- René Blum
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René Blum (Paris, 13 mars 1878 - Auschwitz, 30 avril 1943) était le frère de l'homme politique Léon Blum. Chorégraphe, il fut engagé en 1931 par le prince Louis II de Monaco pour fonder le Ballet de l'Opéra avec le colonel de Basil, sous le nom de Ballets russes de Monte-Carlo.
Frère du précédent : ainsi débute généralement, dans les encyclopédies, la biographie de René Blum, journaliste et critique d'art, frère cadet du célèbre Léon, né en 1878 à Paris dans une famille bourgeoise d’origine alsacienne. Rédacteur au journal Gil Blas, il aide les écrivains et les peintres d’avant-garde, contribue au succès de l’Exposition des Arts décoratifs, en 1925, et préside le premier ciné-club de France. Il écrit aussi, mais à vrai dire, son influence sur la littérature française tient moins à sa pièce «Les Amours du poète», créée en 1931, qu’au fait d'avoir réussi à faire publier chez Grasset - à compte d'auteur - le roman d’un jeune inconnu refusé par tous les éditeurs : Du côté de chez Swann, de Marcel Proust ! Après avoir dirigé les spectacles du Théâtre de Monte-Carlo, de 1924 à 1929, et y avoir fait débuter, entre autres, Michel Simon et Louis Jouvet, il réalise son rêve de succéder à Diaghilev en reprenant, en 1932, la saison de ballets de ce théâtre. Avec le Colonel de Basil, il fonde une troupe permanente, les Ballets russes de Monte-Carlo, qu’il dirige seul à partir de 1936 sous l'appellation des Ballets de Monte-Carlo. Ne se consacrant plus qu'à la danse, il fait appel, comme Diaghilev, aux meilleurs chorégraphes et aux plus grands peintres, présente les grands succès des "Ballets russes" et des pièces de Balanchine, Massine et Fokine, et finalement gagne son pari : sa troupe devient l’une des plus célèbres du monde et se produit régulièrement en Europe et aux États-Unis. Esthète érudit et raffiné, d'une simplicité et d'une générosité rares, tendrement attaché à sa femme et à son fils, René Blum connaîtra une fin tragique. Replié à Hendaye en juin 1940, il annonce qu'il rentre à Paris au lieu de rejoindre New York où l'attend sa troupe : pour lui, comme pour son frère, quitter la France paraît une désertion. "Mais tu te jettes dans la gueule du loup ! lui dit Marcel Pagnol. Et si les Allemands te tuent ? - Ce serait absurde, car Goethe et Wagner perdront un bon serviteur ! » (1)(2)Déportation
Absurde ou pas, René Blum est arrêté le 12 décembre 1941 à son domicile parisien, en même temps qu’un millier de notables et d’intellectuels d’origine juive.
[1],[2], lors des premières rafles antijuives de la police de Vichy.
Le 13 décembre 1941, il est envoyé au camp de Royallieu-Compiègne [3]
puis il est interné au camp de Pithiviers [4]
Après Drancy et Compiègne, il se retrouve en septembre 1942 à Pithiviers, parmi les vingt-trois personnalités que le préfet du Loiret, de sa propre initiative, transfère discrètement à Beaune-la-Rolande pour les soustraire à la déportation. Mais le stratagème échoue, et le petit groupe, expédié à Drancy, est embarqué par le premier convoi.
et ensuite à Drancy d'où il est expédié le 23 septembre 1942[5] au camp d'Auschwitz[6].Sur la liste des déportés, son nom est marqué d'une croix rouge. Signalé par télex à Eichmann et au commandant d’Auschwitz, René Blum est séparé de ses compagnons dès sa descente du train à Birkenau, le 28 septembre 1942, torturé et tué. Peu avant son arrestation, il avait envoyé ses Mémoires à son éditeur. Le manuscrit n’a jamais été retrouvé.
(1)
Notes et références
- ISBN 2748169301 et 9782748169300), [lire en ligne], p. 223 Jean-Jacques Bernard, Le camp de la mort lente, Compiègne 1941-1942, Édition Albin Michel, Paris, 1945 ; rééd. Éditions Le Manuscrit, 2006 (
- Otto von Stülpnagel fait arrêter chez eux 743 notabes français de confession israélite – industriels, banquiers, écrivains, hommes de loi, hommes de sciences, anciens combattants – à titre de représailles pour des attentats commis par des militants communistes contre des militaires allemands.
- Jean-Jacques Bernard, Le camp de la mort lente, Compiègne 1941-1942, op. cit., p. 269
- Association Mémoires du Convoi 6 - Notre Lien, no 16, septembre 2007, p. 15 [PDF]
- « Granville sous l'occupation – Convoi no 36 en date du 23 septembre 1942 »,
- Jean-Jacques Bernard, Le camp de la mort lente, Compiègne 1941-1942, op. cit., p. 316-317
Wainstain, C. "Le Blum des Ballets russes" in L'Arche, n° 629, octobre 2010, Paris.
(1) déposition de Georges Wellers au procès Eichmann, 32e session http://www.nizkor.org/hweb/people/e/eichmann-adolf/transcripts/Sessions/Session-032-05.html
Articles connexes
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