- Raymond Depardon
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Raymond Depardon (né le 6 juillet 1942 à Villefranche-sur-Saône, Rhône, France) est un photographe, réalisateur, journaliste et scénariste français, considéré comme l'un des maîtres du film documentaire[réf. nécessaire]. Il est membre de Magnum Photos depuis 1979[1].
Sommaire
Biographie
Raymond Depardon s'intéresse très tôt à la photographie et prend ses premiers clichés dans la ferme familiale du Garet. Lucien Dune lui transmet son savoir. En 1958, il devient l'assistant de Louis Foucherand. Ce photographe, qui avait beaucoup voyagé et réalisé des reportages pour diverses publications entre les années 1930 et 1960, s'associe avec Louis Dalmas au début des années 60. Cependant, il abandonna très vite cet emploi pour se consacrer au reportage en qualité de pigiste sans un sou vaillant mais porté par sa passion et sa détermination à réussir dans ce métier[réf. nécessaire].
Il rejoint l'agence Dalmas à Paris en 1960[1].
En août 1960, alors qu'il n'a que 18 ans, Dalmas lui propose de partir au Sahara avec un forfait de 800 francs pour suivre une expédition cherchant à étudier la résistance du corps humain à la chaleur[réf. nécessaire].
Il quitte la France pour partir en expédition en Algérie en pleine guerre d'Algérie. En arrivant ils[Qui ?] tombent sur un fait divers de quelques jeunes appelés du contingent qui, le jour du 15 août, étaient partis chasser la gazelle et qui se sont perdus. Ils sont donc partis à leur recherche, escortés de militaires et de médecins de l'hôpital américain. Il les ont trouvés et ont pu en sauver trois sur sept. Raymond a photographié « l'événement ». Ensuite, à leur arrivée à Tabalbala, le capitaine de la légion a fait appeler Depardon dans son bureau et lui a dit « il faut que vous me donniez vos films ». Quelques mois plus tôt, on lui avait appris à l'agence Dalmas qu'il ne devait jamais donner ses films à la police. Il a donc menti et l'information a pu être publiée dans Paris-Match[réf. nécessaire].
Depardon devient reporter salarié au sein de l'agence Dalmas et couvre ensuite les conflits (Algérie et Viêt Nam) mais aussi des sujets d'actualité, et traque les « people » comme un authentique « paparazzi ».
En 1966, il fonde avec Gilles Caron l'agence Gamma[1].
En 1969, il filme pour l'agence Gamma la cérémonie en l'honneur de Jan Palach, jeune tchèque qui s'est immolé par le feu pour protester contre l'invasion de la Tchécoslovaquie[2].
Parallèlement à son travail de photographe, il commence dès 1963 à réaliser des documentaires.
En 1974, à la demande de Valéry Giscard d'Estaing, il tourne un film sur sa campagne électorale. Sa projection sera longtemps refusée par le nouveau Président, et ce n'est qu'en février 2002 que 1974, une partie de campagne est diffusé à la télévision et au cinéma. Son titre initial était 50,81%, le pourcentage des voix obtenu par Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle.
En 1978, il rejoint l'agence Magnum[1].
En 1979, il se rend en Afghanistan où il suit pendant cinq semaines une colonne de maquisards. Ses photos et les textes qui les accompagnent sont publiés sous le titre de Notes chez Arfuyen. La même année son premier long métrage "Numéro Zéro" pour lequel il reçoit le prix Georges Sadoul.
En 1981, son film Reporters reste sept mois à l'affiche du cinéma Quartier Latin[1].
Il reçoit le Grand Prix national de la photographie en 1991[1].
À partir de 1998, il travaille à une trilogie sur le monde paysan.
Début 2006, Depardon expose à la Maison européenne de la photographie à Paris ses portraits de personnalités politiques. La même année, il est le commissaire invité des Rencontres internationales de la photographie d'Arles (37es du nom) du 4 juillet au 17 septembre 2006.
Le 12 décembre 2008, il est honoré du prix Louis-Delluc pour son film Profils paysans, la vie moderne.
