Sauvaire Intermet

Sauvaire Intermet

Sauvaire Intermet, né vers 1573 à Tarascon, mort en 1657, à Avignon, est un musicien et compositeur français du XVIIe siècle.

Sommaire

Biographie

Sauvaire Intermet est nommé dès 1590 maître de musique de la cathédrale Saint-Trophime d'Arles, jusque vers 1595. Un acte de 1599 le cite « maistre de chapelle de la Reyne de France », probablement de Louise de Lorraine-Vaudemont (1553-1601), veuve d’Henri III et retirée à Chenonceaux. En 1599, il est reçu chanoine du chapitre de Saint-Agricol d’Avignon et y prend la charge de maître de chapelle. Sa carrière dans cette église a duré plusieurs dizaines d'années, avec quelques interruptions à Saint-Just de Narbonne en 1613-1614 et vers 1616, puis à Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence au début de 1629. Parallèlement à ces engagements, Intermet se met à la disposition de la Ville à l'occasion d'entrées royales ou d'autres événements majeurs.

Le gros de la carrière d’Intermet s'est passé à Avignon, ville qui est pour un musicien un poste de choix, située dans les possessions pontificales et par là même sujette aux influences italiennes. Les Jésuites y sont très présents, avec un noviciat et un collège important qui s'est beaucoup renforcé lors de l’interdiction de l’ordre en France entre fin 1594 et 1603. Avignon constitue en fait une position avancée de l'influence pontificale en France et un bastion jésuite entouré de terres à dominante protestante. Intermet fut ici maître de chapelle, et musicien officiel de la cité et comté d'Avignon, chargé de l'animation musicale des cérémonies et des entrées royales, et probablement aussi maître de la musique au Collège des Jésuites. Ce triple statut lui a procuré une prééminence sensible sur les autres musiciens avignonnais, sinon provençaux, puisqu'il s'est fixé là pour une période d'environ cinquante ans, particulièrement longue pour un maître de chapelle.

Des relevés d’archives le montrent qui adjoint une bande de violons à ses chanteurs pour renforcer la musique lors des fêtes solennelles ou des processions majeures. Plusieurs relations le citent dirigeant la musique lors de grandes célébrations, comme en novembre 1600 lors de l'entrée de Marie de Médicis pour laquelle il rassemble les chanteurs de toutes les chapelles d’Avignon, ou fin juillet 1622 lors des fêtes de la canonisation d'Ignace de Loyola et de François Xavier. Il intervient aussi en novembre 1622 lors de l'entrée de Louis XIII à Avignon (le roi fit faire une copie de la musique d’Intermet tant il en fut ravi).

Intermet fut aussi actif pour les confréries d'artisans ou de pénitents, souvent localisées dans la chapelle du Collège des Jésuites. Il fut sollicité pour diriger leurs services en musique ou leur composer des cantiques, comme le prouve un document de 1647 concernant la congrégation des artisans taffetassiers. A Avignon, il dut être en contact avec quelques personnages maintenant plus célèbres que lui : le Jésuite Athanasius Kircher (1602-1680), le musicien maîtrisien Annibal Gantez (c. 1600 – 1668), ou Nicolas Saboly (1614-1675), célèbre compositeur de noëls.

Intermet meurt le 16 octobre 1657, âgé de 84 ans. François Béraud, organiste à Saint-Agricol depuis 1654, lui succède à la charge de maître de musique.

Œuvres

Son œuvre est majoritairement perdue ou fragmentaire et reste donc difficile à apprécier.

Chansons

  • 4 chansons en français, 4 v. in Ms. Bayle, c. 1597 (perdu, cité par Gastoué 1904).

