Qubilaï

Qubilaï

Kubilai Khan

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Kubilai Khan

Kūbilaï Khān (12151294), mongol Xubilaï, khan mongol puis empereur de Chine (元世祖 忽必烈), il est le fondateur de la dynastie Yuan.

Fils de Tolui et petit-fils de Gengis Khan, il est né en 1215, durant l'année de la prise de Pékin par Gengis Khan, qui la détruira complètement ; il succède à Möngke, son frère, comme grand khan des Mongols en 1260.

Il accueillit à sa cour Marco Polo, qu'il chargea de plusieurs missions entre 1274 et 1291, et dont le fameux récit Le Devisement du monde décrit de nombreux aspects de la Chine de l'époque.

Sommaire

Conquête de la Chine

Marco Polo et Kubilai Khan (miniature du Devisement du monde).

L'empereur mongol Kūbilaï achève la conquête de la Chine, s'installe à Pékin, et en 1271, prend un titre dynastique à la manière chinoise, celui des Yuan, sans devenir véritablement un empereur chinois[1].

Il complète la conquête de la Chine en renversant la dynastie Song du Sud en 1279. En 1280, il unifie la Chine et fonde la dynastie Yuan. Il échoue pourtant à conquérir le Japon et le Viêt Nam.

En Chine, c'est un souverain éclairé. Il rénove et étend le réseau de routes, fait rebâtir les édifices publics et creuser le Grand canal. Il introduit la monnaie papier, protège les arts. Il fait preuve de méfiance à l'égard du taoïsme. En revanche, il se montre tolérant à l'égard des différentes religions, accueillant des prêtres nestoriens et des Lamas tibétains. En 1253, le 2e Karmapa, Karma Pakshi (1206-1283) fait un voyage qui lui prend trois ans pour se rendre en Chine en réponse à une invitation de Kubilai Khan qui lui demande de résider en Chine de manière permanente, mais il décline l'offre, ne souhaitant pas être la cause de conflits avec l'école des Sakyapas, dont l'influence était forte auprès des empereurs mongols à cette époque. Möngke Khan, le frère de Kubilai, est reconnu par le Karmapa comme un ancien disciple. Après la mort de Möngke Khan, Kubilai devient le Khan. Il avait toutefois un grief à l'encontre du Karmapa qui avait refusé son invitation des années auparavant et qui avait été si proche de son frère. Kubilai Khan ordonne l'arrestation et l'exil de Karma Pakshi qui retourne au Tibet vers la fin de sa vie.

C'est sous le règne de Kūbilaï que Pékin serait devenu pour la première fois, à l'époque sous le nom de Khanbalik (Cambalou ou Cambaluc, 大都, « grande ville » ), la capitale de l’ensemble de la Chine et d'où il gouverna un vaste empire. La résidence d'été de Kūbilaï est Shangdu (上都), peut-être la fameuse Xanadou dont parle Coleridge.

Les invasions

En 1231, les Mongols envahissent la Corée. Après près de 30 ans de guerre, la Corée signe un traité en faveur de la dynastie Yuan.

Les tentatives d'invasions du Japon

Article détaillé : Invasions mongoles du Japon.

En 1263, les Mongols envoient des émissaires au Japon, le menaçant d'une invasion si les Japonais ne se plient pas à la souveraineté Mongole. En 1268 un deuxième convoi d'émissaires est envoyé au Japon et revient les mains vides, comme ses prédécesseurs. Les deux ambassades rencontrèrent Chinzei Bugyo, le commissaire de la défense pour l'ouest, qui remit le message au Shogun à Kamakura et à l'empereur à Kyōto. Un certain nombre de messages furent envoyés, certains à travers des émissaires coréens et certains par des ambassadeurs mongols. Le shogunat de Kamakura ordonna à tous ceux qui possédaient des fiefs à Kyushu (l'endroit le plus proche de la Corée et donc le plus susceptible d'être attaqué) de retourner à leurs terres et les forces de Kyushu se déplacèrent vers l'Ouest, sécurisant ainsi les endroits les plus susceptibles d'être attaqués. De plus, des services de prières furent organisés, et la plupart des affaires gouvernementales furent reportées pour faire face à cette crise.

Le Khan était prêt à partir en guerre dès 1268, mais se rendit compte que l'empire mongol n'avait pas les ressources pour lui procurer une armée et une flotte marine suffisante.

