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Ton d'entrée
Le ton d'entrée (en sinogrammes simplifiés 入声 ; en sinogrammes traditionnels 入聲 ; en pinyin Rùshēng) est un des quatre tons de la phonologie du chinois médiéval. Le ton est généralement décrit comme court et vif, et est toujours en vigueur pour plusieurs variétés des langues chinoises (mais pas de toutes). De nos jours, le ton d'entrée a disparu de la plupart des dialectes mandarins. Ce ton reste notoirement utilisé dans les langues chinoises méridionales, dont le Yue (cantonais), les langues Min, et le Hakka.
Les tons font pleinement partie de la langue chinoise et de sa littérature, car les caractères chinois étaient choisis en fonction de leurs rimes et de leur euphonie. Cette pratique permet par ailleurs de reconstruire la prononciation du chinois archaïque et du chinois médiéval malgré le caractère logographique de la langue.
Sommaire
Phonétique
D'un point de vue phonétique, le ton d'entrée est une syllabe terminée par une consonne occlusive sourde [p], [t], ou [k]. En certains dialectes chinois, l'occlusive finale est devenue un coup de glotte [ʔ]. Certains linguistes ont également proposé des reconstructions du chinois archaïque qui incluent des consonnes occlusives sonores, ou un groupe de consonnes incluant des occlusives.
Histoire
Il est généralement admis que les occusives sourdes qui déterminent le ton d'entrée ont existé depuis le Livre de chansons de la dynastie Zhou (1027–771 BC). De plus, selon certaines hypothèses, depuis la mi-dynastie Han, il existait deux types de ton d'entrée, un ton d'entrée long (qui se termine par [ps], [ts], et [ks]) et un ton d'entrée court. Le ton d'entrée long devint le ton de sortie après que les consonnes finales aient été perdues, alors que le ton d'entrée court est resté le ton d'entrée.
Les premiers philologues chinois commencèrent à décrire la phonologie du chinois durant les dynasties du Nord et du Sud, de 400 à 600, sous l'influence du bouddhisme et de la langue sanskrit avec laquelle ils arrivèrent. Il y eut plusieurs tentatives infructueuses de classer les tons du chinois, avant l'établissement de la classification traditionnelle en 4 tons entre 483 et 493. Celle-ci est basée sur la théorie védique des 3 intonations (聲明論). L'intonation moyenne, Udātta, est équivalente au ton haut (平聲); l'intonation montante, Svarita, équivalente ton montant (上聲); l'intonation descendante, Anudātta, équivalente au ton descendant (去聲). Le son distinctif des syllabes se terminant par une occlusive ne s'accordait pas avec les trois intonations et fut appelé le ton d'entrée (入聲). L'utilisation du système à quatre tons se développa au cours des dynasties Sui et Tang. Un important dictionnaire de rimes, le Qieyun, fut écrit à cette époque.
Il fut émis l'hypothèse que le ton d'entrée fut perdu en mandarin dû à l'influence des invasions des tribus du nord, dont les Mongols de la dynastie Yuan (1279–1368). Le Zhongyuan Yinyun, un livre de rimes daté de 1324, montre des signes de la disparition du ton d'entrée et l'émergence du système moderne des 4 tons du mandarin. L'époque précise à laquelle le ton d'entrée y fut perdu est inconnue, bien qu'il soit probable que ce fut à l'époque de la dynastie Qing.
