Sentineles

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Andamanais

Les Andamanais sont les habitants autochtones des îles Andaman. La plupart des autres habitants (aujourd'hui très majoritaires) sont des Bengalis hindouistes venus du Bengale oriental lorsque celui-ci est devenu le Pakistan oriental (aujourd'hui le Bengladesh). Les îles Andaman sont un territoire de l'Union indienne situé à 800 km environ au sud-est de l'Inde dans le golfe du Bengale, au large des côtes birmanes.

Peuplement originel.
Femmes Grand Andamanaises - XIXe siècle.
Les îles Andaman et les habitats des Andamanais autochtones en 2008

Sommaire

Les cinq groupes ethniques d'Andamanais

On distingue cinq groupes ethniques parmi les Andamanais. Ces groupes, parmi les plus petits en nombre sur la planète, sont disparus ou menacés de disparition :

  • les Grands Andamanais
  • les Jangil
  • les Jarawa
  • les Onge
  • les Sentinelles

Les Grands Andamanais

Les Grands Andamanais, au nombre de 5 000 à l’arrivée des Britanniques il y a 150 ans, ne sont aujourd’hui plus que 41. On les considère donc comme le plus petit peuple au monde en termes de population. Leur population a cependant recommencé à croître.

Des centaines de Grands Andamanais furent tués en défendant leur territoire contre les colons britanniques. Les Britanniques changèrent alors de tactique et établirent un refuge andamanais où les autochtones faits prisonniers étaient détenus. Maladies et mauvais traitements y régnaient et des 150 enfants nés dans ce refuge, aucun ne survécut au-delà de l'âge de deux ans.

En 1970, les autorités indiennes transférèrent la vingtaine d'individus restants sur l'îlot de Strait Island où ils dépendent depuis entièrement du gouvernement pour leur nourriture, leur habillement et leur habitat. L'abus d'alcool, souvent fourni par les fonctionnaires, se répand parmi les derniers Grands Andamanais.

Les Jangil

Les Jangil ont aujourd'hui totalement disparu. Cela ne signifie pas forcément qu'ils sont tous morts sans descendance, massacrés ou atteints par des épidémies, mais qu'ils ont disparu en tant qu'ethnie, acculturés et métissés.

Les Jarawa

Les Jarawa sont eux aussi restés volontairement isolés des colons qui se sont installés sur leurs îles au cours des 150 dernières années, faisant preuve d’une hostilité constante envers les envahisseurs qui empiétaient sur leurs terres et chassaient leur gibier. Leur nombre est passé de 8 000 avant la colonisation britannique à moins de 300 aujourd'hui. Ce sont des chasseurs-cueilleurs, chassant les porcs sauvages et les varans, pêchant à l'arc et à la flèche, récoltant des graines, des baies et du miel. Ils sont nomades, vivant en groupes de 40 à 50 personnes.

Jusqu'en 1988, ils ont refusé tout contact avec le monde extérieur. Suite à une pétition lancée par Survival International, l'État indien a dû abandonner un projet de transfert de cette population[1].

En 2006, le sort des derniers 270 Jarawa est en danger, une route en cours d'élargissement risquant de détruire complètement leur environnement. Les braconniers ainsi que les colons qui souhaitent développer le tourisme dans cette région sont responsables de la construction de cette route. Une campagne internationale orchestrée par Icra International[2] est en cours pour faire pression sur le gouvernement indien afin qu'il assure la protection des Jarawa.

En juin 2007, Survival International a annoncé sur son site internet que les autorités des îles Andaman avaient rappelé que les visites touristiques organisées chez les Jarawa enfreignaient une décision de la Cour suprême indienne qui a pour objectif de protéger les tribus les plus vulnérables. « Cet avertissement vise les hôteliers, les tour opérators, les chauffeurs de taxis et tous ceux qui organisent de telles rencontres en dépit de l'interdiction formelle des autorités locales ».

Les Onge

Les Onge ont également été décimés à la suite du contact avec les Britanniques et les Indiens. De 670 en 1900, la population onge est aujourd'hui tombée à environ 100 individus. Le gouvernement indien a tenté en vain de forcer les Onge à travailler dans une plantation sur leur île de Little Andaman.

Aujourd'hui, à l'instar des Grands Andamanais, les Onge sont dépendants de l'aide gouvernementale. Des colons indiens se sont maintenant établis sur Little Andaman et une grande partie de l'île a été déboisée. La chasse aux porcs est une activité importante dans la vie des Onges, un homme ne pouvant se marier qu'après en avoir tué un. Les Onge se plaignent aujourd'hui des étrangers qui chassent tous leurs cochons, entraînant une baisse de leur taux de fécondité déjà très bas. Survival mène campagne pour que le territoire des Onges soit protégé des personnes venant de l'extérieur.

