- Sergueï Korolev
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Sergueï Pavlovitch Korolev Sergueï Korolev en uniforme de l'Armée rouge, 1938.Naissance 12 janvier 1907
Jytomyr, Ukraine
Empire russeDécès 14 janvier 1966 (à 59 ans)
Moscou, RSFS de Russie
Union soviétiqueNationalité Soviétique Diplôme diplômé de l'Université Technique d'État de Moscou - École Bauman Profession ingénieur Activité principale astronautique Distinctions hommage du président de Russie le 12 janvier 2007 Compléments - Maître d'œuvre du programme spatial de l'Union Soviétique
Sergueï Pavlovitch Korolev, également Koroliov ou Koroliev (12 janvier 1907[note 1] à Jytomyr, Ukraine - 14 janvier 1966 à Moscou) est un ingénieur, père de l'astronautique soviétique. Il est l'équivalent soviétique de Wernher von Braun.
Sommaire
Son enfance
Korolev est né à Jytomyr, ville provinciale du centre de l'Ukraine, qui fait partie à l'époque de la Russie impériale. Ses parents sont Maria Mykolayivna Moskalenko (Ukrainienne) et Pavel Iakovlevitch Korolev (Russe) : il s'agit d'un mariage arrangé et leur union n'est pas très heureuse. Trois ans après sa naissance, ses parents se séparent en raison de difficultés financières. Sa mère lui annonce le décès de son père alors que celui-ci n'est survenu qu'en 1929 (il n'a jamais revu son père après le divorce de ses parents).
Korolev grandit à Nejine, sous la garde de ses grands-parents. Sa mère voulant qu'il ait une formation supérieure, il suit des cours à Kiev. C'est un enfant solitaire avec peu d'amis, mais il est bon élève, notamment en mathématiques. En 1916, sa mère épouse Grigori Mikhaïlovitch Balanine[1], un ingénieur électricien, qui a une bonne influence sur l'enfant. Grigori ayant obtenu un emploi aux chemins de fer régionaux, la famille déménage à Odessa en 1917.
L'année 1918 est tumultueuse en Russie, avec la fin de la guerre mondiale et la Révolution russe. Les luttes intestines continuent jusqu'en 1920. Pendant cette période, les locaux des écoles restent fermés et le jeune Korolev doit poursuivre ses études à la maison. En 1923, il adhère à une société aéronautique locale[1].
En 1925, Korolev part à Moscou et y termine ses études à l'Université Technique d'État de Moscou en 1929.
Début de carrière
Après avoir été diplômé, Korolev obtient un premier emploi dans un bureau d'études chargé de la conception d'un aéronef désigné OPO-4, ou 4e section expérimentale. Ce projet comprend un certain nombre des meilleurs concepteurs russes. Il est dirigé par Paul Aimé Richard, constructeur français d'avions[2], arrivé en URSS en 1928[3]. Korolev ne se distingue pas particulièrement dans le groupe, mais s'emploie dans plusieurs projets personnels. L'un d'eux est la mise au point d'un planeur capable d'accomplir de la voltige. En 1930, il devient le principal ingénieur sur le Tupolev TB-3, un bombardier lourd.
C'est au cours de l'année 1930 que Korolev s'intéresse à l'utilisation de carburant liquide pour la propulsion par moteur-fusée. A l'époque, il cherche à utiliser cette technologie pour la propulsion des avions. En 1931, en collaboration avec Friedrich Zander, un des pionniers de l'astronautique, il participe à la création du Grouppa Izoutcheniïa Reaktivnovo Dvijeniïa (GIRD)[1], l'un des premiers centres parrainés par l'État soviétique pour le développement de fusées . En mai 1932, Korolev est nommé chef du groupe.
