Récif artificiel

Récif artificiel
Page d'aide sur l'homonymie Ne doit pas être confondu avec Récif ni Récif corallien.
Le principe du récif artificiel est d'utiliser et valoriser la capacité naturelle de colonisation des espèces pionnières et de bioconstruction des organismes aquatiques.
En 2006, l'USS Oriskany (CV-34), un porte-avions de l'US Navy, devient un récif artificiel dans le golfe du Mexique.
De simples parpaings, reliés en attendant une accrétion naturelle, pour qu'ils résistent aux tempêtes, à un éventuel accrochage par filet, chalut ou ancre de mouillage.
Un banal tuyau de PVC est colonisé en quelques semaines par des algues, des éponges et des invertébrés. Ici, un poisson y trouve un habitat de substitution.

Un récif artificiel est une structure immergée volontairement, à des fins d'étude scientifique, de protection physique d'un lieu (contre les vagues et les effets du vent), de production halieutique ou de loisir (plongée et photo sous-marine). La plupart des récifs artificiels concernent des milieux marins, mais quelques expérimentations ont porté sur des eaux douces. Dans la plupart des cas, les récifs artificiels sont colonisés en quelques mois, en attirant de nombreuses espèces de poissons et crustacés[1].

Sommaire

Principes

Les récifs artificiels sont d'abord colonisés par des espèces pionnières, puis ils offrent un milieu de substitution à une biodiversité plus importante. Ce sont des lieux où les alevins et jeunes organismes peuvent mieux se protéger de la prédation. Le principe est d'offrir aux espèces un habitat leur convenant, et le cas échéant une offre en nourriture.

Le Japon, modèle d'une politique du récif artificiel

Article détaillé : Récif artificiel au Japon.

Au Japon, seul pays à avoir réussi à quasi-stabiliser et localement restaurer sa ressource halieutique marine, environ 350 modèles de récifs répondant aux besoins de différentes espèces et aux conditions de milieu ont été construits sur environ 20 000 sites (en 2001, avec un budget annuel d'un milliard d'euros pour l’étude et bio-aménagement des fonds marins) après des travaux empiriques, puis scientifiques, basés sur l’étude in-situ des comportements, besoins et capacités de migration/recolonisation des espèces locales. Ces récifs protègent et attirent aujourd’hui des dizaines de millions de poissons et crustacés. Les plus grands de ces récifs mesurent plusieurs milliers de mètres cubes et 80 mètres de haut.

En France, seule une quarantaine d’expérience ont été mises en place, essentiellement à l’initiative de 2 chercheurs spécialisés de l'Université de Montpellier, dont Sylvain Pioch, chercheur au laboratoire GESTER (Gestion des sociétés, des territoires et des risques) à l’Université Paul-Valéry de Montpellier formé au Japon[2]. Quelques autres projets sont en cours (dont ceux étudiés par Egis-eau, qui doit installer 200 récifs au large d'Agde, Hérault) (10 m 3 chacun environ, posés à des profondeurs de 10 à 30 mètres), avec le concours et suivi de l'école des mines d'Alès et le CNRS[3]. La Ville de Marseille a également lancé en 2008 l'opération "Récifs Prado" dans la rade sud de Marseille, pour repeupler les fonds quasi désertique de cette zone (http://www.marseille.fr/sitevdm/environnement/espaces-naturels/recifs-du-prado).

Outre-Mer, La Réunion s'est engagée dans un programme expérimental depuis 2002, à l'initiative des pêcheurs professionnels. Depuis 2007, de nouveaux prototypes en béton recyclé ont été conçus et immergés dans le cadre d'un programme baptisé "CORAIL Réunion", ayant aussi comme objectif de promouvoir la colonisation coralienne sur ces structures[4].

Dispositifs d'attraction

Un cas particulier et ancien est celui de structure de bambous ou branches construites par des pêcheurs et maintenue sous la surface de l'eau par un flotteur. Ces structures attirent et regroupent des poissons qu'il est alors plus facile de piéger ou pêcher. Ces dispositif d'attraction contribuent aussi à nourrir et protéger des poissons.

En méditerranée, on pêche depuis longtemps les pieuvres en les piégeant dans des amphores immergées.

Le premier exemple de récif artificiel connu est cité par l’empereur Joo en 1652 ; des épaves coulées après avoir été remplies de pierres attiraient et abritaient les poissons, ainsi plus faciles à pêcher, près des ports.

Limites, risques, échecs

Quelques tentatives (récifs constitués de matériaux polluants, récifs détruits par les tempêtes d'équinoxe ; par exemple devant le port de Morgat en Bretagne dans les années 1970) ont été des échecs.

Des récifs artificiels de troisième génération

Ce sont des récifs expérimentés depuis la fin des années 1990. Ils sont construits selon une nouvelle méthode de génie écologique basée sur l'accrétion minérale électrolytique basée sur l'entretien d'un faible courant électrique sur une structure porteuse métallique. Ce courant facilite l'accrétion du calcaire sur la structure formant le début d'un récif colonisable par de nouveaux coraux. Sur cette structure qui durcit avec le temps, s'installent spontanément ou sont "gréffés" des coraux. Selon les promoteurs de cette méthode, c'est la seule méthode disponible pour rapidement restaurer un récif, et notamment des récifs morts à grande échelle suite à un tsunami ou suite au phénomène de blanchiment des coraux[5].

