- Xanadu (palais)
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Xanadu ou Xandu ou Shangdu, ou encore Shang-tu (chinois : 上都 ; en pinyin : ) est le nom de la capitale d'été et du palais de Kubilaï Khan, premier empereur mongol de la dynastie Yuan, qui régna sur la Mongolie et la Chine au XIIIe siècle. Son nom signifie « la capitale haute »[1]. La cité est située en Mongolie intérieure, à 275 km de Pékin et à 28 km au nord-ouest de la ville actuelle de Duolun.
Sommaire
Histoire
Avant d'accéder à la tête de l'empire, Kubilaï était Khan de la province de Kaiping[2]. Son conseiller chinois Liu Bingzhong conçut la ville en lieu et place du siège du gouvernement provincial dans la ville Kaiping, qui fut renommée Shangdu[3]. Sa construction dura 4 ans et fut achevée en 1256, au prix du travail forcé de dizaines de milliers d'esclaves. Elle s'organise en une « ville extérieure » parfaitement carrée de 2,2 km de côté, renfermant en son coin sud-est une « ville intérieure » tout aussi carrée de 1,4 km de côté, où demeurait le palais d'été impérial de 550 m de large (soit 40 % de la superficie de la Cité interdite à Pékin).
Cette division hiérarchisait la ville. Les grandes demeures en pierre de taille, réservée aux dignitaires importants, composaient la cité de pierre. À proximité, la cité des scribes, parsemée de temples et de nombreuses fontaines, était habitée par les fonctionnaires de l'administration impériale, les militaires, les ingénieurs… Une troisième cité, la plus large, concentrait les habitations du peuple, où des maisons en pierre de facture chinoise alternaient avec des yourtes mongoles, structures mobiles déplacées au gré des voyages impériaux. Ceint d'une muraille militaire, elle renfermait un zoo et des parcs. On estime à 200 000 la population de Xanadu à son apogée.
Kubilaï Khan y fut proclamé empereur le 5 mai 1260. Elle fut visitée par le vénitien Marco Polo en 1275.
La cité fut rasée en 1358 lors de la rébellion des Turbans rouges qui précipita la chute des empereurs mongols. Les vestiges visibles sont au niveau du sol : des bases de murs recouverts de terre et une plate-forme circulaire en brique au centre de l'enceinte intérieure.
Légende
Avec le témoignage de Marco Polo, Xanadu devint légendaire comme métaphore d'opulence et de merveilles.
« Ciandu (Xanadu) fut bâtie par le grand khan Koubilaï, lequel y fit construire un superbe palais de marbre enrichi d’or. Près de ce palais il y a un parc royal fermé de murailles de toute part, et qui a quinze milles de tour. Dans ce parc il y a des fontaines et des rivières, des prairies et diverses sortes de bêtes, comme cerfs, daims, chevreaux, et des faucons, que l’on entretient pour le plaisir et pour la table du roi, lorsqu’il vient dans la ville. (...) Le Grand Khan demeure là ordinairement pendant trois mois de l’année. »
— Marco Polo, Le livre des merveilles [4].
À la charnière du XVIIIe et du XIXe siècle, Samuel Taylor Coleridge dans son fameux poème Kubla Khan célèbre le palais dans un rêve qui prend la forme d'une vision hallucinée ; il le sous titra d'ailleurs A Vision in a Dream (Une vision dans un rêve). Le poème fixe également l'orthographe Xanadu.
« In Xanadu did Kubla Khan
A stately pleasure dome decree…[5] »— Samuel Taylor Coleridge, premiers vers de Kubla Khan, 1816[6].
L'écrivain Jorge Luis Borges met en relation le rêve du poète anglais sur Xanadu comme le prolongement direct de celui identique du chroniqueur perse Rashid al-Din, auteur au XIVe siècle d'une histoire de l'Empire mongol, Jami al-tawarikh. Si on souligne l'habilité de Borgès à mélanger fiction et Histoire, c'est pour mieux illustrer le chemin emprunté par le mythe[7].
Le XXe siècle perpétue la légende de la cité ou du palais imaginé et fantasmé. Citons Citizen Kane d'Orson Welles, Horizons perdus de Frank Capra ou Mandrake le magicien, ou encore deux aventures de Picsou, l’une de Don Rosa et l’autre de Carl Barks.
Pour ses riverains actuels, Shangdu est parfois appelée Xiancheng[réf. nécessaire], soit la ville apparue, pour évoquer le fantôme de cette cité qui surgit parfois dans toute sa splendeur à qui s'aventure sur les lieux.
Notes et références
- Dans le sens de «la capitale suprême».
- Kaiping, dans le Guangdong. A ne pas confondre avec
- [1] Cf. Shangdu city uncovered, 2003, China.org.cn, in Chinadaily
- Texte intégral sur Wikisource. Le livre des merveilles, livre premier, LXV : De la ville de Ciandu et de son bois, et de quelques fêtes des Tartares
- À Xanadu, Kubla Khan fit ériger Un majestueux dôme de plaisir…
- opium selon les dires de Coleridge même, le poème ne fut publié qu'en 1816. Commencé en 1797, écrit sous l'influence de l'
- Le rêve de Coleridge, Cours de littérature anglaise, JL Borgès, Ed. Le Seuil. « Le premier rêveur a eu la vision du palais et l'a construit ; le second, sans connaitre l'autre rêve, le reçut. Si cette intention n'échoue pas, quelqu'un, par une nuit longue de plusieurs siècles, rêve le même rêve. Sans soupçonner que d'autres l'ont déjà imaginé, il lui donnera une forme, en marbre ou en musique. Peut-être cette série de rêves est sans fin, ou peut-être le dernier en sera la clef… Peut-être cet archétype encore non révélé à l'humanité, cet objet éternel, entre progressivement dans le Monde. »
Liens internes
- Xian de Shangdu
- Le livre de merveilles
- Kubla Khan, poème de Samuel Taylor Coleridge
Liens externes
- La structure de la ville se distingue remarquablement bien en photographie satellite.
- Ecrits de Marco Polo, textes intégraux sur Wikisource.
- (en) Images et témoignage d'un voyageur contemporain sur les ruines de Xanadu.
- (en) Samuel Taylor Coleridge, Kubla Khan, A Vision in a Dream. Texte complet.
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