Les tentatives d'invasions mongoles du Japon de 1274 et 1281 furent des opérations militaires d'envergure, entreprises par Kubilai Khan dans le but de conquérir les îles japonaises après que les Coréens eurent révélé aux Mongols à quel point il serait facile de conquérir le Japon, un pays selon eux peu organisé. Malgré leurs échecs, ces tentatives d'invasion furent des évènements très importants car elles mirent un frein à l'expansion mongole et constituèrent des évènements marquants dans l'histoire japonaise. On estime aujourd'hui que c'est pendant cette guerre que les mongols levèrent la plus grande armée de l'histoire. Ces tentatives d'invasions sont citées dans beaucoup d'œuvres de fiction et sont les premières instances où le mot kamikaze, ou "vent divin" est largement utilisé. De plus, à l'exception de la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces tentatives d'invasion furent les plus menaçantes que le Japon connu en plus de 1 500 ans.

Autres expéditions

En 1287, Témur, petit-fils de Kubilai alors stationné au Yunnan, abat le Royaume de Pagan en Birmanie.

En 1292, Kubilai, que les ambitions du royaume javanais de Singosari inquiètent, lance une expédition qui sera repoussée par le gendre du roi Kertanegara, après la mort de celui-ci lors d'une révolte.

Marco Polo

À sa cour, Marco Polo est un fonctionnaire important.
Le récit que Marco Polo fit de la Chine et des territoires asiatiques gouvernés par Kubilai dans Le Devisement du monde, paru en 1298, apporte de nombreuses et véridiques informations sur l'organisation et la richesse de cet Empire. Kūbilaï Khān est le sujet, le centre et l'unité du livre.
On y trouve par exemple :

  • Une évaluation des recettes fiscales de la province de Hangzhou, ch. 152 (23 tonnes or annuellement pour le seul sel, chiffre exactement vérifié par les annales[2]).
  • L'histoire de l'assassinat du premier ministre en 1282, un des évènements les plus graves du règne de Kūbilaï.
  • Plusieurs chapitres décrivant l'économie : intervention sur le marché des grains (ch. 102) et fonds sociaux (ch. 98 et 103) ; appareil de production proche de l'industrie à Hangzhou (ch. 151) ; introduction du papier-monnaie, rendu obligatoire sous peine de mort (ch. 95)[3] ; bateaux et commerce naval (ch. 156, 157, 177).
  • La description des relais de chevaux, des routes et de la rapidité des transports (ch. 97 et 99).

L'écriture Phagspa

Souhaitant s'initier au bouddhisme, Kubilai Khan demanda au prince mongol Godan de lui confier Drogön Chögyal Phagpa, un jeune lama tibétain âgé de 23 ans appartenant à l'école sakyapa du bouddhisme tibétain. En 1260, l'année où il devint le Khan des Mongols, Kubilai Khan nomme Chögyal Phagpa son Régent Impérial. Selon les Mongols actuels, Phagpa fut le premier à « inaugurer la théologie politique de la relation entre l'État et la religion dans le monde bouddhiste tibéto-mongol ».[4],[5]

Avec le soutien de Kubilai Khan, Chögyal Phagpa s'est établi ainsi que son école en tant que pouvoir politique prééminent au Tibet. Kubilaï avait besoin d'une nouvelle écriture pour unifier l'écriture multilingue de l’Empire mongol. Il confia cette tache à Drogön Chögyal Phagpa. En réponse, Chögyal Phagpa a modifié l'écriture tibétaine traditionnelle et a créé une nouvelle série de caractères appelé l'écriture Phagspa qui a été finalisée en 1268. Kubilai Khan décida d'utiliser l’écriture Phagspa comme écriture officielle de l'empire, y compris lorsqu'il est devenu empereur de Chine en 1271, à la place des idéogrammes chinois.[4] L’écriture Phagspa fut utilisée pendant 110 ans et l’on pense qu’elle a influencé le développement de l'écriture coréenne moderne. L'écriture Phagspa est tombée en désuétude après l'effondrement de la dynastie Yuan en 1368.[4],[5]

Épouses et descendance

De Qoruqchin Khatun, fille de Qutuqu, chef Merkit:

  • Qoridai (cinquième fils)

De Chabui Khatun, fille de Anchen, chef Onggirat et frère de Börte, épouse principale de Gengis Khan; morte vers 1282/1283:

