Réfugiés palestiniens

Réfugiés palestiniens

Les réfugiés palestiniens sont les Palestiniens qui, parmi la diaspora palestinienne, ont un statut spécial de réfugié reconnu par l'UNRWA. Contrairement au statut de réfugié donné depuis 1945 par l'ONU aux autres populations déplacées au cours de conflits dans le reste du monde, le statut de réfugiés palestiniens englobe non seulement l'ensemble des personnes qui résidaient en Palestine mandataire entre juin 1946 et mai 1948 et qui ont quitté leur région suite à la guerre israélo-arabe de 1948-1949, mais comprend également leurs descendants. Leur nombre s'est ainsi multiplié par 5 en 50 ans. Le problème de ces réfugiés palestiniens se pose depuis plusieurs décennies, cette population n'ayant pas été absorbée dans la population des pays d'accueil et en l'absence de solution définitive au conflit israélo-arabe. Le « retour » de cette population sur des territoires aujourd'hui israéliens est revendiqué par les dirigeants palestiniens, tandis que les Israéliens le refusent dans leur grande majorité, craignant un déséquilibre démographique dans leur pays.

Réfugiés Palestiniens en 1948, durant le mandat britannique

Sommaire

Historique de la question

La Palestine selon l'ONU en 1947 (plan de partage) et les événements de 1948

Après plusieurs décennies de conflit entre nationalisme juif (sionisme) et nationalisme arabe palestinien, les Nations unies décident en 1947 de partager la Palestine mandataire en un État juif (55% de la Palestine) et un État arabe (résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU).

Les Arabes de Palestine refusent ce partage. Dès la fin novembre 1947, les premiers affrontements armés éclatent entre Juifs et Arabes de Palestine.

Le 14 mai 1948, l'État d'Israël proclame son indépendance.

Dès le 15 mai 1948, les armées de cinq États arabes pénètrent sur le territoire de l'ancienne Palestine mandataire, et annoncent leur volonté de détruire le nouvel État d'Israël. La guerre est gagnée par Israël, et se termine par une série d'accords de cessez-le-feu (pour le dernier, en mars 1949).

L'année 1948 est, pour les Israéliens, l'année de la création d'un État national.

Les Arabes palestiniens, quant à eux, y font référence sous le nom de Nakba, la catastrophe, symbolisant la séparation de ce qu'ils considèrent comme leur patrie, et la cause de leur exode.

La guerre a eu des conséquences territoriales et démographiques :

  • Au plan territorial, l'État juif voit sa superficie passer de 55 % (plan de l'ONU) à 77 % de l'ancienne Palestine mandataire. les 23% restant ne donnent pas naissance à un État palestinien. L'Égypte occupe en effet la Bande de Gaza (sans l'annexer), tandis que la Jordanie annexe la Cisjordanie. Les nationalistes palestiniens dénonceront d'ailleurs ce qu'ils estiment être une collusion entre la Jordanie et Israël pour empêcher la naissance de leur État.
  • Au plan démographique, 750 000 à 800 000 Palestiniens prennent la route de l'exil, fuyant l'armée israélienne, ou chassés par elle (voir ci-dessous).

Des camps de réfugiés sont construits en urgence :

  • en Cisjordanie partielle (partie côté rive gauche du Jourdain, territoire parmi ceux destinés à constituer l'État arabe en Palestine prévu par le plan de partage de 1947, et occupé par la Jordanie de 1948 à 1967, puis par Israël depuis la Guerre des Six jours.
  • dans la Bande de Gaza (territoire parmi ceux destinés à constituer l'État arabe en Palestine prévu par le plan de partage de 1947, et occupé par l'Égypte de 1948 à 1967, puis par Israël depuis la Guerre des 6 jours).
  • dans les pays arabes voisins (plan).

Une agence de l'ONU chargée de l'assistance aux réfugiés est créée : l’UNRWA.

Le retour des réfugiés palestiniens est refusé par Israël, tandis que l'asile politique et la citoyenneté ont été accordés au compte-goutte par les pays arabes (sauf la Jordanie).

