Plan rouge

Plan rouge
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Le décret 2005-1157 a remplacé le "plan rouge" par le plan ORSEC NoVi.

En France, le plan rouge était un plan d'urgence destiné à secourir un nombre important de victimes dans un même lieu, et à organiser les moyens de premiers soins par rapport à cette concentration des victimes. Il était à distinguer du plan blanc, qui est destiné à l'organisation des soins à l'arrière, ou du plan Orsec. Ces trois plans pouvaient être déclenchés de manière indépendante, cependant, le plan blanc était fréquemment déclenché avec le plan rouge afin de faire face à l’afflux de victimes évacuées de l'avant par le dispositif plan rouge.

Le plan rouge était basé sur quatre concepts :

  • l’organisation rationnelle des moyens : il fallait éviter que les moyens ne se gênent mutuellement, préserver des réserves de moyens pour les autres situations d’urgence, organiser les divers intervenants et leurs actions par une hiérarchisation des mesures à prendre et des victimes à traiter ;
  • une double chaîne, l’une centrée sur la gestion globale du chantier et notamment du sinistre, l’autre sur la prise en charge des victimes ;
  • l’installation d’un poste médical avancé, à proximité de la catastrophe pour les premiers soins ;
  • un double commandement : l’un sur le site qui se chargeait de la gestion des opérations de secours, l’autre distant qui se chargeait des renforts et de la logistique.

Sommaire

Historique

Le « plan rouge » a été créé en 1978 par la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), suite à des explosions lors d’un incendie (rue Raynouard, Paris 16e), ayant fait 13 morts et de très nombreux blessés. Il s’agissait d’un plan destiné à organiser les moyens de secours en présence de nombreuses victimes.

Son principe a été étendu à toute la France par la circulaire no 86-318 du 28 octobre 1986 (Ministère de l’Intérieur), relative à « la planification des secours immédiats en présence de nombreuses victimes ».

Le nom de « plan rouge », tel qu’il existait à Paris, a été officiellement repris quelques années plus tard, dans une circulaire qui annulait et remplaçait cette dernière (circulaire no 89-21 du 19 décembre 1989 relative au contenu et aux modalités d’élaboration des plans destinés à de nombreuses victimes dénommés « plans rouges »).

Comme le titre de cette circulaire l’indique, chaque département organise son « plan rouge », même si les différents plans restent très similaires.

Objet

Le plan rouge est déclenché lors d’un accident catastrophique à effet limité (acel), entraînant ou susceptible d’entraîner de nombreuses victimes. Ce plan est déclenché par le préfet du département.

Ce plan a pour objectif de remédier aux conséquences d’une situation accidentelle déclarée, en prenant en compte les impératifs suivants :

  • la rapidité de la mise en place des moyens
  • l’organisation rationnelle du commandement
  • l’emploi des moyens suffisants et adaptés
  • la coordination dans la mise en œuvre de ces moyens et notamment une bonne organisation de la régulation médicale.

Conception générale

Dans une opération nécessitant le déclenchement d’un « plan rouge », il faut dans le même temps :

  • lutter contre le sinistre initial, ses effets directs et indirects
  • soustraire les victimes du milieu hostile
  • prendre en charge les victimes

Compte tenu de la difficulté d’effectuer simultanément ces trois missions, deux chaînes de commandement sont mises en place sous l’autorité du commandant des opérations de secours (COS) : la chaîne incendie-sauvetage d’une part, et la chaîne médicale d’autre part :

  • la chaîne incendie-sauvetage est essentiellement chargée de la lutte contre le sinistre initial ; à ce titre, et parce que les premiers intervenants y seront totalement consacrés, elle concourt à la mission de recherche, de localisation, et de dégagement d’éventuelles victimes, en y associant la pratique des gestes de prompt secours ;
  • la chaîne médicale comporte trois fonctions :

Répartition des responsabilités

Le préfet du département assure la direction des opérations de secours (DOS). C’est lui qui déclenche le plan rouge.

Le directeur du service départemental d'incendie et de secours concerné (ou le commandant de groupement pour la BSPP), ou son remplaçant, assure le commandement des opérations de secours (COS). Il dispose, pour mener à bien sa mission, d’un directeur des secours incendie et sauvetage (DSIS), et d’un directeur des secours médicaux (DSM) (ce dernier est selon les départements un médecin chef des sapeurs-pompiers ou du SAMU).

Les moyens à disposition du plan peuvent faire appel à des moyens autres que sapeurs-pompiers et Samu, comme des associations (comme la Croix-rouge, la Protection Civile), ou des ambulanciers privés ; ces derniers interviendront essentiellement comme vecteurs d’évacuation non médicalisés, pour la prise en charge des urgences relatives au PMA, ou pour la prise en charge psychologique des impliqués (CUMP).

Déclenchement du plan rouge

Les situations justifiant le déclenchement d’un plan rouge sont des plus diverses :

Pour déclencher un plan rouge, il faut qu’il y ait notion de nombreuses victimes. Cette notion peut varier d’un département à l’autre (chaque Préfet organisant lui-même son plan rouge...). À titre indicatif, voici comment la BSPP définit la notion de nombreuses victimes :

Une intervention qui nécessite l’installation d’un PMA, induisant l’évacuation en milieu hospitalier d’au moins quinze victimes, justifie le déclenchement du plan rouge.
La notion du nombre de victimes doit être perçue différemment selon la nature de l’opération :
  • pour un incendie, le facteur multiplicatif est de 2 : i.e. le dénombrement de 6 à 8 victimes à l’arrivée des premiers secours se traduit souvent en fin d’intervention par une quinzaine de victimes.
  • pour un attentat, le facteur multiplicatif est de 3, voire de 4 à 5
  • Pour les autres accidents, et en particulier de transport en commun, le facteur multiplicatif est de 3 à 4.
Dans certains cas particuliers, le contexte (risque d’explosion, intoxication, etc.), ou les contraintes d’organisation ou de mise en œuvre des moyens peuvent justifier le déclenchement d’un plan rouge malgré un nombre plus limité de victimes.