Les Sentinelles

Les Sentinelles seraient entre 50 et 200 individus. Ils vivent sur la petite île de North Sentinel, d’une superficie de 47 km², et s’attaquent à ceux s’en approchant. Les informations les concernant sont donc très fragmentaires. Ils sont les seuls à avoir réussi à se préserver des nuisances extérieures et à être économiquement indépendants, continuant à pêcher, chasser et exploiter les ressources végétales de leur île. Ils n’ont aucun contact amical avec le monde extérieur, et sont considérés comme le peuple le plus isolé du monde. Ils vivent dans de longues huttes communautaires comportant plusieurs foyers et, tout comme les Onges, ils naviguent sur la mer autour de leur île à l'aide de canoës à balanciers.

Le gouvernement indien a vainement tenté, à plusieurs reprises, d'entrer en contact amical avec eux. Selon Survival, contacter les Sentinelles aurait très certainement des conséquences désastreuses, leur isolement les rendant très vulnérables aux maladies contre lesquelles ils n'ont aucune immunité. Alors que les eaux côtières de la réserve des Jarawa sont abondamment exploitées par les braconniers, les pêcheurs clandestins se tournent désormais vers les eaux entourant l'île de North Sentinel... au risque de recevoir une flèche.

Considérations anthropologiques

Certains anthropologues considèrent ces peuples comme les descendants des premiers humains ayant quitté l'Afrique.

Dans le cas particuliers des populations andamanaises, « des études récentes de l'ADN mitochondrial [...] donnent à penser que les Andamanais sont plus étroitement liés à d'autres [populations] Asiatiques qu'aux Africains modernes[3] ». Ce qui s'explique si on estime que les populations qui ont quitté l'Afrique pour l'Asie il y a 50 à 70 000 ans avaient un phénotype "africain", perdu par mutation chez les populations asiatiques modernes. Les ressemblances physiques entre Négritos, ou entre Négritos et Africains, ne renvoient alors qu'à des caractères ancestraux conservés (plésiomorphie), comme la couleur de la peau, qui n'expriment aucune apparentement récent. A l'inverse, les Andamanais portent des caractères génétiques dérivés (apomorphie) dans leur ADN maternel, qui montrent qu'ils descendent comme les Asiatiques modernes d'une ancienne vague venue d'Afrique. Malgré des ressemblances avec les Africains, les Andamanais sont au final plus proches de leurs voisins asiatiques, avec lesquels ils partagent des ancêtres communs non africains.

On inclut les habitants des Andaman dans un ensemble appelé Négritos, qui désigne les populations d'Asie du Sud-Est insulaire et péninsulaire présentes bien avant l'arrivée de leurs voisins, peuples de langues austronésiennes et de langues môn-khmer dont elles se distinguent. Certains anthropologues comptent les Négritos parmi les populations dites "veddoïdes".

Sur le plan du phénotype, les habitants des Andaman ont la petite taille, les cheveux crépus et la peau foncée des populations dites négritos d'Asie du Sud-Est et de Nouvelle-Guinée. Toutefois, d'anciens crânes d'Andamanais non métissés présentent de nombreuses affinités morphologiques avec ceux des population dites "caucasoïdes".

En outre, de récentes études phylogénétiques du chromosome Y humain d'Andamanais non métissés montrent qu'il dérive du même ancien YAP+, haplogroupe D qui a produit le chromosome Y de quelque 90% des Aïnous du Japon et quelque 50% des Tibétains.

Alors que les autres groupes négritos d'Asie parlent des langues étroitement apparentées à celles de leurs voisins non-négritos, les langues des Andaman ne présentent aucune similitude avec les langues des îles Nicobar voisines, qui sont môn-khmer. Cela a amené certains linguistes à penser que les langues des Andaman pourraient être les dernières représentantes des langues parlées à l'origine par les Négritos d'Asie du Sud-Est avant que des groupes du néolithique s'installent sur leurs territoires, aboutissant à leur dispersion actuelle.

Langues

Article détaillé : langues des Andaman.

Les différentes langues parlées par les Andamanais autochtones sont regroupées par les linguistes en une seule famille divisée en deux groupes : grand andamanais et andamanais méridional, avec par ailleurs une langue encore mal connue, le sentinelle.

Tsunami de 2004

Selon le gouverneur du territoire (les îles Andaman et Nicobar dépendent directement du gouvernement de l'Union Indienne) les Andamanais ne semblent pas avoir éprouvé de pertes humaines lors du tsunami de décembre 2004. Suivant les oiseaux, ils se sont réfugiés vers les hauteurs de leurs îles avant l'arrivée de la vague. De plus, le peu de constructions en dur, de véhicules et d'animaux domestiques sur leurs territoires, et l'absence de touristes, leur a épargné d'être confrontés à l'accumulation de ruines, à la pollution et aux cadavres vecteurs de maladies.

Notes et références

  1. Situation des Jarawa sur le site de survivalfrance.
  2. Sauvons les Jarawa des Iles Andaman: Article tiré du site d'ICRA International.
  3. « Molecular Relatedness of The Aboriginal Groups of Andaman and Nicobar Islands with Similar Ethnic Populations », International journal of human genetics, mars 2003, volume 3, par V. K. Kashyap, T. Sitalaximi, B. N. Sarkar et R. Trivedi.

Voir aussi

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Articles connexes

Filmographie

  • Patrick Bernard, "Jarawa : la rencontre interdite", 52 mn, 2003
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  • Portail des minorités Portail des minorités
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