Attaque d'Alger par Charles Quint

Attaque d'Alger par Charles Quint

Attaque d'Alger par Charles Quint

L'Attaque d'Alger par Charles Quint est une bataille qui s'est déroulée en 1541. Cette bataille qui opposa les habitants d'Alger à une puissante armée européenne menée par Charles Quint fut remportée par les Algériens.

Sommaire

Le contexte

Confiant de son succès par la prise de Tunis en 1535, Charles Quint décide d’attaquer Alger et d’en finir avec Barberousse. Plusieurs de ses alliés mettent en garde l'empereur d'attaquer tard dans l'année : aucune entreprise navale d'importance ne doit se faire entre septembre et mars. Mais l'empereur passe outre.

Toutes les nations de la Méditerranée occidentale hormis la France, allié de Soliman, participent à cette expédition. En Espagne, la préparation des forces est confiée à Cortes et en Italie à Fernand de Gonzague. Les forces rassemblées sont importantes : 22 000 hommes sont commandés par le Duc d’Albe, la flotte de plus de 500 bâtiments manœuvrés par 11000 marins est sous les ordres de Andrea Doria, Charles Quint est le commandement suprême.

Le 20 octobre 1541, la flotte est devant Alger . Hasan Agha (seigneur Hassan en Turc) commande Alger, en l'absence de Barberousse. Il réunit les principaux habitants de la ville, les gens de loi, les imams des mosquées et les chefs des zaviés à se rendre à l’hôtel du gouvernement et sous un ton énergique déclare :

Ce n’est pas la première fois qu’Alger a été assailli par les infidèles. A une époque où elle était à peine entourée de murailles, sous le gouvernement d’Aroudj-Reis, et sous celui de Khaïr-ed-din-Pacha, nous avons vu de nombreuses armées de chrétiens conjurer sa ruine ; eh bien, la main protectrice de Dieu, qui a su rendre leurs efforts inutiles, et qui les a forcés à retourner dans leur pays, couverts de honte et d’ignominie, cette main toute puissante viendra encore à notre secours. Non, l’Être suprême que nous adorons, ne permettra pas que les ennemis de sa loi humilient le peuple qu’il aime. Songez, ô habitants d’Alger, que vous vous êtes dévoués particulièrement à la guerre sainte, et que, pour mériter le titre de défenseurs de l’islam, il faut savoir mépriser cette vie passagère ; rappelez-vous qu’il faut être disposé à verser son sang pour le triomphe de la parole de Dieu, et que le nombre de vos ennemis ce doit pas vous épouvanter. Vous connaissez d’ailleurs ce passage de notre livre sacré où il est dit : « combien de fois une petite troupe n’a-t-elle pas vaincu une armée plus grande avec l’aide de Dieu ? »
Dieu, voyez-vous, n’abandonne jamais ceux qui sont constants dans le parti de la bonne cause ; que votre position est belle après tout ! Vous avez le choix entre deux avantages également désirables, la victoire ou le martyre. Nous sommes tous condamnés à mourir ; c'est là le terme de notre court pèlerinage. Le sort de celui qui meurt les armes à la main en défendant son pays et sa religion, est, à coup sûr, bien plus digne d’envie que le destin d’un homme qui voit la trame de sa vie détruite par une maladie longue ou aiguë. Le prophète, sur qui soit le salut de paix, nous a annoncé que le paradis est soutenu sur les fourreaux des sabres, et que les épées des martyrs de la foi, suspendues à l’entour du trône de la majesté divine, en feront le plus bel ornement. O mes. Frères ! quel bonheur nous attend !
Dieu nous a fait la grâce d’amener les infidèles sur nos terres, pour que nous ayons le mérite de les combattre. Heureux, mille fois heureux celui qui doit boire la coupe du martyre ! Animons-nous d’un saint zèle, unissons nos efforts ; nous avons su jusqu’à présent défendre notre ville contre toutes les entreprises de nos ennemis : soyons-en sûrs, il ne nous faudra pas vaincre plus de difficultés pour repousser aujourd’hui celui qui nous attaque. Ce sont les mêmes hommes, ce sont ceux que nous sommes accoutumés à vaincre; avec la protection du ciel qui veille sur nous, leurs noirs projets doivent échouer. Pour peu que chacun fasse son devoir, nous pouvons nous flatter de tenir longtemps ces infidèles en échec. Dans l’intervalle, quelque puissant secours nous arrivera de la part de notre glorieux sultan, et ce sera sans doute Khaïr-eddin pacha, qui sera chargé de nous l’amener.[1]

