Saut du Tarn

Saut du Tarn
Saut de Sabo
Saut de Sabo

À Saint-Juéry (Tarn), à 6 km à lest dAlbi, la rivière Tarn quitte les durs micaschistes du Massif Central pour rejoindre les terrains argileux tertiaires du Bassin Aquitain. À cet endroit, lérosion a donné naissance à une chute naturelle de près de 20 m, qui fournit une force hydraulique considérable. Dès le XIIe siècle, une chaussée est construite au Saut de Sabo, répartissant leau sur les 2 rives, et alimentant les nombreux moulins (à blé, à huile), foulons (à papier, à feutre), et martinets (à cuivre), qui sy sont installés.

Sommaire

Les premières tentatives

Vers 1787, le marquis François-Gabriel de Solages découvre une mine de fer près dAlban (à environ 20 km de Saint-Juéry). Très rapidement, il installe au Saut de Sabo un fourneau catalan, qui pouvait fournir 150 kg de fer en 5 ou 6 heures. Mais la première réelle tentative dimplantation industrielle revient aux révolutionnaires : en 1793, lingénieur Dodun établit un rapport signalant les possibilités offertes par le Saut de Sabo pour la création dune usine métallurgique : la force hydraulique sur place, le minerai à 20 km, et le charbon de bois (forêt de Sérénac) et de terre (Carmaux) à proximité. Des travaux daménagement sont engagés, fin 1794, le successeur de Dodun à la conduite des travaux fait un rapport très défavorable, insistant sur le coût des travaux supplémentaires pour lalimentation en coke. Le 11 décembre 1794, le Comité de salut public fait cesser les travaux.

Cest le marquis de Solages qui rachète au gouvernement les ouvrages réalisés, et, en mai 1795, le Comité de salut public lautorise à construire 2 hauts-fourneaux et les usines nécessaires à leur roulement. Un autre décret lui accorde la concession des mines de fer dAlban pour 50 ans.

Solages sassocie à Jean-Baptiste Garrigou, négociant de Bordeaux, pour exploiter les établissements de Saint-Juéry. Deux sociétés sont fondées, mais elles échouent, faute de capitaux. En fait, le grand complexe industriel voulu par le vicomte ne verra jamais le jour. Les travaux sont arrêtés en 1804, et les premières constructions, connues sous le nom de « Pont de la Canal », sont délabrées dès 1806.

Garrigou et Massenet

Marie-Joseph Garrigou, frère de Jean-Baptiste, et Alexis Massenet (le père du compositeur Jules Massenet) exploitent, en 1820, les forges du Bazacle à Toulouse, lon fabrique de lacier, des faux et des limes. Cherchant un emplacement avantageux pour installer une seconde usine capable de produire de lacier et délaborer des ébauches, pendant que le Bazacle ne soccuperait plus que des finitions et de la vente, ils projettent, dès 1823, détablir des usines métallurgiques à Saint-Juéry. Leurs arguments sont les mêmes que ceux de Dodun : force hydraulique et proximité des matières premières. Ils demandent donc à la commune de leur louer les terrains situés au Saut de Sabo. Le conseil municipal accepte le 23 juin 1824, et cela sera confirmé par une ordonnance royale du 8 décembre 1824 : « la commune de Saint-Juéry est autorisée à vendre au Sieur A. Massenet, agissant au nom des Sieurs Garrigou, Massenet et Compagnie, différentes portions de terrains contenant ensemble 56 ares et 49 centiares ». En même temps, ces industriels achètent le moulin du Sieur Cavalier et les droits deau qui vont avec, et qui garantissent lusage des eaux pour assurer la force motrice des premières installations. En peu de temps, Garrigou et Massenet acquièrent la quasi-totalité des terrains et droits deau de la rive gauche du Tarn.

Il faut cependant des capitaux pour commencer les travaux, même si lordonnance royale qui autorise la création de lusine narrivera quen 1828. Le 28 août 1824, lactionnariat de « Garrigou, Massenet et Compagnie », société de commandite, se constitue pour une somme de 2 100 000 francs, grâce à lappui du maréchal Soult, enfant du pays, qui achète 3 actions de 300 000 francs chacune.

