- Roméo A. Dallaire
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Roméo Dallaire
Pour les articles homonymes, voir Dallaire.L'honorable Roméo A. Dallaire, O.C., C.M.M., G.O.Q., C.D. L.O.M., LL.D, M.Sc. (né le 25 juin 1946, Denekamp, Pays-Bas - ) est un lieutenant général et sénateur canadien.
Il est surtout connu pour avoir agi dans un cadre humanitaire au Rwanda. Il a rédigé, avec la participation du major Brent Beardsley, un livre qui relate les évènements qu'il a vécus alors qu'il était commandant de la MINUAR, la force de maintien de la paix des Nations unies au Rwanda, pendant le génocide perpétré par les extrémistes Hutus contre les Tutsis et les Hutus modérés en 1994. Ses tentatives d'attirer l'attention de la communauté internationale sur les crimes qui se perpétraient au Rwanda sont restées lettre morte, ce qu'il a regretté et dénoncé à son retour d'Afrique.
Sommaire
Biographie
Roméo Dallaire est le fils de Roméo Louis Dallaire, un soldat canadien, et de Catherine Vermaessen, une infirmière hollandaise. Il a passé son enfance à Montréal avec sa sœur Juliette Dallaire qui est maintenant intervenante jeunesse au Collège Français de Longueuil.
Il s'enrôle dans l'armée canadienne en 1964, où il obtient son brevet d'officier au Collège militaire royal de Saint-Jean en 1968.
Mission au Rwanda
Article détaillé : J'ai serré la main du diable (livre).Dallaire et Beardsley écrivent que le général a été envoyé en octobre 1993 comme commandant des Forces de la MIssion d’assistance des Nations Unies Au Rwanda (MINUAR) et chef des observateurs militaires de la Mission d’Observation des Nations Unies Ouganda/Rwanda (MONUOR) afin, entre autres, d’aider ce pays à établir un Gouvernement de Transition à Base Élargie (GTBE). Suite à la mort du président (dictateur) du Rwanda Juvénal Habyarimana dans un « accident » d’avion dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, les branches extrémistes gouvernementales hutus procèdent, à l’aide notamment du groupuscule Interahamwe (« Ceux qui attaquent ensemble ») et de la propagande de la Radio Télévision Libre des Mille Collines (RTLM), à l’élimination systématique des tutsis et des hutus modérés du Rwanda.
À la tête de faibles effectifs légèrement armés, Dallaire a comme ordres de ne pas intervenir et d'utiliser la force qu'en cas de légitime défense. En 100 jours, près de 800 000 personnes sont tuées.
Jacques-Roger Booh-Booh, chef de la MINUAR de 1993 à 1994, dresse un portrait moins flatteur de Roméo Dallaire dans son propre livre[1]. Il accuse le militaire qui était sous ses ordres d'avoir trahi la mission de l'ONU à Kigali et négligé la sécurité des Rwandais et celle des casques bleus. Il affirme par ailleurs que Dallaire a directement pris parti dans le conflit en soutenant les rebelles tutsi contre l'armée hutu.
Après le Rwanda
De retour chez lui, Dallaire a été relevé de ses fonctions au sein des Forces canadiennes, pour des raisons médicales, le 22 avril 2000. Il souffrait du trouble de stress post-traumatique. Au moment de sa retraite, il tenait encore le rang de lieutenant général.
Le 15 avril 2000, il déclare au quotidien La Presse : « Je vis la culpabilité d'un commandant qui a vu sa mission ne pas aboutir à un succès. Je vis aussi avec cette culpabilité vis-à-vis des Rwandais à qui on a donné l'espoir du succès de leur projet de paix et qui, ultimement, se sont fait massacrer en nous regardant avec des yeux d'incompréhension pendant que nous étions impuissants à faire quelque chose. Il est normal pour un commandant de se poser des questions, de se dire: "Peut-être que j'ai argumenté, mais je n'ai pas convaincu. Peut-être que je n'ai pas utilisé les bonnes méthodes." ».[2]
De plus, le 13 décembre 2003, il déclare en entrevue au journal Le Devoir : « Huit cent mille personnes sont mortes au printemps 1994, et personne n'a bougé. Deux mille neuf cents personnes ont disparu à Manhattan le 11 septembre 2001, et Bush a mobilisé le monde entier. Voyez-vous, j'ai du mal avec ça. ».
