- Richard E. Pipes
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Richard Pipes
Richard Edgar Pipes Photographie prise en 2004Naissance 11 juillet 1923
Cieszyn, PologneNationalité États-Unis Profession(s) Historien Autres activités Membre du Conseil de sécurité nationale enre 1981 et 1982
Membre du Committee on Present Danger de 1977 à 1992
Membre Conseil des relations étrangèresFamille Épouse : Iréne Eugenia Roth
Enfants : 2 dont Daniel PipesRichard Edgar Pipes, né le 11 juillet 1923 à Cieszyn en Pologne, est un historien américain spécialiste de la Russie et de l'URSS et un intellectuel conservateur.
Sommaire
Biographie
Le père de Richard Pipes a été diplomate pour le compte du gouvernement polonais. D'origine juive, la famille s'échappe en octobre 1939 après l'occupation de la Pologne et, après un passage en Italie fasciste, arrive aux États-Unis en juillet 1940[1]. Richard Pipes est naturalisé américain en 1943 alors qu'il sert dans l'United States Army Air Corps. Il fait ses études au Muskingum College, à l'Université Cornell et à Harvard. Il se marie avec Iréne Eugenia Roth en 1946, avec qui il a deux enfants. Son fils Daniel Pipes est un universitaire néo-conservateur, spécialiste du Moyen-Orient.
Richard Pipes a enseigné à l'Université Harvard de 1950 jusqu'à sa retraite en 1996. Il a dirigé de 1968 à 1973 le Russian Research Center de Harvard et a été senior consultant au Stanford Research Institute de 1973 à 1978. Durant les années 1970, il a été un conseiller du sénateur Henry M. Jackson, ainsi qu'un critique important de la politique de détente. En 1981 et 1982, il est membre du Conseil de sécurité nationale, détenant le poste de Director of East European and Soviet Affairs sous le président Ronald Reagan. Il a été membre du groupe de lobbying Committee on Present Danger de 1977 jusqu'à 1992 et du think tank Conseil des relations étrangères.
Travaux
Dans Russia under the Old Regime (1974), Richard Pipes dresse un vaste tableau de l'histoire de la Russie et des contraintes particulières sur le temps long. Fondamentalement différente des pays européens, soumise à des contraintes géographiques fortes, la Russie était caractérisée par la permanence d’un système « patrimonial » : l’État, qu’il soit tsariste ou soviétique, était le propriétaire du pays et de ses habitants. Le maintien durant la période bolchevique d’un régime autocratique était l’expression d’un « despotisme oriental », tandis que la formation de l’URSS en 1924 était un retour à l’impérialisme multinational du XIXe siècle[2].
Dans son étude extrêmement détaillée, sans équivalent à ce jour, sur la Révolution russe, Richard Pipes reprend les thèses classiques de « l’école totalitaire ». Selon lui, le « putsch » d’Octobre et la construction de l’URSS ont été l’œuvre d’un seul homme, Lénine, animé d’un « inextinguible appétit de pouvoir »[3]. D’après l'historien américain, Lénine est à l’origine du stalinisme et a servi de modèle pour Mussolini et pour Hitler. Cette vision est reprise dans un ouvrage postérieur[4] où, si l’on en croit le compte rendu critique d'Alexander Rabinowitch, Richard Pipes poursuit avant tout « sa croisade de longue date pour diaboliser Lénine »[5]. Critique pour le moins étonnante, car Lénine n'a absolument pas besoin d'être diabolisé, comme le prouve l'étude exhaustive des oeuvres de Lénine par Dominique Colas, dans Le léninisme (PUF, Quadrige, réédition 1998): Lénine n'a jamais caché son cynisme politique, ni son goût pour la violence et la terreur comme instrument de domination.
De fait, si le grand public plébiscite depuis longtemps l'oeuvre de Pipes[6], écrite dans une langue limpide qui n'est pas sans rappeler celle de Raymond Aron, sans jamais verser dans l'hystérie comme on le prétend trop souvent, les critiques, et surtout en France, où l'idéologie communiste a marqué des générations d'historiens, ne manquent pas. De manière assez révélatrice, une seule oeuvre de Pipes a été traduite en français, La révolution russe (PUF, 1990). Alors que les travaux de son opposant de l'école révisionniste, Moshe Lewin, ont presque tous été traduits.