Ces réfugiés et leurs descendants sont estimés en 2005 à 4 millions, compte non tenu des Palestiniens arabes de la diaspora qui ont acquis une nationalité étrangère.

Les Palestiniens reprochent à Israël d'être inflexible sur la question des réfugiés tandis qu'Israël reproche aux pays arabes d'entretenir l'espoir d'un droit au retour et de refuser une véritable normalisation.

Controverse autour de l'origine du problème

Trois versions de l'histoire s'affrontent aujourd'hui sur ce sujet.

Pour une grande partie des historiens israéliens, jusqu'à l'ouverture des archives d'État en 1988, le départ des Palestiniens est essentiellement dû aux appels de dignitaires locaux, dans une optique de retour victorieux à la fin de la guerre. Certains historiens restent toujours attachés à cette approche.[réf. nécessaire]

Pour les historiens arabes et palestiniens, comme Ibrahim Abou Loughod, il s'agit d'une expulsion pure et simple.[réf. nécessaire]

Enfin, une nouvelle approche a été développée par une nouvelle génération d'historiens se basant sur les documents rendus publics par les gouvernements britanniques et israéliens.

L'approche israélienne « classique »

Pour la première « école », le gouvernement israélien aurait demandé aux Palestiniens de rester chez eux et aurait affirmé qu'ils auraient les droits civiques complets en Israël. Quant à l'appel des chefs arabes aux populations locales, ils insistent sur les témoignages que l'on peut recueillir à ce sujet :

« La somme des preuves essentielles actuellement à notre disposition, indique que l’évacuation de la Palestine est due à l’exhortation des chefs militaires ou politiques des États arabes eux-mêmes. » (Analyse de l’institut des affaires publiques (Washington))

Entretien avec Mahmoud Darwich, poète palestinien, réalisé par Farouk Nardam-Bey et Elias Sanbar (Revue d’Études palestiniennes, No 10, Hiver l984)

« Pour mes parents, notre séjour au Liban était temporaire ; nous y étions en visite ou même en villégiature. On avait à l’époque commandé aux Palestiniens de quitter leur patrie pour ne point gêner le déroulement des opérations militaires arabes qui devaient durer quelques jours et nous permettre de réintégrer rapidement nos maisons. Mes parents découvrirent bien vite que ces promesses n’étaient que rêves… »

Extrait du Bulletin du REMP (Groupe de recherches pour les problèmes des migrations européennes janvier-mars 1957) à La Haye (p. 10-il) :

« Dès les premiers mois de 1948, la Ligue arabe publiait des instructions demandant aux gens de chercher refuge temporairement dans les pays voisins, pour revenir plus tard à leurs domiciles dans le sillage des armées arabes victorieuses et recueillir leur part des biens juifs abandonnés. »

Témoignage égyptien. (El -Yom, journal du Caire 12.4.1963):

« Le 15 mai 1948 arriva.., et le dernier soldat britannique quitta la Palestine. Ce même jour, le mufti de Jérusalem (Amin al-Husseini) demanda aux Arabes de Palestine de quitter le pays, de quitter Haïfa, Jaffa et les autres villes.., car les armées arabes étaient sur le point de pénétrer dans le pays et de se battre à leur place, contre les bandes juives pour les chasser de Palestine. »

Extrait des Mémoires de Haled alAzrn (1973), Premier ministre de Syrie en 1948 et 1949, paru à Beyrouth :

« [La raison de l’échec arabe en 1948 fut] l'appel des gouvernements arabes aux habitants de la Palestine, pour qu’ils se rendent dans les pays voisins... C’est nous qui les avions encouragés à partir... Nous avons amené la destruction sur un million de réfugiés arabes, en les incitant et en les adjurant de quitter leurs terres, leurs foyers, leur travail et leurs commerces. »

Extrait de « Ma'al Nas” (Avec le peuple 1956): livre de Mahmoud Seif-e-Din Irani, paru à Amman (Jordan Publishing House) :

« Soudain, les habitants de Jaffa commencèrent à abandonner leur ville... Nous étions tous trop optimistes, nous avons quitté le pays de notre libre choix, croyant que nous partions pour une courte visite, des vacances et que nous retournerions peu après, comme si rien ne s’était passé. »

30 mai 1955, témoignage arabe palestinien (Falastin, quotidien jordanien):

« Nous, les réfugiés, avons le droit de dire aux membres du Conseil de la Ligue arabe: nous avons quitté notre patrie sur la foi de fausses promesses faites par des dirigeants malhonnêtes des États arabes. Ils nous ont promis que notre absence ne durerait pas plus de deux semaines, qu’elle serait une sorte de promenade, après quoi nous reviendrions ».