Lentreprise a bien démarré, dans les premiers bâtiments, les premiers moyens de production sont installés : un double four à cémenter et 22 martinets hydrauliques. Cela permet à lusine de se spécialiser, dans un premier temps, dans lélaboration de lacier (cémenté, étiré, corroyé), et la fabrication des ébauches de faux, qui sont ensuite terminées au Bazacle.

Garrigou et Massenet vont rester à la tête de lusine jusquen 1832.

Les Talabots

Léon TALABOT
Léon TALABOT

En 1831, Joseph Léon Talabot, industriel réputé, est nommé par Soult troisième gérant de lentreprise. De graves différents lopposent à Garrigou et Massenet, qui démissionnent lun après lautre. En mai 1832, Léon Talabot se retrouve seul gérant de lusine, et sa société « Léon Talabot et Compagnie » devient propriétaire des établissements du Saut du Tarn. Il achète de nouveaux terrains et droits deau. Il développe les moyens de production en installant de nouveaux fours et deux trains de laminoirs, qui permettent dentreprendre la fabrication des ressorts de voitures. Mais, en ne donnant pas suite aux tentatives dinstallation dun four Martin, il rate loccasion dun développement inespéré.

Malgré tous ses efforts, quand il meurt en 1864, lusine nemploie que 220 personnes et connaît une période de stagnation depuis environ 10 ans, alors que, paradoxalement, la métallurgie de la Loire, avec notamment les Aciéries de Firminy, connaît un essor prodigieux.

Léon Talabot est remplacé jusquen 1867 par son frère Jules, qui entreprend de recentrer sur Saint-Juéry les quelques activités qui existent encore au Bazacle. Puis, Charles Vissac prend la direction de lusine.

Projets de développement technologiques

En janvier 1870, une nouvelle société, la Société des Aciéries du Saut du Tarn est créée. Pour la première fois, les Aciéries de Firminy sont représentées au sein du Conseil dAdministration. Cest une période difficile qui souvre, après la guerre franco-allemande, caractérisée par une augmentation du prix des matières premières. La nouvelle société réalise cependant dimportants investissements, tel lachat du foulon. Sur ce nouveau terrain est construit un atelier moderne et bien équipé, lon installe la fabrication des ressorts, branche en voie de développement.

À cette époque, le Saut du Tarn emploie 350 ouvriers, et fabrique (par an:

  • 200 000 faux et faucilles
  • 100 000 limes
  • 100 tonnes de ressorts de voitures
  • mais seulement 70 tonnes dacier.

Le directeur, Charles Vissac, décide alors de sapprovisionner en acier aux Aciéries de Firminy. Parallèlement, la Société sefforce de diversifier ses productions. Peu à peu, la fabrication des faux et des ressorts, qui constituait jusqualors lessentiel des revenus de lusine, est supplantée par la fabrication doutils aratoires (pelles et pioches, surtout destinées aux colonies africaines), et surtout, des limes. Tout ceci nécessite bien sûr de nouveaux travaux (installation dune nouvelle turbine et dun moteur plus puissant, creusement dun nouveau canal damenée deau), lacquisition doutils spéciaux, et linstallation de nouvelles machines : un laminoir pour les pioches, et un deuxième pilon. Peu après, on crée un atelier entièrement nouveau pour la fabrication des pièces forgées.

Malgré cela, le Saut du Tarn soufre de la concurrence des productions allemandes et anglaises, et finit par renoncer, momentanément, à la fabrication des pioches.

Charles Vissac meurt en 1876, et est remplacé par un jeune ingénieur de Firminy, Adolphe Espinasse, à la tête de lusine qui emploie désormais 460 ouvriers.

Adolphe ESPINASSE
Adolphe ESPINASSE

Adolphe Espinasse veut avant tout développer la production dacier sur le site. Il commence par remplacer loutillage vieilli et modifie les méthodes de fabrication : il équipe la fonderie de fours à creusets Siemens, qui donnent des aciers de très bonne qualité à un prix de revient intéressant. Le pilon précédemment acquis permet de reprendre le puddlage du fer et de lacier.