Œuvre cinématographique
Depardon a touché à presque tous les genres du documentaire et réalisé de nombreux films importants, portant son regard humaniste aussi bien au Tchad - son film de 1989, La Captive du désert, met en scène Sandrine Bonnaire dans le rôle de l'archéologue Françoise Claustre, une Française qui fut deux ans et demi otage au Tchad d'Hissène Habré et qu'il interviewa pendant sa captivité - que sur un asile psychiatrique, aux urgences, dans les palais de justice ou sur les problèmes du monde paysan dont il est issu.
Deux de ses premiers films suivent le travail de la presse et de ses fournisseurs : Numéros zéro montre les préparatifs d'un nouveau quotidien, Le Matin de Paris ; Reporters suit pendant tout le mois d'octobre 1980 les photographes de l'agence Gamma, entre couverture de l'actualité et chasses aux people pour des clichés de paparazzi.
Œuvre photographique
Un des traits les plus caractéristiques de l'œuvre photographique de Raymond Depardon est la revendication de la subjectivité du photographe et de sa volonté de photographier des « temps morts », ce en quoi il se détache de l'école du reportage humaniste européenne de Cartier-Bresson et se rapproche de l'école américaine et des photographes tels que Walker Evans et Robert Frank. Son ouvrage le plus significatif, le recueil Notes publié en 1979, est composé d'une centaine de photographies accompagnées de textes écrits à la première personne, entre l'exigence journalistique (le monde extérieur) et l'autobiographie (le monde intérieur).
Son ouvrage Photographies de personnalités politiques illustre encore cette démarche : Raymond Depardon cherche à photographier les personnalités politiques dans l'authenticité de leur action, en y ajoutant son regard : « Montrer la solitude de la personnalité politique est au centre de mon travail »[3].
Selon lui, l'âge d'or de la photographie politique se situe entre mai 1968 et 1982. C'est l'ère de « la photo de contact ». Il voit dans la période actuelle un retour à la tendance « détestable » des débuts de la Ve République avec le contrôle absolu des responsables de la communication[réf. nécessaire].
Filmographie
- 1963 : Venezuela
- 1967 : Israel
- 1968 : Biafra
- 1969 : Jan Palach
- 1970 : Tchad 1 - l'Embuscade
- 1973 : Yemen - Arabie heureuse
- 1974 : 1974, une partie de campagne
- 1975 : Tchad 2
- 1976 : Tibesti Too
- 1976 : Tchad 3
- 1977 : Numéros zéro
- 1980 : Dix minutes de silence pour John Lennon
- 1981 : Reporters
- 1982 : Piparsod
- 1982 : San Clemente
- 1983 : Faits divers
- 1984 : Les Années déclic
- 1985 : Une femme en Afrique
- 1986 : New York, N.Y.
- 1987 : Urgences
- 1989 : Une histoire très simple
- 1990 : Contacts
- 1990 : La Captive du désert
- 1991 : Contre l'oubli - segment Pour Alirio de Jesus Pedraza Becerra, Colombie
- 1994 : Montage
- 1994 : Délits flagrants
- 1995 : À propos de Nice, la suite
- 1995 : Lumière et Compagnie
- 1996 : Malraux
- 1996 : Afriques, comment ça va avec la douleur ?
- 1998 : Paris
- 1998 : Un amour qui m'irait bien - Vidéo Clip de Véronique Sanson
- 1999 : Muriel Leferle
- 1999 : Emmaüs Mouvement (1949-1999 Emmaüs a 50 ans)
- 2001 : Profils paysans, l'approche
- 2002 : Un homme sans l'Occident
- 2004 : Quoi de neuf au Garet ?