Noëls et cantiques

  • Là ça qui veut voir un dieu enfant 4v ? Chicago NL : Case MS 5136
  • Quand l'œil de Jesus je voy 4-8v Chicago NL : Case MS 5136
  • Noëls 2v, anonymes et en partie par Intermet, Avignon Ms. 1250 et Ms. 1181, copiés vers 1653-1664.
  • Cantiques spirituels à l'usage de la Congrégation des jeunes artisans érigée à Avignon (Lyon : Antoine Molin, 1653 (musique impr. par Robert III Ballard), perdus[1].
  • Intermet pourrait avoir contribué à la musique adaptée aux Hymnes et cantiques de Michel Coyssard (Anvers, 1600, et Paris, 1623/1655).

Messes

  • Missa pro defunctis, 1613, perdue.
  • Missa pour les Minimes, perdue, citée par Robert 1965.
  • Missa 8 v In devotione, perdue.
  • Missa 6 v, perdue, toutes deux citées par Dufourcq 1958.

Motets

La plupart de ses motets connus sont conservés dans 5 parties séparées, vestiges d’un ensemble de 12, récemment découverts dans la collection H. M. Brown à Chicago[2], auxquels on peut adjoindre une partie isolée provenant d’un autre recueil de même origine[3]. Ces motets sont écrits sur des psaumes, des hymnes, prières, répons, versets ou antiennes divers.

Parmi ces derniers, la plupart concernent la liturgie des vendredi et samedi saints. Pour le reste, il est largement fait appel au procédé de la centonisation, avec des versets extraits notamment de Jean 6, Isaïe, et de l'Ecclésiaste. Ce recueil contient sept motets à la louange de grandes figures jésuites : Ignace de Loyola, François Xavier et François Borgia.

Les dates trouvées dans ce recueil mentionnent les années 1622, 1623 et 1624 ; il est dès lors évident qu'une partie de ces motets ait pu être composée pour les fêtes de la canonisation conjointe des saints Ignace de Loyola et François Xavier, en 1622, comme avec celles de la béatification de François Borgia en novembre 1624 (et on sait par les témoignages ci-dessus qu'Intermet avait pris une part active à leur célébration).

La musique est d'un style contrapuntique, assez monnayé, avec parfois des sections très homophoniques, en style de faux-bourdon ou de "contrepoint simple".

Ce recueil contient aussi des preuves de la pratique polychorale déjà relatée dans les témoignages de 1600 et 1622 : écriture à deux ou trois chœurs, apparition précoce des petits chœurs de solistes en opposition au grand chœur, parfois une structure refrain-couplet qui se prête naturellement à la spatialisation. Il fournit un témoignage unique de la musique qui pouvait être interprétée dans les célébrations jésuites à Avignon au début du XVIIe siècle.

  • Accepit Jesus calicem 6 v, perdu[4]
  • Adeste filii confortamini 5v Chicago NL : Case MS 5136
  • Attendite popule meus 8v, 1622, Chicago NL : Case MS 5136
  • Ave virgo gloriosa Chicago NL : MS 5123
  • Cantate Domino filii Dei 8v, 1623, Chicago NL : Case MS 5136
  • Crux fidelis inter omnes 6v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Dilectus Deo et hominibus 8v, 1623, Chicago NL : Case MS 5136
  • Dixit Dominus Domino meo, 4v, 1623, Chicago NL : Case MS 5136
  • Ecce tu pulchram anima mea Chicago NL : MS 5123
  • Exultate et resonum 4v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Exultate et resonum 8v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Exultate et resonum 12v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Filia Jerusalem 4v, Chicago NL : Case MS 5136 + MS 5123
  • Filiae Hierusalem, perdu[5]
  • Heu moritur Christus 8v, 1624, Chicago NL : Case MS 5136
  • Hic est panis angelicus 4v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Hic est panis angelicus 8v, Aosta, Bibl. Capitolare : Mus. Cartella 7, f. 72 (T1 seul)[6]
  • Ignatius quasi oliva pullulans 8v, Chicago NL : Case MS 5136
  • In monte oliveti, 4v, Avignon Ms. 1250
  • In suprema nocte, 4 v, in Avignon Ms. 1250
  • Laudate dominum omnes gentes 6v, perdu[7]
  • Laudate pueri Dominum, 8v voci pari, 1624, Chicago NL : Case MS 5136
  • Magnum haereditatis 5v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Memoria Borgiae in compositione 8v, Chicago NL : Case MS 5136
  • O crux laudabilis 8v ? Chicago NL : Case MS 5136
  • O panis candidissime 6v, Chicago NL : Case MS 5136
  • O sacrum convivium 6v, perdu[8]
  • O vos omnes 6v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Obstupescite et admiramini 8v, 1623, Chicago NL : Case MS 5136
  • Omnes sitientes venite 8v, 1624, Chicago NL : Case MS 5136
  • Panis angelicus, fit panis hominum, 4v. Chicago NL : Case MS 5136
  • Popule meus 6v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Replete nos gaudio salutari 5-5v ? Chicago NL : MS 5123
  • Rex angelorum paravit, 4v, Avignon Ms. 1250
  • Sacra christi caro 8v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Soror nostra es crescas 8v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Stabat mater dolorosa 6v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Vade ad gentem convulsam 8v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Veni creator spiritus, 8v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Vide Domine afflictionem meam 4v, Chicago NL : Case MS 5136
  • Videntes te Christe 4v, Chicago NL : Case MS 5136

