Saïd Mohamed Djohar

Saïd Mohamed Djohar

Said Mohamed Djohar (né le 22 août 1918 et décédé dans la nuit du 22 au 23 février 2006 à son domicile de Mitsamiouli), est un homme politique comorien. Président des Comores de 1992 au 28 septembre 1995.

Né à Majunga (Madagascar), il est nommé instituteur en 1946 dans la ville de Sima et est élu au Conseil général. Il est dès lors un fidèle de Said Mohamed Cheikh et participera à plusieurs gouvernements que présidera ce dernier notamment comme ministre de la fonction public. Il est réélu en 1952. De juin à octobre 1972, il est président de la Chambre des députés. De 1973 à l'indépendance (1975), il est représentant des Comores à Madagascar et il y reste jusqu'à l'indépendance.. Il ne fait reparler de lui qu'après le retour au pouvoir d'Ahmed Abdallah en 1978 et devient président de la Cour suprême. Il participe aux nombreuses réunions de discussions sur l'avenir institutionnel des Comores, et affirmait que Said Mohamed Cheikh s'est prononcé pour l'indépendance des Comores depuis 1948.

Discret sous le régime de son demi-frère Ali Soilih, il retrouve une certaine importance avec le retour au pouvoir d'Ahmed Abdallah. Il devient ensuite président de la Cour Suprême.

Le 27 novembre 1989, il devient président par intérim après le coup d'État de Bob Denard qui renverse Abdallah. Il est ensuite élu le 11 mars 1990 président dans des élections contestées face à Mohamed Taki Abdulkarim. Il chasse les mercenaires mais est finalement renversé par Denard avec l'appui de la France et exilé de force à La Réunion. Denard a été envoyé la 1ère et la 2ème fois aux Comores - respectivement aux mois de septembre 1975 et mai 1978 - sous la Présidence de Valérie Giscard D'Estaing; puis le 28 septembre 1995, 5 mois après le retour de la droite au pouvoir en France, avec l'arrivée de Jacques Chirac et le retour des "reseaux Foccard" à l'Élysée. Une semaine après le débarquement de Bob Denard aux Comores, suite aux vives protestations de la communauté internationale et de certaines autorités comoriennes notamment M. Said Ali ALLAOUI Ministre de l'intérieur du gouvernement DJOHAR qui était de passage à Paris, la France - chargée d'assurer la défense extérieure des Comores (cf: accords de défense de 1978 entre les Comores et la France)- lance l'opération militaire "Azalée", et fait Denard et ses mercenaires prisonniers. Mais curieusement, le président Djohar est exilé, "pour sa sécurité", à la Réunion. Les marsouins français s'installent plusieurs mois dans l'ex-hôtel Comotel (Actuel "Le Moroni"), ce qui n'est pas au goût de tout le monde. Il faudra l'intervention sur place puis à Paris, début décembre 1995, d'un Français, Christian Azaïs, pour finalement faire libérer M. Djohar en février 1996. Christian Azaïs convainc les autorités de s'adresser directement au Premier ministre français, Alain Juppé, afin que Djohar soit libéré, la détention, même "de luxe" d'un président régulièrement élu constituant un scandale; il remet lui-même la lettre rédigée à cet effet, dès le lendemain, à son destinataire. L'effet est presque immédiat : Djohar peut rentrer à temps pour les nouvelles élections. C. Azaïs remet alors à l'amiral Lacoste, ancien chef des services français de renseignement militaire, un rapport impliquant la conduite de l'ambassadeur de France aux Comores, Ferrand, lequel a envoyé des rapports entachés de partialité et d'erreurs grossières ; celui-ci sera immédiatement transféré à un autre poste.

La méfiance du président français François Mitterrand envers M. Djohar provenait d'un incident qui s'était produit à l'occasion d'une invitation du Colonel Khadafi à divers dirigeants. A leur descente d'avion, ces dirigeants, dont Mohamed Djohar, avaient été forcés de fouler aux pieds un tapis fait des drapeaux des principales nations occidentales, dont celui de la France ; ceci avait été interprété comme un geste malveillant délibéré. Or, lorsque M. Djohar sera exfiltré par les militaires français en septembre 1995, et alors que le Président est en pyjama, la seule chose qu'il voudra emporter avec lui est la croix de commandeur de la Légion d'Honneur que F.Mitterrand lui avait lui-même remise. Ce fait, rapporté par M. Djohar lui-même, montre assez où allait son amitié, et combien les reproches qu'on lui avait fait étaient maladroits et injustifiés.

La présidence de M. Djohar a toujours été contestée, par exemple en 1991 lorsque le président de la Cour suprême le déclare inapte et cherche à le destituer. Djohar a toujours cherché à faire reposer sa politique sur les jeunes exilés par Abdallah. Son régime a été également marqué par les scandales financiers opérés par son gendre Mohamed Mchangama qui, après le coup d'État de 1995 s'est empressé de divorcer avec la fille du Président Djohar et a rejoint le Président Mohamed Taki Abdoulkarim. Said Mohamed Djohar est toujours surnommé "Papa Djo", le père de la démocratie comorienne, celui qui a organisé avant le Bénin les fameuses Conférences Nationales et celui qui a permis au peuple de participer à la vie politique qui jusque-là était réservée qu'aux notables.

Comme il fut écrit dans un journal comorien au lendemain de sa mort, "Papa Djo" était un homme honnête, intègre, courageux, qui, a toujours combattu la cause des plus démunis. Il a été écrit aussi qu'il était aussi manipulé à son insu par son gendre Mchangama, lequel affichait une fortune insolente et d'acquisition récente et inexpliquée.


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