Les critiques qui suivent ne doivent surtout pas être considérées comme définitives et servir d'argument d'autorité pour décrédibiliser Pipes, un historien remarquable de l'université Harvard qui, il ne faut jamais l'oublier, a écrit ses travaux dans un contexte de Guerre froide.
Selon Jean-Paul Depretto, un historien très marqué à gauche, la synthèse de Pipes sur la Révolution russe « finit par déformer le tableau des événements, à force d'ignorer délibérément les travaux de l'histoire sociale[7] ». Ronald Grigor Suny regrette l’attitude passionnée de Richard Pipes : « son antipathie violente pour Lénine empêche Pipes de s’engager dans un traitement pondéré et nuancé du personnage même qu’il voit comme central dans le récit de 1917 »[8]. Peter Kenez, pourtant lui aussi partisan de la théorie du totalitarisme, pointe l’anticommunisme ardent de Richard Pipes, qu’il qualifie d’« homme extrêmement conservateur » : « La haine de l’auteur pour les révolutionnaires est tellement grande qu’il cesse d’être un historien et devient à la place un procureur des révolutionnaires. »[9]
Notes et références
- ↑ « Notes on Professor Richard Pipes »
- ↑ Richard Pipes, The Formation of the Soviet Union : Communism and Nationalism, 1917-1923, Cambridge, Harvard University Press, 1964.
- ↑ Richard Pipes, La Révolution russe, Paris, PUF, 1993, p. X.
- ↑ Richard Pipes (éd.), The Unknown Lenin : From the Secret Archives, New Haven, Yale University Press, 1996.
- ↑ Alexander Rabinowitch, « Richard Pipes’s Lenin », The Russian Review, vol. 57, janvier 1998, p. 110.
- ↑ Voir les citations de périodiques commela prestigieuse New York Review of Books, sur la 4e de couverture de Russia under the old regime: "une excellente introduction, minutieuse et vivante"
- ↑ Jean-Paul Depretto, « Pour une histoire sociale de la dictature soviétique », Le Mouvement social, n° 196, 2001/3, p. 3-19.
- ↑ Ronald Grigor Suny, « Revision and Retreat in the Historiography of 1917 : Social History and its Critics », The Russian Review, vol. 53, avril 1994, p. 173.
- ↑ Peter Kenez, « The Prosecution of Soviet History : A Critique of Richard Pipes’ The Russian Revolution », The Russian Review, vol. 50, 1991, p. 345-346.
Bibliographie
Traduit en français
- La Révolution russe, Paris, PUF, 1993, 866 p. (éd. originale : New York, 1990).
Non traduits
- The Formation of the Soviet Union, Communism and Nationalism, 1917-1923, Cambridge, Harvard University Press, 1954.
- (éd.), The Russian Intelligentsia, New York, 1961.
- Social Democracy and the St Petersburg Labor Movement, 1885-1897, Cambridge, 1963.
- (éd.), Revolutionary Russia, Londres, 1968.
- Struve, Liberal on the Left, Cambridge, 1970.
- Russia Under the Old Regime, New York, 1974.
- Soviet Strategy in Europe, 1976.
- Struve, Liberal on the Right, 1905-1944, 1980.
- U.S.-Soviet Relations in the Era of Détente : A Tragedy of Errors, Boulder, 1981.
- Survival is Not Enough : Soviet Realities and America's Future, New York, 1984.
- Russia Observed : Collected Essays on Russian and Soviet History, 1989.
- Russia Under the Bolshevik Regime : 1919-1924, New York, 1993.
- Communism, the Vanished Specter, New York, 1994.
- A Concise History of the Russian Revolution, 1995.
- The Three « Whys » of the Russian Revolution, 1995.
- (éd.), The Unknown Lenin : From the Secret Archives, New Haven, Yale University Press, 1996.
- Property and Freedom, 1999.
- Communism : A History, 2001.
- Vixi : Memoirs of a Non-Belonger, Yale University Press, 2003, 320 p.
- The Degaev Affair : Terror and Treason in Tsarist Russia, Yale University Press, 2003, 153 p.
- Russian Conservatism and Its Critics, 2006.
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