Extrait d’un livre (1955 ) de Edouard Attiya, secrétaire du bureau de la Ligue arabe à Londres, de 1941 à 1950, The Arabs paru à Londres (p. 183) :

« Cet exode en masse est particulièrement dû à la croyance qu’avaient les Arabes, encouragés en cela par les vantardises et par les déclarations inconscientes de certains chefs arabes, selon lesquelles la défaite des Juifs par les armées des États arabes était l’affaire de quelques semaines et qu’elle permettrait aux Arabes palestiniens de rentrer dans leur pays et d’en reprendre possession ».

Extrait de Sirr al Nakhba (Le secret du désastre 1955), livre de Nimr al Hawari, ancien commandant de l’organisation paramilitaire Nedjada, paru à Nazareth :

« Les chefs brandirent leurs sabres, prononcèrent des discours enflammés et rédigèrent des articles retentissants. Nous fracasserons le pays à coups de canon, tonna le Premier ministre d’Irak nous détruirons tout endroit où les Juifs chercheront un abri. Les Arabes devront conduire leurs femmes et leurs enfants dans des régions plus sûres en attendant que les combats se soient apaisés, »

Déclaration du Premier ministre d’Irak (Presse de Bagdad 15 mars 1948): « Nous écraserons le pays avec nos fusils et nous détruirons tout lieu où les Juifs chercheront refuge. Les Arabes devront emmener leurs femmes et leurs enfants à l’abri pendant le danger, après quoi toute la Palestine sera à eux. »

La thèse palestinienne et arabe

Il y avait 900 000 Arabes qui vivaient dans les zones qui se retrouveront à l'intérieur des frontières établies par Israël en 1948-1949 (73 % de la Palestine mandataire).

Ils étaient donc plus nombreux que les Juifs en 1948 (environ 700 000 personnes). L'État juif ne pouvait exister qu'à la condition expresse de l'expulsion des Palestiniens.

Le « plan Daleth » ou « plan D » adopté par l'agence juive et la Haganah en janvier et appliqué à partir de mars 1948, prévoit « des opérations contre les centres de population ennemie situés au sein de notre système de défense ou à proximité, afin d’empêcher qu’ils soient utilisés comme bases par une force armée active. Ces opérations peuvent être menées de la manière suivante : ou bien en détruisant les villages (en y mettant le feu, en les dynamitant et en déposant des mines dans leurs débris), et spécialement dans le cas de centres de population difficiles à maîtriser ; ou en montant des opérations de ratissage et de contrôle selon les lignes directrices suivantes : encerclement du village et enquête à l’intérieur. En cas de résistance, la force armée doit être anéantie et la population expulsée hors des frontières de l’État »

Officiellement, le « plan D » avait des objectifs limités : sécuriser les zones juives. Il ne s'appliquait pas à l'ensemble du territoire palestinien, et les expulsions prévues étaient conditionnelles (en cas de résistance). Mais pour les historiens palestiniens, il indique clairement qu'une politique d'expulsion était en cours. Pour eux, le « plan D » n'est que la partie la plus connue de cette politique.

L'intervention de Aharon Zisling, ministre de l’agriculture au conseil des ministres du 17 novembre 1948 est également souvent citée « Je n’ai pu dormir de la nuit. Ce qui est en cours blesse mon âme, celle de ma famille et celle de nous tous (...) . Maintenant, les juifs aussi se conduisent comme des nazis, et mon être entier en est ébranlé. »

La thèse des « nouveaux historiens israéliens »

Cette école, dont le premier et le plus célèbre représentant est Benny Morris, a voulu travailler village par village, en :

  • consultant les sources documentaires Israéliennes (partiellement accessibles depuis 1988) et britanniques,
  • en réalisant des interviews de villageois juifs ou arabes vivant près des villages ou se sont produits les départs, des interviews de soldats Israéliens ayant combattus dans ou près de ces villages et des interviews de réfugiés.