Conditions de réussite

Le récif doit être positionné à un endroit où un minimum de nutriment et de lumière sont disponibles, et présenter des caractéristiques convenant à l'attraction, la protection et la nourriture des espèces qu'il doit attirer et abriter. Il doit aussi résister aux vagues, courants et tempêtes ou tremblement de terre le cas échéant, voire aux tsunamis, dans la mesure du possible. Des introductions de coraux et organismes permettent une colonisation plus rapide.

Le récif doit être constitué de matériaux environnementalement neutres, non toxiques, non écotoxiques et être biogéographiquement judicieusement positionné. Il doit présenter les conditions de vie des espèces qu'on veut y attirer. Les cavités ombreuses, longues et étroites sont adaptées pour le congre ou la rascasse qui apprécient que leur corps soit en contact direct avec les parois. Le loup ou le sar recherchent une cavité plus grande où ils peuvent nager plus à l'aise. Ces deux derniers poissons attendront que quelques pionniers de leurs espèces aient inspecté et adopté ce nouveau décor, avant de le coloniser massivement.

Pour des raisons de sécurité (dont sécurité alimentaire) et d'écotoxicologie les récifs, sauf s'ils ont aussi un rôle de dépollution ne doivent pas être exposés à des panaches de pollution organique ou chimique, ou posés à proximité de zones de munitions immergées ou de zones mortes.

Aspects environnementaux

Ocean Conservancy (ONG environnementale basé à Washington) estime que le bilan inconvénients/avantages des récifs artificiels tels qu'ils ont été réalisés en Floride (souvent à partir de carcasses métalliques de navires, avions, véhicules terrestres) doit être réexaminé. Selon Jack Sobel, chercheur au sein de cette ONG, quand on tient compte des problèmes de toxicité, de dommages collatéraux aux écosystèmes et de phénomènes de concentration du poisson (piège écologique ?) qui peuvent encourager une surexploitation de la ressource halieutique, « Il y a peu de preuves que ces récifs artificiels ont un avantage net »[6].

Camouflage de décharges

Environ 2 millions de pneus ont été déversés au large des côtes de Fort Lauderdale (Floride), dans les années 1970, en présentant l'opération comme récif artificiel expérimental. Ce fut un échec. Les pneus contiennent des molécules toxiques dont du cadmium, du noir de carbone toxiques ou répulsives pour les organismes marins. De plus les tempêtes ont déstabilisé le récif. Après 3 décennies, des plongeurs militaires ont commencé à retirer les pneus.

[6]. Suivant cet exemple, Des millions de pneus, souvent assemblés par des sangles de nylon ou des câbles en acier, ont été jetés en mer (en Australie, Nouvelle-Zélande, Malaisie et au large des États américains de New York, New-Jersey, de la de Caroline du Nord, de Californie et de Floride)[6]. De plus, les câbles en acier ont rouillé, des sangles ont cédé, et des milliers ont été rejetés sur les littoraux américains, en particulier pendant les ouragans (dont le long des côtes de Caroline du Nord après le passage de l'ouragan Fran en 1996)[6]. les États américains ont depuis interdit les récifs faits de pneus.

Certains récifs artificiels ou dispositifs d'attraction pourraient être assimilées à des tentatives de se débarrasser à moindre coûts de déchets toxiques ou encombrants. Des récifs artificiels peuvent être assimilé à des structures de déchets en mer, en particulier ceux qui ont ainsi été constitués de milliers de pneus, qui n'ont d'ailleurs pas été colonisés (en raison de leur écotoxicité pour la flore et la faune marines). D'autres constitués d'accumulation de chars d'assaut, ou de carcasses de navires (avec moteurs, antifooling toxique, etc.) sont bien moins propices à la colonisation que des structures spécialement conçues.
Néanmoins, il a été démontré que certaines épaves pouvaient localement jouer un rôle d'oasis pour la biodiversité[7].

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Line Van Bever, Analyse comparative des différentes mathodologies de restauration des récifs coralliens dégradés,MASTER I, Environnement Méditerranéen & Développement Durable - "Environnement et Développement Durable" ; Option Géosciences marines appliquées, 45 p
  2. http://recherche.univ-montp3.fr/gester/article.php3?id_article=115
  3. Thalassa avril 2008, interview Sylvain Pioch
  4. http://corailreunion.blogspot.com
  5. Exemple de technique de restauration de récif coraliens, illustrations 1, 2 (Ihuru, Maldives) photos d'une restauration récifale à Bali, plaquette (en anglais) sur les récifs artificiels "de 3ème généation"
  6. a, b, c et d Florida Raises Ill-Fated Artificial Reefs ; Enn.com. / Reuters 2007-07-09. consulté 2009-07-18.
  7. Mr Appeltans, Ward, Belgian Shipwreck: hotspots for Marine Biodiversity, cadre = projet de recherche Research action SPSD-II: Second scientific support plan for a sustainable development policy ref EV/42, Acronyme: BEWREMABI, Période: décembre 2003 à Avril 2006, Vlaams instituut voor de zee

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Récif artificiel de Wikipédia en français (auteurs)

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