Durant les années suivantes, le GIRD développe trois systèmes différents de propulsion, avec à chaque fois une amélioration des performances. En 1932, les militaires s'intéressent aux efforts déployés par le groupe et commencent à fournir des fonds. En 1933, le groupe réalise le premier tir d'une fusée à propulsion liquide, appelée GIRD-09, soit sept ans après Robert Goddard et son lancement peu médiatisé en 1926. En 1934, Korolev publie l'ouvrage Une fusée dans la stratosphère.
L'intérêt militaire pour cette nouvelle technologie grandit et le gouvernement décide en 1933 de fusionner le GIRD avec le GDL (Gas Dynamics Laboratory). De cette fusion nait l'institut de recherche sur la propulsion par réacteur (en russe RNII), dirigé par l'ingénieur militaire Ivan Kleimenov. A l'intérieur de cette structure travaillait un certain nombre de chercheurs qui sont d'ardents défenseurs des voyages dans l'espace, comme Valentin Glouchko. Korolev, devenu chef adjoint de l'institut[1], dirige la mise au point de missiles de croisière et de vols de fusées-planeurs.
Le RNII poursuit ses travaux sur le développement de fusées, avec un accent particulier dans le domaine du contrôle d'attitude et du pilotage. Il met ainsi au point des systèmes automatisés de gyroscopes permettant de stabiliser le vol le long d'une trajectoire programmée. Le charisme de Korolev trouve naturellement à s'employer dans la supervision des différents projets.
Emprisonnement et torture
Le 22 juin 1938, il est arrêté pendant la Grande Terreur menée par Staline. Dénoncé par son collègue Valentin Glouchko[1], lui-même torturé pour de faux crimes et qui dénonce Korolev au hasard, il est jugé pour activité anti-soviétique. Condamné à dix ans de travaux forcés à l'issue du procès, il est déporté dans le camp du Goulag de Kolyma. Pendant cette période, il sera torturé et aura la mâchoire fracassée pendant un interrogatoire, au cours duquel il perd toutes ses dents.
Il ne doit la vie sauve qu'à sa mère qui fait jouer ses relations et parvient à mobiliser Andreï Tupolev qui demande et obtient en 1940 son transfert dans une équipe de conception d'avions de combat. Cette équipe, qui travaille derrière les barreaux, participe au développement du lance-roquettes Katyusha, qui sera surnommé par les Allemands « orgue de Staline ».
Missiles balistiques
Durant la Seconde Guerre mondiale, Wernher von Braun met au point le V2, premier missile balistique au monde dont le potentiel (en tant que vecteur d'une charge nucléaire) intéresse fortement les militaires américains et soviétiques. À la fin de la guerre, ils se lancent dans une course pour récupérer le savoir-faire allemand en recrutant les ingénieurs et techniciens spécialistes des fusées ainsi que les usines et la production de celles-ci (du côté américain, c'est l'opération Paperclip). Von Braun choisit de se rallier aux Américains avec la majorité des meilleurs spécialistes allemands, tandis que les Soviétiques déménagent en Union soviétique de manière autoritaire des techniciens généralement d'un rang inférieur ainsi qu'une partie des usines de production des fusées V2.
L'URSS s'empresse de contacter ses meilleurs ingénieurs, y compris Glouchko, pour exploiter les informations recueillies. Celui-ci recommande personnellement Korolev, qui est finalement relâché en 1944[1] pour être chargé de récupérer la technologie de la fusée V2.
La conquête spatiale
Pour des raisons de secret et de sécurité, Korolev demeure officiellement absent de la conquête spatiale soviétique. Son nom n'apparaît dans aucun communiqué officiel, alors qu'il est le maître d'œuvre du programme spatial soviétique, lancé à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le KGB présente à la presse occidentale Leonid I. Sedov (en), physicien membre de l'Académie des sciences de Russie, comme « le père du Spoutnik ».
