Rue Saint-Malo (Brest)

Rue Saint-Malo (Brest)

48°23′20.34″N 4°30′2.49″O / 48.3889833, -4.5006917

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La Rue Saint-Malo et l'association « Vivre la Rue »

La rue Saint-Malo est une rue de Brest se situant dans le vallon du Carpon, en contrebas du plateau des Capucins dans le quartier de Recouvrance. Il ne subsiste que la partie basse de ce qui est la plus ancienne rue de la ville.

Elle est longée par le mur du terrain de la Madeleine, où se dressait autrefois le couvent abritant les filles de mauvaise vie ainsi que les « huguenotes » après la révocation de l'édit de Nantes. Elle est pavée, bordée de maisons des XVIIe et XVIIIe siècles et dominée par des jardins en terrasse. Après sa fontaine, la rue bute sur la levée de Pontaniou et se termine par l'escalier de la Madeleine qui mènent au plateau des Capucins.

Sommaire

Historique

Le Vallon de Pontaniou

C’est au creux de l’un des vallons dessinés par les eaux s’écoulant vers la Penfeld, au Sud du plateau des Capucins, que le tracé de la rue Saint-Malo, simple chemin rural bordé de quelques bâtisses à la fin du XVIIe siècle, trouve ses origines. L’architecture simple des maisons et la nature des matériaux de construction témoignent du niveau social modeste de ses habitants. A cette époque, la chaussée débouche directement sur les rives de la Penfeld, au niveau de l’Anse de Pontaniou, utilisée très tôt par les pêcheurs de bourg de Sainte Catherine comme port d’échouage pour le carénage de leurs bateaux, puis aménagée pour les besoins de l’arsenal ; le bas de la rue est soumis au balancement des marées.


Le Refuge Royal

En 1685 les juges royaux décident d’agir face à une nette croissance de la prostitution à Brest. Alors que le port militaire est en plein essor, les autorités, embarrassées par le développement de la prostitution, décident de la construction d’un lieu d’enfermement pour les filles de petite vertu et de mauvaise vie. La conception du Refuge Royal, ensemble de bâtiments d’envergure sur l’actuel terrain de la Madeleine et longeant le bas de la rue St Malo, est confiée à Choquet de Lindu, ingénieur des travaux du port (voir plan) qu’il dessinera en 1736. Encadrées par les sœurs de St Thomas de Villeneuve les femmes enfermées, prostituées condamnées mais aussi des veuves, orphelines et autres femmes sans homme, sont marquées de la fleur de lys au fer rouge, et utilisées par la Royale, notamment pour tanner les toiles à voile.

L’épisode du Refuge Royal ne sera que de courte durée puisqu’il sera entièrement détruit par un incendie le 10 février 1782, initié par la Belle Tamisier, femme enfermée suite à un procès sommaire pour mauvais mœurs au cours duquel elle avait déclaré « Ici [au Refuge Royal] je vais faire mon carnaval ». Le Refuge ne sera jamais reconstruit.


Rue Saint-Malo, le terrain de la Madeleine et la prison de Pontaniou.

L’Enclavement progressif de la rue

Dès le début du XIXe, le préfet maritime Charles Ambroise de Caffarelli du Falga lance des travaux de restauration et d’agrandissement du port, la rue St Malo se ferme peu à peu, cernée par les constructions militaires. La levée de Pontaniou fut construite de 1807 à 1809 par l’ingénieur Trouille : composée par le bâtiment aux Lions, d’une rampe, et couverte par la rue de Pontaniou, elle sert à la fois de clôture de l’anse et de l’arsenal, et de voie de communication entre la Cayenne (au Sud) et le plateau des Capucins qui vient d’être attribué à la Marine suite à la dissolution par les révolutionnaires de la communauté religieuse l’occupant depuis le XVIIe siècle. L’extrémité septentrionale du bâtiment aux lions condamne le bas de la rue St Malo qui depuis, se termine brusquement en impasse, l’isolant de la rive de la Penfeld. Le terrain de la Madeleine est lui aussi clôturer par un haut mur aveugle. Les Ateliers des Forges surplombant au nord la rue St Malo et l’Anse de Pontaniou sont édifiés au milieu du XIXe, le plateau est à son tour délimité par un mur d’enceinte.

Les Plaies

La ville Martyre

Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, elle garde une réputation de lieux à matelots, à boisson et à prostitution. Les bombardements alliés de la IIe guerre mondiale détruisent presque entièrement la ville-arsenal occupée. Brest est anéantie. Rue St Malo, seuls le lavoir et la partie la plus encaissée de la voie, les derniers 100m, seront épargnés.

L'abandon planifié

Mais dès 1965 les quelques maisons miraculées sont vouées à la démolition : la ville incite les habitants à vendre et exerce son droit de préemption dans l’idée de détruire ces logements insalubres (absence d’eau courante, vétusté, humidité), la partie ancienne de la rue St Malo se dépeuple progressivement. Quinze ans après le dernier habitant vend les deux maisons dont il est le propriétaire, le 15 et le 17. Dès lors, les toitures de zinc couvrant les bâtisses disparaissent rapidement, précipitant la dégradation des maçonneries…

D’une destruction programmée à un patrimoine revendiqué

Vivre la Rue

En novembre 1990, Vivre la Rue, association loi 1901, délogée de son précédent repaire de la rue Sébastopol, le Renc’Arts, emménage rue St Malo, avec l’accord provisoire de la ville de Brest ; Pierre Maille remet les clefs à l’association.

Depuis leur abandon, la rue et la venelle St Malo sont devenues une décharge sauvage, les bâtiments, exposés aux intempéries, sont dégradés par les infiltrations. Les sympathisants de Vivre la Rue évacueront plusieurs centaines de tonnes de déchets et gravats au cours des deux premières années de l’installation de l’association. « Devant l’éventualité d’un arasement total, l’association Vivre la Rue s’efforce avec une opiniâtreté digne d’estime, de sauver sa rue, mieux, de lui conférer, dans une connotation artistique, la possibilité de voir naître un centre culturel populaire… » Louis Chauris – Le Progrès-Courrier, 22 mars 2003

La Polémique

L’arrivée de Vivre la Rue rue St Malo défraye la chronique : déclarations d’élus dans la presse, création d’une association visant à son l’expulsion, Vivre à Pontaniou.

De nouvelles plaies

Bien qu’aucun des projets d’aménagement du secteur n’ait aboutit, des interventions successives des services de la ville entaillent profondément l’intégrité des édifices fragiles : ‘’la Caserne’’ (au n°19) et le 21 sont éventrés, laissés béants par un chantier d’insertion en 1994. Le n°1, belle bâtisse recouverte d’un toit à pans coupés, est sacrifié en 1998 au nom de la modernisation du réseau d’évacuation des eaux pluviales du Carpon.

Prise de conscience tardive et encore fragile de l’importance de la sauvegarde de ce patrimoine en péril.

Sans la détermination que l'association Vivre la Rue a mise depuis 1989 dans la sauvegarde de ce vestige du patrimoine brestois, il est probable qu'il aurait aujourd'hui disparu. Grâce à cette démarche, la rue est aujourd'hui mise en valeur, reconnue et visitée comme la plus ancienne rue pavée de Brest. Vivre la Rue est une association loi 1901, dont le siège se trouve rue Saint-Malo. Son ambition est d'en faire un lieu d'épanouissement pour les projets et les individus en favorisant les rencontres artistiques ainsi que les opérations visant à renforcer le lien social et la participation citoyenne au sein du quartier.

Voir aussi

Lien externe


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Rue Saint-Malo (Brest) de Wikipédia en français (auteurs)

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