Le Saut du Tarn redevient compétitif pour les faux et les limes, dont la fabrication sintensifie. La presque totalité des aciers est maintenant fabriquée sur place, et les transactions avec Firminy deviennent insignifiantes. Les produits fabriqués au Saut du Tarn sont dailleurs remarqués lors de lExposition Internationale de 1878, et obtiennent la médaille dor pour la perfection de leur fabrication. Parallèlement, Adolphe Espinasse obtient la médaille de bronze pour sa politique de modernisation.

Cependant, en 1881, la consommation de fonte est denviron 1 200 tonnes, quil faut toujours faire venir dAriège ou du Périgord. Or, à cette période, lusine dégage des bénéfices importants, et fait lachat de la concession des mines de fer et de manganèse dAlban. Dautre part, on commence à parler de la construction du chemin de fer dAlbi, qui doit suivre la rive gauche du Tarn et passer à Saint-Juéry, et qui faciliterait tant lapprovisionnement en matières premières que le transport des produits finis, puisquil est question de créer un embranchement particulier jusquà lusine.

Profitant de cette excellente conjoncture, le directeur de lusine propose un ambitieux programme de développement, divisé en 4 séries de travaux, et prévoyant, entre autres :

  • la construction de 2 hauts fourneaux, de 15 à 20 tonnes / jour
  • lagrandissement de latelier de puddlage, et lajout de 5 fours à puddler
  • linstallation de 2 fours Martin-Siemens
  • des ateliers pour la fabrication dessieux et de bandages pour les chemins de fer (bâtiments et matériel)
  • la construction dune halle de laminoirs avec un train gros Mill complet et un train petit Mill double.

Pour réaliser ces travaux, il faut doubler le capital de lusine. En 1881, la « Société des Aciéries du Saut du Tarn » devient la « Société Anonyme des Hauts-Fourneaux, Forges et Aciéries du Saut du Tarn », au capital de 1 200 000 francs, divisé en 2400 actions de 500 francs.

Haut Fourneau
Haut Fourneau

Le 1er septembre 1882, le premier haut-fourneau est mis en activité (le deuxième ne sera jamais construit). Cette année- voit la production des limes dépasser les 250 000 pièces. On fabrique plus de 720 tonnes dacier et 1 100 tonnes de fonte depuis linstallation du haut-fourneau. Pour la première fois, le chiffre daffaires dépasse le million de francs.

Malheureusement, les années qui suivent ne sont pas roses pour le Saut du Tarn. Si la sidérurgie a connu un important essor à partir de 1860, aux besoins nés de lexploitation des chemins de fer, elle connaît un brutal déclin dès 1883. Les prix de vente des produits connaissent une baisse considérable. Si les productions dacier, de fer fin et de fonte augmentent au Saut du Tarn, il est de plus en plus difficile de les écouler. En outre, une grève des mineurs de Carmaux oblige le Saut du Tarn à chercher plus loin son approvisionnement en charbon.

En 1885, linstabilité politique que connaît la France, aggravée par le début de la crise sociale, ralentit la politique de grands travaux, et ne permet pas à la sidérurgie française de lutter contre la concurrence étrangère. Au Saut du Tarn, le stock de fonte augmente. Malgré la découverte de 2 nouveaux gisements de fer à Alban, avec un minerai dune pureté remarquable, le haut fourneau est mis hors feu le 3 mai.

Parallèlement, la ligne Albi-Vigan nest toujours pas construite. Les seuls investissements réalisés sont pour le secteur des limes, le seul qui continue à progresser.

À partir de 1889, la situation économique saméliore enfin. Le haut fourneau est remis en service le 6 mai ; le télégraphe arrive à Saint-Juéry, ce qui permet au Saut du Tarn de communiquer directement et plus facilement avec sa clientèle. Mais, si les affaires saméliorent, des difficultés dordre interne apparaissent. Le 20 avril 1892, les ouvriers de lusine se sont réunis pour former un syndicat, avec laide des mineurs déjà syndiqués de Carmaux. Cest lépoque des premières grèves ouvrières : grève des puddleurs en 1892, suivie dune grève aux laminoirs et aux limes en 1893 et 94.

Groupe d'ouvriers
Groupe d'ouvriers

En 1895, après le retour au calme, les investissements et les progrès reprennent. Lusine, qui emploie maintenant 800 ouvriers, décide de faciliter son accès à son personnel : elle participe au rachat du pont à péage dArthès (à hauteur de 10 000 francs), ainsi quà la construction dune ligne de tram AlbiSt Juéry (pour 30 000 francs). La construction du chemin de fer avance, mais la ligne ne sera ouverte quen 1900. On installe le téléphone en 1897. Les efforts de mécanisation sintensifient, et cest dans latelier des limes quils sont les plus importants.