- 2004 : 10e chambre, instants d'audience
- 2004 : Profils paysans, le quotidien
- 2007 : Chacun son cinéma - segment Cinéma d'été
- 2008 : Profils paysans, la vie moderne
Livres
- Jeux Olympiques de Mexico avec Yves Nouchi, Solar, Paris, 1968
- Chili, avec Chas Garresten et David Brunett, 1974
- Tchad, Gamma, Paris, 1977
- Gilles Caron reporter, Le Chêne, Paris, 1977
- Notes, Arfuyen X, Paris, 1979
- Correspondance New-Yorkaise (Écrit sur l'image), Libération/l'Étoile, 1981
- Le désert américain, l'Étoile, Paris, 1983
- San Clémente, Centre national de la photographie, 1984
- Les fiancés de Saïgon, les Cahiers du cinéma, Paris, 1985
- Hivers, Arfuyen X, Paris, 1987
- Vues, Le Monde, Paris, 1988
- La pointe du Raz, Marval, Paris, 1991
- La Colline des Anges : Retour au Viêt Nam avec Jean-Claude Guillebaud, Seuil, 1993
- Return to Vietnam, Verso, Londres - New-York, 1994
- Le porteur de larmes avec Jean-Claude Guillebaud, Seuil, 1996
- En Afrique, Seuil, Paris, 1996
- La Ferme du Garet, Paris, éd. Carré, 1995, (ISBN 2-908393-23-9) ; Actes Sud, 1997 (ISBN 2-7427-4285-9)
- Silence rompu, La joie de Lire, Genève, 1998
- Voyages, 1998, 1999, 2000, 2004, Hazan, Paris, (ISBN 2-85025-642-0)
- Rêves de désert avec Titouan Lamazou, éditions Gallimard, 2000
- Détours, Maison européenne de la photographie, Paris, Prix Nadar, 2000
- Errance, Seuil, Paris, 2000
- Raymond Depardon, collection Photo Poche, Nathan/VUEF, 2002 (ISBN 2-O9-754-132-1)
- Images politiques, La Fabrique, 2004
- Photographies de personnalités politiques, Seuil, 2006, (ISBN 978-2-7578-0374-5) (1ère publication (ISBN 2-02-082685-2))
- 1968, une année autour du monde, 2008
- La terre des paysans, Seuil, 2008, (ISBN 978-2-02-097631-2)
- La France de Raymond Depardon, Seuil, Paris, 2010
- Beyrouth Centre-Ville, Points, Paris, 2010
Expositions
- La France de Raymond Depardon, exposition à la Bibliothèque nationale de France du 30 septembre 2010 au 9 janvier 2011[4]
Distinctions
- 1991 : Grand Prix National de la Photographie[1].
- 1995 : César du meilleur documentaire pour Délits Flagrants[1].
- 12 décembre 2008 : prix Louis-Delluc pour Profils paysans, la vie moderne.
Sources
- Raymond Depardon. Fotograaf en filmer/Photographer and Filmmaker, Frits Gierstberg (ed.), Nederlands Fotomuseum/Nederlands Filmmuseum, Rotterdam/Amsterdam, 2005
- La place et le photographe, film documentaire de Arno Gaillard, 1991, 4 minutes[5].
- Sami Gnaba, « Raymond Depardon : dans les règles de l’art », Séquences : La revue de cinéma, n° 262, 2009, p. 12-13, lire en ligne.
- Sami Gnaba « Raymond Depardon : questions humaines », Séquences : La revue de cinéma, n° 262, 2009, p. 14-15, lire en ligne.
Voir aussi
- 2006 : Globes de Cristal meilleur Artiste plasticien
Liens externes
- Raymond Depardon sur l'Internet Movie Database.
- Sa biographie sur le site de l'agence Magnum
- Raymond Depardon et Paul Virilio : Exposition Terre Natale à la Fondation Cartier pour l'art contemporain.
- Raymond Depardon Rêves d'errance.
- La place et le photographe sur Youtube
Références
- Sa biographie sur le site de l'agence Magnum Photos
- http://id.erudit.org/iderudit/1858ac Sami Gnaba « Raymond Depardon : questions humaines », Séquences : La revue de cinéma, n° 262, 2009, p. 14-15,
- Michel Guerrin et Claire Guillot, « Depardon, le jeu de jambes du photographe », dans Le Monde, 25 janvier 2006
- La France de Raymond Depardon sur bnf.fr, 2010
- La place et le photographe sur forumdesimages.fr
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