Exemples
Caractère
chinoisConstructed
Chinois médiévalHokkienese
(langue Min)Cantonais
CantonaisJaponais classique
(On'yomi, ou lecture chinoise)Coréen Vietnamien Mandarin standard
(pas de ton d'entrée)Mandarin jianghuai Signification principale
(en français)合 [ɣɑp] hap8 hap6
[hɐp]gafu, kafu
ガフ, カフhap
합hợp he² (hé) [xo˥] union; près 十 [ʑip] sip8, chap8 sap6
[sɐp]jifu, shifu
ジフ, シフsip
십thập shi² (shí) [ʂʅ˥] ten 佛 [vɪuət] hut8, put8 fat6
[fɐt]butsu, futsu
ブツ, フツbul
불phật fo² (fó) [fu˥] Bouddha 八 [pat] pat4, peh4 baat³
[pɑt]hachi, hatsu
ハチ, ハツpal
팔bát ba1 (bā) [pa˥] huit 易 [jɐk] ek8, iah8 yik6
[jɪk]yaku, eki
ヤク, エキyeok
역dịch yi4 (yì) [i˥] Change et échange. La signification comme “facile” est prononcée yi6 en Cantonais 客 [kʰɪɐk] khek4, kheh4 haak³
[hɑk]kyaku, kaku
キャク, カクgaek
객khách ke4 (kè) [kɛ˥] invité Ton d'entrée en chinois
Mandarin
Le ton d'entrée ne se retrouve que dans un seul des dialectes mandarins, le mandarin du Yangtze. En les autres dialectes, le ton d'entrée a été perdu, et le syllabes qui avaient ce ton d'entrée ont désormais l'un des quatre autres tons du mandarin, selon la consonne initiale de chacune des syllabes. Ci-dessous un aperçu des transformations selon les différents dialectes :
Sourde Nasale Sonore Mandarin des péninsules 3 4 2 Mandarin du nord-est 1, 2, 3, 4 (essentiellement 3) 4 2 Mandarin de Pékin 1, 2, 3, 4 4 2 Mandarin du centre-nord 1 4 2 Mandarin des plaines centrales 1 2 Mandarin du nord-ouest 4 2 Mandarin du sud-ouest 2 Mandarin du Yangtze (ton d'entrée préservé) Cantonais
Comme la plupart des variantes de la langues chinoises, le cantonais a changé ses plosives, affricatives et fricatives sonores initiales du chinois médiéval, contre leur contrepartie muette.
Pour compenser la perte de cette caractéristique distinctive, le cantonais a scindé ton du chinois médiéval en deux ton distincts, l'un pour la consonne initiale sonore du chinois médiéval (Yang) et l'autre pour la pour la consonne initiale muette du chinois médiéval (Yin). De plus, le cantonais a scindé le ton d'entrée du Yin en deux, soit ton haut pour les voyelles courtes et un ton bas pour les voyelles longues. Dès lors, le cantonais présente 3 tons d'entrée :
Le ton d'entrée du cantonais a gardé son caractère court et aigu.
Hakka
Min
Le min méridional (Minnan, dont le taïwanais) possède deux tons d'entrée :
Les mots avec un ton d'entrée se terminent tous deux avec un arrêt glottal, [-p], [-t] ou [-k] (tous non aspirés). Il existe de nombreux mots présentant des finales différentes dans leur forme littéraire ou dans leur forme de langue de la rue.
Ton d'entrée dans les langues non-chinoises
De nombreux mots chinois furent utilisés en japonais, coréen, et vietnamien au cours de la période d'existence du chinois médiéval. Ces langues ont dès lors intégré le ton d'entrée à divers degrés.
Japonais
Parce que la langue japonaise ne permet pas l'utilisation d'une consonne en fin de syllabe, les finales -k, -p, -t ont généralement été rendues en les syllabes séparées -ku ou -ki, -pu, et -ti (-chi) ou -tu (-tsu) respectivement. Plus tard, les modifications ont affecté ces finales :
- en certains cas, la finale était directement suivie par une consonne muette, la fin étant dès lors perdue, et la consonne devenant dès lors l'objet d'une gémination.
- exemples: gaku + kou devient gakkou (école), and shitsu + hai devient shippai (échec)
- la finale -pu est devenue -u. (pu>fu>hu>u)
- exemple: jipu (dix) est devenue jū
Il est possible de retrouver la finale originale en examinant l'usage historique des kanas utilisé pour épeler le mot (le japonais peut être écrit avec des caractères chinois (kanjis) ou un syllabaire (kanas)).
Coréen
Le coréen garde les finales -k et le -p, alors que la finale -t est devenue -l.
Reconstruction du ton d'entrée à partir du mandarin
Bien qu'il soit difficile d'identifier les mots comprenant à l'origine un ton d'entrée à partir du seul mandarin, il est cependant possible d'envisager de retrouver ce ton par l'analyse de la composante phonétique de chaque caractère. Par exemple, si l'on sait que 白 (blanc) possède un ton d'entrée, 拍 (battre), 柏 (cèdre), 帛 (vêtement blanc), 迫 (urgent) ont également un ton d'entrée. Bien que cette méthode ne soit pas pleinement satisfaisante, elle donne généralement de bonne premières informations.
Voir aussi
- en:Historical Chinese phonology
- Sino-japonais
- Sino-coréen
- Sino-vietnamien
- en:Tone name
Lien externe
Catégories : Langue chinoise | Phonétique historique | Phonétique suprasegmentale - en certains cas, la finale était directement suivie par une consonne muette, la fin étant dès lors perdue, et la consonne devenant dès lors l'objet d'une gémination.
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