À la fin du XIXe siècle, lusine du Saut du Tarn a enfin atteint son objectif : elle est devenue productrice de matières premières, dégage suffisamment de bénéfices pour investir, et occupe lune des premières place dans un secteur, la fabrication des limes.

L'essor

Le début du XXe siècle est marqué par larrivée de lélectricité.

Centrale no 1
Centrale no 1

En 1898, une première centrale hydroélectrique a été mise en service au Saut du Tarn, suivie dune deuxième en 1906. Dès 1902, le Saut du Tarn dispose donc dune nouvelle force motrice pour ses ateliers modernes. À cette même date, lusine sagrandit par lacquisition des Fonderies Gilet, comprenant entre autres, lusine des Avalats et ses droits deau (600 CV), et un établissement de fonderie ainsi quun atelier de construction à Albi.

Eugène ESPINASSE
Eugène ESPINASSE

En 1903, Eugène Espinasse prend la succession de son père. Mais, le poste de Directeur Général ayant été supprimé, il nest que directeur technique, et on lui adjoint un directeur administratif et commercial : Victor Gallas.

Les travaux de modernisation se poursuivent : aux limes, on continue à mécaniser, et on construit un nouvel atelier complet. Le nombre croissant de machines permettra datteindre une production de 2,8 millions de pièces en 1910. Un four Martin est mis en marche, et un Service Général dessais, ainsi quun laboratoire chimique et mécanique, sont aménagés, dans le but daméliorer la qualité des aciers. On installe un nouveau pilon, et une presse à forger Bilss.

En 1906, un four électrique Héroult, alimenté par la centrale II, est mis en marche. Il va permettre de fabriquer des aciers de très bonne qualité. Le Saut du Tarn est lune des premières usines en France à utiliser ce type de fours, et fournit, en 1914, 12,2 % de lacier électrique du pays. Du coup, laciérie sagrandit, et des laminoirs modernes sont installés dans de nouvelles halles. Dautre part, la fonderie dAlbi connaît un fort développement grâce à ladaptation de moteurs électriques. Eugène Espinasse y met en place la fabrication dun nouveau type de faucheuses (un modèle américain « amélioré ») qui donne toute satisfaction.

À partir de 1910, lusine acquiert de nombreuses machines-outils modernes, qui apportent des résultats très positifs. Pour répondre à cette modernisation, il devient urgent de trouver une quantité dénergie suffisante ; lusine des Avalats nétant pas rentable, elle va être transformée, en 1912, en une nouvelle station hydroélectrique. En 1922, la centrale dAmbialet viendra ajouter sa production. À cette date, lensemble produit une force électrique de 10 000 CV.

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Toutes ces modernisations, ainsi que la diversification des produits, entraînent une augmentation du personnel : en 1911, le Saut du Tarn emploie 1300 personnes. Parallèlement, la population de Saint-Juéry a doublé en 20 ans.

Pendant la Première Guerre mondiale, les productions traditionnelles vont se trouver ralenties, et le Saut du Tarn, participant à leffort de guerre, doit sadapter à la fabrication dobus en acier et en fonte. Cette période va permettre un développement encore plus important de laciérie. En effet, 2 nouveaux fours Martin sont installés pour répondre aux commandes du Ministère de la Guerre : en 1916, la production dobus atteint 24 000 pièces par mois. Lusine dAlbi séquipe pour le tournage et le finissage des obus. En 1917, 3455 ouvriers travaillent au Saut du Tarn. Lacier étant presque en totalité utilisé pour les productions de guerre, et la pénurie douvriers spécialisés se faisant sentir, il devient impossible de répondre aux commandes civiles. Le 26 mai, le Saut du Tarn acquiert lusine à limes Aubert, à Cosne (Nièvre), qui doit apporter une augmentation intéressante de la production de limes. Parallèlement, pour accroître la production délectricité, le Saut du Tarn achète la centrale hydroélectrique dArthès, appartenant à la Société Pyrénéenne dÉnergie.

