- Révolution verte en Inde
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Au moment de son indépendance en 1947, la situation alimentaire de l’Inde était très mauvaise, et beaucoup d'observateurs prévoyaient une évolution catastrophique du pays. Nehru, le nouveau Premier Ministre de l'Inde, déclarait en 1948 "everything else can wait but not agriculture."
Le pays a cependant déjoué ces sombres pronostics, parvenant à mettre en œuvre une révolution verte qui a vu le développement en quelques années d'une agriculture produisant en quantité grâce à de hauts rendement; répondant au défi de la suffisance alimentaire du pays. Corollaire de ce succès, certains excès sont pointés : de nombreux paysans ont peu profité des progrès, tandis que des dégâts environnementaux sont déplorés[1].
Depuis 1947, la population a plus que triplé, dépassant le milliard d'habitants, faisant de l'Inde le deuxième pays le plus peuplé du monde (après la Chine)[2].
Sommaire
Principaux bénéficiaires
Quatre grandes régions industrielles se sont développées autour de New Delhi, Calcutta, Bombay, Madras. Les trois dernières sont des ports ce qui facilite les exportations.
Limites de la révolution verte
Dans l'histoire, la course entre la population et la production alimentaire a déjà beaucoup inquiété. Déjà, au XIX e siècle, Thomas Malthus s'inquiétait d'une croissance trop importante de la population qui ne permettrait pas de nourrir tout le monde et risquait de provoquer une famine. Le risque de pénurie alimentaire est périodiquement évoqué lors des sommets de la FAO. Cependant, c'est surtout dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale que les interrogations ont été fortes[3]. Malgré la révolution verte, il reste encore beaucoup de populations pauvres ne disposant pas de terre[2].
La révolution verte pose deux grands problèmes :
Problèmes de l'environnement
- Risques de changement climatique, avec des épisodes extrêmes (sécheresses, intempéries plus fréquentes et plus intenses) ;
- Risques de perte de diversité biologique liés à la destruction irréversible de milieux et d'espèces qui pourraient receler des ressources utiles ;
- Risques de pollution grave due aux agricultures périurbaines utilisant intensivement les engrais chimiques et les pesticides.
- Risques de salinisation des sols, dû à l'irrigation, et risquant d'entraîner une baisse des rendements et même la stérilité des sols.
Problèmes économiques
- L’investissement massif de l’Etat dans la révolution verte a été remis en question depuis la libéralisation de l’économie amorcée en 1991.
- La baisse des prix agricoles ainsi que celle des subventions étatiques a ruiné bon nombre de paysans. Près de 300 millions d’Indiens n’ont toujours pas les moyens suffisants afin d’acheter leur nourriture quotidienne[3].
- On a retrouvé dans des magasins étrangers des produits fabriqués en Inde, qui pourtant étaient censés approvisionner les plus démunis.
- L'usage d'OGM par les paysans est fortement médiatisé. Les opposants aux OGM lient fréquemment les suicides liés aux OGM. Certaines études font état de 130,000 suicides depuis 1993, liés à l'introduction des OGM; et au surendettement des paysans ainsi qu'à leur insolvabilité[4]. Une étude[5] de l’IFPRI (International Food Policy Research Institute) de 2008 portant sur l'introduction massive du coton Bt en Inde depuis 2002 trouve un taux de suicide paysan stable, et par ailleurs très faible par rapport au reste de la population[3].
Les réussites de la révolution verte
La révolution verte n'a pas eu que des conséquences négatives. Elle a également produit de bons résultats économiques, permettant l'autosuffisance alimentaire, notamment.
Résultats économiques positifs
Cette révolution a permis:
- l' élargissement du marché du travail indien du fait du besoin en main d' œuvre,
- l'électrification des campagnes,
- le développement des industries chimiques locales afin de répondre à la forte demande en intrants ( pesticides, engrais...)
L'autosuffisance alimentaire
Premier objectif de la révolution verte, l'autosuffisance alimentaire est réalisée dès les années 2000 avec l'arrêt des importations de nourriture et la croissance des stocks régulateurs. Cependant, cette réussite s'accompagne d'un constat amer: bien que le pays ait des stocks pouvant atteindre 25 millions de tonnes de riz; 220 millions d'indiens sont sous-alimentés. En effet, 800 millions d'indiens vivent avec moins de 2 dollars par jour. Dans ce pays de greniers pleins, trop de ventres sont vides, faute d'argent.
"L'après" révolution verte
L'environnement étant fortement pollué, il faut envisager une autre manière de production pour nourrir la population croissante. Une seconde révolution verte se profile et qui se tournerait vers les OGM et l' agriculture biologique pour mettre en œuvre une agriculture durable. Toutefois, les risques liés aux OGM ne sont pas encore clairement identifiés et l'agriculture biologique, qui ne recouvre que moins d'un pourcent des terres cultivées, ne pourra pas répondre totalement aux immenses besoins de la population indienne.
Notes et références
- Gilbert Charles, « Révolution verte à refaire », dans L'Express, 20 décembre 2004 [texte intégral (page consultée le 14 septembre 2009)]
- (fr)La révolution verte en Inde (par A Derrien) sur lodyssee.blogs.com. Consulté le 13 octobre2010.
- (fr)La révolution verte en Inde 40 ans après sur www.couleur-indienne.net. Consulté le 13 octobre2010.
- Palagummi Sainath, « Vagues de suicides et crise de l'agriculture », Manière de voir, n° 94, Réveil de l'Inde, août-septembre 2007
- OGM indiens et suicides : mythe ou réalité ?, Le Post, consulté le 23 août 2010
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- « Pas si rose, la Révolution verte! », courrier de l'ONU
- La Révolution Verte et les millénaires qui l’ont précédée
- Un site qui présente des informations sur le pays, classées par thème
Bibliographie
- Livre de géographie 2nde Belin
- Livre de géographie 2nde Nathan
- Vandana Shiva, La Guerre de l'eau. Conférence en plein air lors du procès en appel des faucheurs Volontaires à Orléans en aout 2006.
- Vandana Shiva, The Violence of Green Revolution: Third World Agriculture, Ecology and Politics. (Relié - 1991)
Catégorie :- Économie indienne
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