- Reine-Sorcière (Disney)
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Reine-Sorcière Personnage Disney La Reine dans la parade Disney's Once Upon A Dream.La Reine dans la parade Disney's Once Upon A Dream.Nom original Queen-Witch Espèce humain Sexe féminin Conjoint(e)/Fiancé(e) Le Roi 1re apparition
dans1937
Blanche-Neige et les Sept NainsReine ou Sorcière de Blanche-Neige est le personnage antagoniste du long métrage d'animation Blanche-Neige et les Sept Nains adapté du conte éponyme des frères Grimm paru en 1812[1]. La version créée par les studios Disney diffère des autres adaptations du conte, ce qui est l'objet de cette page.
Sommaire
Description
La Reine-Sorcière est la seconde épouse du roi, belle-mère de Blanche-Neige dont la mère, précédente reine, est morte en couche. Son principal centre d'intérêt est d'être la plus belle femme du royaume. Mais Blanche-Neige reste la plus belle et la reine souhaite donc sa mort.
Conception du personnage
Un script daté de septembre 1934 ajoute pour la reine des éléments spécifiques à la version Disney dont :
- elle ne se déguise plus en vendeuse mais se transforme en sorcière,
- une seule tentative de meurtre par le chasseur et une d'empoisonnant avec la pomme,
D'après une fiche de production datée du 22 octobre 1934[2] la reine avait les caractéristiques suivantes, montrant que dès l'automne 1934 la distribution était claire dans l'esprit de Walt Disney et que les animateurs en charge de leur conception étaient eux déjà à l'ouvrage :
- un mélange de Lady Macbeth et du Grand méchant loup[2],[3], sa beauté est sinistre, mûre, plein de courbes. Elle devient laide et menaçante après avoir mélangé ses poisons. Les potions magiques la transforme en une vielle sorcière. Ses propos et actions sont sur-dramatisée, proche du ridicule.
Pour Walt Disney, le principal moteur de l'histoire est, et reste, la relation entre la Reine jalouse et Blanche-Neige sans soupçon[4]. Certains éléments du conte sont ainsi supprimés et d'autres créés de toute pièce par le département des scénarios, service créé par Walt Disney en 1931. Parmi les premiers, on peut citer les multiples tentatives d'assassinats fomentés par la reine, parmi les seconds l'individualisation des nains[5].
Le personnage de la reine est un de ceux qui a le plus évolué au fil de la production. Elle passe, sur les premiers concepts, d'une personne enrobée et pas très jolie à une femme belle mais au tempérament glacial[6]. Graphiquement l'aspect de la reine en sorcière est très proche de celle de Les Enfants des bois (1932)[7].
Apparences
Pour imaginer la silhouette et le visage de la Reine, Walt Disney s'est inspiré de l'actrice Joan Crawford[8]. Lucille La Verne a elle été choisie pour interpréter la reine/sorcière dans la version originale. Elle est connue pour ses interprétations de sorcières dans Les Deux Orphelines (1921) ou Le Marquis de Saint-Évremont (1935). Elle a aussi servi de modèle vivant pour le personnage animé[9] ; Bill Cottrell se souvient[10] « qu'elle était si convaincante lors des enregistrements que lorsqu'elle déclama en lisant le script Une verre d'eau - S'il vous plaît - un verre d'eau un assistant se précipita pour aller en chercher un.» Joe Grant indique qu'il a croquée l'actrice après qu'elle a retiré son dentier pour s'inspirer du personnage de la sorcière[11].
Pour l'aspect normal de la Reine, les dessinateurs se concentrent sur une approche réaliste du mal et du danger afin de la rendre la plus crédible possible. Elle devait être « froide, cruelle, malicieuse et extrême »[12]. Pour Allan, la Reine a le visage de Joan Crawford[3] et se rapproche de la tradition des sorcières, belle et sans âge, peuplant la mythologie et les contes européens depuis Circé en passant par la Fée Morgane. De la première elle a la magie des poisons, de la seconde le pouvoir sur les éléments[3]. Pour lui, « elle représente la femme redoutée par les hommes dans une société dominée par les hommes. Elle est à la fois la femme fatale et un personnage inquiétant issu d'un monde plus ancien »[3]. Sean Griffin décrit la Reine comme une femme asexuée avec des vêtements couvrant l'intégralité de son corps, un visage aux traits forcés et acérés en opposition avec la rondeur et la douceur de ceux de Blanche-Neige, soulignés par du maquillage et des ombres autour des yeux, proche de ce qui sera fait pour Maléfique dans La Belle au bois dormant (1959)[13].
Pour Thomas et Johnston, la seule source de sa méchanceté est sa volonté d'être la plus belle du royaume[14]. Pour Thomas et Johnston, elle est la première véritable méchante de l'histoire de l'animation car à l'origine de la première véritable tentative de meurtre, chose que même le Grand méchant loup ne pouvait faire car il ne parvenait déjà pas à capturer les petits cochons[15]. Autre élément relevé par Thomas & Johnston, le fait que la Reine observe Blanche-Neige sans être vue, ajoute un élément « encore plus terrible que si elle était en sa présence », « cet usage de l'intimité ajoute de l'antipathie et de la froideur » au personnage[16].
Les scènes de « méchanceté » ne s'inspirent pas du style de l'opérette mais ont plutôt des liens avec les films d'horreur[17]. Girveau associe la séquence de la transformation de la reine en sorcière, animée par Joe Grant et Art Babbitt, à Docteur Jekyll et M. Hyde (1931) de Rouben Mamoulian (avec Fredric March), alors que Grant indique lui s'être servi comme modèle du Docteur Jekyll et M. Hyde (1920) de John S. Robertson[18]. Pour justifiier son point de vue Girveau précise que la première est plus allusive que démonstrative, comme la transformation dans Blanche-Neige, à l'opposé de celle de Robertson[18].
