Primaute pontificale

Primaute pontificale

Primauté pontificale

La primauté pontificale est une doctrine « de foi » dans l'Église catholique romaine. Elle consiste à reconnaître le pape comme successeur de saint Pierre, aussi bien sur le siège épiscopal de Rome que comme chef du collège épiscopal. Cette primauté est, pour les catholiques, aussi bien d'honneur que de juridiction.

Sommaire

Interprétation du nouveau testament

La doctrine de la primauté pontificale s'appuie sur une lecture des sources bibliques qui tend à considérer une prééminence pétrinienne. Ainsi, Pierre est souvent cité en premier parmi les apôtres (Mc 3, 16 ; Ac 1, 13). A plusieurs reprises, dans les récits, les évangélistes Jean et Paul font mention de cette position privilégiée. Ainsi, il manifeste sa foi au nom de tous les disciple : « Et vous, leur demanda-t-Il, qui dites-vous que je suis ? Pierre lui répondit : Tu es le Christ. » (Mc 8, 29). Le Christ l'aurait par ailleurs désigné explicitement comme le chef de son Église : « Et moi je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16, 18).

Les Actes des Apôtres le montrent dirigeant une communauté chrétienne. Après la Pentecôte, c'est lui qui prend la parole et commence la prédication du message chrétien. La Tradition le montre occupant le siège d'Antioche, puis le siège de Rome.

Toutefois, les auteurs chrétiens n'ont pas cessé de développer, de réécrire et d'harmoniser leurs textes y ajoutant des corrections intentionnelles[1] . Ainsi il apparait clairement que le passage de Mat 16, 18 sur lequel se base l'évêque de Rome pour fonder sa légitimité est une interpolation du IIIe siècle[2], au plus tôt, ce à quoi il convient d'ajouter que la communauté chrétienne de Rome releva d'une direction collégiale au moins jusqu'au sacerdoce apostolique de Calixte Ier (vers 217)[3]. Et c'est à partir de Damase Ier (366 - 384), que s'esquisse l'affirmation de l'autorité de l'évêque de Rome comme successeur de Pierre[4].

Évolution du concept de la primauté pontificale

Les origines du christianisme : une lente centralisation

Dès Ier siècle, les écrits d'Ignace d'Antioche insistent sur la loyauté que les communautés chrétiennes doivent à avoir envers leurs épiscopes. Les paroles de Jésus à Pierre sont interprétées par Tertullien (vers 200) et Cyprien (vers 250) comme instituant Pierre à l’origine du ministère épiscopal et garantissant l’unité de l’épiscopat : c'est donc une collégialité épiscopale soumise à l'autorité d'un chef qui est alors peu à peu envisagée dans certaines communautés chrétiennes. A la fin du IIIe siècle, il paraît admis en Orient comme en Occident qu’il est nécessaire de prendre l’avis autorisé de l’évêque de Rome dans les questions de foi[réf. nécessaire].

Primauté d'honneur et primauté de juridiction

À la fin du premier millénaire, l'incompréhension entre l'orient grec et l'occident latin croît. Ces derniers n'acceptent en particulier l'addition du « filioque » qui, étant apparu au VIIIe siècle, est officiellement inséré dans le Credo au début du XIe siècle. Cet ajoût du pape de Rome, par son autorité légale (dite « de juridiction »), est totalement refusé par les Églises des sept conciles : Les Églises orientales, qui ont une notion du gouvernement de l'Église comme étant le « gouvernement des égaux » n'acceptent pas ce qui leur parait une ingérence insupportable de l'évêque de Rome. Celui-ci n'a, pour elle, qu'une primauté d'honneur.

Après l'échec du concile de Bâle, réunit pour mettre fin au Grand Schisme d'Occident, et qui a cherché à démontrer que le sujet du pouvoir était le corps des fidèles agissant à travers ses représentants au concile, c'est au concile de Florence, en 1439, qu'est définie officiellement la primauté pontificale par les évêques latins et les patriarches orthodoxes : primauté d'honneur, primauté en matière de Foi et de mœurs, mais aussi primauté de juridiction : « que le saint-siège apostolique et le pontife romain a la primauté sur tout l'univers, qu'il est le successeur de saint Pierre, prince des apôtres, et le vrai vicaire de Jésus-Christ, qu'il est le chef de l'Église entière, le père et le docteur de tous les chrétiens, et que Notre-Seigneur lui a remis dans la personne de saint Pierre le plein pouvoir de paître, de régir et de gouverner l'Église universelle, comme le prouvent les actes des conciles oecuméniques et les sacrés canons. Enfin le concile assigne au patriarche de Constantinople le second rang après le pontife romain; le troisième au patriarche d'Alexandrie; le quatrième à celui d'Antioche, et le cinquième à celui de Jérusalem, en conservant à chacun ses droits et ses privilèges[5]»

Réformes protestantes et Gallicanisme

Lorsque Luther et Calvin, reprenant et amplifiant certaines revendications de Jean Hus, provoquent les schismes protestants au XVIe siècle, ils refusent l'existence d'une hiérarchie ecclésiale institué par Dieu : pour eux le clergé est une émanation du peuple chrétien. Ils refusent donc toute autorité au pape.

Le gallicanisme, suivant les avis du concile de Bâle, et prenant une forme légale avec la Pragmatique Sanction de Bourges en 1438, accepte la primauté d'honneur pontificale ainsi que son arbitrage sur les questions théologiques mais refuse la juridiction pontificale. C'est le roi qui détient ce pouvoir.

Dans un premier temps, l'anglicanisme ne refuse que la juridiction pontificale. Puis très vite, sous l'influence des protestantismes, il refuse aussi la primauté en matière de foi et de mœurs. Ils ne reconnaissent aujourd'hui à Rome qu'une prééminence honorifique.

Le dogme de l'infaillibilité pontificale et Lumen gentium

Articles détaillés : Infaillibilité pontificale et Lumen Gentium.

Annexes

Notes et références

  1. Raymond E. Brown, op. cit. : « (...) des corrections doctrinales ont été pratiquées »;
    Vaganay et Amphoux, op. cit. : « des harmonisations et des corrections intentionnelles ont malheureusement été pratiquées. »
  2. épi tautê tê pétra oikodomêsô mou tên ekklêsian : le mot ekklêsian église ne désigne un bâtiment - à bâtir - qu'à partir du IIIe siècle; une telle formulation ne peut exister dans un texte du Ier siècle
  3. Premier personnage semblant avoir assumé le poste d’évêque et ayant quelque consistance historique, ses prédécesseurs relevant de la tradition ou de la légende, cf. Yves Marie Hilaire, op. cit.. Certains chercheurs parlent plutôt de Victor Ier, son prédecesseur (vers 199)
  4. Richard E. Rubenstein, op.cit.
  5. Article 5 du décret d'union, conclusion du Concile de Florence le 6 juillet 1439

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

Sources

  • Raymond E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, Bayard, Paris, 2000 
  • Léon Vaganay, revu par Christian-Bernard Amphoux, Initiation à la critique textuelle du Nouveau Testament, éd. du Cerf, Paris, 1986 (ISBN 2204024708) 
  • Yves-Marie Hilaire, Histoire de la papauté : 2000 ans de missions et de tribulations, Folio, coll. « histoire », Paris, 2003 
  • Richard E Rubenstein (trad. Marc Saint-Upéry), Le jour où Jésus devint Dieu, La Découverte, coll. « Poches sciences », Paris, 2004 (ISBN 270714218) 
  • Rudolf Pesch, La Primauté dans l'Église - Les fondements bibliques, Cerf, 2002, 176p. (ISBN 2204069302)
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