- Arçrouni
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Les Arçrouni ou Artsrouni également translittéré en Ardzrouni (en arménien Արծրունի) sont les membres d'une famille de la noblesse arménienne, qui prend de l'importance au VIIIe siècle avant d'accéder à la royauté au Vaspourakan de 908 à 1021.
Sommaire
Histoire familiale
Selon l'historien arménien Moïse de Khorène, ils descendraient d'ancien rois d'Assyrie, prétention qu'ils partagent avec la famille Gnouni. Il semble en fait qu'ils descendent plus sûrement des anciens princes de Sophène[1] de la dynastie orontide[2]. À l'origine, leur fief est la montagneuse principauté d'Aghbak[3], mais ils profitent de la disparition des Rechtouni au IVe siècle puis des Ervandouni vers 451, de telle sorte que vers 500, leurs possessions couvrent déjà le noyau du futur royaume du Vaspourakan et les placent parmi les quatre grandes familles arméniennes (avec les Mamikonian, les Bagratouni et les Siouni)[2].
Le plus ancien Arçrouni attesté est un certain Vacé, tué avec sa famille sur l'ordre du roi Tigrane VII. Il semble cependant qu'il s'était révolté contre le roi avec Zora Rechtouni. Seul un fils, Savasp, survit sauvé par Artavazd et Vazak Mamikonian dont il épouse une fille. Vers 357, Savasp tue le roi Tigrane. Savasp a un fils, Mérouzhan, qui est nommé gouverneur d'Arménie en 363, mais qui trahit son pays en appelant Shapur II, roi sassanide de Perse[1].
La famille apparaît ensuite en 414 avec Savasp qui s'oppose à Châhpûhr, prince sassanide d'Arménie, qui persécute les chrétiens. La famille doit provisoirement s'exiler à Byzance, mais le prêtre Alan Arçrouni et son frère Mérouzhan reviennent ensuite en Arménie.
Un Sahak Arçrouni est cité en 484, puis on ne parle plus de cette famille avant 594, quand un Vardan Arçrouni se rend à la cour de Perse. Varaz-Sapouh entreprend le même voyage en 607.
Après l'instauration de l'Arménie arabe, la famille continue son expansion[4]. En 705, les Arabes organisent une campagne de répression en Arménie et exécutent, entre autres, Grigor et Koruim Arçrouni. Il semble qu'ils aient un frère, Vahan, père de Sahak et d'Hamazasp, tous deux nakharark en 762, qui combattent les pillards arabes mais sont tués et vengés par leur frère Gagik Arçrouni. Ce dernier est capturé peu avant la bataille de Bagrévand, en 772 et meurt en prison. Le fils aîné Hamazasp réussit à s'emparer du Vaspourakan, mais est emprisonné par les Arabes en 782 avec ses frères Sahak et Mérouzhan. Hamazasp et Sahak sont décapités en 775 et Mérouzhan libéré.
En 908, pour contrer le roi Smbat Ier d'Arménie, Yousouf, émir d'Azerbaïdjan, accorde l'investiture royale à Gagik Arçrouni[5]. Ses descendants conservent le royaume de Vaspourakan jusqu'en 1021/1022[6], et la branche aînée s'éteint en 1080, tandis qu'une branche cadette se perpétue jusqu'au XIVe siècle.
Princes et rois
Princes Arçrouni
Note : faute de documentation suffisante, la liste n'est pas complète.
- Vacé Ier Arçrouni, vers 338/350 ;
- Savasp, fils du précédent, cité en 350 et en 357 ;
- Mérouzhan Ier, fils du précédent, cité 363 et 381 ;
- Vacé II, cité en 432 ;
- Vasak, fils probable du précédent ;
- Mérouzhan II, fils du précédent, nakharar, cité en 451 ;
- Nerschapour/Mihrschapour Ier, cité de 449/451 à 475 ;
- Sahak, cité en 484 ;
- Vardan, cité en 594 ;
- Vasak, cité en 610/611, crucifié par les Iraniens ;
- Varaz-Sapouh, nakharar, cité en 607 ;
- Grigor et Korium, nakharark, exécutés en 705 (crucifiés par les Arabes) ;
- Vahan, nakharar vers 700 ;
- Sahak II et Hamazasp, fils du précédent, nakharark, tués en 762 ;
- Gagik († 772), nakharar, frère des précédents.