À la fin de la guerre, lusine est réorganisée pour la « production de paix ». Le développement du programme hydroélectrique devient prioritaire, pour asseoir lindépendance énergétique du site face au prix élevé du charbon.

Four électrique
Four électrique

La crise industrielle de laprès-guerre touche quand même lusine, dont leffectif baisse de 30%. Cependant, la diversité des productions et la fidélité de la clientèle atténuent les effets de cette crise. La fonderie dAlbi reprend la fabrication des instruments agricoles ; Quelques investissements sont réalisés : installation dune nouvelle turbine de 800 CV, agrandissement de latelier des limes, construction dun bâtiment pour la mécanique générale. Un deuxième four électrique est installé en 1919, puis un troisième en 1927. Celui-ci, dune capacité plus importante que les autres, provoque larrêt définitif du haut fourneau.

Mais la marche de lentreprise reste chaotique, et, en 1926, à la suite dune importante baisse des commandes, 20% de leffectif total est licencié. La crise de 1929 va avoir des répercussions sur le Saut du Tarn dès les premiers mois de 1930. La crue dévastatrice de cette même année ralentit encore les travaux. Malgré un élargissement des productions (mèches en 1925, treuil à air comprimé en 1930), les stocks augmentent, les prix baissent, et certains ateliers connaissent un chômage partiel. Les salaires diminuent, et en 1934, les effectifs passent sous la barre des 1500.

Le lent déclin

À partir de 1936, lentreprise subit le contrecoup des Accords de Matignon : adaptation des ateliers et des productions à la semaine de 40 heures, augmentation des salaires, hausse des taxes et impôts divers nécessaires à la mise en application des lois sociales. De 1933 à 1940, le problème du chômage va rester au premier plan. La municipalité de Saint-Juéry tente de prendre en charge ces chômeurs, en alimentant le fonds de chômage et en développant un programme de travaux pour utiliser cette main dœuvre. Elle en profitera dailleurs pour rénover les routes et les chemins de la commune et pour entreprendre des travaux dassainissement.

Après la Seconde Guerre mondiale, le Saut du Tarn soriente vers de nouvelles fabrications : les productions traditionnelles (outils, faux…) font place aux machines à commandes numériques et aux machines-outils (fraiseuse, aléseuses, perceuses…). En 1947, la société prend le nom de « Société Anonyme des Forges et Aciéries du Saut du Tarn ».

Vanne
Vanne

À partir de 1959, une nouvelle production, les vannes à boisseaux sphériques, intensifie les activités, et devient rapidement une spécialité de lusine.

Laminoirs
Laminoirs

En 1960, un laminoir suédois est installé, pour la fabrication des aciers à limes. Mais ces investissements importants sont suivis dessais plus longs et plus onéreux que prévu, qui détériorent la santé financière de létablissement. Dautre part, les années 1960 sont marquées par une importante agitation syndicale et de nombreuses grèves, qui atteignent leur paroxysme après les événements de mai 1968.

Dès avril 1968, lusine dAlbi a été vendue au profit du groupe pétrolier Stela. En juillet, un plan social prévoit la mise à la retraite de 67 personnes et des plus de 60 ans, ainsi que la suppression de lécole dapprentissage.

En décembre 1968, la Société des Forges et Aciéries du Saut du Tarn est déclarée en état de règlement judiciaire. 1500 personnes sont licenciées. Dans le but de maintenir lemploi, et avec le soutien de lÉtat, la « Société Nouvelle du Saut du Tarn » est créée à la fin de lannée. Elle va réembaucher 1380 personnes. Le premier objectif est de restaurer une certaine confiance chez la clientèle et les fournisseurs. De 1968 à 1971, on assiste à une phase de redressement. Lespoir renaît. La société nouvelle renforce sa situation dans les activités sidérurgiques et loutillage, et aborde de nouvelles activités, tels les sécateurs et les perforatrices. Mais le domaine qui connaît le plus fort développement est celui des vannes. À partir de 1971, lessor de cette fabrication permet à lentreprise de démarrer une période de prospérité, qui va durer jusquen 1976. Afin daugmenter sa production de vannes pour les marchés en pleine expansion du gaz et du pétrole, le Saut du Tarn fait construire en 1970-71 un nouveau bâtiment, équipé de machines modernes. Lentreprise réalise dénormes commandes pour lURSS, et parallèlement, développe un secteur des vannes pour les sous-marins nucléaires. Cet essor entraîne une progression de leffectif, qui repasse à 2000 en 1976. Les chiffres daffaires de la période sont monumentaux.