Selon Benny Morris, sur les 369 localités arabes de l'État israélien et des zones qui passèrent sous contrôle israélien pendant cette guerre :

  • 187 ont été désertés lors des attaques des forces juives,
  • 41 ont été le théâtre d'une expulsion après la conquête,
  • 90 villages se sont vidés de leur population, affolée par l'approche des combats ou par les témoignages de massacres, notamment celui de Deir Yassin.
  • Pour 45 cas, l'historien avoue ignorer les causes du départ.
  • Dans seulement 6 cas, il l'attribue à l'appel des autorités locales arabes.

À ces départs, il faut ajouter environ 70 000 personnes, surtout des membres de la classe moyenne et de la bourgeoisie, qui sont partis dans les semaines qui suivirent le début des affrontements (à partir de fin novembre 1947), et avant la guerre elle-même. Eux sont bien partis volontairement, pour attendre la fin des combats.

Benny Morris et d'autres historiens du même courant ont également démenti, suite à leurs recherches dans les archives radiophoniques, un appel général des autorités arabes au départ par voie radiophoniques. Cet appel était affirmé par les historiens israéliens « classiques ».

Benny Morris a publié une version « augmentée » de son livre phare (La naissance du problème des réfugiés palestiniens) en 2003. Il s'y appuie sur de nouveaux documents, en particulier sur des archives des Forces Israéliennes de Défense (Tsahal), ouvertes après 50 ans.

Dans cette nouvelle version, Benny Morris indique avoir trouvé des preuves que « le Haut Comité Arabe et les échelons intermédiaires ont émis des ordres pour évacuer les enfants, les femmes et les vieilles personnes de leurs villages."[1], mais aussi « que les Israéliens ont commis bien plus de massacres que je ne l’avais pensé auparavant. A ma grande surprise, il y a eu beaucoup de viols. En avril-mai 1948, des unités de la Haganah ont reçu des ordres opérationnels disant explicitement qu’ils allaient devoir arracher de là les villageois, les expulser, et détruire les villages eux-mêmes. »[1]

Dans un autre livre, 1948 and After, Benny Morris cite une pièce des archives de Tsahal (ouvertes après 50 ans) : le rapport « L’émigration des Arabes de Palestine dans la période 1/12/1947 - 1/6/1948 » rédigé par les services de renseignement de l’armée israélienne et daté du 30 juin 1948.

Ce document estime à 391 000 (un chiffre fort proche des chiffres avancés par les historiens pour les 2 premières vagues, les seules ayant eu lieu à l'époque) le nombre de Palestiniens ayant quitté le territoire aux mains d’Israël début juin 1948, et évalue l’influence des différents facteurs dans ces départs :

  • «Au moins 55 % du total de l’exode ont été causés par nos opérations»,
  • les opérations des « dissidents » de l’Irgoun et du Lehi « ont directement causé environ 15 % de l’émigration »,
  • les « peurs » et la « crise de confiance » de la population palestinienne sont la cause de 22 % des départs.
  • 5 % des départs sont liés à des appels à la fuite des dirigeants arabes,
  • 2 % des départs sont attribués aux ordres d’expulsion explicites donnés par les soldats juifs,
  • 1 % des départs sont attribués à la guerre psychologique menée par les forces juives.

Benny Morris juge ce rapport pour l’essentiel fiable. Mais il s'agit d'un document généré en pleine guerre, sans analyse fouillée, et il n'est pas « scientifique ». En particulier le départ volontaire de la bourgeoisie palestinienne (environ 70 000 personnes dès le début du conflit) est sous-estimé. Les expulsions directes causées par le « plan Dalet » le sont aussi.

