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Prison de Mazas
Pour les articles homonymes, voir Mazas.La prison de Mazas est une ancienne prison de Paris, construite par l'architecte Émile Gilbert entre 1845 et 1850[1] pour remplacer le dépôt des condamnés de la Force. Située en face de la gare de Lyon, elle est utilisée de 1850 à 1898 essentiellement à l'internement des prisonniers de droit commun. Cette « maison d'arrêt cellulaire » s'inspire des modèles du régime carcéral américain en vogue dans le milieu du siècle, dans l'esprit de la prison de la Petite Roquette construite en 1836.
Cette prison était située initialement boulevard Mazas (rebaptisé boulevard Diderot en 1879) et ne porte donc que de façon indirecte le nom du colonel Jacques François Marc Mazas (1765-1805), mort à la bataille d’Austerlitz (il avait donc paru logique de donner son nom à une voie proche du pont d’Austerlitz).
L'édifice est démoli en 1898 à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900 afin d’épargner la vue d’une prison aux visiteurs arrivant par cette gare. Une rue Émile-Gilbert, ouverte sur l'emplacement de l'ancienne prison, perpétue le nom de son architecte.
Elle est connue notamment pour avoir été le lieu de détention provisoire d'Arthur Rimbaud[2], condamné sous le prétexte qu'il était un espion prussien.
Description
Construite pour accueillir 1 200 détenus[3], l'édifice était structuré autour d'une tour centrale de 45 mètres de hauteur au niveau de laquelle se situait une rotonde vitrée donnant vue sur tout l'intérieur de la prison[4]. Au-dessus se tenait une chapelle où se donnait des messes dominicales pouvant être vues par l'ensemble des détenus. On y trouvait également un parloir et une bibliothèque. Six couloirs de 80 mètres convergeaient vers la rotonde. Chacune comportait deux cent cellules sur trois étages. Mazas était gardée soixante-dix surveillants. Aucune tentative d'évasion n'y a abouti.
Fondée sur le principe de l'isolement des détenus, rompant ainsi radicalement avec les principes de détention commune de droit commun habituels, la prison n'accueillait que des condamnés à de courtes peines. L'isolement permettait aux délinquants d'éviter les promiscuités et un apprentissage du crime au contact d'autres détenus parfois plus expérimentés et violents.
Les cellules individuelles de vingt et un mètres cubes étaient sommairement meublées. La vie y était rythmée par le service des repas, de menus travaux et un lever à l'aube. Chaque porte pouvait s'ouvrir faiblement, tout en interdisant la sortie du condamné, afin de lui donner une vue sur l'intérieur de l'édifice.
La stricte géométrie du bâtiment et le régime carcéral spartiate et solitaire correspondent aux principes hygiénistes associé à un modèle d'architecture utopique.
Notes et références
- ↑ Pinon 1989, p. 227.
- ↑ Brunel 1983, p. 223.
- ↑ Bérenger 1855, p. 276.
- ↑ Astruc 2008.
Bibliographie
- Alphonse-Marie-Marcellin-Thomas Bérenger, De la répression pénale, de ses formes et de ses effets : Rapports faits à l'Académie des sciences morales et politiques, Imprimerie et librairie générale de jurisprudence & Cosse, Paris, 1855 (OCLC 234656949).
- Pierre Brunel, Arthur Rimbaud ou l'éclatant désastre, Champ Vallon, coll. « Champ poétique », Seyssel, 1983, 236 p. (ISBN 2-903528-31-4).
- Pierre Pinon et Institut français d'architecture, L'hospice de Charenton : Temple de la raison, ou, folie de l'archéologie, Pierre Mardaga, Liège, 1989, 255 p. (ISBN 2-87009-371-3).
- Isabelle Astruc, « La Prison de Mazas », dans Bruno Fuligni (dir.), Dans les secrets de la police : Quatre siècles d'histoire, de crimes et de faits divers dans les archives de la Préfecture de police, l'Iconoclaste, coll. « Mémoires », Paris, 2008, 330 p. (ISBN 978-2-913366-20-6)
Catégories : Prison parisienne | 12e arrondissement de Paris
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