Réception

La renommée d'Intermet fut grande, et d'autant plus significative qu'après 1600 il semble n'être jamais sorti de sa Provence natale et que ses œuvres ne furent presque jamais imprimées. Annibal Gantez le cite en 1643 à l'égal d'Eustache Du Caurroy ou de Claude Le Jeune ; le jésuite Antoine Parran le cite également dans son Traité de musique de 1639.

Notes

  1. Guillo 2003 n° 1653-G
  2. Newberry Library : Case MS 5136. Détail des volumes dans Guillo 2006.
  3. Newberry Library : Case MS 5123
  4. Cité par Dufourcq 1958.
  5. Cité par Dufourcq 1958.
  6. Cité d'après Chatrian 1985 p. 98.
  7. Cité par Dufourcq 1958.
  8. Cité par Dufourcq 1958.

Bibliographie

  • Giorgio Chatrian. Il fondo musicale della biblioteca capitolare di Aosta. Torino : Centro Studi Piemontesi, 1985.
  • Norbert Dufourcq. Un inventaire de la musique religieuse de la Collégiale Notre-Dame d'Annecy, 1661. In Revue de Musicologie 41 (1958), p. 38-59.
  • Henri-André Durand. Les instruments dans la musique sacrée au chapitre collégial Saint-Agricol d'Avignon. In Revue de Musicologie 52/1 (1966) p. 73-87.
  • Amédée Gastoué. La musique à Avignon et dans le Comtat du XIVe au XVIIIe siècle. In Rivista musicale italiana 11 (1904) p. 265-291, 554-578, 768-777. Reprint dans La vie musicale dans les provinces françaises, IV (1980) p. 179-237.
  • Laurent Guillo. Un recueil de motets de Sauvaire Intermet (Avignon, c. 1620-1625) : Chicago, Newberry Library, Case MS 5136. In XVIIe siècle, 232 (juillet 2006) p. 453-475.
  • Laurent Guillo. Pierre I Ballard et Robert III Ballard, imprimeurs du roy pour la musique (1599-1673). – Sprimont et Versailles : 2003. 2 vol. Supplément en ligne sur le site du CMBV (Cahiers Philidor 33).
  • Denise Launay. Les motets à double chœur en France dans la première moitié du XVIIe siècle. In Revue de musicologie, 40 (1957) p. 173-195.
  • Margaret McGowan. Les Jésuites à Avignon : les fêtes au service de la propagande politique et religieuse. In Les Fêtes de la Renaissance III : actes du Quinzième colloque international d'études humanistes (Tours, 10-22 juillet 1972). (Paris : 1975), p. 153-171.
  • Jean Robert. Maîtres de chapelle à Avignon, 1610-1675. In Revue de musicologie 51/2 (1965), p. 149-169.

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