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Pyramide de Pépi Ier
Article de la série Pyramide
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Commanditaire Pépi Ier
VIe dynastieAutre nom "Pépi-men-nefer" Type pyramide à faces lisses Hauteur 52,40 m (100 coudées) Base 78,75 m (150 coudées) Coudée 0,524 mètres Inclinaison 53°7’48" Entrée Nord Temple funéraire Un temple funéraire modifier La pyramide de Pépi Ier est une pyramide à textes située à Saqqarah sud en Égypte, au sud-ouest de la pyramide de Djedkarê Isési. La réputation de ce sanctuaire fut telle, que son nom de “Pépi-men-nefer” finirait par désigner toute l’agglomération à l’entour, et par métonymie celui de la capitale même, grécisé en Memphis située plus à l’est en contrebas de la vallée du Nil.
Ouverte pour la première fois en 1880 à la demande d'Auguste Mariette et la chambre funéraire du roi fut atteinte en 1881 par Émile Brugsch qui assura les estampages des textes qui en recouvraient les parois[1]. La pyramide sera fouillée par la suite par le professeur Jean Leclant et Jean-Philippe Lauer[2] puis plus récemment l'ensemble du complexe et ses alentours ont été dégagés par Audran Labrousse, directeur de la mission archéologique française de Saqqarah[3].
Sommaire
Le complexe funéraire
Le complexe funéraire de Pépi Ier est constitué d’un temple bas, relié à un temple haut par une chaussée couverte qui pointe vers le nord de la vallée. La chaussée n'est plus visible sauf sur son tracé qui obliquant depuis le temple funéraire, pointe vers le nord-est de la vallée, indiquant l'emplacement perdu du temple d'accueil qui n'a pas été encore retrouvé et dégagé et qu'il convient donc de rechercher sous les cultures qui bordent la ville moderne de Saqqarah.
Le temple funéraire ou temple haut est à présent mieux connu et bien qu’en ruine permet d'identifier clairement sa composition. Il comprend tous les éléments classiques s’inspirant en cela du complexe voisin de Djedkarê Isési. Il se développe sur un axe est-ouest avec une longueur de plus de quatre-vingt dix mètres pour une largeur en façade de plus de cinquante. La partie d’accueil du temple est très développée partant depuis le débouché de la chaussée à l’est jusqu'au péribole de la pyramide à l’ouest qui contient la partie intime du temple et la pyramide-satellite du complexe. Une fois sorti du long couloir formé par la chaussée ascendante on pénétrait dans un premier vestibule distribuant au nord et au sud deux pièces annexes occupant toute la largeur de l'édifice. Par le côté ouest du vestibule, on accédait à un grand corridor, la Chambre des Grands dont les parois étaient décorées de scènes représentant la famille royale et les courtisans du royaume s'avançant vers le roi divinisé et qui ouvrait sur une grande cour à portiques soutenus par dix-huit piliers. De cette cour cérémonielle destinée à la présentation des offrandes et aux rites de purification d'usage on accédait à la partie intime du temple qui contenait outre la salle à cinq niches qui abritait les statues du culte, une salle oblongue située juste derrière et jouxtant la face orientale de la pyramide. C'est dans cette salle que se trouvait la stèle fausse porte du sanctuaire qui a été retrouvée dans les décombres du temple et redressée à la place qu'elle occupait originellement.
De part et d'autre de cet ensemble se trouvaient des magasins disposés en dents de peigne et enserrant la totalité du temple. Ces magasins étaient destinés à conserver les offrandes une fois purifiées dans la grande cour[4] ainsi que tout le matériel de culte[5]. Ils prennent ici une ampleur importante et occupent la plupart de l'espace du temple funéraire.
Le péribole de la pyramide est délimité par un mur d'enceinte encadrant la pyramide royale et s'arrêtant au niveau du temple funéraire. Il est conservé dans sa partie sud sur ses quatre premières assises et sur une longueur de quarante mètres et accusait un fruit de quatre à cinq degrés. Il était couronné par un parapet arrondi et son élévation est restituée à environ sept mètres de hauteur pour une épaisseur à sa base d'un peu plus de quatre mètres. Des blocs de ses assises hautes ont pu être retrouvés sur place, abandonnés là par les carriers, et présentent une décoration inédite et sans précédent pour un complexe pyramidal de l'Ancien Empire. Constituée d'une frise de grands hiéroglyphes gravés en relief dans le creux, interrompue par des panneaux d'angles développant la titulature royale, elle courait sur toute la longueur du mur d'enceinte et se poursuivait sur celui du temple haut.