Au final, ce courant historiographique présente un départ des palestiniens dont les causes sont intermédiaires aux deux thèses « traditionnelles » :

  • Il n'y a pas eu de plan général pour faire partir les arabes.
  • Il y avait un consensus relatif des décideurs Israéliens pour considérer que la question de la démographie juive était une question de sécurité cruciale. Le départ des palestiniens était assez largement souhaité. Ce relatif consensus a influencé les militaires sur le terrain. Il y a même eu des ordres ponctuels dans certaines zones. Dans la nouvelle version de son livre, Benny Morris indique d'ailleurs les archives de Tsahal montrent que ces ordres ont été plus nombreux qu'il ne le pensait.
  • Les départs ont été en partie volontaires (surtout avant la guerre elle-même), en partie liés à la peur des combats et des massacres (suite à Deir Yassin, largement rapporté par les médias arabes), et en partie contraints (expulsions).

Benny Morris est critiqué par les historiens du courant israélien traditionnel, comme Shabtaï Teveh, et ce pour deux raisons :

  • Les sources de Tsahal n'étaient pas accessibles en 1988. Le 1er livre de Benny Morris manquait donc de sources documentaires incontestables.
Cette critique est aujourd'hui infondée : ces archives sont ouvertes depuis la fin des années 1990, et elles ont plutôt renforcé les thèses de Benny Morris.
  • Benny Morris a déclaré qu'il espérait que son travail pourrait « réconcilier les tribus qui se font la guerre sur cette terre ».
L'interview de Benny Morris donnée à Haaretz le 8 janvier 2004 relativise cette critique : « Ben Gourion était transfériste. Il avait compris qu’il ne pourrait pas y avoir un État juif au beau milieu d’une minorité arabe hostile. Un tel État n’existerait pas. Il ne serait pas en capacité d’exister.[...] Ben Gourion avait raison. S’il n’avait pas fait ce qu’il a fait, jamais un État n’aurait réussi à exister. Que ce soit clair. On ne peut y échapper. Sans le déracinement des Palestiniens, un État juif ne serait pas né ici.[...] Rien ne justifie les expulsions ou les combats. il en résulte des crimes de guerre. Mais dans certaines conditions, les expulsions ne sont pas des crimes de guerre. Je ne pense pas que les expulsions de 1948 étaient des crimes de guerre. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. On doit se salir les mains. [...] Mon sentiment est que cet endroit serait plus calme et connaitrait moins la souffrance si l’affaire avait été résolue une fois pour toutes, si Ben Gourion avait effectué une expulsion importante et qu’il avait nettoyé tout le pays - toute la terre d’Israel, jusqu’au fleuve du Jourdain. [...] Les Arabes israéliens sont une bombe à retardement. Leur glissement vers une palestinisation totale a fait d’eux un émissaire de l’ennemi qui est parmi nous. Ils sont une cinquième colonne potentielle. » Benny Morris ne semble donc pas le pro-palestinien convaincu que décrivent ses critiques.

1967, la Guerre des Six-Jours

En 1967, à l'issue de la Guerre des Six Jours, Israël occupe le Sinaï, Gaza, la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est) et le plateau du Golan.

Environ 300 000 Palestiniens supplémentaires s'enfuient vers la Jordanie. Certains sont des réfugiés de 1948, d'autres sont de nouveaux réfugiés. La région de la vallée du Jourdain, en particulier, limitrophe de la Jordanie, se vide pratiquement de toute sa population.

100 000 Syriens quittent le plateau du Golan et se réfugient en Syrie.

Situation actuelle

Estimations démographiques

Lieux Vivant dans les camps Vivant hors des camps Total
Jordanie 283 183 1 497 518 1 780 701
Liban 210 952 189 630 400 582
Syrie 112 882 311 768 424 650
Cisjordanie 181 241 506 301 687 542
Bande de Gaza 471 555 490 590 961 645
Total 1 259 813 2 995 307 4 255 120

Source : le site de l'UNRWA (agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens). Estimations mars 2005.