Toutefois, la représentation de la Reine/Sorcière semble, pour Girveau, « être l'un des personnages antipathiques les plus réussis et les plus populaires »[19]. Parmi les personnages féminins de Disney (la majorité créée ensuite), la Reine/Sorcière est la seule mêlant la femme fatale, la sorcière comme Maléfique dans La Belle au bois dormant (1959), la marâtre comme Lady Tremaine dans Cendrillon (1950), mais pour lui, elle n'a pas l'outrance de Cruella d'Enfer dans Les 101 Dalmatiens (1961)[19].
Transformation de la reine en sorcière
Leonard Maltin détaille et analyse la scène. L'horreur provient non pas de la sorcière elle-même (sa métamorphose ayant lieu « hors champ ») mais est portée par les réactions de son entourage, à savoir un corbeau terrorisé[20]. Maltin qualifie cette scène de « merveille de réalisation et de montage ainsi que d'animation »[9]. Leonard Maltin note par exemple qu'après sa transformation de reine en sorcière, « elle quitte son laboratoire donjon par un escalier en colimaçon, passe devant des cachots, laisse un squelette avec une main tendue à travers les barreaux » ou la présence d'« une énorme araignée aux yeux jaunes »[21].
Ces éléments associés aux peurs sont disséminés tout au long du film et rentrent en interaction avec la douceur de Blanche-Neige et le comique des nains, lui donnant un rythme « faible mais ferme », « jamais trop long ni trop accéléré », à l'opposé des courts métrages qui pour Leonard Maltin crée un « enchaînement de séquence parfait de précision et d'harmonie comme si l'histoire avait toujours été ainsi racontée »[21]. Une autre scène de peur est celle de la fuite dans la forêt, elle se base sur le postulat que Blanche-Neige a peur de l'inconnu. Or plus un spectateur possède un imaginaire fort plus il ressent les émotions que les auteurs et artistes ont tentés de lui transmettre[22]. Durant sa fuite, Blanche-Neige est prise de panique et ses peurs modifient la réalité ; les arbres prennent vie, tentent de l'attraper, ils deviennent ainsi de vrais méchants, le tout étant soulignés par les expressions de terreur sur son visage ; le public suit la scène et tout en s'identifiant à l'héroïne ressent aussi la peur[22].
Interprètes
- Voix originales : Lucille La Verne
- Voix allemandes : Dagny Servaes (1938) ; Gisela Reißmann (1966) ; Gisela Fritsch (1994)
- Voix brésiliennes : 1er doublage (1938) ; Cordélia Ferreira (Reine)/Estephana Louro (Sorcière) ; 2<exp>nd</exp> doublage (1965) : Lourdes Mayer (Reine)/Estelita Bell (Sorcière)
- Voix finnoises : 1er doublage (1962) ; Rauni Luoma (Reine/Sorcière) ; 2nd doublage : (1993) Terhi Panula (Reine)/Seela Sella (Sorcière)
- Voix françaises : 1er doublage (1938) ? ; 2e doublage (1952) ; Claude Gensac (Reine)/Marie Francey (Sorcière) ; 3e doublage (2001) : Sylvie Genty (Reine)/Katy Vail (Sorcière)
- Voix hongroises : 1er doublage (1962) : Lukács Margit (Reine)/Vay Ilus (Sorcière) ; 2nd doublage : (2001) Szabó Éva (Reine/Sorcière)
- Voix italiennes : 1er doublage (1938) : Tina Lattanzi (Reine)/Dina Romano (Sorcière) ; 2nd doublage (1972) : Benita Martini (Reine)/Wanda Tettoni (Sorcière)
- Voix japonaises : Tanieda Kitabayashi/Kyōko Satomi
- Voix portugaises : Cláudia Cadima (Reine)/Cucha Carvalheiro (Sorcière)
Notes et références
- (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 25
- (en) Christopher Finch, The Art Of Walt Disney p 66
- (fr) Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios, Robin Allan, p. 144
- (en) Frank Thomas et Ollie Johnston, Disney Animation : The Illusion of Life, p. 233
- (fr) Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios, Robin Allan, p. 178
- Making of de « Blanche-Neige et les Sept nains » de Harry Arends, disponible sur le 1er disque de l'édition DVD collector du film.
- (en) Frank Thomas et Ollie Johnston, The Disney Villain, p. 57
- (fr) Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios P. 200
- (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 30
- (en) Frank Thomas et Ollie Johnston, Disney Animation : The Illusion of Life, p. 467
- (en) Pierre Lambert, Walt Disney, l'âge d'or, p. 51
- (en) Frank Thomas et Ollie Johnston, Disney Animation : The Illusion of Life, p. 418
- (en) Sean Griffin, Tinker Belles and Evil Queens, p. 73
- (en) Frank Thomas et Ollie Johnston, The Disney Villain, p. 19
- (en) Frank Thomas et Ollie Johnston, The Disney Villain, p. 51
- (en) Frank Thomas et Ollie Johnston, The Disney Villain, p. 101
- (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 28-29
- (fr) Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios, Bruno Girveau P. 198
- (fr) Il était une fois Walt Disney : Aux sources de l'art des studios, Bruno Girveau P. 201
- (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 31
- (en) Leonard Maltin, The Disney Films : 3rd Edition, p. 29
- (en) Frank Thomas et Ollie Johnston, The Disney Villain, p. 32-3
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