Princes de Vaspourakan
- 6 janvier 785), fils du précédent, prince de Vaspourakan ;
- Merouzhan III Arçrouni, frère du précédent (762-785) ;
- Gagik Ier (après 785), fils d'Hamazasp ou de Merouzhan ;
- Hamazasp II Arçrouni († 836), fils du précédent ;
- Achot Ier Aboulabas († 874), fils du précédent ;
- Grigor-Dérénik Arçrouni († 887), fils d'Achot Ier ;
- Achot-Sargis Arçrouni († 903), fils de Grigor Arçrouni ;
- Gagik Ier († 937 ou 943), frère du précédent, prince du Vaspourakan puis roi en 908.
Rois de Vaspourakan
- Gagik Ier († 937 ou 943) ;
- Dérénik-Achot († 959), fils du précédent ;
- Abousahl-Hamazasp († 969), frère du précédent ;
- Achot-Sahak († 991), fils du précédent ;
- Gourgen-Khatchik († 1003), frère du précédent ;
- Sénéqérim-Hovhannès († 1026), frère du précédent, abdique en 1021.
Princes Arçrouni
- Sénéqérim-Hovhannès († 1026) ;
- Dawit († 1037), fils du précédent ;
- Atom († 1080), frère du précédent.
Autres membres de la famille
- Thomas Arçrouni (IXe et Xe siècles), chroniqueur ;
- Mariam Arçrouni (XIe siècle), épouse de Georges Ier, roi de Géorgie.
Les Arçrouni à Byzance
La famille de l'empereur Léon V l'Arménien : il est fils d'un Bardas (v. 735 † 792), stratège des Anatoliques, puis patrice. Il a également deux neveux, Bardas († 821), duc de 813 à 820, et Grégorios († 823), stratège. Le patriarche Nicéphore Ier écrivit une notice sur Léon V, lequel l'avait fait déposer, qui relate que ce dernier était arménien et descendant d'« un mauvais rejeton parricide de Sennacherib, roi des Assyriens ». Cette référence au roi assyrien renvoie aux familles arméniennes Arçrouni et Gnouni, qui revendiquaient également cette ascendance. La documentation de l'époque ne permet pas de trancher entre les deux familles, mais les prénoms de Bardas et Gregorios sont les traductions des prénoms arméniens Vardan et Grigor, portés par des princes Arçrouni[8],[9].
Notes et références
- (en) Cyrille Toumanoff, « Artsruni » sur Encyclopædia Iranica. Consulté le 5 mars 2009.
- (en) Richard G. Hovannisian (dir.), Armenian Van/Vaspourakan, Mazda, Costa Mesa, 2000 (ISBN 978-1-568-59130-6), p. 22.
- (en) Richard G. Hovannisian (dir.), op. cit., p. 18.
- (en) Richard G. Hovannisian (dir.), op. cit., p. 23.
- René Grousset, Histoire de l’Arménie des origines à 1071, Paris, Payot, 1947 (réimpr. 1973, 1984, 1995, 2008), 644 p., p. 433.
- ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 279. Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007 (
- (en) Lynn Jones, Between Islam and Byzantium: Aght'amar and the Visual Construction of Medieval Armenian Rulership, Ashgate, Farnham, 2007 (ISBN 978-0754638520), p. 79.
- Christian Settipani, Nos ancêtres de l'Antiquité : étude des possibilités de liens généalogiques entre les familles de l'Antiquité et celles du haut Moyen-Âge européen, Paris, Christian, 1991, 263 p. (ISBN 2-86496-050-6), p. 185-189
- Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l'Empire du VIe au IXe siècle, Paris, de Boccard, 2006, 634 p. (ISBN 978-2-7018-0226-8), p. 324-327
Voir aussi
Article connexe
Bibliographie
- Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007 (ISBN 978-2-7089-6874-5).
- René Grousset, Histoire de l’Arménie des origines à 1071, Paris, Payot, 1947 (réimpr. 1973, 1984, 1995, 2008), 644 p.
- Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l'Empire du VIe au IXe siècle, Paris, de Boccard, 2006, 634 p. (ISBN 978-2-7018-0226-8), p. 312-327.
- Cyrille Toumanoff, Manuel de généalogie et de chronologie pour le Caucase chrétien (Arménie, Géorgie, Albanie) [détail des éditions], p. 87-93, 520-521 & 524-525.
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