Pontano

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Giovanni Pontano

Buste de Pontano.
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Giovanni Pontano (Giovanni ou Gioviano Pontano, en latin Pontanus) est un homme politique et humaniste italien, qui naquit le 7 mai 1429 à Cerreto, non loin de Spolète, en Ombrie et mourut à Naples le 17 septembre 1503.

Homme politique, il entra au service de la dynastie dAragon à Naples, il fut successivement conseiller, secrétaire chargé de léducation du fils de Ferdinand Ier, Alphonse, puis, en 1486, ambassadeur ; cette année-, il réussit à apaiser les différents survenus entre la cour de Rome et celle de Naples et fut nommé premier ministre (chancelier) ; il le demeurera sous le règne dAlphonse, son élève et sous celui de son fils, Ferdinand II ; enfin il se discrédita en livrant à Charles VIII les clefs de la ville de Naples, oubliant ainsi les devoirs que lui imposaient la reconnaissance et la fidélité. Plus tard, en 1501, il tentera de se réhabiliter en refusant de servir Louis XII, le nouvel occupant.

Homme de lettres éminent, il était auparavant devenu, en 1471, directeur de lacadémie de Naples qui, depuis, porte son nom (Pontaniana). Employant un latin très pur, cet humaniste a laissé des traités astronomiques, philosophiques et dimportants et acerbes dialogues (notamment Asinus et Charon).

Il a été longtemps considéré comme lécrivain le plus élégant et le plus fécond du XVe siècle.

Sommaire

Biographie

Pontanus en latin, était Jean Pontano, probablement, au château de Ponte, voisin de Cerreto, qui lui a donné son nom. Plus tard, il y ajoutera le prénom de Jovianus ou Jovien quand il sera élu président de lacadémie napolitaine.

Ce pays était alors partagé entre deux factions, qui se livraient tour à tour aux pires excès. Jean vit massacrer son père dans une émeute ; et lui-même ne dut la vie quà la vigilance de sa mère, qui parvint à le soustraire aux recherches des assassins et à le conduire à Pérouse. Cette femme vertueuse lui inspira de nobles sentiments et lamour de létude. Après avoir été mis sous la direction de trois grammairiens plus ignorants lun que lautre, il fut enfin confié à dhabiles instituteurs, et ses progrès dans les lettres et les sciences furent rapides.

Quand il revint à Cerreto pour réclamer lhéritage de ses parents, il fut très vite obligé de fuir cette ville toujours en proie à la fureur des partis ; il se réfugia alors dans le camp dAlphonse, roi de Naples, qui venait de déclarer la guerre aux Florentins. Il suivit ce prince à Naples, il fut accueilli par le riche humaniste Antonio Beccadelli, dit Panormita ; ce dernier charmé par son esprit, le traita comme son fils et lui fit avoir une place dans les bureaux de la chancellerie royale.

Pontano remplit les devoirs de son nouvel emploi avec plus de succès que nen aurait obtenus un homme longuement expérimenté. Parallèlement, il ne négligeait pas la culture des lettres, et une foule de compositions ingénieuses, en attestant sa facilité, ajoutèrent à sa réputation.

Ferdinand Ier en arrivant au trône choisit Pontano pour secrétaire, et lui confia léducation de son fils Alphonse, duc de Calabre.

Pontano accompagna Ferdinand dans la guerre contre le duc dAnjou ; et cest lui-même qui écrivit lhistoire de cette campagne, dans laquelle il se décrit comme un général habile et un soldat courageux qui fut fait plusieurs fois prisonnier. Il participera à la bataille de Troia contre les Anjou, en 1462, lors de laquelle Ferdinand lemporta contre le condottière Jacopo Piccinino.

Dans un des ses écrits (De sermone, lib. 6, p. 89), il raconte que le duc Alphonse en réunion avec ses officiers, se leva sur-le-champ, et, fit faire silence, en disant : « Voici le maître. »

Toujours est-il que les talents que Pontano avait développés alors, lui méritèrent de plus en plus la bienveillance du roi Ferdinand, qui le combla dhonneurs.

Mais les courtisans ne purent lui pardonner son élévation, et il eut la douleur de trouver parmi ses ennemis le duc de Calabre, son élève ; il se vengea de ses calomnies en redoublant de zèle pour le service du prince qui lhonorait de sa confiance et en écrivant un poème qui est resté très fameux : Asinus (Lâne ou de lingratitude) dans lequel il introduit un âne qui, nourri délicatement par son maître, ne len remercie quà coups de pied ; par ailleurs, il disait à lencan que son meilleur allié était sa pauvreté.

Ferdinand lui fit épouser une riche héritière, lui assigna des pensions sur le trésor royal et ajouta deux emplois lucratifs à ceux dont il était déjà revêtu.