Le péribole dispose également de canalisations des eaux très développées, aménagées dans le dallage tout autour de la pyramide. Ce dallage présente en effet une légère pente qui converge vers des bassins où des petits récipients d'où partent des rigoles qui le traversant et passant au-dessous du mur d'enceinte déversaient les eaux à l'extérieur dans des puits perdus. Ce dispositif de recueil et d'écoulement des eaux de ruissellement est interprété comme ayant tout à la fois une fonction utilitaire et rituelle.
Au sud-est du péribole se trouve la pyramide-satellite enfermée dans sa propre enceinte. Elle a conservé une partie de son revêtement en calcaire de Tourah et comprenait un dispositif souterrain accessible depuis sa face nord, copie anépigraphe, simplifiée et miniature des appartements funéraires du roi.
La pyramide principale
La pyramide de Pépi Ier n'est plus aujourd'hui qu'une vague colline de pierraille qui émerge à peine des sables de Saqqarah. La technique de construction employée est la même que celle employée pour la pyramide de Téti, père de Pépi Ier. Elle était autrefois composée d'une pyramide à six degrés formant le noyau du monument, que l'on achevait alors en pyramide à faces lisses en la recouvrant d'un parement de calcaire fin de Tourah. Éventrée par les carriers la pyramide ne s'élève aujourd'hui qu'à une dizaine de mètres de hauteur, laissant à ciel ouvert les ruines des ses deux premiers gradins formant son noyau. Les premières assises du parement ont été conservées sur les faces ouest et sud du monument permettant d'apprécier le travail de ravalement et de polissage effectué une fois le monument achevé.
Pour le reste, les proportions sont quasiment les mêmes avec une base carrée de presque soixante-dix-neuf mètres de côtés et une hauteur restituée à un peu plus de cinquante-deux mètres. Il est remarquable de constater qu'à compter de la fin de la Ve dynastie, avec les règnes de Djedkarê Isési et d'Ounas, les pyramides royales se standardisent tant sur le plan du monument lui-même, que sur celui de ses infrastructures. Le temps des recherches et innovations semble révolu au profit d'une stabilité voire d'un apogée dans la conception du complexe pyramidal égyptien.
Les infrastructures étaient accessibles depuis la face nord de la pyramide. L'accès était masqué en dessous du dallage d'une chapelle édifiée contre la face de la pyramide et qui en plan rappelle le signe hiéroglyphique per. Un certain nombre de vestiges de la décoration de cette chapelle ont été mis au jour dans les déblais qui l'entouraient ou la recouvraient et permettent de restituer un programme iconographique comparable à celui du sanctuaire du temple funéraire. Ici les scènes forment une sorte de résumé, de synthèse de celles qui sont développées dans le temple avec de grandes représentations du défunt assis devant des tables d'offrandes richement pourvues devant lesquelles des files de porteurs s'avancent pour rendre hommage au roi. Au fond de la chapelle se trouvait une stèle fausse porte encadrée de tableaux représentant les dieux.
Les appartements funéraires suivent ici aussi le modèle de la pyramide de Djedkarê Isési et que tous les architectes recopient depuis le règne de ce pharaon à la différence notoire que les appartements funéraires sont couverts des textes des pyramides, célèbre corpus théologique dont l'objet principal est d'accompagner et d'aider le roi dans sa renaissance après la mort. Comme pour l'exemple de Téti, ces textes sont gravés sur les parois et peints dans une couleur verte sur un fond blanc.
La descenderie s'ouvre donc devant la face nord de la pyramide et s'enfonce dans le plateau rocheux vers un corridor suivi d'un premier couloir horizontal qui est barré par une chambre des herses munies de trois porticuli de granite. Une fois franchi cet obstacle, censé sceller la tombe royale, le couloir reprend pour aboutir à l'antichambre distribuant le serdâb et la chambre funéraire. L'ensemble est axé est-ouest et situé sous l'apex de la pyramide, le caveau royal se trouvant comme il se doit dans la partie occidentale de la tombe. Les chambres sont couvertes d'une imposante voûte de monolithes disposés en chevrons dont l'intrados est peint en bleu et couvert d'étoiles dorées.