Se blâmant pour les failles de sa mission, il continua une longue dépression. Le 20 juin 2000, il est amené d'urgence à l'hôpital après avoir été découvert sur un banc d'un parc à Hull, Québec. Intoxiqué et souffrant d'une réaction à ses anti-dépresseurs, l'évènement a failli le plonger dans le coma. L'histoire a pris une ampleur nationale et a créé un débat sur les règles d'engagements qui sont imposées aux soldats de l'ONU de maintien de la paix.
Après l'incident, Dallaire entreprit d'écrire un livre, avec la participation du major Brent Beardsley, au sujet des événements du Rwanda. Il participe également à de nombreux colloques et conférences. Il était sur la voie de la guérison. C'est aussi pendant cette période qu'il a admis que pendant sa dépression, il a tenté de se suicider à plusieurs reprises. Son livre J'ai serré la main du diable : La faillite de l'humanité au Rwanda paraît en 2003.
En avril 2004, il a témoigné devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda contre le colonel Théoneste Bagosora.
Le 25 mars 2005, le Premier ministre Paul Martin nomme Dallaire au Sénat canadien. Il siège en tant que libéral. Peu après sa nomination, Dallaire a expliqué que sa famille contribue depuis longtemps au Parti libéral du Canada et le Parti libéral du Québec depuis 1958.
Il habite aujourd'hui dans la ville de Québec avec sa famille.
Dénonciations
Durant la campagne électorale québécoise 2007, il a pris position dans le quotidien montréalais La Presse et sur la chaîne de télévision TVA pour dénoncer les thèses qu'il juge négationnistes (à propos du génocide au Rwanda) du journaliste Robin Philpot, candidat du Parti québécois dans Saint-Henri—Sainte-Anne (voir: Affaire Philpot).
Le 3 avril 2008, sur les ondes de la Première Chaîne de Radio-Canada, il déclara, en parlant de la Chine au Darfour, qu'il est « le pays le plus rapace. Je les considère comme des vautours de l'Afrique, pires que les empires colonisateurs. Ils n'ont absolument aucun respect pour aider à développer, à soutenir, à améliorer ces pays-là. Ils ne sont là que pour prendre. ».[3]
Honneurs
Roméo Dallaire est l'un des soldats canadiens les plus décorés. Il est Officier de l'Ordre du Canada.
Au Canada, Dallaire est généralement considéré comme un héros qui a essayé de toutes ses forces d'arrêter le génocide et qui a pu sauver au moins quelques vies. En 2004, il était 16e sur une liste du réseau CBC The Greatest Canadian (Le meilleur canadien), le meilleur classement pour un militaire.
Il gagne, en 2004, le Prix du grand public du Salon du livre de Montréal - La Presse.
Adaptations cinématographiques
Le livre J'ai serré la main du diable a été adapté dans un documentaire : Shake Hands With the Devil: The Journey of Roméo Dallaire de Peter Raymont (2004). Ce film a remporté le « 2004 Sundance Film Festival Audience Award for World Cinema - Documentary ». Son livre fait également l'objet d'une adaptation au cinéma, dans un long métrage de Roger Spottiswoode. Le tournage a débuté mi-juin 2006 à Kigali, Rwanda et Montréal, en anglais. Parmi les acteurs, on trouve notamment le québécois Roy Dupuis qui interprète le Général Dallaire. Shake Hands with the Devil est sorti en salles le 28 septembre 2007.
Notes et références
- ↑ Jacques-Roger Bouh Bouh. Le patron de Dallaire parle : Révélations sur les dérives d'un général de l'ONU au Rwanda, Éditions Duboiris, 2008, 207 pages.
- ↑ Sophie Hélène Lebeuf. Roméo Dallaire : Un général dans la tourmente rwandaise, Radio-Canada.ca.
- ↑ Radio-Canada.ca. Politique étrangère : Roméo Dallaire ne mâche pas ses mots. 3 avril 2008.
Liens externes
- Site officiel
- Biographie
- Site du sénateur Dallaire au Sénat du Canada
- Expérience politique fédérale — Bibliothèque du Parlement
- site officiel du film J'ai serré la main du diable Le film tiré du livre du Lieutenant-Général Roméo Dallaire.
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