Le plan rouge peut être mis en œuvre sans être officiellement déclenché. Le déclenchement est plus un acte administratif (voire politique) ayant pour effet la transmission de la direction des opérations de secours du maire au préfet, et la mise en place de dispositions financières particulières (financement de l’intervention). Il peut être décidé par exemple de ne pas déclencher officiellement de plan rouge afin de minimiser la perception de l’ampleur d’un sinistre (répercussions médiatiques), bien que toute l’organisation et les moyens de ce plan soient mis en œuvre.

Le commandement opérationnel

Le commandant des opérations de secours (COS) assure sur le site de l’accident la coordination de l’ensemble des moyens de secours, publics, privés, ou associatifs. Il doit être aisément identifiable, et porte à cet effet une chasuble de couleur jaune, portant l’inscription « Commandant des Opérations de Secours ». Il dispose, sur les lieux de l’intervention, d’un poste de commandement opérationnel (PCO). Ce dernier doit intégrer l’élément de liaison fourni par la Police. Le COS dispose de deux adjoints : le directeur des secours incendie et sauvetage (DSIS), et le directeur des secours médicaux (DSM).

Le directeur des secours incendie et sauvetage (DSI ou DSIS)

Cette fonction est assurée par un officier sapeur-pompier. Il assure :

  • la lutte contre le sinistre initial
  • les reconnaissances et recherches de victimes potentielles, en vue de les soustraire du milieu hostile
  • l’amorce des opérations de ramassage et premiers secours, en attendant la montée en puissance des moyens de la chaîne médicale du plan.

Il porte une chasuble de couleur jaune portant, selon les départements, l’inscription « Directeur des secours incendie et sauvetage ».

Le directeur des secours médicaux (DSM)

Cette fonction est assurée, selon les départements, par un médecin sapeur-pompier, ou par un médecin du Samu. Il lui appartient d’organiser les moyens de la chaîne médicale.

Il porte une chasuble de couleur jaune portant l’inscription « Directeur des secours médicaux ».

La chaîne médicale

L’organisation de la chaîne médicale comporte trois phases d’intervention :

  • Le ramassage, qui comprend la relève et le transport des victimes jusqu’au Poste médical avancé (petite noria)
  • La catégorisation et la mise en condition des blessés, effectuée au PMA (tri des victimes)
  • L’évacuation du PMA vers les hôpitaux, après régulation par le Samu du département concerné (grande noria)

Le ramassage

L’action de ramassage prolonge les actions de dégagement. La mission « ramassage » est confiée à un officier sapeur-pompier qui coordonne les missions dévolues à cette fonction.

Il porte une chasuble de couleur rouge portant l’inscription « Officier ramassage ». Tout le personnel affecté à cette mission porte, afin de le rendre facilement identifiable, un brassard de couleur rouge.

On parle aussi de « noria de ramassage » ou de « petite noria ».

Le poste médical avancé (PMA)

Le regroupement des victimes est effectué au PMA, dont le responsable est un médecin (SP ou SAMU selon les départements), désigné par le DSM. Ce médecin a pour missions :

  • d’effectuer la prise en charge des victimes
  • de catégoriser les victimes et de faire donner les soins adaptés à la nature des blessures
  • de faire rechercher les places hospitalières adaptées aux différentes pathologies (régulation médicale).

Il dispose à cet effet :

  • d’un officier SP (officier PMA) désigné par le COS, chargé de gérer l’organisation et la logistique du PMA
  • de secouristes et de personnel médical et paramédical
  • d’un secrétariat, composé de sapeurs-pompiers, et chargé :
    • d’établir les listes d’identification des victimes
    • de remplir le feuillet identification des « fiches médicales de l’avant » (FMA)
    • de transmettre la liste des victimes à l’officier PC DSM

Le cas échéant, et après accord du DSM, il peut être créé deux zones supplémentaires, distinctes du PMA (sous l’autorité du DSM) :

  • une zone de regroupement des victimes indemnes, sous la responsabilité de secouristes
  • une zone de prise en compte des impliqués médico-psychologiques, placée sous la responsabilité de médecins et/ou de psychiatres (Cellule d'urgence médico-psychologique, ou CUMP).

Le médecin du PMA porte une chasuble blanche portant l’inscription « Médecin PMA », l’officier PMA une chasuble blanche portant l’inscription « PMA ». Le reste du personnel du PMA porte un brassard blanc.

L’évacuation

La mission « évacuation » consiste à concentrer et à gérer l’ensemble des vecteurs d’évacuation, en fonction des besoins exprimés par le médecin responsable du PMA. Cette mission est confiée à un officier, avec à sa disposition des sapeurs-pompiers, afin d’organiser l’espace.

Les vecteurs d’évacuation peuvent être médicalisés ou non médicalisés. Il peut s’agir de véhicules de sapeurs-pompiers, associatifs, d’ambulances privées, d’hélicoptères... La fonction évacuation s’assure que les victimes sont transportées par des moyens adaptés et vers les centres adaptés en fonction des instructions données par les médecins du PMA.

L’officier évacuation porte une chasuble bleue portant l’inscription « Évacuation », et le personnel à sa disposition porte un brassard bleu.

On parle aussi de « noria d’évacuation » ou de « grande noria ».

Annexes

Articles connexes

Lien externe


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