  • Dorji (premier fils); mort jeune
  • Jimgim (second fils) (1243 - 1285) prince héritier; reçut le nom posthume d'empereur Yuzong; marié à Bairamakochi (Bolanyeqiechi), de la tribu des Onggirat; puis marié à Kokëchin Khatun, fille de Bairam Egechi, + 1300; père de:
    • Prince Kammala (1263 - 1302); marié à Boyam Qielimish, de la tribu des Onggirat, dont Yesun Timur (empereur Taidingdi)
    • Prince Darmabala, fils de Kokëchin Khatun, (1264 - 1293); reçut le nom posthume d'empereur Shunzong; marié à Daji, fille de Hundu Timur, de la tribu des Onggirat et petit-fils d'Anchen, un des frères de Börte, l'épouse de Gengis Khan; morte en 1322, dont
      • Prince Amoga
      • Prince Qaishan (empereur Wuzong)
      • Prince Ayurbarvada (empereur Renzong)
      • Princesse Sengge Ragi, mariée Diaoabula, de la tribu des Onggirat, fils de Timur et de la princesse Nangjiazhen
    • Prince Timur Oljeit (empereur Chengzong), né de Kokëchin Khatun
    • Princesse Nange Bula, mariée Manzitai, fils de Nachen, chef Onggirat
    • Princesse Qutadmish, mariée Korguz, fils d'Aibuqa, chef Ongut
  • Mangqala (troisième fils) mort en 1278
  • Nomoghan (quatrième fils) mort vers 1292/1301

De Dörbechin khatun, de la tribu des Dorban:

  • Hügechi (sixième fils)
  • Oqruchi (septième fils)

De Bayaujin Khatun, fille de Boragchin de la tribu des Bayaut:

  • Toghan (onzième fils)

Tëgülun Khatun, fille de Tuolian, petit-fils d'Anchen, chef Onggirat

De Nambui Khatun, fille de Nachen, fils de Anchen, chef Onggirat; titrée épouse principale en 1283:

  • Tamachi (douzième fils)
  • Bekhchin Khatun

De Asuzhen Khatun, morte en 1281:

  • Khudulu Qaimish (1258 - 1297), mariée 1274 Wang Sim (Ch'ungyo) roi de Corée

De Hüshijin, fille de Boroqul Noyan de la tribu des Ushin:

  • Ayachi (huitième fils)
  • Kököchü (neuvième fils)

De mères inconnues:

  • Qutluq Timur (dixième fils) (1263 - 1283)
  • Oljei, mariée à Olochin, chef Onggirat, fils de Nachen
  • Nangjiazhen, mariée à Olochin, chef Onggirat, fils de Nachen, mort en 1278; puis mariée à Timur, chef Onggirat, fils de Nachen; puis mariée à Manzitai, chef Onggirat, fils de Nachen, mort en 1307
  • Wuluzhen, mariée Buhua, chef Ikire, fils de Tiemugan
  • Tuotuohi, mariée Tumandar, chef Oirat
  • Yurek, mariée à Aibuqa, fils de Boyaohe, chef Onggut

Poème

Kūbilaï Khān est le héros d'un célèbre poème de Coleridge intitulé Kubla Khan, qui commence ainsi :

« In Xanadu did Kubla Khan / A stately pleasure dome decree […]
À Xanadu, Kubla Khan fit ériger / Un majestueux dôme de plaisir  »

— Kubla Khan sur la Wikisource anglophone

Divers

Références

  1. Voir l'article Histoire de la Mongolie
  2. Entre 1281 et 1286 le Yuan sse (94/14) évalue l'impôt en sel à Hangzhou entre 218.000 et 450.000 yin, moyenne 339.521 yin valant 763.922 onces chinoises d'or (1 yin = 2 sacs = 2 x 9 onces d'argent / 8 = 2,25 onces d'or). M. Polo dit 5.600.000 saggio d'or, valant 933.333 onces vénitiennes (1 saggio = 1/6 once). En Chine l'once faisait 35 g, à Venise 25 g (12 dans la livre sottile, pour les précieux, de 301 g). Ce qui fait côté chinois une moyenne de 28,3 tonnes or, contre 23,3 tonnes or selon M. Polo. Son chiffre est 17 % inférieur à la moyenne chinoise. Même en faisant varier les paramètres de conversion, on ne sort pas de la fourchette des annales mongoles.
  3. Grâce à ce papier d'écorce « qui ne lui coûte rien… l'empereur achète tant chaque année que c'est sans fin son trésor… il a de cette façon tout le trésor de ses terres… la manière et la raison pourquoi il doit avoir et a plus de trésor que tous ceux du monde ».
  4. a , b  et c Une histoire du Tibet : Conversations avec le Dalaï Lama, de Thomas Laird, Dalaï-Lama, Christophe Mercier, Plon, 2007, ISBN 2-259-19891-0
  5. a  et b F. W. Mote. Imperial China 900-1800. Harvard University Press, 1999. p.501

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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