La bataille

Le temps est calme, les navires mouillent entre les embouchures des oueds El Khemiry et El Harrach. Les troupes d'Alger sont sous le commandement du Cheykh Sidi Said Cherif. Les premiers débarquements commencent le 23 octobre. Leur premier soin fut de creuser des fossés autour de leur camp, et d’y dresser des batteries pour en défendre l’approche. Charles-Quint fit transporter l’artillerie sur la colline qu’on nomme Cudiel-el-Saboun la colline du savon; c’est la hauteur où se trouve aujourd’hui le fort l’Empereur, qui tire son nom, comme chacun sait, du choix que fit Charles-Quint de ce lieu pour y faire camper son armée. Les indigènes le nomment Sultan-kal’-aci, château du sultan.

Le lendemain, une manœuvre d'encerclement commence par le sud alors qu'Alger subit un bombardement naval. Un assaut des trois portes Bab Azoun, Porte Neuve, Bab El-Oued assurera la chute.

Mais dans la nuit du 24 au 25 octobre, la pluie tombe en un véritable déluge: au lever du jour les troupes sont trempées, transies et fatiguées par le harcèlement auquel elles ont été soumises de la part des algérois. La garnison, sous les ordres de El-Hadj Mami assurant la défense de la porte de Bab Azoun sort et attaque les chrétiens avec leurs arbalètes. Ceux-ci ne peuvent se servir de leur arquebuses dont les mèches sont mouillés. Ils résistent bien, surtout les chevaliers de Malte. Les algériens sont repoussés et l'artillerie chrétienne entre en action. Mais l’artillerie de siège n’a pas été débarquée, et l’artillerie de campagne n’a aucun effet sur les fortifications. L'anecdote veut que Ponce de Balaguer, porte étendard du bailli Georges Schilling, plante alors sa dague dans la porte en criant nous reviendrons…. Une deuxième sortie des algériens met à mal les troupes qui sont obligés de se retirer. Cet assaut ne tourne pas au désastre grâce à l'intervention des lansquenets allemands.

Le mauvais temps continue, la pluie et le vent dureront 60 heures et des dizaines de navires s'échouent sur la plage : les estimations les plus basses parlent de près de 90 navires. Andrea Doria donne l’ordre d’appareillage et la flotte va mouiller sous l’abri précaire du Cap Matifou abandonnant les troupes terrestres. Charles-Quint donne le signal de la retraite le 26 octobre et les troupes survivantes abandonnent tout leur matériel pour rejoindre Cap Matifou. Cette retraite durera trois jours. La traversée de l'oued El Harrach, gonflée par la pluie, nécessite la construction d'un pont et 75 chevaliers de Malte y laissèrent leur vie. Cet endroit fut appelée le Tombeau des Chevaliers. le dernier obstacle fut la traversée des marécages de l’oued El Hamiz. la retraite coûta la vie à 2 000 hommes et 8 000 hommes furent pris en esclavage par les algériens.

Cette victoire des algériens fut considéré comme un don de Dieu.

Hassan-Aga expédia une galiote pour porter la nouvelle de la victoire à la Sublime Porte. Khaïr-ed-din pacha, l’introduisit dans le sérail du sultan. Le sultan lui donna une magnifique pelisse et un khattichérif qui l’établissait gouverneur à Alger avec le titre de pacha.

Sources

  1. FONDATION DE LA RÉGENCE D’ALGER, HISTOIRE DES BARBEROUSSE Chronique arabe du XVIe siècle sur un manuscrit de la Bibliothèque royale, avec un appendice et des notes EXPÉDITION DE CHARLES-QUINT. J. ANGÉ, ÉDITEUR, RUE GUÉNÉAUD, N° 19 VERSAILLES, MÊME MAISON, LIBRAIRIE DE L’ÉVÊCHÉ, RUE SATORY, 28. ET LA LIBRAIRIE ORIENTALE DE Mme DONDY-DUPRÉ. 1837

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