Pontanus jouissait dune juste célébrité. Il était aimé tendrement de sa femme : rien ne manquait à sa gloire ni à son bonheur.

Il participera aussi à la reconquête dOtrante en 1481.

En 1482, il avait pacifié par sa sagesse lItalie troublée par les débats du duc de Ferrare, gendre de Ferdinand, avec les Vénitiens (1484).

Quatre ans après, il fut député vers le pape Innocent VIII pour apaiser les différents survenus entre la cour de Rome et celle de Naples. Il réussit à réconcilier le pape Innocent VIII avec le duc Ferrare.

Cest lui-même, une fois encore qui raconte dans le De sermone liv. 2, p. 30. Cette négociation fut, daprès lui un succès et le pape, mis en garde contre Ferdinand, aurait répondu : « Mais, cest avec Pontanus que je traite : il ne me trompera pas ; la bonne foi et la vérité ne labandonneront pas, lui qui ne les a jamais abandonnées. »

En tout cas, à son retour à Naples, lhabile ambassadeur fut élevé à la place de premier ministre, Antonio Petrucio qui sétait discrédité. Il aurait rempli cette charge en homme dont la fortune ne saurait changer ni les moeurs ni les principes. Ferdinand mourut en 1494, et son fils Alphonse en montant sur le trône, faisant taire ses préventions, le combla dhonneurs, lui confia toute son autorité et lui fit ériger une statue de bronze dans un de ses palais. Alphonse la cèdera bientôt la couronne à son fils Ferdinand II, qui maintint Pontano dans tous ses emplois.

Cest alors que Pontano commit une grave erreur qui le discrédita aux yeux de ses contemporains : lorsque Charles VIII manifesta son intention de semparer de la ville de Naples ; Pontano lui en offrit les clefs, oubliant les devoirs que lui imposaient la reconnaissance et la fidélité ; il alla jusquà prononcer devant tout le peuple un discours dans lequel il insultait bassement le roi son maître et son bienfaiteur.

Une fois rentré, Ferdinand, se contenta de le dépouiller de tous ses emplois. Mais Pontano se convainquit quil ne méritait pas sa disgrâce, quil avait bien agi en disposant de sa pensée non plus pour son roi, mais pour lui-même.

Quand Louis XII se fut emparé de nouveau du royaume de Naples (1501), il offrit à Pontanus de le rétablir dans toutes ses dignités : le savant répondit quil ne cherchait pas a rendre sa vieillesse plus riche, mais plus occupée.

Il consacra le temps qui lui restait à vivre à peaufiner lédition de la plus grande partie de ses œuvres. Il mourut en 1503 et fut inhumé dans léglise quil avait fait construire, lon voit encore son tombeau décoré dune épitaphe composée par lui-même.

Pontano humaniste

Pontanus a rendu dimmenses services à la philosophie et aux lettres : il doit être regardé comme le véritable fondateur, en 1471, de lacadémie quAntonio Beccadelli dit le Panormita avait établie à Naples, daprès les ordres du roi Alphonse ; ce fut lui qui rédigea les statuts de cette société, dont les premiers membres le déclarèrent le chef par acclamation ; dailleurs, on la connut ensuite sous le nom dAcademia Pontaniana.

Les élèves accoururent en foule dans ce nouveau lycée, enseignait le grand Pontano (quils appelaient Tirasboschi) ; il est considéré comme le premier poète de la renaissance qui ait su reproduire dans ses ouvrages lélégance et la grâce des anciens poètes latin ; par ses leçons, il traça la route quils devaient suivre.

Outre le mérite dun style élégant et naturel, les ouvrages philosophiques de Pontanus offrent le premier exemple dune manière de philosopher libre et dégagée des préjugés, qui ne suit dautres lumières que celles de la raison et de la vérité.

Labbé Draghetti dit que Pontanus est le premier parmi les modernes qui ait placé le bonheur dans un égal éloignement des extrêmes, et que, dans ses traités de physique, il semble avoir aperçu la loi célèbre de la continuité, méconnue jusquà lui (voy. Physiol. specimen, t. 1, p. 37).

Bailly (Histoire de lastronomie moderne, t. 1er, p. 693) et avant lui Weidler (Hist. astron., p.323) ont remarqué que Pontanus paraît être le premier qui ait renouvelé lopinion de Démocrite, qui attribuait la lumière de la voie lactée à un nombre infini de petites étoiles.

Mais cest comme poète surtout que Pontanus jouit dune réputation incontestable : dans toutes ses compositions, il est également spirituel, élégant, gracieux, digne en un mot de tous les éloges dont lont honoré ses contemporains, quil surpassa par sa fécondité, la pureté de son style et la variété de ses connaissances.

Cependant on lui reproche avec raison de navoir pas moins imité lobscénité des anciens dans ses poésies amoureuses que leur élégance.