Ces réfugiés sont ceux enregistrés par l'UNRWA, mais il existe aussi des Palestiniens, descendants de réfugiés, qui ne sont plus aujourd'hui enregistrés. On les trouve en particulier dans les pays du Golfe Persique. Ils seraient ainsi 500 000 en Arabie saoudite, et 400 000 au Koweït (estimations fin 2004).

On dénombre également entre 150 000 et 200 000 palestiniens aux États-Unis et entre 50 000 et 80 000 en Égypte (estimations en 2000)[2].

Les réfugiés de Jordanie ont la nationalité Jordanienne. Ceux des autres pays n'ont généralement pas la nationalité de leur pays de résidence et sont reconnus uniquement comme « réfugiés palestiniens ».

Les revendications palestiniennes

Une période de négociations politiques a vu le jour ces dernières années à travers les Accords d'Oslo en 1993 et leur calendrier établi sur les années suivantes. Cependant, après le blocage des négociations en 2000, le conflit reprend violemment à travers la Seconde Intifada.

En effet, en 2000, à Camp David, le Premier ministre israélien Ehoud Barak a proposé la création d'un État palestinien sur la presque totalité de la Cisjordanie, le retour de 100 000 réfugiés et des solutions d'indemnisation pour tous les autres.

Mais les dirigeants palestiniens ont refusé toute concession sur le droit au retour des réfugiés. En 2000, le gouvernement israélien s'est opposé à ce choix, craignant que l'afflux de réfugiés provoque une crise économique et l'abandon du caractère juif d'Israël.

La loi israélienne sur le retour des réfugiés

Au-delà des débats historiques sur les conditions du départ des palestiniens, la situation des réfugiés s'est cristallisée à partir du moment où l'État d'Israël a refusé leur retour, afin de garantir au nouvel État une majorité juive.

Cette politique a été définie peu après la création de l'État, en pleine guerre de Palestine de 1948.

En décembre 1948, la loi sur les « propriétés des absents » permet la saisie des biens de toute personne « absente »[3].

Elle définit un « Absent » comme une personne qui « pendant la période du 29 novembre 1947 au 1er septembre 1948, se trouvait quelque part ailleurs du territoire d’Israël ou ayant tenté d'empêcher l'établissement de l'État d'Israël ou qui le combattait après sa création.

Les anciens villages arabes sont confiés à la discrétion du ministère des finances: Loi sur la propriété des absents (1950). Le législateur israélien a confié tous les droits sur les biens immobiliers et mobiliers au Ministère des Finances (Article 2).

Ce dernier désigne un Custodian (Administrateur) qui est censé gérer (Article 7) et garder les biens au profit de l'absent (Article 9).

Refusant toute revendication du droit au retour, les gouvernements israéliens ont mis en parallèle la question des réfugiés palestiniens avec les autres exodes de réfugiés au XXe siècle, y compris celui des réfugiés juifs fuyant les pays arabes. Aucun exode de réfugiés n'a jamais débouché sur un retour.

Globalement opposé au retour des réfugiés (Ben Gourion proposera cependant d'en réaccepter 100 000), Israël fera aussi des propositions d'indemnisation dans le cadre d'accords de paix.

Ces propositions seront refusées par les pays arabes et par les réfugiés palestiniens eux-même. Ces réfugiés vont rester une accusation vivante contre Israël.

Voir aussi

Bibliographie

  • Benny Morris, The Birth Of The Palestinian Refugee Problem Revisited, Cambridge University Press, UK 2003, ISBN0521009677
  • Collectif, la question des refugies palestiniens au proche-orient, N° spécial de la Revue Problemes politique Sociaux, numéro 815, Documentation Francaise, janvier 1999, ISBNF008102805

Filmographie

  • Pierre Rehov, " The Hostages of Hatred" ( "Les otages de la haine") - Témoignages de Palestiniens et interventions d'historiens de toutes nationalités.

Notes et références

  1. a et b Interview donné au journal israélien 8 janvier 2004, Haaretz
  2. Palestinian Central Bureau of Statistics.
  3. .International Solidarity Movement (organisation non-gouvernementale palestinienne)

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Réfugiés palestiniens de Wikipédia en français (auteurs)

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