- Port d’Arciat
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Port d'Arciat
Le Port d’Arciat est un hameau de Crêches-sur-Saône, Saône-et-Loire, situé en bords de Saône.
Il est cité dès 1840, mais la date exacte de la construction du port reste inconnue. À noter qu’il s’agit ici du hameaux du Port d’Arciat, et non pas de celui d’Arciat. Le hameau d’Arciat est situé juste en face, sur la commune de Cormoranche-sur-Saône. On peut se demander pourquoi avoir construit le Port qui porte son nom ici et non pas sur l’autre rive ? Plusieurs explications s’offrent à nous.
Déjà, l’eau est plus profonde ici qu’en face, et les bords sont aussi plus accessibles. Ensuite, les matériaux de construction (pierre) étaient directement disponibles sur le territoire de Crêches-sur-Saône. Enfin, à noter aussi la présence d’industries sur ce coté-ci de la rive, avec des tuileries, et le Four à Chaux.
Fin XIX une forte activité régnait ici. Le Four à Chaux y possédait sa propre grue, pour charger la Chaux et décharger la coke, nécessaire à son activité. Il y passait aussi du vin, beaucoup de vin (Beaujolais) et les tuiles de François Mathey, le père de Georges Mathey, qui les fabriquait sur place.
Le Port d’Arciat, c’était aussi le transport des voyageurs pour Lyon et Mâcon, en dépit de la présence du train fin XIX. Le bateau à roue se nommait « le Parisien ». Il sonnait à son arrivée, et l’on pouvait voir alors les vieilles dames avec leurs cabas s’avancer doucement vers le quai. Cela dura jusqu’après guerre.
Jusqu’en 1904, puis de 1945 à 1950, on utilisait le bac pour traverser d’une rive à l’autre. En 1904, on inaugura en grandes Pompes le pont d’Arciat. Il fut entièrement détruit en 1944, puis remplacé par un pont provisoire en 1950, pont toujours en activité de nos jours.
Le Port d’Arciat servait aussi de relais fluvial pour les mariniers. Le restaurant de la Marine accueilli les chevaux dès 1904, lorsque l’on pu faire traverser ceux-ci par le pont. Le chemin de halage se trouvait sur l’autre rive. Georges Mathey, originaire du Port d’Arciat, a réalisé quelques menus pour cet établissement.
Le Restaurant de la Marine était surtout connu pour sa guinguette et ses bals du samedi soir. Ceci dura longtemps, jusque dans les années 60 environ. Durant la Seconde Guerre mondiale, ses propriétaires ont caché le général de Lattre de Tassigny après son évasion de la prison de Riom.
De Lattre de Tassigny au Port d'Arciat
Le 8 novembre 1942, suite à l’invasion de la Zone Libre par l’armée allemande, le général de Lattre de Tassigny appela ses troupes au soulèvement. Cela lui valut d’être enfermé à la prison de Riom, près de Lyon. Il s’en évada en septembre 1943, avec l’aide de quelques-uns dont son fils de 14 ans. Il est alors pris en charge par la filière de Manziat, responsable du terrain « Aigle », prairie de Vésine où avaient lieu de nombreux atterrissages et départs. Le chef de cette section était le boucher-charcutier du village, Aimé Broyer dit « Mémé ». À Manziat, le général retrouva Claudius Petit, délégué du Conseil national de la Résistance, ainsi que d’autres candidats au départ pour Londres.
Un premier départ, annoncé à la radio clandestine par « Achille a 68 ans aujourd’hui. », fut finalement annulé pour cause de brumes. Le général et ses compagnons furent alors emmenés en bétaillère, moyen de transport de plus discret possible, jusque chez des amis du Mémé Broyer, les époux Damien, qui tenaient un hôtel-restaurant autrefois réputé pour sa guinguette et ses bals, et fermé en ces temps de guerre.
Le général arriva donc au Port d’Arciat, où il resta du 8 au 10 octobre. Dans un souci de sécurité maximum, il reparti ensuite pour Manziat attendre son avion. Le 16 octobre 1943, la radio clandestine annonça un bien étrange message : « De Carnaval à Mardi Gras, il possède un œil de lynx »… C’était le signal tant attendu ! Le 17 octobre 1943, le général s’envola enfin pour Londres.
Son parcours ensuite, c’est l’Histoire qui le reprend : il prit le commandement de l’Armée B à Alger, où il prépara le débarquement en Provence qui eut lieu le 16 août 1944. Avec son Armée « Rhin et Danube », il libéra ensuite Lyon, Mâcon, Chalon, Belfort, l’Alsace, ayant pris soin d’incorporer au passage des maquisards du commando de Cluny. C’est lui, enfin, qui recevra au nom de la France la capitulation allemande, le 8 mai 1945 à Berlin, au côté du général Eisenhover.
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