Manifestations de 1968
Manifestations de 1968

Malheureusement, à partir de 1976, les marchés vitaux dans le secteur des vannes ne sont pas reconduits. Dès lors, le Saut du Tarn retourne dans une phase de récession qui conduit à une nouvelle vague de licenciements. Fin 1977, leffectif nest plus que de 1200 personnes. La restructuration européenne de la sidérurgie, et la fermeture dun gros marché algérien narrangent pas les choses. Le chômage partiel augmente, et, malgré une nouvelle série de plans sociaux, la société reste déficitaire. Elle est mise à nouveau en règlement judiciaire le 30 novembre 1981.

Après quelques derniers soubresauts et de nombreuses manifestations, la fin du Saut du Tarn est annoncée en mars 1983, et sa liquidation est terminée dès avril 1984.

Situation en 2010

Après la fermeture du Saut du Tarn, 5 nouvelles entreprises ont vu le jour sur le site, dans les anciens ateliers, reprenant certaines activités, et assurant la continuité avec la tradition métallurgique de Saint-Juéry.

La fabrication des limes et râpes a été reprise par la société MOB, sous lappellation « Limes et râpes du Saut du Tarn », mais a malheureusement fermé ses portes en 2007.

Les outils ont été repris par le groupe Experton-Revollier, sous le nom « Forges du Saut du Tarn ».

En 1983, deux sociétés actionnaires ont racheté les activités daciérie électrique et des laminoirs : les Forges de Claivaux et Bujeon SMC. En 1998, deux personnes privées ont repris les activités de laminage, mais sans laciérie.

Quelques ouvriers du Saut du Tarn ont créé une Société coopérative de production spécialisée dans la maintenance industrielle, la société Amster qui a fermé ses portes en mai 2010 après 27 années d'activité.

Enfin, le secteur des vannes a été repris en 1983 par un investisseur texan, sous le nom « SDT Valves » ; il est repris en 1990 par la Phocéenne de métallurgie, sous lappellation « SDT Vannes », et est racheté en 2000 par le groupe américain Tyco (« Flow Control Technology »)

Quatre de ces entreprises fonctionnent encore en 2009, et emploient environ 350 personnes. En outre, EDF a repris lexploitation des 5 centrales jusquen 1990, date à laquelle une nouvelle centrale est construite sur la rive droite du Saut de Sabo. Seules les centrales des Avalats et dAmbialet ont été modernisées et remises en service. Dautre part, des PME et des artisans occupent quelques bâtiments rachetés au Syndicat Mixte de reconversion du Saut du Tarn.

Musée du Saut du Tarn
Musée du Saut du Tarn

Enfin, en 1995, le musée du Saut du Tarn a ouvert ses portes, sur linitiative danciens employés regroupés en association depuis 1989. Installé dans lancienne centrale hydroélectrique no 1, il retrace les 160 ans de lhistoire du Saut du Tarn, et accueille environ 10 000 visiteurs par an.

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Notes et références


Bibliographie

  • Jean Lenoble, Les frères Talabot. Une grande famille d'entrepreneurs au 19e siècle, Limoges, Impr. A. Bontemps, mai 1989, 316 p. (ISBN 2-905262-36-2) 
  • Jean de Dieu SOULT - Maréchal de France (1769-1851), Saint Alban, Editions G.R.B., coll. « "Du Pays d'Oc" », 1986, 161 p. 
  • Jérôme Bonhôte, Le Site métallurgique du Saut du Tarn à Saint-Juéry, Tarn, Association pour la promotion du Patrimoine en Midi-Pyrénées Bibliothèque Musée, coll. « Itinéraire du Patrimoine N° 107 », 16 p. (ISBN 2-905564-39-3) 
  • Auteurs collectifs, Le Tarn, mémoire de l'eau, mémoires des hommes, Editions Belles Pages, [n.d], 134 p. (ISBN 2-908750-00-7) 

Voir aussi

Liens internes

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