  • Épigrammes, des hendécasyllabes, églogues, hymnes et vers lyriques
  • un poème en cinq livres sur lastronomie (Urania)
  • un autre sur les météores
  • sur la culture des orangers et des citrons (De hortis Hesperidum).

Les poésies de Pontanus ont été publiées par les Alde à Venise, 1505-1518, 2 vol. in-8°. Le premier volume a été réimprimé en 1513 et en 1533 ; mais le second na été imprimé quune seule fois (voy. les Annales des Alde, par M. Renouard) (3).

Les Giunti de Florence en ont donné une seconde édition en 1514, 2 vol. in-8° ; elle est plus commune, mais moins complète que celle des Alde.

Ses ouvrages en prose ont été publiés par les mêmes imprimeurs, Venise, 1518, 1519, 3 vol. petit in-8°, rare, et Florence, 1520, 4 vol. petit in-8°.

Tous les ouvrages de Pontanus ont été imprimés à Naples, de 1505 à 1514, 6 vol. in-fol. La bibliothèque de Besançon en possédait un exemplaire sur vélin, qui est aujourdhui à la bibliothèque de Paris.

Il en existe une édition de Bâle, 1556, 4 vol. in-8°. Cette édition, quoique la plus complète, est peu recherchée. On trouvera dans le tome 8 des Mémoires de Nicéron les titres des ouvrages dont elle se compose. On doit se borner à citer ici les principaux : De obedientia libri 5, et De principe liber unus ; - De fortitudine libri duo. Cest un des meilleurs ouvrages de Pontanus. - De liberalitate ; - De splendore ; - De aspiratione libri duo (1) ; - De Sermone libri 6. Il composa ces ouvrages à l'âge de soixante-treize ans. - Cinq dialogues remplis dobscénités et de traits satiriques contre les ecclésiastiques ; - Belli quod Ferdinandus senior, Neapolitanorum rex, cum Joanne Andegacensi duce gessis, libri 6. Cette histoire est écrite avec autant délégance que dimpartialité (2) ; elle a été traduite en italien par un anonyme, Venise, 1536, in-8°, et par Jacques Mauro, Naples, 1590, in-4°.

C'est à Pontanus que lon est redevable de la découverte des Commentaires de Donat sur Virgile (voy. DONAT)) et de la Grammaire de Q. Rhemnius Palaemon, (Fano, 1503, in-4° ; enfin il a, dit-on, corrigé le texte des poésies de Catulle, défiguré par lignorance des copistes.

Girolamo Tiraboschi regrettait beaucoup que l'on eût perdu la Vie de Pontanus, que Pierre Summonte, son ami, avait composée à la prière de Jacopo Sannazaro ; cette perte a été réparée par Robert de Sarno, oratorien, qui a donné la vie de cet écrivain en latin, Naples, 1761, in-4. On en trouve une analyse bien faite, par Suard, dans le tome 1er des Variétés littéraires. On peut encore consulter le Dictionnaire de Chaufepié, les Dissertas. Vossiane dApostolo Zeno. t. 2, et Tiraboschi, Storia della letteratur italiana, t. 6 (3). W-s.

Il fut reconnu, déjà du temps de Sannazaro comme l'un des lettrés les plus féconds du XVe siècle et peut-être l'absolu prince de l'humanisme napolitain, son œuvre enlaçant oltretutto, de nombreux aspects de la vie culturelle, pas seulement littéraire, de son époque: de l'astrologie, à l'éthique, à l'analyse de la société, à la rhétorique, à la botanique.

Ce fut un grand spécialiste de l'antiquité classique et il eut de grands dons de poète latin, en excellant aussi dans la prose et en réussissant souvent à synthétiser la langue classique avec des néologismes et termes en langue vulgaire, comme il le montra dans ses oeuvres Amorum livres de 1455-1458, Lyra, Versus jambici, Hendecasyllabi, D'amour conjugal, Sépultures, Neniae, D'hortis Esperidum de 1501.

Principales œuvres

Les œuvres de Pontano, souvent de datation difficile, elles sont nombreuses et hétérogènes pour sujets traités et elles furent recueillies de Pietro Summonte et du Sannazzaro. En elles il prévaut l'usage de la langue latine sans faute, soit dans la production en vers qu'en celle- en prose, mais toujours avec un regard à la réalité et une référence aux faits de l'âge contemporain. Entre elles ils ne peuvent pas ne pas être mentionnée :

  • Amorum libri (1455-58)
  • Charon (1467-91)
  • Urania (1476)
  • Asinus (1486-90)
  • Antonius (1487)
  • Meteororum libri (1490)
  • Hendecasyllabi seu Baiarum libri (1490-1500)
  • De principe (1493)
  • De liberalitate (1493)
  • Lepidina (1496)
  • Actius (1499)
  • Aegidium (1501)
  • De hortis Hesperidum (1501)
  • De fortuna (1501)

Sources

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