- Retouchoir
-
En archéologie préhistorique, le terme retouchoir désigne un objet généralement en os utilisé pour modifier un éclat en pierre (silex ou autre) en le percutant marginalement de façon à le transformer en outil, en régularisant la délinéation de ses bords ou en modifiant sa forme. Les retouchoirs sont particulièrement abondants dans certaines séries moustériennes mais il en existe aussi au Paléolithique supérieur, voire dans des industries plus récentes.
Sommaire
Historique
Dès la fin du XIXème siècle, l’existence d’ossements présentant des stigmates anthropiques d’utilisation a été notée par différents auteurs dans des contextes chronoculturels variés, allant du Paléolithique moyen au Néolithique[1]. Les premiers travaux poussés sur la question sont ceux de Léon Henri-Martin, qui note la présence de « maillets », d'« enclumes » ou de « compresseurs » à La Quina[2],[3].
La question du caractère anthropique des retouchoirs, soulevée notamment par Lewis Binford qui voyaient en eux le résultat de l’action des carnivores[4], ne semble plus faire débat à l’heure actuelle tant les études taphonomiques se sont développées et ont systématiquement écarté tous les éléments suspects. La convergence possible des stigmates anthropiques avec ceux liés à l’action des carnivores ne doit toutefois pas être négligée[5].
Caractéristiques
Les retouchoirs sont le plus souvent des fragments de diaphyses osseuses d'herbivores mais il en existe aussi sur des phalanges, sur des extrémités distales d’humérus ou sur des dents jugales (molaires, prémolaires). À l'Aurignacien, il existe également des retouchoirs sur canines de carnivores ayant fait l'objet d'une acquisition spécifique et ayant peut-être de ce fait une signification d'ordre symbolique[6].
À cette notable exception près, les supports de retouchoirs semblent être le plus souvent des sous-produits de l’acquisition de ressources carnées (récupération de fragments d'os liés à l'acquisition de la moelle osseuse).
Des traces de raclage antérieures à l’utilisation en percussion ont été observées dans différents sites moustériens (La Quina, Artenac, Espagnac, Jonzac). Elles sont généralement interprétées comme des indices d’aménagement de l’objet en vue d’en améliorer la fonctionnalité.
Les stigmates de percussion caractéristiques des retouchoirs sont de petites entailles dissymétriques dont l’un des pans, régulier et rectiligne, correspond à l’impact avec le tranchant de l'outil retouché, et dont l’autre pan présente un arrachement de matière irrégulier.
Notes
- Retouchoirs, compresseurs, percuteurs... Os à impressions et éraillures, 2002, Société Préhistorique Française, Fiches de la Commission de nomenclature sur l'industrie de l'os préhistorique, Cahier X, 137 p.
- Henri-Martin, L. (1906) - « Maillets ou enclumes en os provenant de la couche moustérienne de la Quina (Charente) », Bulletin de la Société Préhistorique Française, t.III, pp. 155-159.
- Henri-Martin, L. (1910) - Recherches sur l'évolution du Moustérien dans le gisement de la Quina (Charente) - t. 1 : industrie osseuse, Paris, Schleicher frères.
- Binford, L.R. (1981) - Bones : Ancient Men and Modern Myths, New York, Academic Press, 320 p.
- Castel, J.-C. (2004) - « L'influence des canidés sur la formation des ensembles archéologiques. Caractérisation des destructions dues au Loup », Revue de Paléobiologie, 23, 2, pp. 675-693.
- Castel, J.-C. et Madelaine, S. (2003) - « Stigmates observés sur les dents de grands Carnivores à l'Aurignacien. L'exemple de l'abri de la Souquette à Sergeac (Dordogne, France) », Paléo, 15, pp. 251-254.
Références
- Mallye, J.-B. et al., 2007, « Retouchoirs et autres "os à impressions et éraillures" : caractérisation et fonctionnement », « Des traces et des Hommes », Projet de recherche interdisciplinaire sur l’identification des modalités d’acquisition et de traitement des matières végétales et animales au Paléolithique moyen en Europe occidentale, pp. 29-38.
Wikimedia Foundation. 2010.