in Mexico - The Americas, volume 44, p. 167-194. Academy of Franciscan Library - pub. 1987 et Vicente Riva Palacio - México a través de los siglos - tome IV, page 214, México, 1889 - reprint Editorial Cumbre sa Mexico 1979
Liens internes
Liens externes
- (fr) "2000 ans d'Histoire - Fort Alamo", France Inter
- (en) Texas Revolution, article d'Eugene C. Barker et James W. Pohl sur le site The Handbook of Texas Online
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