- Potlatch (anthropologie)
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Mot chinook, signifiant « donner », le potlatch est un comportement culturel, souvent sous forme de cérémonie plus ou moins formelle, basée sur le don. Plus précisément, c'est un système de dons/contre-dons dans le cadre d'échanges non marchands. Une personne offre à une autre un objet en fonction de l'importance qu'elle accorde à cet objet (importance évaluée personnellement) ; l'autre personne, en échange, offrira en retour un autre objet lui appartenant dont l'importance sera estimée comme équivalente à celle du premier objet offert.
Originellement, la culture du potlatch était pratiquée autant dans les tribus du monde amérindien (les Amériques) que dans de nombreuses ethnies de l'océan Pacifique, jusqu'aux Indes. C'est pourquoi les premiers colons européens ont pu considérablement spolier les indigènes qui pratiquaient le potlatch, car ils échangeaient de l'or contre de la bimbeloterie ; les Indiens croyant à la valeur « potlatch » de ces échanges pensaient que ces trocs étaient équilibrés.
Dans la culture occidentale actuelle, on utilise aussi la formule « briller ou disparaître », qui reflète une dynamique de type potlatch, dans les contextes et cérémonies suivantes :
- Contribution aux repas communautaires, où chacun apporte spontanément un plat ou une boisson pour tous (salade, dessert...), aussi appelé « repas canadien » (sauf au Canada), en référence aux amérindiens d'Amérique du Nord qui pratiquaient cette forme de potlatch.
- Obtention d'une légitimité et d'une position hiérarchique plus importante, en fonction de la qualité et de la quantité des contributions faites dans une dynamique de groupe (par exemple, dans les milieux associatifs, les personnes qui s'engagent le plus comme volontaires auront un accès prioritaire aux ressources collectives, comme le bus ou le matériel informatique de l'association à laquelle ils contribuent).
- Obtention des droits de modération dans une communauté virtuelle, comme c'est le cas de Wikipédia, en fonction des contributions antécédentes.
Le potlatch renvoie en philosophie à la notion de dépense pure (cf. Georges Bataille et Marcel Mauss). C'est un processus placé sous le signe de la rivalité, il faut dépasser les autres dons.
D'un autre côté, le philosophe Gilles Deleuze explique que "la relation créancier-débiteur" chez Nietzsche, qui "était première par rapport à tout échange", il faut la penser par rapport aux études ultérieures sur le potlatch[1].
Le mot a été introduit en anthropologie en 1924 par Mauss et Davy (note p.72 de l'Essai sur le don de Marcel Mauss pour origines antérieures)
- Deleuze, Critique et clinique, 1993, p. 160
Voir aussi
Bibliographie
- Essai sur le don de Marcel Mauss
- L'énigme du don de Maurice Godelier
- La Part maudite de Georges Bataille
Catégories :- Anthropologie de l'économie
- Culture amérindienne d'Amérique du Nord
- Sociologie économique
- Sociologie du loisir
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