La conquête de l'espace répond à des objectifs militaires. Korolev reçoit le cahier des charges suivant : créer un missile balistique intercontinental capable de transporter une bombe H de 5 tonnes sur 8 000 km. Il crée la R-7 Semiorka en groupant plusieurs faisceaux de moteurs — un seul moteur aurait été incapable de fournir la poussée suffisante pour transporter une telle charge — mais en gardant la possibilité de l'utiliser également comme lanceur spatial, en n'oubliant pas son rêve d'exploration de l'espace.
Pour lancer un satellite dans l'espace, il doit néanmoins convaincre les membres du parti ainsi que les militaires, qui sont sceptiques. La volonté de Korolev est strictement scientifique ; il s'appuiera donc sur des arguments militaires (forte charge utile et grande portée), politique (propagande de la réussite technique soviétique face aux États-Unis) voire stratégique (la possibilité de satellite espion) pour lancer ce programme. Après de nombreux échecs, dus successivement à des fuites de carburant, à des allumages tardifs ou prématurés d'un moteur, à un mauvais calcul de trajectoire ou aux vibrations de la fusée lors de son ascension, Korolev réussit un lancement. Il en informe ses supérieurs haut placés, et obtient auprès des dirigeants (politiques et militaires) du programme spatial soviétique l'autorisation d'effectuer un autre lancement, afin de confirmer la fiabilité de la R7 et permettre la mise en orbite d'un satellite. En pleine course à l'espace avec les Américains, et pour gagner du temps, la charge utile initialement prévue est mise de côté (et sera finalement lancée en tant que Spoutnik 3[4]) pour laisser place à un petit satellite de masse et d'équipement scientifique minimal : un émetteur radio juste capable de lancer des signaux audibles autour de la terre pendant quelques jours.
Le 4 octobre 1957, une fusée R7 lance le premier satellite artificiel dans l'espace, le Spoutnik-1, qui après débat, a pris la forme d'une sphère selon le vœu de Korolev.
Le 3 novembre 1957, il envoie le premier animal terrestre dans l'espace, une chienne nommée Laïka. Elle y reste 6 heures, mais décède d'hyperthermie, le système de régulation de température de sa capsule étant tombé en panne. L'URSS cachera ce fait pendant 40 ans.
C'est également lui qui, le 12 avril 1961, via le programme Vostok, permet à Youri Gagarine de devenir le premier homme dans l'espace.
Plus tard, il participe au programme Soyouz.
Il se charge aussi de piloter le programme de conquête de la Lune. Il conçoit pour cela les plans de la très grande fusée N1, mais affaibli par la pression exercée par le Politburo et sa charge de travail, il subit une chirurgie exploratrice qui révèle une tumeur. Son cœur, affaibli par les six années passées au Goulag, ne résiste pas à l'anesthésie ; il meurt d'un arrêt cardiaque le 14 janvier 1966. Ses cendres sont entreposées à la nécropole du mur du Kremlin. Après son décès, son adjoint Vassily Michine prend sa succession en tant que constructeur général. La suite de la fusée N1 est un échec total : en quatre vol de test, quatre explosions dès la première phase du lancement. Les dernières fusées de ce type seront transformées en hangar.
Hommage
Le président Vladimir Poutine lui rend finalement hommage le 12 janvier 2007, à la veille du centième anniversaire de sa naissance.
Notes et références
Notes
- calendrier julien : 30 décembre 1906 Dans le
Références
- Sparrow 2007, p. 32-33
- (en) Asif A. Siddiqi, The red rockets' glare : Spaceflight and the Soviet imagination, 1857-1957, Cambridge University Press, 26 février 2010, 402 p. (ISBN 0521897602) [lire en ligne (page consultée le 29 avril 2011)], p. 122
- (en) Ulrich Albrecht et Randolph Nikutta, The Soviet armaments industry, Routledge, 1993, 400 p. (ISBN 3718653133) [lire en ligne (page consultée le 29 avril 2011)], p. 20
- Sparrow 2007, p. 50
Sources
- Giles Sparrow, La Conquête de l'espace, Flammarion, 2007
Voir aussi
Articles connexes
Lien externe
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