Dans la chambre funéraire, a été retrouvé le sarcophage de Pépi Ier, éventré par les pillards qui ne laissèrent presque rien du mobilier qui meublait la sépulture royale en dehors d'une semelle de sandale royale et de quelques feuilles d'or arrachées à un élément inconnu du viatique funéraire ainsi que des fragments d'un pagne royal en lin fin. La cuve du sarcophage de Pépi Ier a été taillée dans un bloc monolithe de grauwacke, et présente des irrégularités de taille et de finition qui sont troublantes pour l'exécution d'un sarcophage royal. Il comportait sur sa face est une inscription en relief qui possédait encore des traces d'une dorure. Le coffre à canopes avec son couvercle sont intacts et également taillés dans un bloc de granit noir et sont eux en revanche d'une finition irréprochable. Trois fragments en albâtre d'un des vases canopes ont été retrouvés à proximité ainsi que la totalité du contenu de l'un, enveloppé dans des bandelettes et qui a conservé la forme générale du vase qui le contenait.
La nécropole de Pépi Ier
Au sud de cet ensemble, les travaux récents de la mission archéologique française de Saqqarah ont mis au jour pas moins de sept tombeaux princiers dont cinq pyramides de reines toutes dotées d’un ensemble cultuel indépendant. Ces véritables complexes pyramidaux miniatures présentent, pour ceux qui ont été patiemment fouillés, tous les éléments nécessaires au culte funéraire de ces épouses du roi, et s'ouvrent sur une véritable rue de pyramides longeant le mur sud du péribole de la pyramide de Pépi.
Ainsi cinq tombes de reines ont pu donc être identifiées en restituant quatre à la mémoire de la VIe dynastie :
- La pyramide d'Ânkhésenpépi II, déjà célèbre et connue pour être la mère de Pépi II,
- La pyramide de Noubounet, inconnue jusque là,
- La pyramide d'Inenek Inti, également inconnue jusqu'à cette découverte et qui semble avoir eu une certaine importance aux vus des vestiges de son complexe pyramidal,
- La pyramide de , nouvelle parente de Pépi Ier, qui a été l'épouse d'un pharaon portant lui aussi le nom de Néferkarê,
- La pyramide d'Ânkhesenpépi III, fille inconnue de Mérenrê Ier et épouse reconnue de Pépi II.
S'ajoutent deux autres pyramides ou tombeaux dont l'une a été identifiée comme étant celle du prince royal Hornetjerikhet, fils de Pépi Ier et d'une autre reine inconnue Mehâa, et enfin une dernière pyramide restée anonyme pour l'instant.
Notes
- ↑ C'est à cette occasion que pour la première fois ces inscriptions furent découvertes dans une pyramide ; Mariette resté sceptique sur la possibilité qu'une pyramide royale puisse être décorée de la sorte pensa d'abord qu'il s'agissait d'un mastaba ; il fit envoyer les estampes à Gaston Maspero à Paris qui identifia le nom de Pépi Ier. Peu après pour confirmer cette découverte Mariette fera ouvrir la pyramide de Mérenrê Ier, laquelle recelait également des textes achevant la démonstration et de convaincre l'égyptologue
- ↑ Fouilles effectuées de 1966 à 1973 et publiées en 1979
- ↑ Fouilles effectuées en trois campagnes de 1979 à 1997 et depuis 2000 plus particulièrement concernant le temple funéraire et les alentours du complexe funéraire royal
- ↑ Ces ensembles de magasins étaient répartis de part et d'autre de l'avant temple, mais n'étaient accessibles que depuis le temple intime par un couloir transversal qui du nord au sud ouvrait sur le péribole de la pyramide
- ↑ Ce second ensemble de magasins était accessible depuis le sanctuaire du temple
Références bibliographiques
- Jean Leclant, Recherches à la pyramide de Pépi Ier sur le site de Saqqarah, Mémoires de l'Académie de Lyon, 3e série, 44, 1990 ;
- Audran Labrousse, Les complexes funéraires de Pépi Ier et de trois reines, Les Dossiers d'archéologie, 146-147, Éd. Faton, 1990 ;
- Jean Leclant, Recherches aux pyramide des reines de Pépi Ier sur le site de Saqqarah, Académie royale de Belgique, 1993 ;
- Jean-Pierre Adam & Christiane Ziegler, Les pyramides d'Égypte, 1999 ;
- Audran Labrousse, L'architecture des pyramides à textes, tome II, 2000.
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